Nous voilà de retour au Sud de la Charente Maritime pour ce Festival 666 que nous connaissons bien sur ces pages. Une édition d'autant plus intéressante qu'on pressent une volonté des organisateurs de passer un cap (jauge augmentée, affiche avec des pointures internationales). Outre le plaisir de revenir en ce lieu enchanté, il nous tarde de voir tout cela. Cercoux, c'est un village de 1 279 âmes dont on se dit qu'ils doivent un peu halluciner d'avoir un tel événement sur leurs terres. Let's go pour trois jours de décibels, de soleil. No Matter What (Jean Mich'Hell) L'édition 2023 avait été marquée par une programmation typée Hardcore, reprenons donc les choses là où nous les avions laissées à Cercoux... Ce sont les Bordelais de No Matter What et leur hardcore survitaminé qui vont avoir la lourde tâche d'ouvrir cette cinquième édition du petit Fest qui monte. Leur premier album a vu le jour il y a un peu plus d'un an avec entre autres une collaboration avec Drew York des excellents Stray From The Path. Et côté scène, eh bien j'ai également envie de faire le parallèle avec les Américains, car nous allons prendre un bon premier carton en une petite demi-heure qui ne laisse pas la place au doute, le groupe est taillé pour la scène ! Non seulement, leur musique est un pur Hardcore des familles, riffs lourds avec quelques inspirations Punks ou encore Thrash, et des breakdowns à se briser la nuque. Gurvan, le frontman est une mine d'énergie qu'il n'aura de cesse de partager en boucle ! Le festival est lancé de la plus belle des manières ! Setlist : Intro For The Win Adversity The Best Of Me Tunnel Vision Don’t Trust Leads Us To Our Grave Trap Skit Double Talk No Matter What Pure Strength Lecks Inc. (Philippe) Je ne suis pas surpris de voir Lecks Inc. en terre charentaise, ce groupe basé en P.A.C.A ne refuse jamais une date même si des fois cela peut nuire à la qualité de son set, comme jouer sans batteur préférant des samples. Pour le 666 ce ne sera pas le cas, c'est un line up inédit de sept musiciens avec lui inclus qu'Alex le leader du groupe se présente à nous. Il s'est entouré de Loris un talentueux batteur de 15 ans, d'Otis et Aurélien aux percussions qui mettent l'ambiance, de Clément et Isaac aux guitares deux bons riffeurs et de Mélodie la permanente de la bande à la basse. Après une intro, Alex et sa troupe entrent sur scène avec Fuck You Baby une douceur indus rythmée par le jeu de batterie du minot et les riffs appuyés d'Otis et Aurélien. Lecks Inc. enchaine avec des titres qui font bouger à la fois les popotins et les testons comme Lost In Space, Hypocrisy's Star, Out Off Control, Little Pussy, Pull The Trigger des brûlots incontournables. Le show à sept est vraiment spectaculaire. En plus de Mélodie l'habituelle attraction du groupe se rajoute les deux percussionnistes qui amusent bien la galerie, surtout Aurélien avec ses mimiques et son imitation du chien en bord de scène. Pour avoir vu le groupe sous plein de line up différents j'avoue qu'au niveau de la performance, cette version est pour moi, et de loin, la meilleure. Alex peut être fier de son casting et du show de Lecks Inc. cet après-midi. En tout cas vu ses applaudissements, le public a bien kiffé le moment ! Setlist : Fuck You Baby Lost In Space Don't Call Me Babydoll Hypocrisy's Star Out Off Control Little Pussy I Will Go Home Human Rights Pull The Trigger Alienation Get intro you Rue de la Forge (Philippe) Pour moi c'est la première fois que je vois Rue De La Forge (RDLF) sur scène, pour tout dire je les avais ratés au Hellfest 2023 où apparemment ils avaient fait grosse impression. Composé de Jérôme - Chant, Mathieu - Basse/Violon, Killian - Guitare, Guillaume - Guitare et Gaëlann - Batterie, ce groupe naît en Vendée en 2018 revendique une identité musicale bien à lui: la Fusion Celtique. Un style énergique et revigorant mélangeant Rap Français, Metal, Musique Celtique, Punk Hardcore et orchestrations symphoniques comme je vais vite le découvrir une fois que les cinq musiciens se sont mis en place sur la longue intro -52 av. Jc. Ils enchainent avec Tranchant un titre qui porte bien son nom. Sur des riffs acérés et son de cornemuses, Jérôme rappeur connu dans les année 90 sous le pseudo Odas nous envoie son flow pleine poire, le son est vraiment bon, le public adhère de suite pas mal reprennent le refrain en chœur et nous n'en sommes qu'au premier morceau. Ils enchainent avec Jamais Vaincu, Brennos Mon Clan. Sur Les Rois du Large un brûlot bien dansant Mathieu prend son violon, que se soit à la basse ou au violon, du groupe c'est celui qui saute partout un vrai ambianceur. Après ce tour à la taverne, on arrive au moment le plus fort du set avec Guerriers de l’Ouest que l'on peut considérer comme un classique du groupe. Devant la Bad Motherfucker Stage c'est le feu, selon les sensibilités cela danse, pogote, slam, headbangue, jeunes comme vieux on est pris dans ce tourbillon d'énergie et de bonne humeur. Suit L’Union Fait la Forge l'hymne du groupe, une vraie communion s'est forgée entre RDLF et nous, Alésia clôt cette magnifique prestation des cinq forgerons. Cercoux qu'on se le dise Rue De La Forge est dans la place et sort sous l'ovation d'un public conquis ! Pour ma part c'est la révélation de la journée ! Setlist : -52 av. J Tranchant Jamais Vaincus Brennos Mon Clan Les Rois du Large Guerriers de l’Ouest L’Union Fait la Forge Alésia Parallyx (Ced12) Arrivant plus tardivement que mes estimés collègues sur le site depuis Toulouse (via un bien beau passage par la Dordogne toujours aussi envoûtante), j’arrive sur le site de Cercoux. La découverte des installations impressionne avec un site bien construit (l'utilisation de l'école du village comme zone VIP c'est brillant) et pour moi, cette édition commence avec le final de Rue de La Forge évoqué plus haut puis Parallyx, jeune talent de la scène metalcore. Fondé par la chanteuse marocaine Lina, le groupe est basé en France et fourbit ses premières armes. Très concentrés en préparant la scène, le groupe souhaite profiter de ce créneau car comme sur chacune des trois journées de ce fest, des formations moins connues et surtout locales sont proposées avant 17h. Pas évident de trop se documenter sur le groupe mais on peut dire que la frontwoman attire tous les regards et propose un vrai show avec des vocaux versatiles. Alternant refrains bien (trop) mélodiques et d’autres passages plus énervés, le groupe œuvre dans un metalcore finalement assez classique malgré les quelques côtés djent de la musique. La température est élevée, le groupe se donne. Soyons honnêtes, le metalcore n’étant pas notre tasse de thé, nous allons tailler une bavette avec Jean-Mich’Hell histoire de prendre des nouvelles de nos vies respectives (et parler rugby, autre intérêt commun). Ainsi va souvent la vie des festivaliers se retrouvant sur de tels événements. Nous sommes donc bien en configuration festival où ça s’amuse bien, ça refait le monde entre deux concerts et où on trouve déjà quelques phénomènes un peu éméchés. C'est que c'est un marathon un festival et certains se font encore avoir avec l'excitation du premier jour.
Setlist : The Call Doomsday Pandemonium Walk Away Matriochka Remedy Vices Of Men Pandemonium Outro Poésie Zéro (Jean Mich'Hell) Poésie Zéro, c'est le groupe le plus fédérateur de cette affiche ! Vous l'aurez compris, un peu de second degré pour parler de ce groupe ne fera pas de mal. Révélé aux yeux du petit monde du Metal via un passage au Hellfest très remarqué, et relayé sur Arte TV, le trio punk à tendance direct, bas du front mais aussi dénonciateur - provocateur sait y faire pour créer le buzz. Car oui, à mon sens, Poésie Zéro est une machine à buzz, car que l'on aime ou que l'on déteste, ils savent faire le nécessaire pour ne pas laisser insensible, et ça, en soi c'est déjà une qualité. Nos Prix Nobels du jour vont donc, en vrac taper sur les Nazis, et plus largement sur l'extrême droite, les MST, les personnes seules, et ne se fait pas prier pour chambrer le public Metal parce que c'est de la daube et que le Punk c'est cool, voilà... Personnellement, ils m'ont fait marrer et assez bizarrement, je retiens plutôt leurs frasques, plutôt que leurs discours qui sont bien des discours de punk version anar... Je retiens donc la punky batucada, la coupe du monde de pogo confettis inclus, l'ambiance boîte de nuit juste avec la boîte à rythme, les reprises de Tryo avec l'Hymne de nos Campagnes ou bien encore El Vals del Obrero de Ska-P, et leur magnifique décor de scène qui prend vie au fil du set... Poésie Zéro au final, c'est comment faire du punk avec du vieux... SETLIST : C'EST NOUS LES PUNKS L'ANARCHIE TRUCS DE SALES NAZIS DE MERDE TOUT CA BRÜLE TRES BIEN IL FAUT VOLER COUPE DU MONDE DE POGO VRAI POGO IL Y A DES FLICS PARTOUT VOTER AVEC UN PAVE DANS LE CANIVEAU C'EST VRAIMENT DE LA DROGUE BLACK BLOC DANS LE CLUB TECHNOFLIC TRAVAILLER TU VAS QUITTER TON TAF JE VEUX CREVER OLALA IL FAIT CHAUD TON PAYS C'EST DE LA MERDE PLUS PERSONNE N'ECOUTE DE SKA INVINCIBLE LA OI DE NOS CAMPAGNES LA TROMPETTE DU PROLETARIAT FLINGUE DROGUE THUNE Lofofora (Jean Mich'Hell) Etant un vieux fan des Lofos, je suis toujours impatient de les revoir. Les deux derniers efforts, Simple Appareil et Vanités, avaient été deux très bons opus avec des directions artistiques très différentes mais tout aussi qualitatives. Et quoi de mieux qu'un titre sorti du grenier (La Chute) pour ouvrir ? Flashback instantané pour ma part, et mise en ambiance immédiate ! Musicalement, comme toujours, c'est une prestation très propre qui est donnée, même si Doudou va avoir quelques petits soucis d'accordages qui vont faire traîner les choses en longueur... C'est un Reuno assez sage derrière son micro qui est en place ce soir, mais la pause involontaire va l'obliger à meubler même si on évite de peu une blague douteuse car il est accompagné de "sa petite princesse" qui elle est tout sourire devant la table de son. La setlist balaie l'ensemble de la carrière du groupe et comme à son habitude, change à chaque tournée, ce qui est toujours agréable lorsque, tout comme moi, vous devez en être à une bonne vingtaine de concerts du quatuor parisien. Il me semble d'ailleurs de souvenirs que c'était la première fois que j'entendais Les Choses Qui Nous Dérangent en Live. Lofofora a été, comme à son habitude, bon, ils auront presque réussi à convaincre Ced qui a hésité entre un jus de houblon et m'accompagner, et finalement il fut dans l'obligation d'admettre qu'ils avaient fait mouche ! (Note de Ced12 : en effet, très bon show hyper carré et solide et un Reuno épatant de professionnalisme. Je persiste et signe : quand les groupes français évitent de trop politiser les concerts, ils n'ont rien à envier à leurs homologues) Setlist : La Chute Les Gens Bonne Guerre Les Seigneurs Les Choses Qui Nous Dérangent Macho Blues La Machette Le Fond et la Forme Les Sirènes L'Oeuf / Justice Pour Tous Terror (Ced12) La très grosse baffe de ce premier jour !! Je pourrais presque arrêter là cette chronique tant tout y est dit. Terror pour un festivalier c'est le combo difficile à manquer tant le groupe est souvent présent. Il est vrai que ce groupe se prête particulièrement bien à ce genre de cadre avec des shows fédérateurs qui enflamment des pits qui ne demandent que ça. Quelle énergie. Bien sûr, certains auront trouvé ça trop court mais c’est du hardcore. Trente-cinq minutes, délivrées le pied sur l’accélérateur et des hymnes qui s’enchainent. En plus, Scott Vogel a une ligne d’enfer, affûté comme un cycliste et continue de haranguer la foule inlassablement. On le sait, les californiens n’aiment pas ces scènes surélevées et préfèrent que ça investisse la scène physiquement. L’ami Scott réclame donc de filer du travail à la sécurité (impeccable au demeurant) et le pit est déchainé. On pressent que pour les organisateurs, Terror c’est un de leur groupe rêvé et le résultat est remarquable, la fosse déchaînée. Ça secoue sévère là-dedans. Comme toujours, Keepers Of The Faith et sa rythmique infernale clôt une prestation XXL, LE show de cette édition me concernant. Point marquant, le groupe revient à l’automne en France et si j’hésitais à y revenir, ce concert m’a persuadé de reprendre mon billet pour les revoir. On ne s’en lasse pas. Ebouriffant. Setlist : One With The Underdogs Spit My Rage Stick Tight Hard Lessons Boundless Contempt Alwaus The Hard Way Pain Into Power Overcome Can’t Help But Hate Strike You Down (Interlude) 25Th2Out Keep Your Mouth Shut Keepers Of The Faith Sun (brutal pop) (Jean Mich'Hell) Je ne vous cache pas que ce nom d’artiste et encore ce qu’il se trouve dans la parenthèse ont eu le don de m’intriguer… De la brutal pop Késako ? La réponse n’est pas arrivée tout de suite car Sun arrive seule sur scène dans une très jolie robe blanche et rouge qui lui donne tout de suite une aura de dingue. Une introduction hypnotique puis la belle lève le voile sur son visage pour se présenter, et nous présente également son premier coup de semonce… On vient de passer d’une sucrerie à une diablerie en moins de quatre secondes… L’univers est on ne peut plus singulier car Sun accompagné d’un batteur et d’un intenable headbangeur bassiste a la particularité de jouer avec les émotions. Les deux mondes (pop et brutalité) qui n’étaient pas fait pour se rencontrer initialement, se croisent plus qu’ils ne s’entrechoquent au final, on passe d’un univers à l’autre musicalement sans prévenance pour des surprises à répétitions. Aussi dansant que propice à se briser la nuque, la musique de Sun est intrigante, aussi bien dans ses compositions, que dans ses reprises (Survivor de Destiny’s Child ou encore C’est un Gars d’Edith Piaf) et transforme la scène en brutal karaoké avec un superbe light show qui plus est ! Encore une petite surprise sortie de derrière les fagots par Victor, qui aura été bien conseillé par Keuf ! Setlist: I Killed My Man Fast Car Wave Come Clean Survivor Golden I Follow Rivers Khaos Star Jezebel John & I (Money) Higher Fire Korpiklaani (Jean Mich'Hell) C’est à minuit pétante que les Finlandais de Korkiklaani envahissent la scène, le batteur en premier lieu qui s’offre une entrée triomphale soutenu par un public qui avait envie de conclure ce vendredi à grand coup de folklore festif et d’hymne dansant. Et le choix est forcément pertinent, cette musique aux forts accents celtes, aux relents de rhum ne peut que parler au metalleux qui lui est souvent plus branché houblon à cette heure-là… Bref, la musique de Korpiklaani fonctionne à merveille sur le public, c’est fédérateur à souhait et permet de conclure en bonne humeur, et même en Boney M avec une belle reprise de Gotta Go Home ! Les sourires sont de sortie, ce ne seront pas les seuls du weekend mais les Finlandais ont manifestement réussi leur coup. Setlist : Kotomaa Wooden Pints A Man With A Plan Ievan Polkka Gotta go Home Aita Kalmisto Tuli Kokko Pixies Dance+Juokse Sinä Humma Pidot Leväluhta Oraakkelit Rankarumpu A Viima Metsamies Saunaan Beer Beer Vodka Belle conclusion pour ce premier jour à l'affiche certes versatile mais non moins qualitative. Cette édition 2024 est bien lancée, un peu de repos au programme après une petite heure de route car demain le programme est chargé.
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