Groupe:

La Voix du Rock : Jour 1

Date:

02 Juin 2023

Lieu:

Couhé

Chroniqueur:

JeanMichHell

La Voix du Rock : Jour 1
 
Villa fantôme :
 
Ah la fameuse ouverture de festival, ce n’est jamais simple, le public n’est pas forcément là, il faut jouer les chauffeurs de salles, sans la salle, non vraiment ce n’est pas simple. C’est donc la lourde tâche qui incombe à Villa Fantôme en cette fin d'après-midi du vendredi. Villa fantôme se situe dans un registre entre la chanson française, le rock et le ska, un panel fort intéressant. Le chanteur nous propose un personnage entre conteur de rue et dandy crooner, qui prend les sujets de la vie parfois avec une forme de légèreté, d'autres fois avec un propos un peu plus grave.

Lorsque tout à coup, enfin réveillé par quelques gorgées de houblon frais, je me dis que je connais cette voix, mais bien sur il s’agit de l’ancien chanteur de la Ruda : Pierrot, et cela donne du sens à la proposition musicale, et en fouinant ensuite sur l’historique du groupe, on retrouve également Manu à la batterie… Comme quoi j’ai encore les oreilles qui ne fonctionnent encore pas trop mal… Pierrot nous conte des histoires, par exemple celle du « rocker steady », la musique est évidemment dans la même veine, assez énergique, on sort même les cuivres de la boite, mais paradoxalement l’ensemble sonne un brin triste, voire même nostalgique. En tout cas, le groupe a réussi à fédérer les quelques motivés de cette fin d’après-midi, ce qui est déjà pas mal !

Kube :
 
Ce sont les presque locaux, puisque poitevins de Kube qui prennent le relais. Kube fait dans le rock à l’anglaise, version viscérale et organique, en peu à l’instar d’un Cachemire. On y retrouve la même énergie, et la volonté de la transmettre. Le chanteur Franz porte une magnifique veste en cuir qui enfonce le clou de la comparaison. Les paroles sont en français, ce qui est à souligner dans un milieu qui reste fortement anglophone. L’ensemble est direct et efficace, l’essence même du rock.

Ce sont également de très bons animateurs de scène en demandant au public de danser une chorégraphie improvisée. Frantz utilise des baguettes pour donner le rythme au public puis l’applique sur un tome basse qui est positionné au milieu de la scène pour l’occasion. On voit que les musiciens se connaissent bien, échangent, jouent ensemble sur la scène, que ce soit Thomas à la guitare, Niels à la basse ou encore Laurent à la batterie, on sent une complicité évidente. Il suffit de voir comment ils s’amusent sur le dernier titre et se figent pour déclencher une dernière salve d'applaudissements avant un dernier riff énergique à souhait qui clôture une belle prestation et une belle découverte.


Ko Ko Mo :
 
Vous connaissez, peut-être, notre rubrique Back To The Past qui vous aiguille vers les albums cultes de notre musique préférée, et bien avec le duo Ko Ko Mo, c’est exactement ce que j’ai vécu. Explication : Ko Ko Mo est un groupe de rock hard blues psychédélique nantais formé du duo Warren Mutton au chant et à la guitare et de Kevin Grosmolard à la batterie. Et dès leur entrée sur scène, me v’là renvoyé en plein dans les 70’s, version Led Zep, chemise qui éclate les yeux compris ! La formule des nantais est très simple, une guitare, une batterie rien de plus, enfin si un sampler parce que sinon Warren possède quatre mains…

L’avantage dans ce genre de formule, c’est que nous avons le batteur sur le devant de la scène, ce qui est rare, et pour le coup, en bon animateur, il n’arrête pas d’aller chercher le public, pendant que son collègue nous propose des leçons de remuage de popotin et de solos à rallonge, délicieusement bluesy.

 

Le groupe nous prouve qu’il n’est pas utile d’être nombreux sur scène, pour savoir l’occuper. Ils dansent, ils sautent, vont chercher le public, et lorsque le groupe reprend Personnal Jesus de Depeche Mode, pourquoi le jouer sur scène ? Un petit aller-retour jusqu’à la table de son et le tour est joué. Mais le groupe sait aussi varier les plaisirs, entre blues, rock plus direct et des titres plus ambiancés, plus progressifs, et grâce à un lightshow complètement adapté, ils réussissent là encore à nous embarquer. Bravo messieurs.

Monty Picon :
 
Je dois vous avouer que j’avais vraiment envie d’aller découvrir ce groupe, simplement sur leur nom qui réunit deux de mes passions… et autant vous le dire tout de suite, nous avons pris une petite heure de plaisir et de festivité en tout genre ! Entre la danse des scies, où le public doit enchaîner les gestes de la scie à métaux, l'égoïne, le marteau et son cousin le marteau piqueur, cette chorégraphie endiablée emmène autant qu’elle fait sourire. Tout comme l’idée de faire des cercles concentriques avec le bassin, en ayant un pinceau coincé dans les fesses, et ça fonctionne ! Le public se prend au jeu, avec un large sourire aux lèvres ! Le tout sur fond de musique rock, ska, du meilleur effet !

Limiter les Monty Picon à des pitres sur scène, serait bien trop réducteur. Le groupe a des convictions et a bien l’intention de les faire connaître. Entre l’ambiance politique actuelle, les choix de l’Europe ou encore le milieu des banques, tous ces thèmes sont autant d’inspirations qui poussent les Monty Picon à monter sur scène.

Mais à côté de ça, ils n’arrêtent jamais, ces neufs grands malades sont des usines à énergies ! Il se dégage un état d’esprit remarquable, ils échangent les instruments, les micros, les places sur scène, mettent des masques, utilisent un énorme masque surnommé Mickael Skull, c’est tout le temps en mouvement. Ils invitent même les copains à chanter, comme s’ils n’étaient pas assez nombreux ! Cela finira, bien sûr, dans le public histoire de diffuser leur énergie pour le reste du festival ! Une vraie bonne dose d’adrénaline positive, que c’est bon !

Celkilt :
 
Attention surprise du jour ! J’étais totalement passé à côté de ces énergumènes fortement énervés que sont les Celkilt ! Franchement quel dommage, ce groupe est une usine à adrénaline, qui plus est, sait totalement le transmettre ! Vous l’aurez compris à la lumière du nom du groupe, Celkilt fait dans la musique celtico-bretonne mais l’associe à la puissance du rock. Et du rock, en quasi acoustique, puisque seule la basse est amplifiée. Pour les autres, et bien en complément de cette base rythmique, la batterie (la motivation du batteur est exceptionnelle !) bien entendu, une guitare électro acoustique en complément, et les mélodies et les solos sont assurées par le violon et/ou une cornemuse. C’est grossièrement dressé mais dans l’ensemble, cela ressemble à ça.

Ce quintet infernal, va nous emmener droit vers une heure de fiesta à la bretonne ! L’enchaînement d’hymnes celtiques et bretons est on ne peut plus sympathique, et l’ensemble du public suit avec un plaisir non dissimulé. Ils font chanter le public jusqu’à nous avoir rincé les cordes vocales jusqu’à devenir aphone, et de surtout ne plus rien avoir pour Tagada Jones le lendemain, effectuent un levé de kilt à l’applaudimètre, font reprendre en chœur des parties de la chanson, organisent une chenille, et invitent Patrick la Licorne à venir chanter sur St Patrick’s Day… Bref, ils n’arrêtent jamais et il est quasiment impossible de ne pas se laisser emmener. Celkilt c’est une fête permanente, remplie d’énergie et d’une motivation sans faille, impressionnante !

 

Sales majestés :
 
Attention groupe culte ! Les Sales majestés font leur apparition sur scène, avec leur verve légendaire, et leurs paroles acerbes sur ce qu’il reste de notre « société ». Le groupe est très attendu, et sera acclamé comme il se doit par un public prêt à sauter dans tous les sens à grand coup de No Futur, Camarade ou encore J’emmerde la société. Et lorsque l’on commence une carrière en 1981, que l’on plus de quarante années de carrière, avec tous les coups qu’a connu ce groupe. Eh bien, s’il y a une méthode à adopter à la Voix du Rock, comme le dit si bien Yves, c’est bien la méthode Couhé. Garder ses valeurs comme leitmotiv !

 

Mais les Sales Majestés, ce n’est pas seulement un discours, puisque l’on applique ses propres conseils, comme prendre soin de la prochaine génération, et de comprendre que c’est pour elle que l’on se bat aujourd’hui. Ils invitent alors quelques enfants à chanter avec eux sur une version très personnelle de Petit papa noël. Et tant qu’à faire, ils font monter avec eux les filles mais pas plus de dix, car il y a eu des précédents… Mais c’est clairement la fête sur scène et cette joie partagée fait plaisir à voir. Et forcément tout ceci a un impact direct sur le public, tentative de Wall of Death des personnes de gauche et des personnes de droite, il y a des sourires dans tous les sens, et même Michael Skull des Monty Picon fait son grand retour et slamme dans le public. Bref, les Sales Majestés étaient là pour remuer les corps et les esprits, c’est manifestement réussi.

 

 

Merzhin :
 
Merzhin m’aura surpris, et je pense que pour un vieux festivalier comme moi, je n’ai pas dû être le seul. En effet, la dernière fois que j’avais croisé la route du Merlin, j'avais souvenir d’un enchaînement de trompette, clavier, flûte, clarinette, bombarde, et autres joyeuseries à la sauce bretonne. Quelle fut ma surprise lorsque le premier titre pose une ambiance bien plus progressive que tout ce que j’avais pu connaître du groupe. Le ton est plus grave et le souvenir du groupe festif semble être loin.

Les textes sont plus engagés et musicalement la proposition ressemble par instant aussi bien à du Queen Of The Stone Age qu’à du No One Is Innocent… Mais si vous rajoutez à cela une ambiance feutrée, un magnifique lightshow qui maintient cette ambiance par instant lourde, on peut s’approcher d’un Cult Of Luna, et là les bras m’en tombent. Non pas que cela n'ait pas d’intérêt mais le grand écart est tout de même énorme.

Évidemment tout n’a pas disparu, Ludovic reste l’homme à tout faire breton enchaîne à lui seul, flûte, biniou ou encore saxophone. Il est même le principal animateur de scène, car pour le reste c’est sage et posé. Il y aura bien un peu plus de mouvement avec un titre comme Sweet Guerilla, qui sonne plus direct et réveille la foule. Mais globalement, le voyage proposé par Merzhin, est plus de l’ordre de l’introspection que de la festnoz.

Une belle première journée à La Voix du Rock, avec son lot de découvertes et de surprises. Les festivals permettent ça, on vient par affinités avec quelques noms et grâce à la qualité des programmateurs, finalement on est séduit par d'autres groupes.

 


 


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