Groupe:

Zakk Sabbath

Date:

15 Février 2020

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Tout fan de Heavy Metal le sait : la naissance de ce genre que nous chérissons tant est estimée avoir eu lieu en 1970 avec le fameux premier album de Black Sabbath. Cinquante ans plus tard, cette date anniversaire n'a pas échappé à Zakk Wylde, guitariste d'un certain Ozzy Osbourne (mais aussi leader de Black Label Society) et grand fan de Black Sabbath devant l'Eternel. Maintenant que le groupe avec lequel tout a commencé a officiellement tiré sa révérence, certains veulent évidemment entretenir la flamme et Zakk en fait partie. Cela fait déjà quelque temps que son tribute band intitulé Zakk Sabbath (fallait y penser !) sillonne les routes mais jamais il ne s'était arrêté chez nous... C'est chose faite depuis le 15 février dernier avec une date parisienne au Trianon. 

La soirée démarre aux alentours de dix-neuf heures avec non pas un groupe de première partie mais... un DJ. Ah oui ? Quelle "drôle" d'idée ! J'ai déjà fait l'expérience de ce genre d'apéritif dans le passé et je n'en suis jamais ressorti grisé. Ce soir ne fera pas vraiment exception. Le type est plutôt sympa, il se présente, nous dit qu'il vient de Birmingham, le berceau du Heavy donc (Black Sabbath et Judas Priest en sont originaires, pour ceux qui ne le sauraient pas) et nous propose de se chauffer avec quelques standards. Quand son set démarre, la salle est vide aux trois quarts. Et c'est parti pour une ribambelle de morceaux qui ne peuvent pas laisser un fan de metal totalement insensible... On commence avec For Whom The Bell Tolls, puis Holy Wars... The Punishment Due suivi de Screaming For Vengeance... du classique imparable. Entre temps, le DJ s'est ouvert une petite bouteille de vin, tranquille... et lève son gobelet de temps en temps (en l'honneur de tel ou tel musicien... il nous invite naturellement à en faire de même). We Are The Road Crew (on lève le gobelet pour Lemmy) s'invite à la fête... If You Want Blood (You've Got It) - RIP Bon Scott (et on relève le gobelet) également... Bref, du standard, on vous dit. Je ne vais pas vous faire toute la liste en détails, il y a eu quelques titres plus modernes dans des styles un peu différents (Gojira, Pantera, notamment) et un retour au Metal plus "ancestral" vers la fin avec du Madhouse, du Crazy Train, du TNT ou du Rainbow In The Dark. Le tout a quand même duré une bonne heure et ça fait toujours bizarre de voir un gars tout seul derrière sa platine en train d'agiter la tête et de boire des coups pendant qu'il lance telle ou telle piste. Le truc, c'est qu'on pourrait tout à fait avoir cette playlist qui sortirait des mêmes enceintes, sans personne sur scène, que ça ne changerait pas grand-chose (et c'est globalement ce qui se passe habituellement quand on attend que les groupes montent sur les planches). D'ailleurs, quand le DJ quitte la scène, la musique continue, comme quoi... Bref, tout cela n'a pas grand intérêt mais au moins, on ne pourra pas dire que la musique proposée était mauvaise, c'est toujours ça j'imagine. 

A 20h30, les lumières s'éteignent et Zakk Sabbath fait son entrée sur scène pendant que l'instrumental Supertzar résonne dans la salle. Joey Castillo (ex-Queens Of The Stone Age, ex-Danzig) s'asseoit derrière sa batterie, le bassiste Blasko (qui a notamment joué avec Ozzy) arrive... et le grand Zakk débarque enfin avec un kilt et une masse capillaire non négligeable (les lumières étant globalement disposées derrière le groupe, on verra plus ses cheveux qu'autre chose pendant une bonne partie du set). Armé de son fameux modèle Bullseye (mais violette et noire, cette fois-ci, aux couleurs de la pochette d'un certain Master Of Reality), il attaque avec le riff de Supernaut... et la fosse se soulève ! Quelle ambiance ! 


Sur Snowblind puis A National Acrobat, c'en est même très surprenant... Ca bouge, saute, se bouscule, ça pogotte de partout dans le centre de la fosse... Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un parterre aussi agité. Bien sûr, les morceaux sont heavy, on parle de Black Sabbath (joué par le grand Zakk et pourvu d'un son énorme... mais qui manque de clarté, la voix pourrait être plus audible soit dit en passant), mais là quand même, le contraste entre le tempo, le style des morceaux joués et les mouvements dans la fosse est assez impressionnant. Visuellement, on se croirait tout simplement à un gros concert de thrash. Ce serait Slayer ou Exodus face à nous que ça ne bougerait pas (ou à peine) plus. Grosse excitation au Trianon. Et les gens ont l'air heureux. Ils sont là pour célébrer cinquante ans de Heavy Metal en même temps, l'ambiance se doit donc d'être très festive.


Les albums du Sab' dans lesquels Zakk pioche le plus sont le tout premier (avec pas moins de cinq compos) et Vol. 4 (quatre pour celui-ci). Rien de ce qui est sorti après Sabbath Bloody Sabbath ne sera représenté ici (je ne compte pas Supertzar qui, en effet, provient bien de Sabotage mais qui était juste l'intro du concert, sur bande). Les choix de Mr. Wylde sont intéressants car parfois un peu surprenants. En effet, on aurait pu s'attendre à avoir certains classiques incontournables du groupe comme Black Sabbath, Iron Man, Sweet Leaf ou Paranoid mais non. Des classiques, on en a quand même eu (N.I.B., Fairies Wear Boots, Children Of The Grave, Into The Void, War Pigs...) mais on a également eu le droit à des compos peut-être moins emblématiques ou, en tout cas, que Black Sabbath n'a pas spécialement joué lors de sa réunion à la fin des années 90 ou lors de sa plus récente tournée d'adieu (A National Acrobat, Evil Woman, Hand Of Doom...).

 

Niveau mise en scène, c'est très simple. Un backdrop représentant la faucheuse avec le nom du groupe à son sommet, un batteur qui ne retient pas ses coups et fait preuve d'une belle énergie, Blasko moins démonstratif mais très efficace à la basse et un Zakk qui attire naturellement tous les regards puisque dès qu'il ne chante pas, il monte sur une sorte de petite estrade située au milieu de la scène pour jouer de la guitare dans sa position la plus connue (jambes écartées avec crinière secouée en rythme de gauche à droite). De toute façon, c'est bien simple, tout est dans le nom du groupe. Si vous êtiez venus en espérant autre chose que Zakk Wylde jouant du Black Sabbath, eh ben... il ne fallait pas. C'est un hommage, ni plus ni moins. Cependant le groupe s'appelle bien Zakk Sabbath, le guitariste est donc très en avant et conserve le style pour lequel il est reconnu depuis quelques années. Hommage donc, mais pas que... car il remanie les solos à sa sauce et se lance d'ailleurs régulièrement dans des développements qui ne font pas partie des titres originaux. C'est à la fois ce qui fait, à mon sens, l'intérêt et la faiblesse de ce show. L'intérêt parce que si les classiques étaient calqués à la note près sur leurs modèles, sans aucune réinterprétation, l'exercice, même bien fait, se révélerait vite limité. Mais la faiblesse, parce que les solos de Zakk sont trop longs à mon goût et pas toujours, musicalement parlant, très captivants. Mais le public est content car le grand blond fait le show et, comme il l'avait fait il y a quatre ans au Cabaret Sauvage, il se balade dans la salle pour exécuter ses longs solos (dans la fosse d'abord en milieu de concert, puis au balcon pour le War Pigs final qui a bien dû faire le double de sa durée initiale). Et tout comme il y a quatre ans également, pas de communication avec le public, quasiment aucun mot, sauf à trois ou quatre morceaux de la fin quand Zakk présente son groupe.



  

De cette soirée, on retiendra des riffs légendaires joués de façon magistrale avec un son à décorner des bœufs, une version bien musclée de Children Of The Grave qui m'a régalé et un Fairies Wear Boots sans guitare sur une partie des couplets puis Wylde chantait en tapant des mains, imité par le public (un chouette moment). Le concert a duré deux heures et le Trianon avait l'air ravi, l'ambiance étant - comme dit précédemment - explosive... Zakk a fait plaisir à ses fans et bien rempli sa mission, semble-t-il. J'ai d'ailleurs passé un bon moment mais il m'a manqué certaines choses (un son plus clair et équilibré, moins de solos entre autres...) pour que la soirée soit magique... mais vu la tête de mes voisins, ces bémols sont à relativiser et visiblement sans doute plus mon problème qu'autre chose. 

Setlist de Zakk Sabbath :

01. Supernaut
02. Snowblind
03. A National Acrobat
04. Under The Sun
05. Tomorrow's Dream
06. Evil Woman
07. Wicked World
08. Fairies Wear Boots
09. Into The Void
10. Children Of The Grave
11. Lord Of This World
12. Hand Of Doom
13. Behind The Wall Of Sleep
14. N.I.B.
15. War Pigs 

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