Groupe:

Freak Kitchen + Temple Of Silence

Date:

13 Mars 2015

Lieu:

Vauréal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

C'est toujours un véritable plaisir que de couvrir un concert au Forum de Vauréal ! Cela s'est encore vérifié le 13 mars dernier avec la venue des déjantés Freak Kitchen, groupe que je connaissais depuis un moment sans avoir non plus trop creusé le dossier... Pire que cela, je n'avais jamais (avant cette date) vu le trio suédois sur scène. Et pourtant, ce ne sont pas les opportunités qui ont manqué vu leurs passages réguliers dans l'Hexagone depuis bien longtemps. Cette erreur est maintenant réparée et comme je ne suis pas égoïste, je partage volontiers avec vous les souvenirs de cette soirée. Les aventures de Freak Kitchen à Vauréal, c'est parti ! 

Enfin non, pas tout de suite, car comme l'exige la tradition ancestrale, un groupe se doit de chauffer la salle avant l'arrivée des héros de la soirée. Aujourd'hui, c'est à Temple Of Silence que revient cette tâche. Le quintet est français et compte dans ses rangs des musiciens qui ont notamment joué chez Superfiz et Satan Jokers (entre autres)... Si l'évocation du nom du dernier groupe cité peut faire croire que Temple Of Silence fait dans le hard rock des années 80, l'arrivée du groupe sur la scène du Forum et le début du show constitué de titres particulièrement rentre-dedans et assez modernes (Love Is BlindFight Or Die) viennent tout de suite nous assurer que ces messieurs ne sont pas déplacés pour faire dans la nostalgie. 

Temple Of Silence balance donc une sauce metal aussi épaisse que vigoureuse... et l'agressivité du propos se voit renforcée par le chant bien saturé de Laul Nico qui gueule à s'en faire péter les cordes ! La voix est très éraillée, parfois caverneuse... le gars fait donc dans le puissant ! Il a aussi une façon bien à lui de communiquer avec le public. "On le visite ce putain de temple ?!?!", hurle-t-il entre deux morceaux. Ok, visitons-le et profitons-en pour constater à quel point le nom du groupe est assez inapproprié... car le combo est tout sauf silencieux, ou même furtif. C'est plombé, bruyant... ça tache bien comme il faut ! Un peu plus tard, le frontman nous dit que le show est enregistré ce soir et qu'il faudrait que nous fassions un max de bruit histoire de montrer aux Ricains que les fans français ne sont pas des "fils de pute" !! Voilà une bien belle et poétique façon de motiver les troupes ! 


En tout cas, s'il y en a qui n'ont pas besoin d'être motivés, ce sont bien les musiciens. Laul Nico donne tout ce qu'il a mais il n'est pas le seul à mouiller la chemise. Olivier Spitzer (qui a un faux air de Pedro Almodovar) à la guitare se démène bien et ne boude pas son plaisir. La section rythmique (très solide) est admirablement tenue et n'oublions pas Philippe Kalfon qui, s'il est peut-être un peu moins démonstratif ou exubérant que certains de ses compagnons, sait faire parler sa guitare et balancer de très bons solos. 

Les titres s'enchaînent et font preuve d'une belle ardeur. Très honnêtement, je n'adore pas tout ce que j'entends mais j'apprécie la fougue du combo et certains morceaux sont particulièrement efficaces. Je retiendrai notamment le mélodique I Will Walk à la trame plus hard rock et au refrain très accrocheur... sur lequel le groupe aura d'ailleurs la bonne idée de nous faire participer... et de marquer des points. La fin du set approche, Laul fait son Ozzy Osbourne (c'est lui qui le dit) en nous balançant un peu d'eau de sa bouteille et place une autre de ses jolies interventions : "C'est bien pour une première fois, on se sent le cul..."

Le show est fini et est finalement passé assez vite. Temple Of Silence a rempli sa mission de chauffeur de salle avec détermination et honneur. Le chanteur présente ses acolytes et nous demande d'acclamer Freak Kitchen comme il se doit. On est prêt pour la suite.

Setlist Temple Of Silence :

01. Love Is Blind
02. Fight Or Die

03. God Is Law
04. I Need
05. The Beginning Of The Rage
06. I Will Walk
07. The Answer
08. The End
09. Welcome My Friend
10. Delirium

 

Et la suite... elle est justement sur le point d'arriver. Je m'attends à un très bon moment, forcément... Comment pourrait-il en être autrement ? Les gars de Freak Kitchen proposent un hard super bien fichu, technique et fun, la réputation scénique du trio n'est plus à faire... je suis donc confiant. Et pourtant, je suis loin de me douter de la claque que je vais me prendre en pleine face ! Freak Kitchen, sur scène, ce n'est pas "juste" sympa... c'est imparable !  

Le set des Suédois démarre, non pas avec des nouveaux titres, mais avec deux compos plus anciennes et idéales pour lancer la soirée sur de bons rails. Propaganda Pie ravit les fans, fait remuer les têtes et donne le sourire. La groovy Walls Of Stupidity lui emboite le pas avec le même effet sur un public hyper réceptif. Et là, que remarque-t-on ? Déjà que le son est top. Puissant, clair, fort... c'est un régal, on ne perd pas une miette de ce que fait le trio. Ensuite, que les musiciens sont très à l'aise et visiblement contents d'être là. Enfin, qu'on a tous la banane... parce que Mattias, Christer et Björn sont tellement en place et précis (en un mot, monstrueux), en plus d'être sympas, qu'on ne peut s'empêcher de sourire en les regardant faire. 


Le nouvel album, Cooking With Pagans, se glisse dans la setlist à partir du troisième morceau, le très efficace pop metal Sloppy. Christer est un sacré bassiste... mais pas seulement, il se charge des choeurs avec brio et n'a de cesse d'arpenter la scène de gauche à droite comme un lion dans sa cage. Son look à part et son charisme font qu'on a du mal à ne pas passer la moitié de son temps à le regarder s'affairer. Quel animal ! Cela dit, on pourrait (presque) dire la même chose des deux autres musiciens. Non pas que leur comportement soit identique, non... mais ils ont tous un point commun : ils maitrisent leur instrument avec classe et décontraction. Anal Bleach, deuxième extrait du dernier opus, passe terriblement bien juste avant que God Save The Spleen et sa rythmique endiablée ne viennent provoquer un petit pogo dans la fosse du Forum. 

L'ambiance est maintenant excellente et bien que Nobody's Laughing (autre compo, après Propaganda Pie, en provenance du très bon Move) veuille dire que personne n'est en train de rigoler, c'est tout le contraire qui se passe à Vauréal ce soir. Il faut dire que la complicité entre le groupe et ses fans, principalement construite sur des échanges où les mots "à poil" jouent un rôle non négligeable, est assez remarquable. Entre les chansons, Mattias fait rire l'assistance en parlant à une vitesse qui en fait de lui une sorte de Woody Allen du metal (oui, c'est décidément soirée cinéphile... après Almodovar...). Et qu'est-ce qu'il nous raconte, le Mattias ? Beaucoup de choses... Il se moque de son physique, s'excuse régulièrement des pauses entre les morceaux (car il faut changer de guitare ou changer l'accordage), dit que son français est très limité et essaye de lire ce qu'il y a écrit sur l'étiquette de sa bouteille d'eau, répond aux "à poil" récurrents de certains fans (il nous met d'ailleurs en garde en nous disant que, si on continue de crier ça, le batteur serait bien capable de s'exécuter)... quand il ne parle pas, il fait des bruits avec ses joues et nous propose de l'imiter... il imite même un membre du public qui tousse et nous pousse à en faire de même... bref, comme on pouvait s'y attendre, tout cela est très détendu et gentiment fêlé. Ce qui n'empêche aucunement le bonhomme de nous sortir des plans de guitare complètement hallucinants... Eklundh n'est pas un rigolo ! Enfin si... mais non... bref, vous m'avez compris. 

Efficacité et fun sont bien les maîtres mots de la soirée... les titres balancés par le trio sont assez redoutables, mention spéciale à la jubilatoire Speak When Spoken To, à Porno Daddy ou encore à l'enlevée et joyeuse Goody Goody qui met bien le feu avant que le groupe ne quitte la scène pour la première fois. Avant cela, on aura pu constater que Christer se débrouille bien au chant sur Private Property ou sur la très catchy Razor Flower (décidément, Move est à l'honneur) sur laquelle le public participe et chante comme un seul homme. Dire qu'on ne voit pas le temps passer relève du doux euphémisme...

Et quand Freak Kitchen revient sur scène pour le rappel, c'est pour nous faire le coup du groupe dont les gars sont tellement cool et balaises qu'ils peuvent échanger leurs instruments... bah voyons, il ne manquait plus que ça. Mattias se place derrière la batterie, Christer s'empare de la guitare et Björn de la basse... et le trio ainsi reconstitué nous gratifie d'un My New Haircut aux relents pop très appréciables. Mais on n'est pas là que pour rigoler... les Suédois nous le rappellent tout de suite après avec une Teargas Jazz extrêmement technique et la speed Ranks Of The Terrified jouée encore plus rapidement que sur album pour l'occasion. Evidemment, pour ces deux morceaux, chacun aura repris son instrument de prédilection. Les gars sont bons, mais pas à ce point. Et c'est l'heure de quitter la scène une fois encore...

Mais les fans entendent bien rappeler le groupe qui finit par céder et nous propose de choisir le dernier titre (selon le bon vieux principe du gueulomètre) entre AppetizerChest Pain Waltz et Murder Groupie... Cette dernière récolte le plus de suffrages et c'est ainsi que s'achève le show impeccable de la bande à Mattias ! La musique du trio est ultra accessible sur scène, l'ambiance est excellente, les musiciens sont hallucinants... Que demander de plus ? Rien. C'était mon premier concert de Freak Kitchen... et je suis sûr que ce n'était pas le dernier.

Setlist Freak Kitchen :

01. Propaganda Pie
02. Walls Of Stupidity
03. Sloppy
04. (Saving Up For An) Anal Bleach
05. God Save The Spleen
06. Nobody's Laughing
07. Taste My Fist
08. Private Property
09. Speak When Spoken To
10. Freak Of The Week
11. Porno Daddy
12. Razor Flower
13. Goody Goody
------------------------------------------
14. My New Haircut
15. Teargas Jazz
16. Ranks Of The Terrified
------------------------------------------
17. Murder Groupie