Soirée de gala au Zénith de Paris dans le cœur d’un bien agréable mois de Janvier 2020. Programmation de haut niveau de par les quelques concerts proposés (cf les différents reports disponibles sur notre site), moins par sa météo, la pluie nous accueillant Porte de la Villette.
Five Finger Death Punch (FFDP pour les intimes) a le don de proposer des affiches un peu étonnantes. Il y a deux ans, ils avaient investi l’Olympia accompagnés des suédois d’In Flames. Ce coup-ci, les Américains voient plus grand et s’attaquent au Zénith. Et pour se donner les moyens de leurs nouvelles ambitions, c’est Megadeth qui assure le rôle de guest de luxe. Choix certes payant car le Zénith est très convenablement rempli mais surprenant car bon, on parle de Megadeth, référence thrash s’il en est. Plus de cinquante millions d'albums vendus. Les voir assurer l’ouverture  d’un groupe de metal moderne peut, dans un premier temps, surprendre mais comme me le faisait remarquer mes estimés collègues Jean-Mich’Hell et Orion, en 2020, FFDP vend plus… et en toute logique, occupe la tête d’affiche. Et oui, les temps ont changé, il faut l’accepter. Et c’est vrai que Megadeth avec tous ces changements de line-up, le caractère toujours ombrageux d’un Dave Mustaine qui reste un sacré personnage ne s’est pas facilité la tâche. Mais quand on voit le succès fou rencontré par un Slipknot (dans un autre registre bien sûr), on se dit que la bande à Dave n’est pas tout à fait à la place que son immense carrière pourrait lui offrir. C’est ainsi. 

Bad Wolves : 

C’est Bad Wolves qui a l’honneur d’ouvrir les débats. Managé par le guitariste (rythmique) de FFDP, Zoltan Bathory (c‘est facile, c’est celui qui a des dreadlocks !), c’est un choix logique. Nouvelle star de la scène US, et dans la foulée d’un succès colossal obtenu en local avec la fameuse reprise du Zombie des Cranberries. Encore peu connu de ce côté de l’Atlantique, le gang californien se présente à l’Europe. Et lorsque je pénètre dans un zénith déjà bien rempli, c’est à une réaction polie et intéressée que fait face Bad Wolves. Les deux premiers albums Disobey et N.A.T.I.O.N m’avaient bien plu sans non plus me renverser. En live, le groupe joue ses titres les plus remuants et… les efforts du chanteur (très dynamique) sont récompensés. Bon, le coup de « on fait tourner les t-shirts », je valide moyen mais faire assoir une fosse pour la faire jumper sur un bon gros riff de guitare, ça marche toujours ! Malgré quelques sonorités un peu trop hip hop à mon goût, ça s’écoute bien. Le groupe en termine avec un Zombie ultra fédérateur (quand même, quelle mélodie ce titre) et repris en chœur par tout un public qui aura au final réservé un bien bon accueil à Bad Wolves. Une entrée parfaitement comestible.

Setlist de Bad Wolves :

01. No Messiah
02. Foe Or Friend
03. Remember When
04. Better The Devil
05. No Masters
06. Killing Me Slowly
07. I’ll Be There
08. Zombie

Megadeth :

Place à ce qui est pour moi le plat de résistance. Rapidement, je ressens une réelle ferveur dans la salle. Il faut dire que Megadeth n’a pas joué en salle à Paris depuis … 2011. Certes, le groupe n’a pas été avare de sa présence en festival (Sonisphère, Download, Hellfest) dans notre contrée mais tout de même. Un palais des Congrès devait avoir lieu en 2014 mais fut annulé pour cause du décès du frère de Dave Ellefson. Ajoutons à cela le fait que Dave Mustaine se soit battu contre un cancer de la gorge en 2019 et on comprend le caractère événementiel de cette tournée. Peut-être est-ce aussi ce contexte qui explique que Megadeth ait choisi « d’ouvrir » pour FFDP, histoire de s’enlever une partie de la pression ? Ce n’est là qu’une hypothèse personnelle qui vaut ce qu’elle vaut. En attendant, la sono nous offre un petit voyage dans le temps avec du Maiden, du Motorhead, du Priest (bref du très bon !). Ce n’est pas une présence au rabais pour Megadeth. Un grand backdrop très classe et quelques écrans décorent très bien la scène. Et lorsque Megadeth débarque en envoyant un Hangar 18 déchainé, c’est la folie dans la salle et dans la fosse. Bon, pour être honnête, on sent un léger choc générationnel, un couple de jeunes semblant royalement s’ennuyer pendant tout le show. Seul l’avenir nous dira si les groupes de metal moderne seront encore capables de retourner une fosse trente années après leur premiers méfaits !! Parce que ce soir, Megadeth est dans un bon soir. Déjà, le Kiko Loureiro a un sourire très communicatif. Dave Ellefson est en bonne forme et à la batterie, Dirk Verbeuren (débauché de Soilwork) est un bon phénomène, bien puissant. Vocalement, Dave semble un peu en peine en début de show mais ça va s’arranger pendant le show.

Côté setlist, checkez moi ça ! Un best of en bonne et du forme. Les premiers titres représentent bien la période bien thrash du groupe et les guitaristes, très complémentaires sur les solos qu’ils se partagent, sont franchement à la fête. Dave a un problème avec sa guitare sur Dawn Patrol (fait un peu curieux, on entend sa voix mais on ne le voit pas sur scène) mais rien n’arrête la bonne marche du groupe, notamment ce Poison Was The Cure bien réussi. La géniale intro de batterie de Trust fonctionne toujours aussi bien, le final de Dystopia n’en finit plus d’accélérer et que dire de ce riff « remuage de nuque obligatoire » sur Symphony Of Destruction ? Imparable !! Dave Mustaine, très souriant, vient dire quelques mots au public, parler de son combat victorieux contre le cancer et sans transition nous parle de sa fille qui célèbre ce jour son vingt-deuxième anniversaire (et nous apprend qu’elle a été conçue dans un hôtel à Paris (on est content de le savoir !!!)). Et en papa fier de sa fille qu’il est, il l’invite à venir chanter A Tout Le Monde sur scène. Les médisants diront qu’elle chante mieux que son père et Electra (de son petit prénom) se débrouille ma foi plutôt bien. Un dernier Peace sells fédérateur, une dernière grosse baffe bien thrash avec Holy Wars ... The Punishment Due (quel riff de dingue, jouissif !) et la messe est dite. Megadeth a vraiment assuré, délivré un super show. Dave Mustaine en profite pour remercier FFDP et dire du bien de Bad Wolves (sympa). Il tient un super line up, et pour ce que mes conseils valent, le rouquin serait bien avisé de le conserver.  

Setlist de Megadeth :

01. Hangar 18
02. Wake Up Dead
03. Sweating Bullets
04. Dawn Patrol
05. Poison Was The Cure
06. Trust
07. Dystopia
08. Symphony Of Destruction
09. A Tout Le Monde (avec Electra Mustaine)
10. Peace Sells
Rappel
11. Holy Wars … The Punishment Due

Five Finger Death Punch :

Sitôt le show de Megadeth fini, mon voisin me regarde et me dit « bon, ils peuvent fermer la boutique. Il est temps de rentrer chez soi ! ». Voilà qui démontre bien la limite de ce genre d’affiche pas forcément intuitive, une partie du public n’attendant pas grand-chose de FFDP. Que le lecteur tolérant se rassure, je n’ai pas assisté à une vague de départs de thrasheurs hostiles à la tête d’affiche du soir.
Avec la sono, c’est un peu Retour Vers Le Futur (enfin vers le présent) avec des groupes bien plus modernes. Un grand drap blanc masque la scène et à 21h tapantes, la salle s’éteint, le groupe envoie un Lift Me Up bien entrainant. On découvre donc la scène et honnêtement, les Américains se donnent les moyens de leurs ambitions. Un grand crâne de squelette surplombe un kit de batterie imposant. Le groupe y va d’un peu de pyrotechnie bienvenue. C’est la classe. Musicalement, bon, là, je suis plus réservé. Pas que ce soit mauvais, loin de là (c’est même impressionnant d’efficacité), c’est juste que c’est très « américain ». je vais encore citer mon fantasque voisin : « FFDP, c’est vraiment un truc de Ricains. C’est efficace, c’est hyper propre, pas fin, ça va à l’essentiel. C’est vraiment la musique parfaite pour passer dans une salle de fitness !! ». Après quelques menus échanges, je trouve aussi que c’est un peu la parfaite bande son pour l’autoroute, un peu la parfaite BO (anachronique) du film Bras de Fer (attention chef d’œuvre !). Ces quelques commentaires sont un peu durs pour le groupe parce que ce qui est proposé est vraiment bien. Les riffs sont puissants, le chanteur à la voix très puissante (et que j'apprécie beaucoup), occupe parfaitement l’espace et a une attitude très positive. Il est connu pour avoir eu des problèmes de boisson et semble aller mieux. Bonne nouvelle. C'est moins le cas du guitariste soliste Jason Hook qui semble de mauvais poil, balançant sa guitare par terre après le premier titre, générant une certaine gêne rapide dans le public. Le groupe envoie des singles bien sympas dont Wash It All Away (et là, attention, lancement improbable du chanteur, « it’s raining outside, it’s time to Wash It All Away »), titre que je trouve irrésistible personnellement, et tant pis si c’est hyper formaté radio. Un interlude acoustique calme un peu le rythme, tout en offrant une variation bienvenue avant un final bien plus dynamique, où FFDP ressort la boîte à gros riffs.

Au final, même si je reste un peu circonspect sur l’idée de proposer des affiches si variées, ce fut une bien belle soirée avec deux groupes américains très professionnels et un Megadeth au top. Le tout avec une excellente ambiance et ce pour les trois groupes proposés ce qui est super positif dans l'esprit. Je m'en vais me faire quelques pompes, moi.

Ps : à noter que le guitariste Jason Hook, pas complètement remis d'une opération à la vésicule biliaire effectuée avant la tournée, est rentré au pays précipitamment, remplacé depuis le 04 février par Andy James, ami du groupe. Décidément, les tournées européennes de FFDP> sont régulièrement soumises à quelques désagréments pour les membres du groupe. Bon repos à lui.

Setlist de Five Finger Death Punch :

01. Lift Me Up
02. Trouble
03. Wash It All Away
04. Jekyll And Hyde
05. Sham Pain
06. Bad Company
07. Burn It Down
08. Got Your Six
09. Wrong Side Of Heaven
10. Battle Born
11. Blue On Black
12. Coming Down
13. Never Enough
14. Burn MF
15. Inside Out
16. Under And Over It
17. The Bleeding