The Sunpilots

Interview date

28 Mai 2012

Interviewer

Didier

I N T E R V I E W

Interview Raj Siva-Rajah (par mail)


Salut Raj, merci de prendre le temps pour notre webzine français AuxPortesDuMetal.com. Peux tu nous parler des influences musicales du groupe ?

Nous avons des influences musicales assez différentes. Radiohead est mon groupe favori. J'écoute aussi du Tool, Pink Floyd, Led Zeppelin, Queens of the Stone Age, Janis Joplin, Hendrix, du blues, de la musique latine – la liste est longue. Tom (le batteur) est aussi orienté metal. Les gouts de Bob, sont très éclectiques. Justin est plutôt funk. Tout ça se mélange dans notre son.

D'où vient le nom du groupe ?

Il est inspiré d'une de mes chansons préférées des Pink Floyd: Set the Controls for the Heart of the Sun

J'ai lu que tu es d'origine Sri-Lankaise ?

Oui, je suis né en Australie mais mes parents sont Sri-Lankais. Ma mère est chanteuse Carnatic, un style de musique du Sri-Lanka et du sud de l'Inde. Elle me l'a enseigné dès l'âge de huit ans

Vous semblez être un groupe australien très européen ?

Les réactions lors des concerts en Europe ont toujours été très positives, donc il semble qu'on plait bien aux Européens. Pour autant je ne peux pas dire qu'on ait un son européen, ce qui veut sûrement dire quelque chose de différent pour chacun de nous

J'ai remarqué que vous tournez beaucoup en France. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Qu'est ce qui vous attire chez nous ? Le rock 'n' roll, les filles, le vin ?

Superbes vins, superbe cuisine, superbes femmes et une telle richesse artistique... Vous avez la formule parfaite. Personellement, je suis totalement amoureux de la France. Du point de vue musical, les choses ont commencé à décoller pour nous ici alors on revient à chaque fois. Les fans français sont toujours des passionnés, ce qui fait que nos concerts sont un vrai plaisir pour nous. Tourner en France est en plus assez facile pour nous, par rapport à d'autres groupes australiens puisque nous habitons à Berlin.

En fait, je vous ai entendus pour la première fois lors d'un concert à Grasse, pour lequel j'avais gagné une place sur une radio. Une toute petite salle, mais quel show ! Vous aimez les petites salles ?

Les petites salles sont au coeur de tout ce que nous avons fait ces deux dernières années. Elles sont le meilleur moyen de se faire une fanbase dans un nouveau pays, faire du buzz et avoir quelques, comment dire, galères locales. C'est un gros boulot. Nous sommes indépendants, et nous avons parcouru l'Europe ces derniers dix-huit mois, à raison de trois ou quatre concerts par semaine, toutes les semaines. Mais on s'est bien marrés aussi. On va faire des festivals et des plus gros concerts en France cette année, mais il y aura toujours plein de petites salles dans la prochaine tournée.

Tu as surpris la salle avec une énorme présence scénique. Quel show ! Est-ce que cette partie théatrale est aussi importante que la musique ?

Merci ! Je ne réfléchis pas vraiment à ce que je fais sur scène. Je chante juste. Les paroles, surtout de cet album, ont beaucoup de sens pour moi, donc j'ai tendance à m'y perdre quand on joue. Quand je revois des vidéos de concerts, je trouve cela assez étrange des fois !

Le dernier album s'appelle "King of the Sugarcoated Tongues". Peux-tu expliquer la signification ? C'est un peu obscur pour la plupart d'entre nous...

En Anglais "to sugarcoat something" c'est de le rendre plus attirant, plus intéressant qu'il ne l'est en réalité. "Tongues" est une métaphore de "mots" [Le Roi des belles phrases].

Donc ça raconte une histoire. Peux tu la résumer ?

C'est une histoire en huit chapitres, à propos du besoin de sécurité recherché par les Hommes et des libertés qu'ils sont prêts à abandonner en échange. Je préfère ne pas donner plus de détails pour que les gens puissent se faire leur propre interprétation

Comment ont été écrites ces chansons ? Est ce un travail de groupe ? Pour les paroles, la musique, l'enregistrement ?

La composition commence généralement par la voix et la guitare. J'ai une mélodie ou Bob un riff. On se réunit et on assemble une démo qu'on propose ensuite au reste du groupe. Les choses évoluent quand chacun rajoute ses parties. Par moments, une partie ambiante se transforme en une tuerie, ou inversement. Ensuite on la rajoute à notre set list et elle évolue encore. On a découvert que le meilleur moment pour peaufiner un morceau c'est pendant les concerts. 

Nous avons produit "King of the Sugarcoated Tongues" nous-mêmes. Dans le studio, nous voulions garder tout le plus naturel possible donc nous avons enregisté ensemble et sans click. On a enregistré sur bande. Les ajouts de guitares, percussion et les choeurs ont été réalisés dans notre studio perso. Peter Schmidt a mixé l'album à Berlin et Ted Jensen l'a masterisé à New York.

Mes paroles sont tout ce qui peut être important pour moi, ou que j'ai à l'esprit à un moment donné. Je n'avais pas écrit de fiction depuis un certain temps, donc le faire pour un album fut un bon moment pour moi.

Je trouve le son de "King of the Sugarcoated Tongues" assez different, plus attractif pour mes oreilles de metalleux, que "Living Receiver", votre album précédent. Pensez vous qu'il y a une grosse évolution du son entre ces deux albums ?

Absolument. Il date de 2008, notre son a changé depuis cette date. J'aime toujours jouer des morceaux de "Living Receiver" pendant les concerts mais "King of the Sugarcoated Tongues", c'est là où nous en sommes aujourd'hui. Et j'espère que nous serons ailleurs pour notre prochain album aussi. Ca n'a pas de sens de faire deux fois le même album.

Vous avez décidé de distribuer l'album en entier gratuitement sur internet, en sortant un morceau par semaine. Pourquoi une telle approche ?

Nous voulons proposer notre musique aux plus d'oreilles possible. Les gens peuvent downloader les morceaux gratuitement et en retour parler de notre musique sur facebook ou twitter pour nous aider à nous faire connaitre. Ca marche pas mal. Nos fans nous aident beaucoup.

Et puis nous vendons aussi l'album sur notre site web, sur iTunes et Amazon, bien sûr. Les gens qui veulent le pack CD sympa (décoré par l'artiste australien Divij Darbar) ou un enregistrement de meilleur qualité peuvent l'acheter. Ca nous permet de payer notre loyer.

J'ai aussi lu que votre premier album était distribué sur votre propre label. C'est le cas de celui là aussi ?

On est complètement indépendant. Nous gérons notre propre label, Honeytrap Records, qui est dirtribué en Europe par Rough Trade.

N'est ce pas difficile de gérer l'aspect business des choses tout en gardant un esprit artistique ?

La vache oui ! Je manage le groupe depuis cinq ans et j'essaye toujours de trouver le bon équilibre. Il faut se garder du temps pour être créatif, tous les jours, même si on est super occupé. Et puis, être sur les routes sans arrêt complique aussi les choses. L'accès à Internet depuis les mobiles nous sauve. On fait du mieux que l'on peut. Le business nous permet d'être des musiciens, et pas l'inverse. Il faut garder du temps comme artiste sinon tout ça n'a plus de sens.

Vous arrivez à écrire de nouvelles compositions sur la route, entassés dans un combi VW ?

On écrit tout le temps : dans les chambres d'hôtel, backstage, à Berlin pendant nos jours de repos. Il y aura un nouvelle album l'année prochaine, mais pour l'instant la priorité c'est la tournée "King of the Sugarcoated Tongues".

Vous n'avez jamais le mal du pays ?

C'est dur. Dans les derniers dix-huit mois, nous n'avons vu nos familles et amis en Australie que deux semaines. Tourner est une aventure de tous les jours qui nous occupe bien l'esprit, mais oui c'est difficile.

Quels sont les plans pour The Sunpilots?

Nous n'allons faire pratiquement que des festivals cet été et nous rentrerons trois semaines en Australie en septembre. Quand nous reviendrons, nous démarrerons notre plus gros tour en Europe: UK, France, Allemagne, Suisse, Autriche, Scandinavie et Pologne. Nous avons aussi décidé de rendre notre appart à Berlin et de vivre sur les routes pour ces six mois. On pense l'appeler le Gypsy Tour. On va peut être finir par s'entretuer, mais on a déjà vécu ensemble deux ans, on est bien entrainé, donc on devrait gérer ça bien. Après ça on attaque l'Amérique du Nord.


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