Groupe:

Rock Altitude Festival

Date:

12 Aout 2022

Lieu:

Le Locle

Chroniqueur:

fabulous

          

Après les péripéties dues à ce Covid de m.... et la version modifiée du Rock Altitude Festival de l’année dernière transformée en repas-concert assis, voici enfin la quinzième édition de cet excellent festival Suisse. Arrivé à Le Locle peut avant le premier concert, je constate à nouveau que les Suisses arrivent toujours aussi tard sur le site, en même temps, on est vendredi donc peut être que les festivaliers sont encore au travail. 

Comme le veut la tradition du festival, c’est un groupe local ou proche qui ouvre le bal.

 

Sxokondo (17h45-18h30) :

Ce sont donc les locaux de la Chaux De Fond, Sxokondo à qui revient la tâche de lancer les hostilités.

Le t-shirt de Russian Circles du chanteur est trompeur car ce n’est pas du post rock ou post metal que nous allons prendre dans nos oreilles, mais un bon post hardcore qui vrille parfois en hardcore agressif, en black doom hardcore bien lugubre et défoulatoir. 

Déjà bien rodé, leur jeu de scène et leur présence sont déjà efficaces, bien aidé par le public qui est certes encore disparate à cette heure là mais déjà chaud. 

Sxokondo n’est pas un groupe débutant, déjà dix années au compteur mais peu de disques, un split EP avec Oregon Trail puis un deuxième EP, seul cette fois-ci. Suffisant pour tenir leur set de quarante-cinq minutes, et parmi ce set le groupe nous propose deux titres de son nouvel et premier album qui verra le jour avant la fin de l’année. Deux titres très bons et bien virulents. Un seul regret peut-être pour cette ouverture de festival, la tracklist du groupe n’est peut-être pas très bien agencée. On se retrouve avec un morceau de clôture de concert qui est peut-être le plus lent et posé de tous leurs titres joués en ce début de soirée. Il aurait été plus judicieux de placer ce titre en milieu de set pour souffler un peu et finir par un titre coup de massue, et pour ce choix le groupe avait de la matière parmi les titres joués avant. Cela reste un bon concert de début de festival. 

 

 

 

Kadavar (19h00-20h00) :

On monte d’un cran, voir même de plusieurs, dans l’aura, dans la renommée et dans tout ce que vous voulez d’autre avec Kadavar

Sortez vos pat’d’ef, vos chemises à carreaux, back to 70’s. Le groupe de stoner rock à l’allure vintage est toujours aussi énergique sur scène. C’est carré, c’est propre mais surtout c’est très bon ! Et le public qui cette fois-ci est arrivé en masse le rend bien au groupe avec une ambiance bien présente. 

Le son lourd stoner est excellent sur cette grande scène, les conditions sont parfaites et le groupe harangue la foule pour faire monter encore d’un cran la ferveur. Les deux parties sont visiblement heureuses d’être là et prennent du plaisir. Il y a peu de temps morts dans ce concert, le groupe préférant garder intacte l’énergie communicative déployée, bonne idée car l’heure de concert réservée pour Kadavar passe à une vitesse folle, sans une once d’ennui, sans fioritures, mais surtout avec brio, avec talent et avec des hits balancés à grand coup de guitares qui font dénuquer la plus part des têtes présentent. La première sensation de la journée. 

         

 

Regarde Les Hommes Tomber (20h15-21h15) :

En parlant de sensation, c’est maintenant Regarde Les Hommes Tomber qui monte sur la petite scène, sensation discographique de l’année 2020 avec son album salué par la critique Ascension

La machine à blast n’attend pas bien longtemps pour rugir et retentir, la musique sombre et terrifiante de RLHT est renforcée par l’attitude et l’accoutrement de Thomas le chanteur planqué sous une genre de cape à capuche qui dissimule quasi complètement le visage du chanteur dans la pénombre. Les premières minutes sont très énergiques avant que petit à petit on ne ressente enfin le côté post metal qui est mélangé au black metal du groupe. Ce côté là laisse ainsi apprécier le fait que le groupe maîtrise aussi les ambiances lugubres, posées mais glaçantes, une vraie tension se dégage alors , rapidement évacuée par la rage déployée par le groupe dès que ça se remet à blaster. Sans doute rattrapé par la chaleur ambiante, Thomas délaisse la cape et on peut enfin un peu mieux voir son visage, on y perd un peu en mise en scène mais on y gagne en énergie communicative car on voit à quel point il met toute sa rage dans son chant. Un concert de très bonne facture. 

 

        

 

Coilguns (21h30-22h30) :

Les autres locaux de la journée, et ça se voit tant la communion avec le public aura été intense tout au long du concert, sont Coilguns. Les Suisses reviennent au Rock Altitude Festival avec un réel plaisir qui se voit. Louis Jucker le frontman du groupe le dira ouvertement d’ailleurs. Puisqu’on parle de lui, Louis Jucker est bien en forme et gesticule dans tous les sens, il nous fait penser à At The Drive In, l’énergie déployée est la même mais également la coupe ou plutôt la touffe de cheveux. 

Un set énergique et aussi mélodique, aérien même parfois avec des samples de plus en plus présent. 

On a la chance car le groupe va sortir son nouvel album un peu avant la fin de l’année et va nous jouer deux nouveaux morceaux, le premier très énergique dans la veine noise hardcore et le deuxième bien plus mélodique, avec beaucoup de samples.

Deux titres bien accueillis par le public et qui passent très bien en live, on ne voit donc pas pourquoi ça serait différent sur disque, un album qu’on a hâte d’avoir entre nos mains. Mais restons au live, Watchwinders le dernier album sorti est bien représenté dans la setlist du groupe mais le concert reste varié car Coilguns va aussi ressortir ses anciens titres, pas joués depuis longtemps en live dixit Louis Jucker. Cette variété est bien appréciée et fait un live très diversifié car le début du groupe était bien plus nerveux et rentre dedans que les dernières sorties plus nuancées et riches musicalement. Rares sont les concerts ratés de Coilguns et ce n’est pas celui de ce soir qui nous fera mentir. Très loquace comme à son habitude, et encore plus ce soir car il joue à domicile, Louis Jucker nous annoncera donc la sortie de leur nouvel album, parlera de ses potes de Knut dont il réédite leurs albums en version vinyles via son label Hummus Records ou encore de comment ils ont composé certains titres, le tout avec beaucoup d’humour. Aussi bien musicalement que par leur prestance, Coilguns nous aura fait passer un bon moment. 

 

                            

 

Amenra (22h45-23h45) :

J’ai toujours un peu de mal lorsque le frontman passe la plus part du concert dos au public, parfois même rejoint par un de ses guitaristes. En dehors de ça, Amenra aura livré un show très intense. Leur musique est aussi dark que l’aspect visuel du concert, en effet l’absence de lights était criant. Sans doute la volonté du groupe et c’est vrai que cela accentue l’ambiance pesante de leur prestation mais on n'y voit pas grand chose. Leurs morceaux démarrent très souvent par quelques notes de guitares, claires et mélancoliques, puis la tension monte crescendo pour finir en un éclat de screamo post black metal d’une puissance inouïe. Si on peut faire un reproche à Amenra c’est d’ailleurs d’utiliser trop souvent le même schéma pour ses compos et d’étirer aussi un peu trop ses morceaux, du coup, on attend un peu trop longtemps avant que ça parte dans tous les sens. Ne boudons pas notre plaisir, Amenra aura mis l’intensité nécessaire pour bien nous secouer pendant une heure. 

 

 

 

Clutch (0h00-1h15)

Place maintenant à la tête d’affiche, et quelle tête d’affiche ! C’est Clutch qui déboule sur la grande scène pleine à craquer, le stoner rock extrêmement bien huilé des ricains va submerger la patinoire du Locle d’une vague de fraîcheur à grand coup de riffs imparables, un vrai festival de hits en puissance comme sait si bien les avoir écrits et les écrire encore Clutch. D’ailleurs parlons du futur, Clutch va sortir un nouvel album en septembre et le groupe nous gratifie de deux nouveaux morceaux, excellents les deux. 

Durant ce concert, Clutch aura fait une vaste revue de ses excellents albums, et quelque soit ceux joués, ça matche ! Faut dire que Clutch ne s’est quasiment jamais loupé sur disque, et ne se loupe pas non plus ce soir. 

Neil Fallon est en forme, aussi bien dans son chant que dans les à côtés pour communiquer avec le public. 1h15 qui passera très vite, autre bon point qui confirme qu’on ne s’ennuie pas, on est même presque admiratif devant autant de hits scandés haut et fort dans nos faces. C’était la première fois que je voyais le groupe, je savais à quoi m’attendre étant donné la qualité de leurs différentes sorties discographiques mais j’ai été tout de même agréablement surpris. Excellent concert qui donne la pêche, et quand c’est fini on ressort avec le sentiment de se dire vivement la prochaine fois que je les reverrai. 

 

             

 

Kehlvin (1h30-2h15) :

Quoi de mieux pour clôturer la soirée qu’un concert de Kehlvin ?

Le groupe Suisse a sorti un excellent album cette année que j’ai pris beaucoup de plaisir à chroniquer. Kehlvin faisait donc partie des groupes que je voulais voir un peu plus que les autres quand j’ai pris connaissance de l’affiche de cette quinzième édition. Holistic Dreams, le dernier album du groupe, sera bien représenté et permet de se rendre compte qu’il passe très bien en live malgré son côté un peu plus calme et varié que le reste de la discographie de Kehlvin, mais le groupe sait mettre l’intensité là où il faut, leur post hardcore est d’une efficacité redoutable en live. Là aussi je savais où je mettais les pieds, j’avais déjà vu le groupe en live et j’avais pris une belle claque, j’ai tendu l’autre joue et pris la même de l’autre côté. Kehlvin est une vraie machine en live et déploie une énergie folle. On en prend plein la tronche et c’est très bon ! On ne pouvait pas avoir mieux pour clôturer cette journée riche en bons groupes, pour ces quinze ans le Rock Altitude Festival aura fait fort.

 

           

 

Cette quinzième édition a d’ailleurs battu le record de fréquentation avec dix mille personnes étalées sur les quatre jours du festival. 

De quoi voir la suite sous de bonne augure avec on l’espère une affiche aussi bonne que celle-ci pour la seizième édition. 

 

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