Mardi 25 avril, une affiche au parfum "Yankee" me fait sortir de ma grotte : vingt jours après le black metal sombre de Mayhem à Villeurbanne, c'est au tour de Besançon de me fait les yeux doux en accueillant les death-grind métalleux de Dying Fetus et le groupe de hardcore Hatebreed. Affiche sacrément alléchante sur le papier quand on connaît la qualité intrinsèque de ces deux groupes ainsi que leur puissance dévastatrice en live. Motivé comme un dingue et armé de mes caméras, me voilà donc parti à la conquête du Doubs. Après trois heures de route, quelques rafraîchissements auditifs et plusieurs bouchons interminables, j'arrive enfin face à la salle de concert, "la Rodia". Première impression positive, la salle est flambant neuve et bénéficie d'un cadre unique en faisant face à une citadelle illuminée. Malheureusement il pleut comme vache qui pisse et je décide de foncer directement à l'intérieur de la salle.
Après quarante-cinq minutes d'attente face au bar, les portes s'ouvrent enfin. La salle est spacieuse et comporte même une estrade pour les photographes, le pied total. Tout est bien en place, les techniciens finissent d'installer le matos, le public est bouillant, mon cou est prêt, bref ça sent le début du carnage... Ce soir, vous l'aurez compris, pas de p'tits fours ou d'amuse-bouches, on attaque direct par un plat de choix, Dying Fetus. Le mot "attaquer" est faible pour parler du combo américain qui sème la désolation à chaque concert depuis le début des années 90. Dying Fetus est le premier groupe que j'ai vu en live en 2001 à Irun et je n'oublierai jamais la gifle reçue à l'époque !! Trêve d'histoire, les lumières s'éteignent. John Gallagher, Sean Beasley et Trey Williams débarquent sur scène. Le poing en l'air face au public, John Gallagher s'empare du micro et nous sert d'entrée les titres Justifiable Homicide et Intentional Manslaughter.
Malgré la violence des premiers titres, le public réagit doucement et semble plutôt hypnotisé par la technique du groupe. Il faut attendre le troisième titre, From Womb to Wast pour voir enfin le public se lâcher ; à la demande du chanteur, les premiers circle pits voient le jour et tout le devant de la scène est occupé par de sauvages headbangers. La soirée est lancée et ça fait grave plaisir d'observer cette communion entre un groupe et son public.
Les riffs sont puissants, les changements de rythme dévastateurs et on a du mal à croire que Trey Williams ne possède que deux mains derrière sa batterie. Chaque titre alterne parties ultra blastées et ralentissements pour le plus grand plaisir du public et de mon cou. Le titre Fixation on Devastation extrait de leur prochain album Wrong One to Fuck With (sortie prévue en juin) ne déroge pas à la règle. Que les puristes se rassurent, Dying Fetus n'est pas prêt de changer malgré les années. Cette impression se confirme avec les autres titres joués et le show atteint son apogée avec le titre In the Trenches. L'alternance entre breaks et parties techniques met définitivement le public KO debout. Après cinquante minutes de live, le trio d'Annapolis tire sa révérence sur un ultime méfait, Killing on Adrenaline. Honnêtement, j'ai été surpris par la technicité du groupe : rythmiques toujours plus violentes, cohésion parfaite entre chacun des instruments et chants toujours aussi complémentaires et dévastateurs. Le groupe a franchement répondu présent ce soir et a confirmé sa réputation de machine de guerre en live.
Setlist de Dying Fetus :
01. Justifiable Homicide 02. Intentional Manslaughter 03. From Womb To Waste 04. Fixation On Devastation 05. Epidemic Of Hate 06. Your Treachery Will Die With You 07. Grotesque Impalement 08. In The Trenches 09. Killing On Adrenaline
Après ce rouleau compresseur, le retour au calme est difficile. La salle se vide, les gens partent boire un coup en attendant l'arrivée des Ricains d'Hatebreed. Les techniciens s'affairent sur scène et le décor change radicalement avec l'installation d'un drapeau gigantesque derrière la batterie représentant l'artwork de leur dernier album, The Concrete Confessional. D'autres drapeaux plus petits sont également placés au niveau des enceintes et, ma foi, je trouve que ça a de la gueule. Vingt minutes de répit et voici les musiciens d'Hatebreed. Contrairement à Dying Fetus, le public n'est pas en rodage et explose dès les premières notes. Rien de vraiment surprenant car les Américains jouent devant un public totalement acquis à sa cause ; les trois-quart de la salle arborent, en effet, tee shirt, bonnets ou casquettes à l'effigie du groupe. Pour ma part, je vais être honnête, je ne connais pas particulièrement ce groupe mais je ne vais pas mettre longtemps à me rendre compte de mon erreur.
Dans la plus grande tradition hardcore, les titres sont courts et peu techniques mais l'intensité de chaque chanson est incroyable. Le chanteur Jamey Jasta met tout simplement le feu en haranguant le public et en sautant partout comme un dingue.
La magie opère car Hatebreed assène son metal/hardcore avec une étonnante maîtrise en passant au peigne fin l'ensemble de sa discographie. Tous les titres ayant fait la renommée du groupe sont joués, Destroy Everything, Live For This, This is now, Defeatist et bien d'autres encore. Le groupe joue avec son public et c'est beau à voir et entendre. Mon côté métalleux est fortement attiré par des titres comme A.D, Looking Down The Barrel Of Today ou Filth. Ces titres comportent des sonorités bien plus thrash et metal qu'hardcore ce qui me plait vraiment avec de belles accélérations du batteur derrière ses fûts. Après une douzaine de titres joués, le groupe disparait derrière la scène ; la salle tout entière scande alors "Hatebreed ! Hatebreed !", un vrai moment de frissons. Les Yankees reviennent alors à la charge sous les ovations du public et terminent leur show sur deux titres à se briser la nuque, Honor Never Dies et Last breath. Le public connaît les paroles par coeur, Jamey s'en donne à coeur joie en faisant participer ses fans et le concert se finit dans une ambiance de folie.
A 23h30, quand tout s'arrête, je mets de longues minutes avant de plier mon matos et de retrouver l'ambiance glaciale de janvril. Là j'avoue, j'ai pris une grosse claque pour la qualité des groupes, pour la qualité du son, pour l'ambiance énorme et puis surtout, parce qu'Hatebreed m'a permis de découvrir un autre style et de sortir de mes certitudes de vieux death/black métalleux. Quand je vois le feu qu'il y avait ce soir, je ne regrette qu'une seule chose, que la salle n'ait pas été totalement remplie. Enfin bref, un concert de cette trempe j'en redemande encore et encore...
Setlist de Hatebreed :
01. Destroy Everything 02. Looking Down The Barrel Of Today 03. Proven 04. Live For This 05. Tear It Down 06. Something's Off 07. Empty Promises 08. A.D 09. Filth 10. Defeatist 11. This Is Now 12. Every Body Bleeds Now 13. In Ashes They Shall Reap 14. Honor Never Dies 15. Last Breath
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