Positionnée lors d'un long week-end prolongé pour beaucoup, cette nouvelle édition du festival Echos & Merveilles bénéficie d'un bel alignement des planètes. Je pense bien sûr à ce week-end d'aurores boréales qui aura régalé les photographes en herbe mais aussi à une excellente météo avec, enfin, un grand soleil et l'arrivée des premiers coups de chaud. L'organisateur dira d'ailleurs avec le sourire que les coups de soleil étaient son principal souci du jour (outre un problème de navette les deux premiers soirs entre le grand parking et le site qui sera solutionné après on imagine un joli coup de gueule du patron du festival). Le site est situé à Bruguières, 5 kilomètres au nord-est de Toulouse très facilement accessible par autoroute et transports et propose ce qu'il faut en parking pour rendre l'accès très simple. Désormais bien rôdé avec une petite décennie d'existence, le festival est parfaitement organisé (à la marge de ce souci de navette indépendant de la volonté de l'orga) et l'atmosphère qui y règne est très agréable.
Concept vraiment intéressant, brassant divers univers pour plaire au plus grand nombre entre classique marché avec artisanat, espaces de restauration, bars à profusion, animations pour les enfants, contes, théâtres et concerts sur un open air très bien conçu et offrant même une ombre salutaire. Un plan d'eau aère le site, des aires de jeux pour enfants sont accessibles, bref le festival s'adresse à tous les profils, c'est franchement sympa, encore plus par ces belles météos. Beaucoup de gens y viennent déguisés ce qui rend le site encore plus vivant.
Le vrai plus de cet événement, ce sont ces quatre soirées de concert, la première open air avec la doublette Korpiklaani- Alestorm qui outre de belles références live sont parfaitement adaptées au concept du fest. Les trois soirées suivantes sont données en intérieur dans la salle du Bascala (avec une tarification complémentaire) offrant aussi un bel espace extérieur idéal pour se délasser entre les concerts. Presque un second fest dans le fest avec là encore de la restauration (plus élaboré entre cuisse de cerf, burgers plus travaillés, produits veggie bien sûr), un stand de merch spacieux dans une salle très fonctionnelle (qui pour info a eu accueilli le Ready For Prog par le passé). Chaque soirée se voit dotée d'un concept dédié : Troubadours (avec entre autres Saor et les Compagnons du Gras Jambon patronyme juste incroyable que j'avais juste envie de placer dans cette missive), Celtique (qui va nous intéresser ici) et Mystique (Eivør notamment). Pour la soirée celtique, je ne vais parler que de Boisson Divine raison de ma présence ce soir et non des autres formations présentes, non par manque de qualité de ces dernières mais tout simplement parce qu'elles n'entrent pas dans la sphère de notre estimé webzine.
Boisson Divine
C'est donc avec grand plaisir que je retrouve les excellents et attachants Boisson Divine dont le génial disque La Hahla avait souffert - comme tant d'autres - de la crise sanitaire. On s'en souvient - ou pas - mais Boisson Divine c'est un projet qui nous vient du Gers (plus précisément de Riscle à la limite des Landes) construit comme un plaisir de potes musiciens souhaitant entre autres mettre en valeur la culture et les traditions gasconnes. Le chant est d'ailleurs en gascon-béarnais comme un certain Nadau qui n'en finit toujours pas d'enchanter la région avec ses concerts. Il va sans dire qu'en bon voisinage, la présence des Boisson Divine à ce fest se faisait clairement attendre et l'organisateur n'a pas caché son plaisir de les avoir fait enfin venir. C'est que tout y est, les instruments folk, la dimension culturelle, l'accent qui va bien, bref Boisson Divine est à sa place ici. J'ai bien révisé le disque avant de venir, revisionné le Bonheur est dans le Pré passé par un heureux hasard à la télé deux jours plus tôt (quel film, superbe éloge d'une vie simple !!), me voilà donc fin prêt pour ce show.
Les Boisson Divine sont chargés d'ouvrir la soirée et le "Gascunha" entonné d'entrée plante le décor. Les guitares sont heavy, la basse de Florent bien présente et Pierre avec sa boha met déjà le feu. On retrouve ce folk rock / metal accessible et fun, souvent dansant. Variant les instruments, Pierre nous sort son bel accordéon qui fait un malheur sur Lo Cant Deu Pastor. C'est entraînant, enthousiasmant, les premiers circle pit se font, festifs avec quelques personnes semblant un peu étonnés de ce genre de pratiques dans le public. C'est là qu'on voit que ce festival amène un public varié et y fait se croiser différents univers.
Le groupe attaque par des morceaux des premiers disques, c'est fun. Pour mon bonheur, le petit dernier La Hahla est aussi très bien représenté où on voit que le groupe s'est gentiment metallisé sur ce dernier opus et ça leur va très bien. Les guitares se font plus dures, les riffs allant vers un heavy / power très plaisant. Lo Pela Porc, excellente avec son chouette refrain, Xivalier De Sentralha tout aussi efficace font merveille. Idem pour la Sicolana qui permet au groupe de présenter ces chants polyphoniques traditionnels qui fonctionnent très bien en live. Baptiste qui tient toujours sa scène dans son style caractéristique se fait aider de Pierre et la flûtiste récente recrue qui comme celle qui lui a précédé abat un super job. Toujours aussi chambreur, le chanteur se moque gentiment de son compère guitariste Luca (qui arbore une moustache digne d'un d'Artagnan gascon célébrissime s'il en est) qui a cassé une corde lui reprochant de le mettre en galère. Ainsi obligé de meubler lors du changement de matériel, on l'a senti un peu "juste" demandant au public toulousain s'il aime le rugby (non mais sérieux ? la réponse est évidemment positive 😉) ce qui vaudra un joli chambrage de l'auditoire lorsqu'Adrien derrière sa batterie vantera le club de Bordeaux-Bègles forcément moyennement apprécié (bien qu'éminemment respecté) dans le coin.
Bénéficiant d'un créneau d'une grosse heure, le groupe en profite pour proposer Milharis, un des joyaux du dernier album, titre qui affiche huit minutes au compteur dont le refrain fait merveille. La chanson bénéficie en live d'un génial réarrangement avec la mélodie reprise à la clarinette. Le break central est un bijou et ainsi interprété, le rendu est juste fabuleux avec un final tout en douceur. Décidément, Boisson Divine a du talent à revendre. Libertat et son très très gros refrain parachève un show incroyable avant un petit final en français vantant le "bon Roi Henri". Et oui, la cité béarnaise de Pau n'est pas loin, l'esprit gascon toujours bien présent et les gascons chantent leur Roi pour qui rappelons-le, Paris valait bien une messe.
Au final un concert génial, un public très présent, participatif et ravi, Boisson Divine continue son chemin, toujours avec une approche artisanale (au sens noble du terme) très plaisante loin de l'ultra-professionnalisme aseptisé tout en continuant de raconter et perpétuer l'héritage de leur "pais". Le tout est fait avec une simplicité admirable. La démarche est magnifique, à saluer et valoriser. Un groupe épatant à qui on osera demander un prochain album (dont l'enregistrement semble avancé). Un groupe épatant dont la simple existence a quelque chose de rassurant sur la démarche de nombre artistes / musiciens à la démarche sincère et authentique.