Les petits festivals font de la résistance. A côté de la frontière helvétique, le maintenant réputé Guitare En Scène, a vu une seconde édition de suite annulée pour cause de pandémie. Qu’à cela ne tienne ; pour contrer la grisaille ambiante et réconforter ses nombreux aficionados, l’organisation du festival n’a pas hésité à proposer deux petites soirées gratuites (oui vous avez bien lu…) au mois de septembre, pour quelques privilégiés (1500 par soir) qui auront pu obtenir une place. Avec une structure, une équipe et une jauge-spectateurs réduites de 2/3, il faut, avant de parler un peu plus en détail de la soirée elle-même, ne pas omettre de féliciter et de remercier l’organisation du festival. En presque quinze ans, GeS a non seulement acquis une base fidèle de spectateurs et de bénévoles, mais aussi, et surtout, a su développer un réseau incroyablement dense d’artistes. Des artistes qui très souvent reviennent dans ce petit festival prendre et donner du plaisir à leur public.

La soirée du 17 proposait le blues-rocker irlandais Johnny Gallagher ainsi que l’Insu (et surtout ex Telephone) Louis Bertignac. Si je n’ai malheureusement pas eu de place pour cette première soirée, j’ai pu en obtenir une pour la seconde ou on retrouvait sur scène le groupe néo-rockabilly Restless ainsi qu’un groupe spécial créé pour l’évènement, le GeS Allstar Band. Une initiative de l’organisateur qui a permis à quelques grands noms de la scène metal européenne de mêler leurs talents pour cette soirée unique. C’est donc armé de mon passe-sanitaire que je me suis rendu (à vélo) sur le site du festival. Comme à l’habitude, l’ambiance est bon enfant. Même si l’espace est réduit par rapports aux éditions normales, les habitués retrouvent aisément leurs chaussons. La scène unique mise en place va permettre d’assister sans problème au show.

Restless

Celui-ci débute vers 19:30 avec les anglais de Restless. Des habitués du festival car ils sont déjà venus y jouer il y a quelques années. Leur rockabilly efficace, permet aux premiers spectateurs venus de reprendre des habitudes de concert. Il faut dire que pour moi, le dernier live c’était Mass Hysteria à Genève, tout début octobre 2019…une éternité quoi. Le trio britannique fait le job. Le guitariste et chanteur Mark Harman communique avec le public. Il remercie lui aussi l’organisateur, car pour avoir fait venir un groupe Anglais en ces jours de pandémie, et souligne qu'il faut avoir du courage et de l’opiniâtreté. Les titres courts s’enchaînent ; la voix chaude de Mark colle bien avec le son lourd de la contrebasse de Jeff Bayly. C’est efficace, simple dans le texte (comme nous le dit Mark, leurs titres parlent principalement de jeunes filles et de voiture…). Le public en redemande et arrive même à (un peu) dérider Rob Tyler à la batterie. Une mise en train finalement assez agréable. Malgré l’heure qui avance, le public peine à arriver. C’est le vrai problème des concerts gratuits. Même si cette soirée est sold-out depuis longtemps, je ne suis pas certain que les 1500 spectateurs enregistrés soient venus. Dommage car ceux qui ont trusté des places sans se déplacer ont certainement privés d’autres de re-goûter au plaisir du live.

GeS Allstar Band

La scène reprend vie vers vingt heures trente avec l’arrivée sur scène de la base musicale du second concert. On retrouve donc Dino Jelusick, le guitariste Ivan Keller, le (excellent) bassiste Luka Brodaric et le batteur Mario Lepoglavec. Le quatuor du néo-groupe Jelusick entame la soirée avec trois titres de l’ex-groupe du front man et de son guitariste, Animal Drive (Goddamn Marathon, Time Machine et Fade Away). Pas certains que Frontiers Music soit ravi, vu que ceux-ci sont en procès avec le chanteur. Quoi qu’il en soit, c’est efficace et permet de mettre en place la suite. Dino se révèle comme un vrai maître de cérémonie. Celui qui vient de rejoindre Whitesnake, bouge, communique avec le public. C’est bon le live…

La mise en route effectuée, il invite Gus G à les rejoindre sur scène. Le grec, leader de Firewind et ancien guitariste de Ozzy Osbourne, nous en met plein les oreilles. Enchaînant avec aisance des titres du Prince des Ténèbres (Bark At The Moon et Mr Crowley) en solo, mais aussi avec Black Sabbath (War Pigs) et de sa propre production (I Am The Fire), le guitariste met le feu. Les jeunes de Jelusick en ont des étoiles dans les yeux ; et Dino se régale encore plus en annonçant l’arrivée sur scène de son ami Ronnie Romero, leader des Lords of Black. La voix un peu criarde de l’hispano-chilien, nouvelle voix de Rainbow, complète bien celle de Dino. Le duo va se lancer dans trois titres plus calmes. C’est délicieusement amateur. Ils rigolent, les câbles des micros sont trop courts pour permettre à Dino de chanter depuis son clavier…Qu’a cela ne tienne les quinze minutes se terminent avec les briquets en l’air, à l’ancienne. Jelusick relance le feu avec leur titre récemment releasé, Healer, et ré-invite sur scène Ronnie pour une reprise de Deep Purple (Burn). La foule, bien chauffée, fait la bienvenue au dernier Guest de la soirée, John Norum. Le guitariste à la double carrière, avec Europe et en solo, souffre un peu sur scène au début ; tout finit par se mettre en place avec deux titres personnels (Good Man Shining et Resurrection Time), une reprise (Down In Flames) et un titre de Europe (Scream Of Anger).

Tous ces joyeux personnages reviennent sur scène pour deux derniers titres en jam session ; deux reprises de Deep Purple (Stormbringer) et de Led Zeppelin (Whole Lotta Love). Tous les musiciens se retrouvent ensemble pour des derniers solos, des rires et quelques photos souvenir. Une soirée qui se termine dans un air un peu frais, mais sous les applaudissement fournis des spectateurs encore présents. Une bonne soirée, une bonne reprise des live et la promesse d’un bel avenir pour Guitare en Scène, ses organisateurs et ses artistes.

Playlist du GeS Allstar Band:

Crédit à BNB Photos, Alexandre Coesnon et Caroline Moureaux (photographes officiel GeS) et Laurent Chappaz (videos)