Il n’y a pas une foultitude de choix en ce qui concerne les festivals metal dans le 06. C’est même très simple puisque ça se résume au TribalFest (le précurseur) et à l’Antre du Lyon (le petit nouveau). Le premier dans l’arrière pays Cannois, à Peymeinade, le second dans l’arrière pays Niçois à Gattières. Ces villages que vous ne connaissez probablement pas sont assez éloignés des grandes agglomérations (Nice, Cannes), nullement desservis par des transports en commun, ce qui complique un peu plus la vie des organisateurs et la promotion de leur festival. Pourtant, le TribalFest et son organisateur, Marco, fête cette année leur 18eme édition sous les grands pins de la pinède Daudet. Impressionnant ! Bravo à Marco et son team. L’affiche est variée et assez alléchante cette année encore avec un bon mix des genres qui commence dès 18h avec les régionaux de Balls Out et s’enchaine ensuite avec Underground Therapy (Toulouse), Brutti di Fosco (Italie), Overdrivers (le Nooooord) avant la tête d’affiche, Alcatrazz, le célèbre groupe américain des années 80, dans un line-up rajeuni. Le festival a aussi attiré des stands de vendeurs (glaces, gaufres, bijoux, …) et propose de la bière locale (Bière du Comté) et de quoi se sustenter. Bref, tout est en place pour passer une bonne soirée. Balls Out Il est presque 18h00 Marco le président annonce le premier concert de cette édition 2023, c'est au groupe local Balls Out que revient l'honneur d'ouvrir la soirée. 
Les azuréens commence leur set par Back to Real qui met de suite le public dans l'ambiance, ils ne sont pas là pour enfiler des perles et enchainent avec Wet And Late puis Moaning Hard. Avec leur Hard Rock burné Pat Gioan (chant basse), Sonny Micucci (guitare), Yann Vautrin (guitare) Pierre Pizana (batterie) font vite faire monter la température, le public devant les barrières est très réceptif et hausse régulièrement du teston.  
Musicalement c'est assez binaire mais on ne peut pas s'empêcher de taper du pied sur les riffs endiablés de Balls Out, l'enchainement Get Dirty, Hot Mom, let Me In est imparable. Chaque refrain facilement mémorisable peut être chanté en chœur avec Pat qui se plait à faire les gros yeux au public et montré le du doigt pour le faire participer un peu plus. La musique de Balls Outs me fait penser à un croisement entre Rose Tattoo, AC/DC et Motörhead, Yann est la machine à riff du groupe, Sonny lui prend la majorité des solos, les deux sont excellents dans leurs registres; Pat lui fait bien ronfler sa basse au rythme de Pierre le métronome du groupe, c'est ça Balls Out.  
Après Huricane le quatuor nous envoie leur titre éponyme, un brûlot qui va faire chanter Daudet tout comme le morceau final Bad Wolf. Vu l'horaire de passage du groupe il n'y avait qu'une petite centaine de spectateurs devant la scène, mais tous était ravis du set impeccable de Balls Out et ça se voit sur la photo finale tout le monde à la banane ! Setlist de Balls Out : Back to Real Wet And Late Moaning Hard Get Dirty Hot Mom Let Me In (I Know Someone Inside) Hurricane Balls Out Bad Wolf Underground Therapy Après les ajustements habituels entre les sets, Marco est de retour sur les planches pour annoncer le groupe suivant Underground Therapy qui est originaire de la région Toulousaine. Pour les fidèles du festival, le quatuor ne leur est pas inconnu, puisqu'il était déjà présent lors de l’édition 2022 du Tribal Festival. Créé en 2017, le groupe est composé depuis 2021 de Sarah au chant, Tom à la guitare, Anthony à la basse et Corentin à la batterie, c’est avec ce line-up qu’Underground Therapy sort début d’automne 2022, son deuxième Ep cinq titres Fire Back.  
Les Toulousains commencent par Insomnia tiré de Neurosis leur premier Ep, sur ce titre dont l'intensité va monter crescendo, Sarah donne déjà un aperçu de son talent. Ils enchainent avec Dust un très bon titre déjà joué l'an dernier mais qui n'apparait pas dans la discographie. Suit Abyss cette compo commence sur une rythmique qui associe la basse d’Anthony qui peut être dans la même compos à la fois groovy et très fuzz, au jeu de batterie de Corentin qui est lui peut-être à la fois musclé et subtil avec quelques relents jazzy. Autour d’eux gravite la guitare de Tom qui alterne gros riffs bien placés et passages plus mélodieux et ambiant.  
Quant aux interventions de Sarah, elles sont à la fois apaisantes, vous caressant les tympans puis violentes quelques secondes après en vous les explosant, ce brulot résume bien la musique d'Underground Therapy. Même si le groupe enchaine Deep Water et Shell deux titres que l'on retrouvera dans leur prochain album, l'intensité ne faiblit pas, le public bien chaud reste réceptif. On continue avec l'apaisant Donnie Darko, même si Sarah nous caresse avec sa voix enjôleuse, sur ce titre c'est surtout les parties de guitare de Tom qui nous envoutent. Ils enchainent avec deux brulots aussi extraits de Fire Back tout d'abord Stupid Man, où on peut entendre de superbes lignes de basse de la part d'Anthony puis Shadow and Light sur ces deux titres on retrouve le coté Miss Hyde de Sarah.  
C'est presque la fin on a droit encore à une compo qui se trouvera dans le futur opus, elle s'intitule Same Old Story. Puis Lighter clôt le set. Et bien comme l'an dernier Underground Therapy a fait le taf, il laisse un public chaud bouillant près à accueillir le prochain groupe. Les quatre musiciens ont été encore auteurs d'une prestation de grande qualité, bravo à eux.  
Setlist de Underground Therapy : Insomnia Dust Abyss Deep Water Shell Donnie Darko Stupid Man Shadow and Light Same Old Story Lighter Brutti di Fosco  Marco le retour, le président a son regard malicieux en annonçant la formation italienne Brutti di Fosco, ce qui augure comme souvent qu'il a fait une trouvaille qui va scotcher tout le monde. A voir si son flair légendaire ne la pas trahi ? Les Italiens entrent sur scène sur Sette quarti un titre instrumental enjoué et enchainent avec Ye jacobites by name. le groupe est composé de deux guitaristes Federico Stocchi, Lorenzo Marcelloni (lead), du bassiste Giulio Fabrizi, du batteur Il Tropical avec son drôle de pseudo et pour finir de Lorenzo Carducci qui alternera pendant le set chant, piccolo et cornemuse. Tous les musiciens ont une sacré prestance scénique, leur heavy rock celtique embrase de suite la pinède Daudet, on ne peut résister à l'énergique Libéri sur cette compo chantée, Lorenzo nous fait une belle performance puisqu'il alterne chant et cornemuse. Sa voix me fait penser sur certains phrasés, à celle de Piero Pelù le chanteur du groupe de rock florentin Liftiba.   Cela bouge beaucoup devant et sur la scène, les titres s'enchainent tous très remuant, le public est bouillant. Même sur la ballade chantée Luce, l'ambiance ne faiblit pas, tout Daudet dodeline de la tête bercé par la voix douce de Lorenzo, sur le refrain j'ai encore l'impression d'entendre Piero. Lorenzo nous présente le morceau instrumental Frutti di bosco en faisant la remarque que c'est un anagramme de Brutti di Fosco, ce titre très dansant met en valeur les Lorenzo un avec sa cornemuse et l'autre avec sa guitare, les deux sont des solistes hors pair. C'est le moment des présentations elle est faite par Lorenzo sur Amour Toujours de Gigi D'agostino, il va nommer ces compères un par un et chacun va faire une mini impro. Puis à part Il Tropical, ils finissent tous dans le public sur le titre Lets go pecoraio, se sera un moment très jouissif du concert. La fête ce termine dans l'euphorie générale avec Atholl highlanders. Brutti di Fosco a totalement embrasé la pinède et il est même étonnant que les pompiers n'aient débarqués en force ! Le public est unanime sur la prestation énorme des Italiens, les ovationne longuement. Pour ma part outre le fait que les musiciens de Brutti di Fosco soient une magnifique découverte, sans minimiser ceux des autres groupes, leur set est pour moi le meilleur de la soirée. Ce Marco a vraiment du pif pour dénicher les talents ! Setlist de Brutti di Fosco : Sette quarti Ye jacobites by name Liberi Drunken sailor Can you hear the black bird Luce Frutti di bosco Presentations Lets go pecoraio Atholl highlanders Overdrivers Après les italiens et leur subtil rock celtiques, on range la cornemuse et on sort les Marshall réglés sur 11 (blague !), car voilà les Overdrivers. Si t’aime AC/DC ou Airbourne, ne bouge surtout pas, il n’y a aucune raison que tu n’aimes pas Overdrivers. S'ils se font appeler "THE FRENCHIEST OF AUSTRALIAN ROCK BANDS", ça n’est pas pour rien. Ca riff, ça braille, ça headbangue à tout va, dans la foule difficile de résister et de ne pas aussi bouger, au moins le pied. C’est Adrien qui est aux braillements, il chante aigu, me rappelle aussi Krokus, dans le style, il donne de ses cordes vocales et de sa personne. Aux riffs, Anthony, accompagné d’Adrien, nous découpe en tranches fines, façons chiffonnade.  
A la section rythmique plus qu’endiablée c’est Benjamin (basse) et Florian (fût). Je ne sais pas si la batterie était partagée par les groupes, mais là elle prend cher. Entre deux morceaux Adrien, en sueur (y a pas beaucoup d’air ce soir) nous explique un peu les morceaux, avant de repartir de plus belle. Ca se passe souvent en dessous de la ceinture, mais avec pas mal d’humour (Cf la setlist). Dans le public, on serre les fesses quand tout à coup et alors qu’il n’a pas plu depuis des semaines, voilà qu’il commence à flotter.  
Je réalise alors que la scène n’est pas couverte et je suis inquiet pour ces têtes d’ampli à lampes avec leurs aération sur le dessus, pas sûr qu’ils apprécient cet épisode météo. Pour Adrien et son équipe, c’est plutôt une bonne chose, même si je ne suis pas sûr que dans le feu de l’action, ils s’en soient aperçus. Heureusement ça s’arrête rapidement. Les musiciens eux ne se sont pas arrêtés, ils ont même passé la seconde pour nous achever. Ils décident de prendre un bain de foule, merci les systèmes sans fils et filent jouer dans le public, notamment Anthony, qui va faire tout le tour du festival. Sacrée portée son système sans fil. Ils terminent en trombe un set des plus énergiques. 
Setlist d’Overdrivers : You cheated on me She hides a big packet Factory She’s on her period High Mountains Dirty Girls Island Show your boobies Rockin’ Hell Limbs of rock’n’roll Alcatrazz Pour ne rien vous cacher, je connais assez mal ce groupe, qui a pourtant vu passer dans son line-up des grands noms de la discipline comme Graham Bonnet, Steve Vai ou Yngwie Malmsteen. Je ne connais aucun de leurs titres et je ne suis pas venu au festival spécialement pour leur venue. Mais la soirée était parfaite et je me dis qu’on est pas à l’abri d’un beau finish. Attention, comme rien n’est jamais simple, il existe aujourd’hui deux versions d’Alcatrazz. Une avec Graham Bonnet (chanteur fondateur) et l’autre avec les deux autres fondateurs, Jimmy Waldo (claviers) et Gary Shea (basse). C’est de cette mouture dont il s’agit ce soir, même si ce soir, Gary, indisponible pour quelques dates, est remplacé par Adam Sheppard. Le line-up est complété par le guitariste Joe Stump, le batteur Larry Paterson et le chanteur Doogie White connu aussi pour avoir chanté pour Rainbow, Yngwie Malmsteen, Tank, Michael Schenker et d’autres. Ils sont américains ou Néo Zélandais, sauf Doogie dont l’accent fleure bon la belle Ecosse. Le groupe avait disparu de 1987 pour renaître de ses cendres sous ces deux moutures en 2006. Le groupe monte sur scène et on voit de suite que les types sont (ou pensent être) d’un niveau supérieur au reste du plateau.  
C’est surtout l’attitude de Joe Stump qui me choque un peu. Il a des airs de Yngwie, physiquement et dans sa façon de jouer et de bouger sur scène. Son jeu est impressionnant, clairement Yngwie doit être une de ses inspirations, il balance des solos néo-classiques avec une aisance déconcertante. Il réalisera aussi un long solo assez intéressant. Les autres assurent plutôt bien, je trouve les claviers de Jimmy, un peu sous mixés. D’ailleurs c’est tout qui est sous-mixé, tant la guitare de Joe est mise en avant. Le batteur secoue sa crinière de cheveux gris pendant tout le show, il assure aussi pas mal. Derrière le micro, Doogie fait le spectacle. Il assure ses lignes de chant à la perfection et assure les intermèdes en roulant les r et avec beaucoup d’humour. Il a l’air vraiment ravi d’être là.   
J’avais peur de ne connaître aucun titre, je suis vite rassuré car la setlist du groupe puise aussi dans les morceaux du dernier album de Rainbow en date (Stranger in Us All en 1995 tout de même et dans lequel Doggie est au chant) et même de Michael Schenker’s Temple of Rock. Faisant du set, un tout assez homogène et fort agréable alternant succès d’Alcatrazz et morceaux de Rainbow. On approche de la fin, Doggie énumère quelques artistes morts qui ont compté pour eux comme Cozzy Powell, Dio et rend hommage à Bernie Masden, disparu la veille. Ils terminent d’ailleurs pas un superbe The Temple of the King (extrait du premier Rainbow et chanté par Dio) avant de saluer le public et disparaitre pour attraper leur minibus.  
Setlist d’Alcatrazz : Little Viper Too Young to Die, Too Drunk to Live Wolf to the Moon (Rainbow) Turn of the Wheel Ariel (Rainbow) Jet to Jet Sword of Deliverance Battlelines Too Late for Tears (Rainbow) Don't Get Mad…Get Even Hiroshima Mon Amour Bring on the Rawk Vigilante Man (Michael Schenker’s Temple of Rock) The Temple of the King (Rainbow) Voilà cette édition du TribalFest se termine moins tardivement que je ne l'anticipais. On a eu droit à un très bon plateau composé de 5 groupes de styles différent, mais tous là pour faire le show. Tout le monde à la banane, on a réussi à éviter la pluie, et on espère que le festival aura fait les entrées espérées (difficile de savoir) et que nous pourrons les retrouver l’année prochaine, sous les pins, pour une 19ème édition.
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