Groupe:

Celkilt

Date:

24 Octobre 2015

Lieu:

Châteauneuf de Grasse

Chroniqueur:

Didier

Je n'avais pas du tout prévu d'aller assister à un concert de rock celtique dans le petit village de Châteauneuf de Grasse. Mais voilà, dans mon village de Valbonne (pas bien loin de Châteauneuf de Grasse), tout se sait. Ce qui m'a permis d'apprendre que dans la famille Pol, après le fils Jean-Baptiste, batteur au sein des groupes Kerion et Glamory, la fille Anaïs, violoniste, avait rejoint le groupe de rock celtique Celkilt. Quelle famille ! Curieux, j'ai regardé des vidéos, et trouvé le groupe Celkilt bien sympathique et les ambiances live particulièrement festives. Quand j'ai appris que le groupe passait pas loin de chez moi, je me suis posé la question de savoir si un report de leur passage pouvait intéresser vous autres, metalleux. Mais en repensant à l'accueil réservé aux groupes d'ambiance celtique au Hellfest, je me suis dit que ce groupe pourrait bien vous intéresser tous.

Nous voilà donc avec l'ami Phil et ses objectifs à faire la queue devant la Terrasse des Arts de Châteauneuf, dont je ne soupçonnais même pas l'existence hier encore. Une affichette indique "Complet" et pour un événement géré par une mairie, je suis épaté. Pré-réservations en ligne, terminal bancaire pour payer par carte, police municipale, rien n'a été laissé au hasard. Ah si, juste la buvette qui a été installée sur une terrasse avec une vue magnifique jusqu'à la mer et le Cap d'Antibes. Super, mais ce soir, il fait nuit, il fait frais, et on aurait bien aimé siroté quelques cervoises dans la salle, sauf que justement dans la salle, c'est interdit.
La foule massée devant la porte de la salle est très hétéroclite, des papis et mamies, des jeunes, quelques mecs en kilt... un peu de tout. La dame âgée devant moi m'explique que la salle est très active, elle sert de cinéma, on y fait du théâtre, mais qu'ils n'accueillent pas souvent des "chanteurs". La salle finit par ouvrir ses portes à 20h30 pétantes, c'est une belle salle, en configuration sans sièges, sa capacité est de 230 places et elle est bien pleine ce soir. Celkilt a préparé tout son équipement et son stand merchandising, bien fourni, est déjà très actif. On sent quand même que l'on a affaire à des pros. Je rencontre Jean-Baptiste et le team Kerion (dont l'album vient de sortir) venu en nombre, ainsi que Lionel (Glamory) dont l'album vient de sortir également. Le petit monde du rock régional est présent, c'est cool.

A 21h, l'adjointe à la culture (Martine) vient nous présenter le groupe de ce soir "venu tout droit de Bretagne", "hein ? de Lyon pardon", et annoncer que, si tout se passe bien, ils organiseront d'autres concerts rock. Seul oubli : elle ne mentionne pas le nom du groupe. C'est pas grave Martine, on ne t'en veut pas, surtout que tu as fait court. Exit Martine, les lumières s'éteignent et le show démarre. On peut en effet parler de show, car côté lumière on est gâté. Celkilt voyage avec un team technique top niveau (lumières, son, merch), bravo ! L'effet de départ est bien foutu : bruit d'orage, éclairs... Par Toutatis ! Ca va déboiter ! Et en effet, ça déboite dès le premier morceau instrumental. Nous voilà immédiatement plongé dans l'ambiance celtique et festive du groupe : A ma droite Loïc, kilt, grosse barbe, grosses chaussettes, grosse godasse, grosse carrure et qui dépote avec une cornemuse. Quand il la lâche c'est pour jouer différentes sortes de flûtes. Il chante aussi et se charge de raconter quelques vannes. Derrière lui, Drik, kilt, tatouages, vanne dans son micro et assure la basse. A ma gauche, derrière, un poil dans l'ombre, Rémi.

J'avoue que je n'ai pas vu s'il était en kilt, mais il envoie du bois sur sa batterie et intervient régulièrement au micro. Devant lui, kilt, cheveux en pétard, blond, c'est Titou, chanteur guitariste, qui utilise une guitare acoustique et un paquet de pédales sur tout le concert, et enfin devant et tout à ma gauche, Ana (Anaïs), jupe écossaise, et violon. Point commun: ils sourient tous ! Et ils dégagent une énergie positive incroyable. Ca fait un bien fou. Le son est excellent, tous les instruments bien mis en valeur. Je n'en reviens pas de l'omniprésence du violon d'Anaïs dans le son du groupe. Elle et Loïc sont des pièces essentielles du son original du groupe.

A sa première intervention, Titou, souriant, se met déjà le public dans la poche. Il plaisante beaucoup sur le Sud et le fait qu'il n'y a pas de public pour le rock. Les musiciens se chambrent pas mal entre eux. Ils maitrisent totalement l'art de manipuler nous-autres, le public. Avant chaque morceau, il lance la consigne : sauter 8 fois vers la droite, puis 8 fois vers la gauche. Et ça marche, le public démarre au quart de tour. C'est le foutoir, et on se marre bien sur scène comme dans la salle. Une autre fois, il faut faire bras dessus, bras dessous avec ses voisins de droite et de gauche et bouger de droite et de gauche pour faire les vagues de la mer. Une autre fois encore, il faut sauter ou attraper vos voisins par le petit doigt et danser. Le top du top, c'est quand Loïc et sa cornemuse descendent dans la salle pour mener une énorme chenille.

Et ça marche encore, quasiment toute la salle joue le jeu. Quand la fin du morceau approche, Loïc tente de remonter sur scène en sautant, mais il rate son coup et s'étale de tout son long sur la pédale board de Titou. A plat ventre, comme une crêpe (bretonne), et avec la cornemuse en guise d'airbag. Tout le monde se marre, mais c'est pas drôle, il aurait pu se faire bien mal. Mais il est costaud et il n'y a pas de mal à part que Titou n'a plus de son. Ses ingés son sont immédiatement à l'œuvre et répare le problème avant même que Loïc n'ait eu le temps de finir sa blague sensée nous tenir occupés. Ces gars-là (et cette fille pardon), aiment bien se marrer. D'ailleurs, un détour par leur site web le laissait présager, avec la vidéo de On The Table.

Les musiciens se font tous appeler avec des noms écossais, mais ça ne les empêche pas d'avoir un morceau comme Everyday's St Patricks day. D'ailleurs, sur ce morceau, encore une chanson à boire bien festive, ils cherchent un Patrick, mais comme personne ne se manifeste, ils choisissent de faire monter sur scène Jean-Baptiste, le frère d'Anaïs. Il doit chanter les chœurs simples de la chanson et danser. Sur le chœurs ça peut encore aller, mais sur la danse, il y a du boulot. Titou se moque un peu, il demande aussi comment on peut chanter une chanson sur la St Patrick sans bière. Je suis d'accord. Les organisateurs leur font parvenir des bières. Il faut aussi dire qu'il fait une grosse chaleur dans la salle. Titou dégouline, sa chemise est à tordre. Les kilts et les chaussettes ça doit tenir bien chaud. Et les bougres bougent, échangent leurs places, sautent. Je ne sais pas comment Anaïs n'a pas encore éborgné un des garçons avec son archet ? Elle bouge aussi pas mal.

Un peu avant la venue de JB sur scène, on avait déjà eu un épisode "Ecole des Fans", avec Titou dans le rôle de Jacques Martin, qui demandait à Anaïs où était sa maman, son papa, son tonton, sa tata, son frère dans la salle. C'était marrant et sur le morceau qui suit, ils demandent à des filles de monter sur scène pour danser avec eux. Bien sûr Titou insiste pour que la maman d'Anaïs y soit.

Quand je vous disais aussi que le metal n'est jamais très loin, le groupe joue un morceau qui est un medley de plusieurs morceaux d'AC/DC. Avec violon et cornemuse, ça a de la gueule. Au départ, je pensais que Titou utilisait une guitare acoustique pour le premier morceau mais au final c'est son unique instrument, avec ses effets, et un capodastre qu'il balade le long du manche. Quand il le met en bas du manche, sa guitare sonne presque comme un banjo.

Sur la fin de Hey what's under your Kilt?,  Titou demande si on veut connaitre la réponse, mais quand il soulève son kilt, la lumière s'éteint, sacré farceur ! Titou explique que sur On The Table, il faut chanter avec lui, même si on chante n'importe quoi, ça lui fait quand même plaisir. C'est vraiment un excellent morceau extrait de leur dernier album. Il explique aussi qu'au stand merchandising, ils vendent une clef USB avec toutes les reprises qu'ils ont l'habitude de faire et qui ne sont sur aucun album (des quatre déjà à leur actif). C'est une chouette idée, je trouve.

Rémi, le batteur, rappelle qu'ils ont perdu en finale de "La France a un incroyable talent", après le vote du public, donc à cause de nous, le public. On se marre. Et que depuis ils ont changé de violoniste et ont pris la moins chère (bouhhhhhh), mais non la plus jolie (ouaiiiiiis), décidément, la moitié de la salle est venu supporter Anaïs, c'est sympa. Pendant ce temps, entre deux sauts à pieds joints, Drik arrive à casser une corde de sa basse, pas courant comme souci.

Finalement ils admettent que pour un public du Sud, on a été bon, et qu'ils reviendront. Ils sortent et reviennent rapidos pour un rappel sous forme de medley de morceaux très sympas en version celtisée. On a droit à Born In The USA, Shout, YMCA, The Final Countdown et une magnifique et émouvante fin avec Hey Jude et une intro de violon d'Anaïs qui m'a filée des frissons partout (l'intro).

Bravo !

Je profite quand même de la terrasse et sa vue et d'une petite bière bien méritée avant de redescendre de la montagne. Ce fut vraiment une excellente soirée celtique et je n'hésiterai pas une seconde à la prochaine visite du groupe dans le Sud-Est. La bonne humeur était au rendez-vous, les Celkilt sont des sacrés marrants, mais aussi de vrais pros. Leurs concerts devraient être remboursés par la sécu. Un dernier petit mot pour féliciter la municipalité de Châteauneuf de Grasse, pourtant plus habituée à organiser la Fête de la Courge, que des concerts de rock, et qui pour une première, a sacrément assuré.


Setlist de Celkilt :

Marchin on
I Ruined my Chances
Jig it up
Enough about me
Get the hell away
The war in my head
Hey what's under your Kilt?
ACDScotch
The same old frown
Should I?
Brahms
The alchemist
Stay with me
On the table
Everyday's St Patricks day
Itchy fingers
Let me out
Jjackmacisaac
Medley