Hellfest 2024, c'est parti ! Le festival devenu une institution et faisant l'objet d'un suivi médiatique toujours plus incroyable, ouvre enfin ses portes par une bien belle chaleur. Il était temps après un printemps compliqué. Le Diable Bleu et moi même prenons cette année le relais de nos estimés collègues Didier et Philippe. Pour brièvement nous présenter afin que les lecteurs sachent "d'où nous parlons", Le Diable Bleu nous vient de Haute Savoie, adore la photographie parmi de multiples occupations et est un amoureux dingue de ses Alpes qu'il arpente sous toutes ses formes que ce soit à ski, avec ses piolets ou sur son fidèle destrier. Musicalement, on va vers du style death / viking mais aussi du folk. Ced12 lui vient de l'autre Sud, celui où on parle rugby et chocolatine. Dingue de cyclisme (passion commune avec le Diable Bleu) et de rugby, fan de folk, de hardcore. Nous n'écoutons tous deux que très peu de hard rock ce qui au Hellfest peut poser souci vu les affiches régulièrement proposées sur les Main Stage. Notre particularité étant qu'il s'agit là pour chacun de notre premier Hellfest. Oui, ça ne s'invente pas en 2024. Les rapports d'étonnement pourront donc surprendre par leur banalité mais un regard neuf a aussi ses vertus. Notre cœur commun se situe plus en direction des Fest outre-Rhin, le Summer Breeze ayant nos faveurs et ce haut lieu du Metal allemand non loin du siège de Nuclear Blast nous servira parfois de point de repère. Cette inexpérience et le fait que nous ayons certaines craintes devant un tel format de Fest fait que nous arrivons tout penauds et pour tout dire un peu perdus. Débarquant par le désormais célèbre parking dont nous avions perçu la cohérence d'entrée, le format impressionne. Le lieu est immense, c'est bien organisé par les bénévoles en place, le site étant bien écrasé par le beau et chaud soleil du jour. La petite marche de trente minutes au milieu du vignoble du muscadet nous dégourdit les pattes et un certain calme se fait sentir. Étonnamment, tout ce petit monde est tranquille, serein presque. Et puis, nous arrivons au fameux rond-point et le décor nous bluffe d'entrée. Ça y est on y est ! Ces structures qu'on a tant vu en photo sont bien là et c'est sacrément impressionnant. Un vrai décor de cinéma. L'accès au Hell City Square épate, on se croirait à Disneyland, ce n'est donc pas un mythe. Place ensuite à la grande entrée avec cette iconique structure en mode maison hantée que nous avons le temps d'admirer car tout ce petit monde arrivant en même temps, forcément ça coince un peu. Rien de méchant on prend nos repères et l'humeur est très positive. Rentrant sur le site, c'est tout de même l'hallu et il faut espérer que même les festivaliers chevronnés aient encore cet émerveillement. Tous les éléments sont là, l'arbre, l'espace main stage qui paradoxalement ne nous impressionne guère tant il est vrai qu'il est agencé curieusement et dont on ne devine pas encore toute la profondeur. Ceci dit, ce n'est pas là que nous y passerons beaucoup de notre temps, les lecteurs sont ainsi prévenus. Prenant nos repères, on ne profite pas vraiment d'Asenhell, projet death de Michael Poulsen. ça semble solide à défaut d'être original mais ça a le mérite de lancer les hostilités. On le sait, les organisateurs aiment à surprendre les festivaliers et cette année c'est la présence de la Gardienne des Ténèbres, nouvelle star à venir de la Halle de la Machine de Nantes, haut lieu steampunk réputé dont il existe une variante très sympa à Toulouse. Le Hellfest perpétue sa volonté de créer l'événement et de s'ancrer dans une région par ailleurs sympathique au delà de son Muscadet désormais bien connu. Cette gigantesque structure de métal animée impressionne par son format et fera le bonheur des photographes en herbe. Elle a un rôle important car elle accorde un pass pour l'entrée dans les ténèbres. Elle est donc bien dans le thème du festival et le Hellfest a bien marqué les esprits (en plus de faire une belle publicité pour la Halle de la Machine nantaise, on s'entraide en local c'est à saluer). Aussi, elle sera amenée à revenir chaque année sur le festival. Slaughter To Prevail C'est vraiment lors de Slaughter To Prevail que nous nous posons dans l'herbe et cela fait du bien. Le groupe de deathcore originaire de Russie ne va clairement pas enthousiasmer le Diable Bleu. Vivant désormais en Floride, terre culte du death, le groupe envoie un deathcore bas du front assez caricatural du genre. Portant des masques tout droit sortis du cultissime Donnie Darko, le groupe tabasse dur. Alex Terrible fait vite tomber le masque et anime la fosse. Circle-pit, wall of death, tout y passe, au Hellfest, le public a vite retrouvé ses repères. Le frontman a une réputation catastrophique et sa présence peut tout de même surprendre. Enfin, nous sommes là pour la musique, ne tombons donc pas dans de vaines et inutiles polémiques. Ça s'amuse et c'est plutôt une bonne idée de commencer ainsi avec un tel groupe propice à des fosses animées. Plutôt bas du front, s'exprimant avec un accent slave, Alex Terrible surnom logique pour un russe nous offre le premier coup de froid du Fest souhaitant organiser le plus grand wall of death du monde. Ok sur le papier l'idée se défend, mais dans les faits c'est un long blanc de dix minutes (ressenti trente) où on se demande bien ce qui se passe. C'est que du fond du parterre, on ne voit pas trop ce qui se passe devant (sauf via les écrans, meilleurs amis du public des Main Stage) et déjà ce premier sentiment qu'il y a plusieurs Fest au sein du Hellfest et que d'un festivalier à l'autre, ce n'est pas le même week-end qui est vécu. Pas un concert mémorable, loin de là surtout pour mon compère que je sens limite consterné. Ice Nine Kills Les choses s'améliorent avec Ice Nine Kills. Le Metalcore des américains passe plutôt bien. Bien interprété, doté de très bons refrains bien radio US, le groupe assure un excellent job, proposant un bon show très visuel mettant en avant les films d'horreur, important segment de la pop culture US. Un bon show bien fichu, fun et mené impeccablement par des musiciens très pros qu'on sent très à l'aise sur cette grande scène. Ultra professionnel, léger et sympathique. Parfaitement adapté au contexte. Kerry King On passe ensuite au premier show très attendu (du moins pour nous) de ce Hellfest 2024 avec le premier show français de Kerry King sous son format solo. Accompagné d'une équipe de choc avec son acolyte Paul Bostaph à la batterie, Phil Demmel à la gratte (ex Machine Head), Kyle Sanders (Hellyeah à la basse) et l'impeccable Mark Osegueda au chant, le thrasheur bulldog déboule sur scène. On retrouve la patte Slayer sans que cela ne surprenne tant Kerry King en était l'un des principal compositeur. Le chant de Mark est impressionnant, hyper agressif et la bande délivre un thrash des familles bien in your face. Le premier album est logiquement bien représenté et les quelques titres de Slayer font un carton. Seul hic, je trouve le public bien calme (hormis devant bien sûr) et c'est un accueil à peine poli que reçoivent ces pointures du thrash. Etonnant mais ce côté aseptisé du public se retrouvera les quatre jours du Fest, c'est sans surprise tant les tarifs pratiqués (normaux vu le gigantisme du Fest) segmentent de fait le public qui vient mais tout de même, on parle de Kerry King. Surprenant. Crystal Lake Nous délaissons sans regret Baby Metal, pas notre came (quel enchainement au passage entre une légende thrash et un projet plus que contestable sur le plan créatif) et je fonce pour ma part sur la fameuse War Zone que je découvre à l'occasion du show de Crystal Lake. Décor incroyable, hyper visuel avec ce côté prison, c'est juste magnifique. On sent que la Warzone c'est le bébé du patron du Fest car l'endroit est épatant avec ce côté amphithéâtre. Au passage, j'ai aussi pu repérer cette forêt entre les Main Stage et l'espace Valley - War Zone qui est déjà envahi et qui fait là encore très belle impression, surtout pour les dingues de verdure que nous sommes. Les premières difficultés de circulation pour l'accès à la zone n'empêchent pas non plus le choc visuel de la statue de Lemmy. Bluffant. C'est d'ailleurs entre la Valley et la War Zone que je m'en vais finir ma journée et ce lieu épate tant il semble accueillant. Après le départ du charismatique Ryo Kinoshita, remplacé par John Robert Centorrino venu tout droit des States, Crystal Lake a repris le fil conducteur de sa carrière et dégage une belle énergie avec un metalcore solide, pas incroyable, encore moins original mais de bonne qualité. L'énergie déployée est franchement bonne, le groupe fait le job, ça remue bien dans une War Zone encore en rodage (comme ces problèmes de son en façade qui ont un peu gêné les spectateurs sur la première partie du show) avec une première journée plus "cool". Graveyard Sur la Valley voisine, c'est une autre ambiance avec les excellents Graveyard et leur heavy rock psyché, un peu bluesy, un peu stoner, bourré de qualités. Les dernières notes entendues de Green Lung qui avait joué plus tôt m'avaient indiqué que la thématique du jour sur la Valley serait très heavy / psyché et le show de Graveyard passe super bien. Il est vrai que la lumière du soir sur la Valley est incroyable. L'herbe encore verte est un plaisir pour se poser un peu, manger un morceau et boire un cidre. Un moment qui permet aussi de profiter un peu. C'est que la logistique d'arrivée fatigue un peu même si tout est superbement bien fait et optimisé. Mais il y a du monde et je dois confesser continuer d'être un peu perturbé par cette masse de gens. Le Diable Bleu découvre à la dur le mode de fonctionnement des photographes, le besoin parfois d'être sur des listes pour certains groupes. Sylvaine Mais qu'est ce qui m'a pris de m'installer dans la file d'attente... Alors que je n'avais jamais entendu parler de ce groupe, et que par nature j'évite de découvrir un artiste sur scène. Avec un nom si peu sexy (pardon pour nos fidèles lectrices répondant au doux prénom de Sylvaine), je ne pouvais m'attendre qu'à découvrir un groupe bien moche à l'instar d'une vilaine sorcière affublée d'une inévitable pustule sur le nez. Peu entrain au style affiché du groupe, flirtant entre la séculaire dépression scandinave et la joie de vivre du guerrier viking, je me retrouvais là tout pantois. Et pourtant, cette Sylvaine, mini brindille blonde aura réussi en trois accords à inverser cette tendance tenace et bornée. L'ambiance intimiste et la musique plus douce que ce que nous avions entendu au préalable sur les autres scènes fonctionnent à merveille et le public adhère à l'ensemble très rapidement. Une belle respiration dans notre monde Metal hurlant qui me donnera naturellement l'envie de découvrir ce groupe sur disque. Les compositions et l'aura de la mini brindille sont variées et enchanteresses. Mon fest est lancé, ouf, je commençais à déprimer sévère. Pour résumer première belle surprise ... All Them Witches Sur la Warzone, Thursday ne m'enthousiasme guère avec un post grunge / hardcore mélodique sympathique mais manquant de punch. Fait notable, le groupe avec deux décennies d'existence délivrait ce soir son premier show en France. Surprenant. Bien plus passionnant fut la prestation d'All Them Witches avec un desert rock psychédélique très posé et hyper agréable à écouter. Ça place les ambiances, il y a un petit côté rock 70's, c'est vraiment très intéressant et la cohérence de l'offre sur la Valley en ce premier jour bluffe littéralement. La très bonne atmosphère régnant sur en ce lieu me fait forte impression et All Them Witches m'a particulièrement captivé avec ce côté The Doors vraiment très chouette jusqu'à la voix très grave et cette musique qui laisse l'esprit divaguer avec bonheur. Un rock poisseux ultra plaisant. Un groupe incroyable sur lequel il convient de s'intéresser. Dark Tranquillity Qu'il est bon de retrouver ce groupe de Death Melo qui tourne, tourne depuis de si nombreuses années. Qu'il est agréable de se laisse envahir par leur musique à la fois puissante et mélodique empreinte de profondeur et de technicité. Dark Tranquillity partage sa musique en immersion, et sur l'ensemble de leur prestation dans la Temple, nos bonhommes n'auront pour but que de se tenir à cette ligne directrice. Le public le comprend vite et rentre en communion avec eux. J'assisterai à la meilleure participation du public sur l'ensemble du Fest. Nos fest-estivaliers en redemanderont, et je partage en tous points leur engouement. Dommage que la piètre qualité sonore des Altar et Temple, évoquée par le Ced à l'oreille fine, n'ait pas permis le rendu nécessaire à ce style de Metal. Triste pour ce groupe monstrueux et erreur de l'organisation pas du niveau du Hellfest. La journée fut plaisante, longue de fait avec les difficultés logistiques inhérentes à l'arrivée sur le site mais intéressante. La découverte du Fest nous génère tout de même quelques frustrations en ayant cumulé quelques légitimes erreurs de débutants. Si le Diable Bleu a moins trouvé son compte musicalement, j'ai pour ma part bien aimé cette première approche même si les sentiments restent ambivalents entre gigantisme, beauté du site et très forte affluence. L'heure de route qui nous ramène au nord de la Loire où nous sommes merveilleusement reçus et logés nous ramène à une heure tardive. Le Hellfest 2024 est bien lancé.
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