Groupe:

The Pineapple Thief

Date:

03 Mars 2022

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

L’actualité étant ce qu’elle est, on s'en rend moins compte mais pour les concerts, ça repart. Certes encore timidement mais nous y revoilà. Cette soirée, c’est mon premier show depuis deux ans et c’est The Pineapple Thief, un groupe que j’adore et dont je vous ai déjà parlé maintes fois. Lors du déclenchement de la crise sanitaire en 2020, la date toulousaine fut la seule à n’avoir pas été reprogrammée initialement avant que ce concert ne soit annoncé de manière un peu inattendu il y a deux semaines. Belle surprise donc. Il faut tout de même suivre via les réseaux sociaux pour ces annonces de concert auquel cas il est aisé de passer à côté de jolies dates. A priori, je ne suis pas le seul à le faire car la salle est très convenablement remplie ce qui fait très plaisir tant The Pineapple Thief est aujourd’hui une des formations les plus intéressantes de la scène progressive. Je franchirai même le pas de dire que c’est LA plus passionnante depuis quelques années et le spectaculaire recrutement du génial Gavin Harrison, ce fameux batteur qui transforme en or musical tout ce qu’il touche. D’autres contesteront peut-être cette remarque mais ce n’est pas grave, j’assume ! 

Place donc au Metronum, très belle salle toulousaine au format intermédiaire entre le mythique Bikini (même reconstruit, n’oublions pas que l’original fut soufflé deux décennies plutôt par l'explosion de l'usine AZF) et le Rex plus en format club. La salle dégage une belle impression, toute en hauteur, et peut accueillir jusqu’à six-cents personnes. Le format est donc parfait pour une telle formation. Le son ? Epoustouflant toute la soirée. La bière ? L’IPA ma foi est agréable. C’est Trope qui lance cette soirée à 20h tapantes. 

Nous voyons débarquer un binôme, avec un guitariste jouant assis sur une guitare acoustique joliment amplifiée et une chanteuse. Après recherche, Trope est un groupe de rock alternatif originaire de Los Angeles (Hollywood pour être plus précis) et ne vient ici qu’en mode duo quasi acoustique. On imagine volontiers que les contraintes sanitaires ne sont pas pour rien dans cette adaptation. Pas grave, la musique du duo, très indie, passe très bien, tout en douceur... et la chanteuse enchante le public toulousain. Cette dernière se permet même une petite blague sur la phonétique anglosaxonne de la Ville Rose que le public lui pardonne aisément tant la vocaliste le charme. La demi-heure passe à merveille, le public attentif applaudit chaleureusement et profite de cette prestation qui, fatalement, ne présente pas Trope sous son jour classique / rock. On pense parfois au Unplugged de Nirvana (ressorti de son boîtier récemment ça tombe bien !). Chouette entrée en matière.

The Pineapple Thief 

A peine dix minutes d’attente que voilà déjà les maîtres de cérémonie. Le groupe arrive dans une semi-pénombre et propose d’entrée le morceau-titre de son dernier album. Le son est fantastique et l’envoûtement commence d’entrée. Subtil équilibre entre rock émotionnel (les lignes vocales de Bruce Soord), les très belles mélodies de guitares et des parties rock fantastiques. On trouve aussi un Gavin Harrison bien plus agréable comparativement à son attitude très distante lorsque je les avais vus il y a quelques années au Divan du Monde. Il accepte enfin qu’on puisse filmer le show (ce que très peu de gens font au passage) et se permet quelques sourires. Il a enfin trouvé sa place et quelle place !!! The Pineapple Thief a pris une envergure hallucinante depuis son intégration et la masterclass proposée par ses soins est un régal. Bruce Soord en profite pour annoncer un nouvel effort à venir où le groupe reprendra avec ce nouveau et exceptionnel line-up certains de ses vieux morceaux datant d’avant l’arrivée du batteur. Vu le Give It Back proposé ce soir, ça donne très envie. Les morceaux défilent et c’est le bonheur total. Les titres de Your Wilderness (2016) tapent très fort ! In Exile et ses géniales lignes de guitare modèles de rock haut de gamme, No Man’s Land commençant en douceur avant un final enlevé monumental ou le joyau du groupe qu’est The Final Thing On My Mind, dix minutes de bonheur absolu... Ce disque est un immense album de rock progressif. Les titres de Dissolution ne dépareillent pas, notamment avec un Far Below tout en émotion. Les pistes du dernier album souffrent à mon avis un peu la comparaison. Driving Like Maniacs, magistral, tient tout de même sacrément bien la route. Le groupe a aussi augmenté son effectif avec l’ajout d’un second gratteux, discret mais sacrément doué, illuminant In Exile. On apprécie aussi son intervention en français. A ce sujet, Bruce Soord avait sa note au pied de son micro pour bien s’exprimer en français, effort respectable. Je n’ai pas mentionné l’impeccable bassiste Jon Sykes semblant toujours dans son monde avec son casque mais assurant à la perfection lignes de basses de haute volée et chœurs impeccables. The Pineapple Thief déroule souvent la même formule, un démarrage en douceur avant un durcissement et une montée en intensité pour finir par des parties rock très enlevées. 

Les lecteurs l’auront compris, outre le plaisir de retrouver du live, The Pineapple Thief a atteint un niveau de qualité incroyable. Vu le niveau des musiciens, il n’y avait pas de doutes mais tout de même, quelle envergure a pris cette formation. Quel bonheur pour les fans de progressif. Bien sûr, le binôme MorsePortnoy reste une référence absolue de la scène mais le duo de choc Soord - Harrison est à mon sens le must actuel, le plus créatif. Un groupe à mettre en avant impérativement ! Du grand Art. 

Setlist de The Pineapple Thief :

01. Versions Of The Truth
02. In Exile
03. Demons
04. No Man's Land
05. Our Mire
06. That Shore
07. Give It Back
08. Far Below
09. Driving Like Maniacs
10. White Mist
11. Uncovering Your Tracks
12. Wretched Soul

Rappel :
13. Part Zero
14. The Final Thing On My Mind

15. Nothing At Best

Venez donc discuter de ce live report sur notre forum !