Groupe:

Impiety + Necrowretch + Grand Bouc Noir

Date:

03 Décembre 2017

Lieu:

Chambéry

Chroniqueur:

hourkach

Dimanche 3 décembre, le Brin de Zinc passe enfin à l'heure d'hiver en accueillant les Singapouriens d'Impiety, véritables légendes vivantes du Black/Death planétaire. Le trio asiatique ne s'est pas lancé dans un périple aussi long pour simplement admirer le paysage et compte bien marcher sur la Savoie armé de son style atypique et de sa musique primitive, voire abjecte. Pour être certain de la réussite de ce Winter War Apocalypse Tour 2017, Impiety n'a rien laissé au hasard en s'entourant de valeurs sûres telles que Necrowretch et son "Putrid Death" bestial ainsi que Grand Bouc Noir et son Black n'Roll brise nuque. J'avoue que cette affiche me tient en haleine depuis des semaines alors c'est avec une excitation certaine que je pénètre enfin dans cette fameuse salle de Chambéry...   

Il est vingt heures, nous sommes à trente minutes des premiers coups de lattes dans la tronche, et paradoxalement, la salle est toujours vide. La neige a peut être découragé certaines personnes mais, pour ma part, je n'ai pas fait une heure de route pour parler météo et je décide alors d'essayer de me changer les idées en savourant une bonne triple karmeliet au bar. La bière est certes bonne mais ne parvient pas à évacuer mon stress car les minutes ont beau défiler lentement, le Brin de Zinc ne se remplit qu'au compte-goutte, même lorsque Grand Bouc Noir débarque enfin sur scène. Fort heureusement, les Grenoblois semblent bien plus déterminés que moi et montent sur l'estrade accompagnés de bêlements et autres hurlements sadiques qui constituent le fond sonore. Après cette intro sacrément dérangeante, Grand Bouc Noir attaque son set pied au plancher en enchaînant les morceaux The Spell Of Dominion Forces, God Never Exist et Rotten Debotion extraits de leur unique album, Nazareth Night. Je ne connaîs pas ce jeune groupe de Black mais ces trois premiers titres vont soudainement me plonger dans l'univers de l'une des références du genre, celui de Carpathian Forest.

La suite des hostilités me donne raison et me renvoie systématiquement aux monstres norvégiens avec ce chant lugubre, cette batterie martiale et ces riffs thrashy à souhait. Il y a bien quelques blasts de temps en temps comme sur God Never Exist, Piss Christ ou Speed Is Satan mais, dans l'ensemble, le rythme est oppressant et taillé pour le cassage de cervicales. Ces cinq premiers morceaux ont produit leur effet car le public commence enfin à se rapprocher de l'estrade pour venir encourager Glen "Syllath" Ovulator et ses acolytes. Grand Bouc Noir profite alors de la situation pour durcir le ton avec un nouveau titre bien plus violent intitulé Hell Stukas : Vethis prouve ici qu'il sait varier les plaisirs en maîtrisant parfaitement l'art du blast pendant que Marchosias continue de martyriser ses cordes en alternant, avec brio, séquences Black'n'Roll et riffs plus profonds, voire déprimants. Après cet "interlude" plus véloce, Grand Bouc Noir reprend son rythme de croisière et ne change plus de cap jusqu'à la fin de son show en continuant à fracasser nos gueules à grand coups de rythmes mid-tempo et de hurlements démoniaques comme sur la tuerie absolue Allegiance To The Great Goat. Au final, malgré le manque d'ambiance et l'inexpérience du groupe sur scène, Grand Bouc Noir peut être fier de sa prestation car il possède un vrai talent et une puissance de frappe qui forcent le respect. Avis aux fans de Carpathian Forest, Darkthrone ou autres joyeusetés du genre, foncez écouter ce groupe, je vous jure que vous ne serez pas déçus !

Setlist de Grand Bouc Noir :

01. The Spell Of Dominion Forces
02. God Never Exist
03. Rotten Devotion
04. Piss Christ
05. Speed Is Satan
06. Hell Stukas
07. Allegiance To The Great Goat
08. Nazareth Night
09. The Blade Of Silver Sacrifice

 

Après avoir siroté une nouvelle mousse et tapé la discut' avec les trois musicos de Grand Bouc Noir, je me précipite sur le devant de la scène pour ne pas louper un seul riff de Necrowretch. Depuis la sortie de leur dernier album, Satanic Slavery, le groupe rhône-alpin a pris une autre dimension et enchaîne les concerts en ne laissant derrière lui que des cendres et des éloges. Cela tombe bien car Vlad et ses mercenaires attaquent leur prestation en enchaînant les trois premiers titres de leur dernier album, Sprawl Of Sins, Satanic Slavery et Tredeciman Blackfire. La gifle est immédiate car le son est parfait et chaque membre du combo se donne à fond comme si sa dernière heure avait sonné. Le frontman n'est pas là pour faire de la figuration et passe son temps à nous assomer avec ses growls d'écorché et ses leads sinistres à souhait. Le public ne s'y trompe pas et répond systématiquement aux hurlements ou soli des deux guitaristes en headbanguant sauvagement devant la scène et en applaudissant généreusement chaque tuerie offerte. Vlad ne perd pas de temps et poursuit son opération de destruction en nous balançant froidement deux nouvelles tueries extraites des albums Putrid Death Sorcery et With Serpents Scourge, sortis respectivement en 2013 et 2015. Le Black/Death asséné ne modifie en rien son style et continue de me faire penser à un savant mélange de Massacra, Sepultura époque Schizophrenia et Enthroned mode Sabathan au chant. Vlad qualifie sa musique de "Putrid Death metal" et je dois avouer que cette dénomination se marie parfaitement avec l'attitude haineuse de chaque musicien affichée au fil des riffs.

Il est impossible de couvrir un concert de Necrowretch sans également s'attarder trente secondes sur la folie de son batteur. Non seulement le mec est une machine de guerre avec son jeu ultra précis, mais en plus, le bonhomme fait le show en passant son temps à faire tournoyer ses baguettes au-dessus de sa tête, à se lever pour haranguer la foule et à nous terrifier avec ses mimiques toutes plus démoniaques les unes que les autres. Le concert atteint son apogée lorsque Necrowretch attaque le morceau Putrid Death Sorcery ; les riffs ténébreux de Vlad et de Kev Desecrator glacent un peu plus le sang de l'assemblée et poussent enfin quelques dizaines de fans à se lancer dans des joutes cruelles et animales. La réaction du public décuple la motivation du quatuor qui achève sa litanie en pulvérisant une dernière fois nos âmes avec deux sévices intitulés Even Death May Die et Verses From The Depths. Même si l'ambiance a tardé à exploser, je ne suis pas prêt d'oublier la prestation de Necrowretch ce soir. Honnêtement, son "Putrid Death" est unique en son genre et offre une musique résolument Old school dépourvue d'artifices et de concessions. Ajoutez à cela un p'tit autographe volé au Sieur Vlad en fin de concert et vous comprendrez facilement pourquoi le virus Necrowretch m'a totalement contaminé.

 Setlist de Necrowretch :

01. Sprawls Of Sin
02. Satanic Slavery
03. Tredeciman Blackfire
04. Goat-Headed
05. Black Death Communion
06. Hellspawn Pyre
07. Bestial Rites
08. Putrid Death Sorcery
09. Even Death May Die
10. Verses From The Depths

 

Après quelques minutes de répit, les trois membres d'Impiety font leur apparition face au public et s'emparent de leurs instruments sous les applaudissements timides de la foule. Dès les premières rafales de Beast Of Abominable Regiments, je suis soulagé de constater que le son est nickel car Impiety traîne malheureusement derrière lui une mauvaise réputation à cause de la qualité souvent médiocre de ses réglages techniques. Ce n'est pas le cas ce soir et les trois premiers morceaux annoncent clairement la couleur avec une dose d'agressivité et de violence rarement égalée. Le concert prend une autre tournure lorsque Shyaithan remercie les fans de leur soutien et attaque un nouveau pamphlet extrait de leur chef d'oeuvre Kaus Kommand 696 sorti en 2002. La bestialité du trio rejaillit instantanément sur l'auditoire et la fosse est alors transformée en un véritable champ de bataille. Le public se réveille enfin et fait honneur à l'enchaînement diabolique Abominate Desecrate Fornicate, The Black Fuck et Slaughterror Superiority en jouant des coudes, bières à la main, et en s'égosillant à chaque fin de morceau. Cette agitation ne fait que renforcer la fureur du frontman qui passe son temps à brandir sa basse comme un forcené et à headbanguer face contre terre. Les deux autres musiciens ne sont pas en reste et m'impressionnent également par leur aisance démoniaque. En effet, il ne se passe pas un seul morceau sans que Nizam Aziz nous montre l'étendue de ses talents en enfilant les riffs et soli plus techniques les uns que les autres comme sur Bestial To The Bone, At War With Tamujin ou encore Dominator. Et que dire du Sieur Dizazter derrière ses fûts si ce n'est que le type possède au moins quatre bras pour parvenir à un tel niveau de brutalité et de technicité.

Sans aucune surprise, Impiety est un véritable rouleau compresseur qui mise tout sur la rapidité de ses compos et la puissance de son chant. Tous les morceaux comportent bien des passages plus lents mais ces derniers sont systématiquement anéantis par l'omniprésence de la double pédale et les accélérations fulgurantes du cogneur de service. Cette atmosphère chaotique est incroyable et ne cesse de s'intensifier au fil des insultes et blasphèmes proférés par le géant Shyaithan. La fin du concert prend d'ailleurs une tournure malsaine lorsque des chants grégoriens éclatent dans la salle avant que le chanteur ne se mette à hurler ChristfuckingChrist en s'énervant sur son micro et en multipliant les bras d'honneur vers le ciel. Le trio semble alors plus possédé que jamais et achève son périple meurtrier en venant nous laminer une dernière fois la tronche avec d'innombrables torrents de blasts et de riffs totalement hystériques.

Setlist d'Impiety :

01. Beast Of Abominable Regiments
02. Apokaliptik Nuklear Battlebeast
03. Imperative Coronation
04. Bestial To The Bone
05. Abominate, Fornicate, Desecrate
06. The Black Fuck
07. Slaughterror Superiority
08. At War With Temujin
09. Dominator
10. Reign The Vulture
11. ChristfuckingChrist
12. Anal Madonna
13. Terror Death Worship!
14. Ceremonial Necrochrist Redesecration

 

Il est à peu près minuit lorsque les dernières salves de batterie sont tirées dans le Brin de Zinc. Les supplications du public n'y changeront rien, Impiety quitte la scène en laissant derrière lui une assemblée détruite par tant de folie et d'insanités. Je pourrais toujours revenir sur le peu d'affluence mais je préfère retenir la qualité des trois groupes présents sur cette affiche et la montée en puissance de l'ambiance au fur et à mesure de la soirée. Une bonne surprise, un gros coup de coeur et un bulldozer lancé plein fer, tel pourrait être le résumé de cette claque que je ne suis pas prêt d'oublier. En tout cas, immense merci aux Hordes Du Renouveau pour cette affiche décoiffante et à très vite pour de nouveaux pétages de nuques... Hail Satan !!