L’ami JC et moi même, l’un à la photo, et l’autre à la plume, nous rev’là à la Seisach’ Night (club…) pour découvrir la quatrième édition de ce festival au cœur de la Gironde, et pour être exact à Sauveterre de Guyenne. Mais avant de nous rendre à la Salle Simone Veil, nous avons été convié au Off du Seisacht, cet opening a lieu dans la médiathèque de la commune pour une conférence en présence de M. Benjamin Guerry, la tête pensante de The Great Old Ones sur la thématique de l’univers de Lovecraft, suivi d’un concert acoustique de Qlay, artiste pour le moins atypique. C’est toujours le collègue de CoreandCo, Seisachthion qui est à l’orchestration de cette belle journée. Le Off : Nous sommes très gentiment accueillis par les personnes de la médiathèque et accompagnés dans une cave. Oui je sais, dit comme ça cela peut paraître louche mais pas du tout, bande de cerveaux tordus, c’est l’endroit où a lieu l’événement. Cette cave du XViéme siècle, qui bénéficie d’une acoustique idéale pour les deux parties de ce Off. C’est Benjamin Guerry, accompagné de Arthur Desprat, qui va nous offrir quelques éléments de compréhension de l’univers de H. P. Lovecraft. Ce que j’en ai retenu, car il serait délicat de reprendre l’ensemble de la conférence, c’est que Lovecraft était pour le moins un homme de paradoxe. Un homme qui beaucoup voyagé mais qui a toujours été plus qu’attaché à sa ville natale de Providence, qu’il était profondément raciste et antisémite mais a fini par se marier avec une jeune femme juive répondant au nom de Sonia Greene, qu’il était souvent malade mais avait du mal à se reposer à cause de ses fréquentes terreurs nocturnes. Ces mêmes terreurs qui lui ont ouvert son propre univers littéraire. Homme torturé s’il en est, H. P. aurait pu y finir... 
Benjamin nous a également fait partagé sa passion pour la bande dessinée, principalement dans l’univers de Lovecraft, mais également la place fondamentale de l’auteur dans son inspiration musicale, bien qu’il avoue humblement, qu’il n’expose que son point de vue, nous saurons plus tard dans la soirée qu’il semble bien coller à l’auteur américain. 
Qlay vient ensuite prendre le relais, et le lien avec la conférence ne va pas tarder à faire sens. Tout d’abord il est présenté par Seisachthion comme une âme tourmentée, un peu comme nous tous ici, qui possède un univers singulier et qui devrait nous parler. 
Et personnellement, Quentin m’aura emmené dès qu’il a ouvert la bouche. Cette sensibilité à fleur de peau m’a de suite parlé et je pense qu’elle ne peut laisser indifférent. D’autant que la musique est aussi bien mélodique qu’épurée. L’animal utilise une guitare ou un violoncelle pour mettre ses mots en musique. Et quant au texte, il faut bien admettre qu’elle ne prête pas franchement à sourire malgré la volonté de transmettre un univers assez doux et chaleureux. La prestation de Qlay fut aussi bien un grand moment de surprise, que d’émotion, une balade entre l’esprit et les tripes. Le voilà le lien... 
La soirée : Nous arrivons pour l’ouverture des portes de la salle Simone Veil qui nous accueille encore cette année dans son écrin de verdure, toujours aussi jolie et accessoirement adaptée pour un open air. (N’est ce pas M. Seisachthion ?) C’est donc dans ce cadre on ne peut plus sympathique que nous avons l’occasion d’échanger avec Christophe le bassiste de Breakdust quelques minutes avant son entrée sur scène. Breakdust : C’est Breakdust qui ouvre le bal de ce soir. Et comme une grosse partie du public n’est pas encore très chaud, il va falloir faire monter la température. Heureusement, ça les Bordelais savent faire ! Olivier derrière ses fûts se lève dès le deuxième titre pour nous prévenir qu’ils vont nous en mettre plein la tête ! Aussitôt dit aussitôt fait ! En avant, pour un set Thrash-Death aux petits oignons qui va littéralement nous écraser. Le groupe a enclenché le rouleau compresseur et le public va en effet en prendre plein la tête. 

Après une période d’observation, car le groupe est le seul en dehors d’influences Black, le public ne va pas mettre très longtemps à se laisser convaincre par la qualité de leur musique qui oscille toujours entre Morbid Angel et Sepultura. Alex crache ses paroles comme un furieux, Christophe fait toujours autant valdinguer sa tignasse et David va chercher le public à grand coup de cris enragés. C’est simple, le quatuor aura allumé cette soirée, non pas avec des allumettes, mais bel et bien à grand coup de poutre ! Poowweerrrr !!!! 

Setlist de Breakdust : 01. Come to challenge them 02. Sad evolution 03. Death is a bitch 04. Fucking Sheep 05. Attracted by the void 06. Fuck-you, shut-up, listen or go! 07. Eye of cyclone Acod : Je ne vais pas vous cacher l’excitation qui m’habite depuis que je sais que Acod est présent à la Seisacht. Les marseillais sont plus que rares dans nos contrées. Fred (chant), avec qui j’aurais le plaisir d’échanger quelques mots, m’informe que c’est même leur première date dans le sud ouest depuis la création du groupe en 2006… Ben dites donc les programmateurs du sud ouest, vous n’avez pas l’impression d’avoir raté un truc là ? Bon trêve de plaisanterie (non ça jamais!) et passons au show. Car Acod c’est un show, tout d’abord l’aspect messe noir est la première chose qui saute aux yeux lorsque le set débute. Les deux magnifiques tridents inversés qui trônent de chaque côté de la scène sont des éléments important du décor, si vous ajoutez une projection en fond de scène du dernier album en date et des musiciens apprêtés comme si il venait de sacrifier mille vierge à Satan, l’ensemble est spectaculaire et je sais que nous allons vivre un grand moment. 

Et en effet, Acod va littéralement nous décalquer la tête d'entrée de set, la distribution de son Black Thrash est magnifique de maîtrise. Le groupe oscille entre ambiance sombre et lourde et coup d’accélérateur dévastateur. Le public est pris à la gorge tout au long du show, oui le rituel est bien en marche ! Leur dernier méfait sera largement représenté et c’est assez logique, et c’est l’occasion de démontrer que Fred est un sacré teneur de scène entre charisme, implication physique sans faille et rage incandescente. Le reste du groupe transmet également beaucoup d’énergie, Nicolas est impressionnant de puissance et de précision derrière ses fûts, Antoine (je suppose sous sa capuche) joue et fait virevolter sa guitare, Jérôme ne tient pas en place, et même le petit nouveau du soir Gaétan aura largement assuré sa part ce soir. Rien n’a résisté à Acod ce soir, et même lorsque quelques petits soucis techniques viennent s’en mêler, le public aura apporté un soutien inconditionnel aux marseillais. Acod a été grand et j’ai déjà hâte de les croiser à nouveau. 

Setlist d'Acod 01. Sur D'anciens Chemins 02. Genus Vacuiatis 03. The Prophecy Of Agony 04. Artes Obscurae 05. Broken Eyes 06. Through The Astral Door 07. Empty Graves 08. Infernet’s Path Necrowetch : Attention, changement d’ambiance avec Necrowetch qui n’est pas venu ici pour plaisanter. Leur Black totalement dans la lignée des années 90 ne va pas faire dans le détail. Ici c’est droit dans ses bottes cloutées, rage et haine. Le chant est dégueulasse à souhait, et même si il y a quelques petits clins d’œil vers le Thrash, voire heavy, le groupe ne va pas vraiment dévier de sa ligne directrice, quitte à être un brin linéaire dans ses compositions par moment. Je les trouve plus intéressant lorsque le groupe s’autorise quelques variables de rythmes ou d’ambiance que le tout à fond que le groupe maîtrise manifestement à la perfection. 

Le public quant à lui semble ravi par la prestation avec les potards à 11 ! La puissance qui se dégage du groupe emmène les fans du genre sans aucun doute. D’autant que ce n’est pas par le discours que le groupe crée le lien avec le public, car la communication est inexistante, mais les connaisseurs du groupe auront découvert qu'il y avait cinq nouveaux titres du nouvel album à venir, dont nous ne connaitrons par conséquent pas les noms ce soir. Mais c’est bien par la musique que le groupe aura convaincu, et c'est bien là le plus important pour les amateurs du groupe. Une prestation apocalyptique à bien des égards, Necrowetch n’aura laissé aucune âme vivante après son passage. 

Setlist (partielle) de Necrowetch : 01. Bestial Rites 02. Satanic Slavery 03. The Ones From Hell 04. Even Death May Die + cinq nouveaux titres The Great Old Ones : Ciné concert The Call Of Cthulu. C’est avec un peu de retard, due à une table de mixage qui a cramé et forcément reprendre un câblage complet demande un peu de temps, que The Great Old Ones entre en scène pour nous proposer sa bande annonce du film The Call Of Cthulu. Pour vous présenter cet œuvre cinématographique en quelques mots, c’est une adaptation cinématographique muette indépendante de 2005 de la nouvelle de H. P. Lovecraft "L'Appel de Cthulhu", produite par Sean Branney et Andrew Leman et distribuée par la Société historique H. P. Lovecraft. Il s'agit de la première adaptation cinématographique de la célèbre histoire de Lovecraft et utilise le Mythoscope, un mélange de techniques de tournage vintage et modernes destiné à produire l'apparence d'un film des années 1920. L'histoire originale a longtemps été considérée comme infilmable, mais l'idée d'en faire un film muet et l'enthousiasme des créateurs pour leur projet lui ont valu d'excellentes critiques et plusieurs prix. 

Il va être difficile pour moi de vous décrire cette expérience unique puisque la musique est intimement liée aux images. Vous me direz que c’est le principe du ciné-concert mon brave Jean Mich’. Mais ce que je peux vous dire c’est que j’ai vécu, et je pense que le public aussi, une véritable balade émotionnelle entre tensions mystérieuses, et plongée dans la folie si caractéristique de Lovecraft. Et bien évidement, The Great Old Ones illustre les intentions du film en musique, les blasts sont de sorties pour les moments les plus angoissants, l’ambiance se veut jazzy au salon fumoir lors d'une scène à la Nouvelle-Orléans, des accélérations tribales sur les scènes d’incantations, et même le son du bateau est refait avec une guitare et un archer pour être le plus représentatif possible. The Great Old Ones nous a proposé un moment hors du temps, hors des frontières qui définissent le Metal, ici nous avons eu un instant de magie, certes un brin lugubre, mais un moment de magie tout de même, aussi indéfinissable que marquant. Le groupe finit sur un rappel du titre clippé Of Demantia qui aura rarement eu autant de résonance. 

Pour conclure, cette nouvelle édition de la Seisacht Night est une véritable réussite aussi bien sur le fond que sur la forme. Les artistes sur scène, dans la salle, et même Cabale Prods et Radio Grand R présents pour couvrir l’événement en direct, tous étaient au diapason de M. Seisachthion pour offrir une soirée qui restera dans les annales. Bravo !
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