Groupe:

Festival Rock the Lakes Jour 3

Date:

18 Aout 2024

Lieu:

Cudrefin, Suisse

Chroniqueur:

Le Diable Bleu

Rock The Lakes Jour 3 : Il y a le feu au lac, plus précisément au Rock the Lakes.

Après une nuit où même les dieux du Metal auraient dû se réfugier sous des parapluies en acier trempé, nos courageux réfugiés métalliques se réveillent dans un décor qui sonne très purgatoire. Le sol, désormais composé à 90 % de boue et pour le reste de tentes disloquées, transforme ce bout de Suisse normalement bénie des Dieux, en territoire hostile rebondissant et collant.

Devant les scènes, surgit une surprenante vidéo sur l’écran géant du festival : « Mes chers réfugiés clima-métalliques, tenez bon ! » signée, bien sûr, Le Grand Pacificateur, tout en assurant que « la boue, la pluie, les difficultés, c’est dans la tête ». Toujours prompt à remotiver ses troupes, il nous gratifie d’un message réconfortant expliquant que le monde n'ignore plus maintenant leur pauvreté et qu'il les regarde dans la peine au même titre que leurs camarades des Tuvalu. Puis il brandit une tasse fumante de chocolat chaud en les exhortant de tenir bon, de se battre, de ne rien lâcher. Soutien bien vite évaporé, ses précieux camarades réfugiés, comme il aime aussi les appeler, repartent batailler contre des vents dignes de l'arctique (bon là j'exagère vraiment trop). Et maintenant Music is coming, en route pour l’ultime journée de festivités, sous un ciel atroce et des trombes d'eau dignes d’un épisode de Game of Thrones.

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Dymytry :

L’honneur pluvieux, l'honneur heureux d’ouvrir les hostilités revient à Dymytry. Si l’on pensait que de s'extraire de sa tente option radeau de la méduse pouvait être notre plus difficile mouvement de cette journée, on se trompait lourdement. Dymytry réussit l'exploit de jouer des morceaux qui donnent envie de retourner sous la pluie ... juste pour se laver les oreilles. Leur set, plus plat qu'une fondue trop cuite, n’arrive même pas à réveiller les pauvres courageux qui avaient espoir en s’approchant de la scène. Entre riffs désordonnés et un chanteur qui semble plus préoccupé par lui même que par ses performances vocales, on assiste à un naufrage en direct. Aucun intérêt ce groupe tchèque, pas de bon point, pas d'image donc.

Illumishade :

Heureusement, après ce désastre sonore offert par Dymytry, Illumishade débarque pour sauver les âmes. Avec leur mélange de métal symphonique et d’électro, ils ne pourront que faire mieux. Eh bien non, pas de miracle le ciel restera gris, et la pluie redouble de plus belle. La prestation est "catastrophiquement pire" que Dymytry. Pourtant composé en partie de deux artistes du groupe suisse Eluveitie, dont la chanteuse Fabienne Erni, Illumishade demeure atroce de bout en bout. Il semble que le cœur du groupe tourne autour de la cuisse légère de la Frontwoman et de sa voix forcée et stridente. Il me sera impossible de la comparer à une Diva ou à une chanteuse de Rock. Agaçant au possible. Pire que pas de bon point, on file ...

Havok :

Heureusement, après cette épreuve douloureuse, Havok débarque. Et là, c'est comme si on venait de balancer un coup de défibrillateur sur le festival. Leurs riffs thrash, aussi lourds que le ciel chargé de nuages au-dessus, réveillent les somnolents. Ou, dans ce cas, les festivaliers trempés jusqu'aux os, qui commencent enfin à émerger de leur état léthargique. Le show se déroule sous un torrent de pluie, mais personne ne s’en préoccupe. Une chose est sure : ceux qui se sont aventurés dans la fosse y ont laissé parfois leurs chaussures, mais pas leur joie d'y avoir trainé. Très belle prestation d'un groupe motivé pour bouger ses fans, je vous recommande l'album V.

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Elvenking :

Un groupe sympa, soit, mais pas transcendant. Les musiciens se démènent pour faire bouger les foules, mais cela reste globalement sans effet notable. Power Metal à l'italienne, sans doute un peu trop à l'italienne, car le baroque persistant fatigue aussi fortement que rapidement. Je me retrouve un peu déçu par leur live dont j'attendais un peu plus.

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DArtagnan :

Voici le tour de dArtagnan, ces valeureux mousquetaires du métal folk. Ils débarquent sur scène, vestes en cuir au vent (et bien détrempées), pour offrir une performance qui est aussi visuelle que sonore, ou plus exactement une sorte de muti-men show. Le leader, ex chanteur de Feuerschwanz, Benjamin Metzner, connait parfaitement la partition. Il joue, il chante (bien), il amuse la galerie et même il assure. On se plait à sourire et partager tous ensemble cette bonne humeur. Une chose est sure : ça marche. Le public, trempé, mais souriant, partage et reprend les refrains en chœur. Les musiciens majoritairement anciens du groupe Feuerschwanz assurent clairement bien, un vrai groupe allemand de Fest comme on peut les apprécier souvent : « Un pour tous, tous dans la gadoue ! ». De sacrés musiciens, de sacrés fouteurs de joie, de sacrés animateurs de foule, pour une incroyable prestation.

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DragonForce :

Quand DragonForce monte sur scène, on sait pertinemment que l'on va s'embarquer pour un marathon prétentieux de solis ultra-rapides, mais aussi dans leur monde frôlant l'ultra-n'importe quoi. Herman Li, la star incontestée des shredders, semble avoir oublié que vitesse ne rime pas avec musicalité (du moins, pas aujourd’hui). A quoi peut bien me faire penser cette prestation ? Un véritable Rubik’s Cube musical, sauf que personne n'a la solution. Entre des morceaux joués à une cadence infernale (certains morceaux auraient pu faire fondre un métronome), des sons qui semblent sortis d'un karaoké pour aliens et un déluge de notes émanant d'une machine de jeu type space invaders... tout est chaotique, même leur scène est moche. Bref, insoutenable.

Kreator :

Et puis arrive le moment tant attendu, celui où Kreator va prendre possession de la scène comme des seigneurs du chaos. Le public, réduit, mais déterminé, s’accroche à ses derniers espoirs d'échapper à l’hypothermie grâce à la chaleur dégagée par ce thrash surpuissant. Et ainsi, après des heures à braver les éléments, la boue et des solis de guitare plus longs que la liste des fromages suisses, Kreator, débarque enfin pour clôturer ce festival dantesque qui marquera ma mémoire. Dans une ironie que seuls les amis de la Suisse comprendront, le groupe met littéralement le feu à un public resté aussi inflexible que les montagnes environnantes tombées sous les trombes d’eau. Les dernières flammes réchauffent les survivants trempés, transformés en bonhommes et mesdames patates sous des ponchos en plastique. Monstrueuse prestation d'un groupe légendaire qui se bonifie sur scène au fil du temps. Vous allez voir les images ne trompent pas.

 

 

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Alors que les derniers accords de Kreator abandonnent l’air ambiant au silence, les réfugiés climatiques du Rock The Lakes se préparent à prendre routes, continuant de patauger dans la boue pour ranger leurs tentes transformées en épaves flottantes. Ils repartent dans toutes les directions, comme des migrants sans patrie, cherchant un territoire où la pluie ne dominera plus leur existence, un lieu où ils pourront, enfin, poser leurs piètres campements sans craindre une inondation. Peut-être reviendront-ils l’année prochaine, plus forts, mieux équipés, mais une chose est sure : ils ne sont pas prêts d’oublier cette édition. Car ici, au Rock The Lakes, il n'y a pas que la musique qui réchauffe les cœurs, la boue y forge aussi les âmes.


Rock The Lakes nuit 3 : La Fin des Temps... ou presque

Pour ceux qui étaient trop congelés pour continuer à headbanger, et hélas ils furent nombreux, il ne restait plus qu’une solution : faire leurs adieux au Rock The Lakes en quête d'un territoire plus hospitalier pour les accueillir. Nos réfugiés du festival, hirsutes, crottés, mais dignes, se dispersent en bon ordre suisse, et ce dans toutes les directions, à la recherche de paix, ou peut-être d'un chocolat bien chaud tendu par une belle âme cette fois-ci. Demeurant passionnés absolus de manière indéfectible, ils reviendront l’année prochaine, prêts à affronter d'autres épreuves climato-métalliques.

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Filant comme un sale diable pour rejoindre le plus rapidement l'organisation admirable du Grand Pacificateur et ce même avant toute séance de décrottage, histoire de livrer mon report le plus rapidement possible. Direct, on me demande de passer au bureau de la Grande Scrutation où officie le Grand Scrutateur (pardi !). Le type gère cette grande administration en faisant régner la terreur la plus atroce à laquelle on puisse être confrontée un jour, celle du contrôle des dépenses. Aïe, ouille, cela ne m’inspire rien de bon, je n'aurais pas dû envoyer ma note de frais avant mon départ de Suisse sans la contrôler avec plus d'acuité... Le type est du genre vicieux ou plus exactement représente le pendant du Grand Pédagogue, pour tout ce qui concerne les dépenses, les marchés financiers, les appels d'offres etc ... D'ailleurs ces deux grands chefs s'apprécient, se fréquentent et usent des mêmes méthodes de terreur. A un point tel que le Grand Scrutateur (GS) est surnommé le Grand Inquisiteur depuis les premiers temps de sa prise de fonction. N'ayant pas son pareil pour renifler détournements et autres filouteries du même tonneau ... on lui un prête un très joli palmarès, voyez plutôt :
- Les illustres époux Patrick et Isabelle qui omettaient de transmettre la majorité de leurs revenus aux services fiscaux de la Grande Pacification.
- La charmante Penelope, rattrapés elle et son charmant époux pour son emploi fictif dans la grande administration.
- Des comptes russes bien garnis et ouverts il y a encore peu chez l'ami Vlad, par quelques-uns de nos plus bô partis politiques ...
 
Vous comprendrez aisément ma perte d'assurance face à ce mur d'angoisse.
Le Grand Scrutateur (GS) : Diable Bleu, mes services viennent de m'alerter, car vous rentrez de mission suisse, et ils m'ont fait part de nombreuses irrégularités qui apparaissent dans cette note de frais. Je tiens à vous signaler que nous sommes ici sur les dents, car nous venons encore d'en attraper une, la Pacificatrice Christine, qui demandait des défraiements pour la garde de ses chiens Loulou et Riri, son abonnement à un site de rencontre et les frais d'obsèques de sa maman décédée il y a peu ... pour une coquète somme de 10 000 euros.
Diable Bleu (DB) : Il me semble n'avoir consommé que quelques bières, mais il est vrai que la vie est chère en Suisse, vous n'êtes pas sans savoir ce point Grand Scrutateur. Notre Pacificatrice Christine, touche tout de même un viatique de 5 600 euros par mois pour ses fonctions dans la grande Organisation, alors que dans mon cas...
GS : C'est bien l'inverse que l'on vous reproche, votre note est presque vide, pas de billets d’entrée, pas de facture d’hôtel, pas de consommation dans des bars à entraineuses, une note alimentaire pour un hotdog et une crêpe au sucre ... cela renifle la corruption à gros nez, dont vous êtes affublé par ailleurs.
DB : ...
GS : je vous ai à l’œil le Diable Bleu, je vous ai à l’œil...
 
 

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