Groupe:

Orden Ogan + Rhapsody Of Fire + Unleash The Archers

Date:

15 Octobre 2017

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Orden Ogan en tête d'affiche à Paris, ça fait plaisir !! C'est la première fois que cela arrive... il était temps. Après avoir vu de quoi il en retournait en première partie (de Grave Digger, puis Hammerfall et Powerwolf) ces dernières années, il me tardait de retrouver ce groupe dans de meilleures conditions et avec un temps de jeu plus long. En plus, je le répète à qui veut bien l'entendre, voilà à mon sens l'un des rares combos relativement récents de power mélodique qui arrive à vraiment sortir son épingle du jeu ces temps-ci. A mon sens, les trois dernières livraisons du quatuor allemand surpassent beaucoup de travaux effectués par une concurrence en manque d'idées et d'anciens en perte de vitesse (Helloween, Gamma Ray, Blind Guardian, Hammerfall et bien d'autres... mais je m'arrête là, je ne suis pas payé à la ligne...). Autre chose qui fait plaisir : le concert est complet. Certes, le Petit Bain, en termes de capacité, ce n'est pas le Bataclan, mais ça reste une bonne nouvelle quand même. La présence sur l'affiche de Rhapsody Of Fire (bien que sa côte de popularité soit en baisse depuis un petit moment... la preuve, les Italiens jouent avant Orden Ogan contrairement à ce que certains imaginaient ou espéraient) ne doit pas y être pour rien. En ce dimanche 15 octobre, c'est donc parti pour une soirée placée sous le signe du power ! 

Et la fête commence avec le groupe canadien Unleash The Archers. Je connais mal le combo et pour cause, je ne vais pas vous mentir, les quelques vidéos sur lesquelles j'ai pu tomber il y a un ou deux ans de cela (à l'époque de leur troisième album, il me semble) ne m'ont pas vraiment donné d'approfondir le sujet. Cela étant dit, j'ai récemment entendu un ou deux extraits de leur dernière livraison, Apex, et cela m'avait semblé de meilleure qualité. Et sur scène, les Canadiens se défendent plutôt bien. Ils démarrent leur set avec la chanson titre de leur dernier opus (toujours Apex, ça n'a pas changé), qui commence plutôt tranquillement (intro à la guitare acoustique) pour s'emballer au bout de quelques minutes... et quand ça s'emballe, la rythmique nous renvoie à un heavy old-school pas spécialement original mais pêchu et efficace (les guitares et la basse me font penser à du vieil Iron Maiden). 

Les titres suivants évoquent d'autres légendes du heavy (Judas Priest, Manowar...) mais Unleash The Archers incorpore dans ces vieilles recettes des touches power plus modernes et même quelques éléments surprenants comme des growls (fournis par les guitaristes) et des parties de blast à la batterie. Le groupe se défend avec une certaine fougue et possède un côté rock'n'roll qui rend sa prestation divertissante. La chanteuse Brittney Slayes n'est pas totalement dépourvue de charisme et se plaît à pousser quelques gueulantes aiguës bien senties (attention, l'abus d'aigus peut quand même finir par vriller les tympans). Niveau batterie, c'est carré mais un peu binaire. Par contre, ça gratouille bien au niveau des guitares et de la basse... et tout ce beau monde fait preuve d'enthousiasme et d'énergie. 
A la fin du set ponctué par un Tonight We Ride qui semble ravir quelques fans (et qui intervient après des compos assez fédératrices comme The Matriarch ou General Of The Dark Army et ses "wohoho hoho" sur le refrain), je ne suis pas vraiment converti et ne me rue pas sur le stand de marchandises du combo mais le moment (qui a duré un peu plus d'une demi-heure) n'a pas été désagréable, c'est le type de metal qui passe bien en live, et le tout s'est finalement avéré plus sympa que ce à quoi je m'attendais. 

Setlist Unleash The Archers :

01. Apex
02. Test Your Metal
03. Cleanse The Bloodlines
04. The Matriarch
05. General Of The Dark Army
06. Tonight We Ride

 

L'ambiance n'était pas mauvaise pendant le set d'Unleash The Archers, avec un public plutôt chaleureux (et des conditions sonores honnêtes) mais tout cela va monter d'un cran avec l'arrivée de Rhapsody Of Fire.
Mais est-ce bien Rhapsody Of Fire qui monte sur scène ? Je ne reconnais (presque) personne (je suis un peu de mauvaise foi)... Mais oui, suis-je bête, c'est vrai : tout le monde s'est barré (sauf le guitariste, déjà présent sur les deux derniers disques du groupe) et le claviériste Alex Staropoli a engagé des petits jeunes pour l'accompagner. Même que tous ensemble, ils ont récemment sorti un disque de réenregistrements de vieux classiques totalement inutile : Legendary Years. Tout cela veut-il dire que nous allons passer un mauvais moment ? Non, même pas. Regardez le guitariste sur la photo ci-dessous, il a l'air malheureux ? Non... et le public non plus à vrai dire.

Alors oui, c'est sûr, avec Staropoli comme seul membre restant du line-up originel, on a plus l'impression de voir un groupe de reprises de Rhapsody qu'autre chose (vu la setlist, j'omets volontairement le Of Fire)... mais les musiciens font le boulot et certains titres choisis pour la tournée ne sont pas dégueulasses et rappellent de bons souvenirs. Cependant, comme pour dire qu'il ne regarde pas que vers le passé, le groupe commence son concert par une compo récente : Distant Sky, extraite de l'album Into The Legend. Mais que les choses soient claires, une fois cette chanson passée, il n'y aura plus que des titres de l'époque où le groupe s'appelait encore Rhapsody. Qui s'en plaindra ? Certainement pas moi qui n'ai plus rien acheté après Power Of The Dragonflame. D'ailleurs, c'est très net, dès le morceau suivant, Dargor Shadowlord Of The Black Mountain, il fait nettement plus chaud dans le Petit Bain et la soirée prend des allures de fête. Un peu plus tard, sur l'excellente Dawn Of Victory, il y aura même des débuts de pogo. Mais avant cela, les Italiens ont eu la bonne idée de balancer un bon vieux Flames Of Revenge qui ne nous rajeunit pas. 

Le point fort de cette formation : son nouveau chanteur. Giacomo Voli est vocalement performant. Il est surtout un frontman naturel et sympathique, visiblement content d'être là (très souriant), alors qu'il m'est parfois arrivé de trouver Fabio Lione un peu agaçant par le passé. Les autres membres du groupe sont plutôt discrets et appliqués. Comme d'habitude, il y a évidemment des bandes (pour les orchestrations et les choeurs) mais celles-ci restent discrètent et l'accent est mis sur la patate dégagée par les musiciens présents sur scène. Après quatre morceaux plutôt musclés, une accalmie dédiée à Christopher Lee arrive sous la forme de The Magic Of The Wizard's Dream... Mouais, sur un set de cinquante minutes, je m'en serais bien passé mais cette ballade a été un succès pour Rhapsody et elle semble faire plaisir à une partie de l'assistance. Une fois terminée, on revient aux choses sérieuses (ou plus remuantes en tout cas) avec des compos comme Holy Thunderforce, When Demons Awake ou Emerald Sword qui apportent leur lot de speederie sur fond de double grosse caisse. On résume : bonne ambiance, vocaliste cool et chansons sympas... pas le concert de l'année mais un moment plaisant qui est passé assez vite. 

Setlist Rhapsody Of Fire :

01. Intro (In Principio)
02. Distant Sky
03. Dargor Shadowlord Of The Black Mountain
04. Flames Of Revenge
05. Dawn Of Victory
06. The Magic Of The Wizard's Dream
07. Holy Thunderforce
08. The March Of The Swordmaster
09. When Demons Awake
10. Emerald Sword

 

Nous voilà maintenant bien échauffés et fin prêts pour la tête d'affiche : Orden Ogan ! Le groupe a pris le soin de décorer un peu la scène. Il a son logo dans le fond, deux espèces de mannequins zombi-cowboys (ceux que l'on peut voir dans le livret du nouvel album) en hauteur derrière des décors genre vieux fort en bois, chacun armé d'un fusil... Même les petites bouteilles d'eau à la disposition du groupe sont placées dans des caisses qui sont en adéquation avec le look western de l'ensemble... ils ont le sens du détail, les bougres. Mais l'intro qui résonne dans le Petit Bain au moment où ces messieurs entrent sur scène n'est pas celle de Gunmen mais Orden Ogan, celle de Ravenhead. Plus surprenant, c'est carrément une chanson du premier album qui lance vraiment les hostilités, la très bonne To New Shores Of Sadness et son super refrain. Pas mal, mais on se rendra vite compte que les chansons jouées par la suite sont plus connues du public (donc plus chantées) et auraient peut-être occasionné un début encore plus fédérateur et festif. On enchaîne avec F.E.V.E.R. et Here At The End Of The World, deux tubes imparables de Ravenhead... l'ambiance est presque à son comble. Elle le sera totalement sur le quatrième titre de la soirée, l'épique Gunman (ah oui, il y a un nouvel album finalement, c'est bien de s'en souvenir...), et sur Deaf Among The Blind et Sorrow Is Your Tale (hey, mais c'est une tournée Ravenhead ou quoi ?!) où quelques pogos éclateront et certains slammeurs se feront bien plaisirs !
Seeb Levermann nous remercie chaleureusement, il est content parce que c'est le premier concert du groupe en tête d'affiche à Paris et que le Petit Bain affiche complet. Le groupe est bien en place, Dirk fait du bon boulot derrière sa batterie... Quant aux deux autres gars, Tobi (guitare) et Niels (basse), ils passent leur temps à échanger leur place sur scène... ce qui est une bonne chose car cela permet de compenser le grand statisme de Seeb. Certes, il chante et joue de la guitare, ce qui ne lui permet pas de trop bouger, mais quand même... derrière son micro, il est vraiment à deux doigts de l'immobilité totale, il n'y a que la bouche et les mains qui bougent, tout le reste semble figé. Du coup, peut-être à cause de cela (mais pas qu'à cause de cela), je trouve qu'il manque un peu de charisme.  

On passe un bon moment avec Orden Ogan même si tout n'est pas parfait. Le son est fort et puissant mais manque un peu de clarté (là où je me trouve en tout cas, assez près de la scène, je ne distingue pas très bien les soli balancés par Tobi, par exemple). Les choeurs fournis par Tobi et Niels ne sont pas hyper audibles non plus, ce qui est dommage car les refrains du groupe exigent ces choeurs... et là, avec la seule voix de Seeb (qui réalise une performance honnête mais pas bluffante non plus), ça n'a pas tout à fait l'impact escompté, ça sonne plus pauvre. Et quand on finit par mieux les entendre, un peu plus tard dans la soirée, c'est pour se rendre compte qu'il s'agit surtout (d'après ce que mes oreilles perçoivent) de bandes... et ça, c'est pas très rock'n'roll. Voilà pour les petites déceptions. A part ça, il y a de bonnes choses... à commencer par les compos, solides et bien jouées. L'ambiance du concert est également bien appréciable, le public bouge et chante, tout cela est très convivial. La deuxième moitié du show fait davantage la part belle au nouvel album avec des chansons comme Fields Of SorrowCome With Me To The Other Side (pas jouée en entier, juste à moitié, enchaînée avec l'intro de Vampire In Ghost Town, excellent morceau... qui ne sera pas joué, avant que le groupe embraye sur Forlorn And Forsaken) ou One Last Chance. En revanche, le rappel se consacrera à deux albums oubliés jusque-là : Easton Hope d'abord, avec l'hymne Running Wildien We Are Pirates, toujours aussi sympa en concert, et To The End ensuite avec le traditionnel et fédérateur morceau de clôture : The Things We Believe In. Pour introduire ce dernier, Seeb nous demande, comme d'habitude, de gueuler bien fort "Cold, dead and gone!!" juste après qu'il ait dit "And so we are..." et dès le premier essai, le public chaud bouillant se montre hyper convaincant. D'ailleurs, le frontman hésite quelques secondes puis finit par dire avec le sourire "ok, en fait, c'était vraiment bien... mais on va faire semblant et dire que c'était pas terrible" avant de nous faire recommencer. Marrant.

Au final, tout cela fut bien sympathique... mais quelque chose manque pour rendre l'ensemble inoubliable. J'aime vraiment beaucoup Orden Ogan et lui souhaite le meilleur... Je reste persuadé que le groupe mérite une reconnaissance plus importante que celle qui lui est accordée pour le moment mais, pour autant, je dois me rendre à l'évidence : sur scène, c'est sympa mais c'est pas la folie. On ne va pas se plaindre, il est toujours agréable de voir un groupe que l'on apprécie, surtout lorsqu'il est avenant et qu'il joue des super chansons mais voilà, dans le genre, j'ai connu plus fort, plus décoiffant. Ces Allemands sont appliqués et leur musique est de qualité mais leur prestation scénique manque un peu de piquant ou de rock'n'roll à mon goût. J'aimerais les voir lâcher davantage les chevaux. En l'état, c'est déjà bien... mais, une prochaine fois peut-être, avec un peu plus de patate et de générosité (treize chansons, soixante-dix minutes, pour une tête d'affiche, c'est pas honteux - d'autant qu'il y avait trois groupes - mais c'est pas le Pérou non plus), ce sera encore mieux. 

Setlist Orden Ogan : 

01. Intro (Orden Ogan)
02. To New Shores Of Sadness
03. F.E.V.E.R.
04. Here At The End Of The World
05. Gunman
06. Deaf Among The Blind
07. Sorrow Is Your Tale
08. Fields Of Sorrow
09. The Lord Of The Flies

10. Come With Me To The Other Side / Intro Vampire In Ghost Town
11. Forlorn And Forsaken
12. One Last Chance
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13. We Are Pirates
14. The Things We Believe In