Teodor Tuff

Interview date

09 Avril 2012

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview K. Lysklætt et C. Harøy (par mail)


Bonjour et merci de répondre aux questions suivantes pour le webzine français Aux Portes Du Metal. Tout d’abord, pouvez-vous rapidement présenter le groupe et nous en dire un peu plus sur ce nom énigmatique ? D’où vient ce Teodor Tuff ?

Knut : Teodor Tuff était un ouvrier agricole à Vallersund, le village où nous avons tous grandi. Teodor vivait sur une île et se montrait rarement, sauf lors de la journée de la constitution, quand il assistait à la parade, en se cachant derrière le fermier pour lequel il travaillait. Teodor est quasiment devenu une légende auprès de nous autres, quand nous étions gosses. Pour autant que je sache, personne d’autre n’a ce nom, ce qui fait de Teodor Tuff quelqu’un de vraiment singulier. Le nom du groupe est donc un hommage à M. Tuff. Nous espérons également devenir singuliers, et nous faire remarquer grâce un son qui nous est propre.

Teodor Tuff ayant subi de très gros changements en termes de line-up et de direction musicale, avez-vous pensé à changer le nom du groupe pendant un moment ?

Knut : Bien sûr que non ! Tout est dans la réponse précédente.

Pouvez-nous en dire plus sur ces changements ? Il n’est pas courant de voir un groupe changer à ce point d’un album à l’autre.

Knut : Le premier album était le fruit de la réunion de cinq amis d’enfance qui se sont retrouvés à boire du whisky ensemble et ont alors décidé d’enregistrer un disque. On a pris beaucoup de plaisir à le faire mais, en l’écoutant aujourd’hui, on se rend bien compte qu’il n’avait pas de direction musicale clairement définie et que la production était bien trop soft. Ayant fait le premier album, je savais que le groupe pouvait aller de l’avant mais qu’il allait falloir mieux définir son identité et durcir un peu le ton. Je voulais clairement orienter le groupe vers le metal mais c’était difficile avec le premier line-up, nos goûts musicaux étant trop disparates. Je voulais aussi que le groupe participe plus activement à l’élaboration des arrangements et s’investisse davantage dans la production, pour me libérer un peu et me permettre d’être plus créatif. Après une discussion amicale portant sur la direction du groupe, le bassiste, le guitariste principal et le chanteur ont quitté le groupe (merci de nous avoir aidés à faire décoller le groupe) ! Heureusement, en quelques semaines, nous avons trouvé leurs remplaçants. Arrivent donc les Harøy : Christer Harøy (guitare), Rayner Harøy (basse) et leur cousin Terje Harøy (chant) ont décidé de nous rejoindre. Pendant les premières répétitions, on savait que nous tenions quelque chose de spécial. Tous ces gars sont des musiciens très compétents et ils ne craignent pas d’expérimenter, de jouer avec des idées un peu folles ou de pousser le groupe dans des retranchements plus metal. Le groupe a maintenant trouvé sa voie - et nous allons tous dans la même direction.

Sur l’album précédent, vos racines semblaient davantage implantées dans le hard rock des années 70. Quelles furent vos influences pour “Soliloquy” ?

Christer : Pour cet album, les influences sont venues d’endroits différents. D’un côté, Rayner et moi sommes influencés par le metal, et ça a été mélangé avec les influences de Knut qui proviennent des comédies musicales, de la musique classique ou du hard rock… Je pense que nous sommes arrivés à créer quelque chose qui sonne de manière un peu différente.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les invités qui ont participé à l’album ? Avez-vous rencontré la plupart des artistes qui ont joué sur le disque ? Comment ces collaborations ont-elles vu le jour ?

Christer : Nous n’avons rencontré aucun des guitaristes invités pendant l’enregistrement de l’album. J’avais rencontré Martin Buus et Mattias IA Eklundh avant, mais nous avons principalement communiqué par email ; on s’est envoyé des fichiers pendant l’enregistrement de l’album. J’ai envoyé un email à Jeff Waters, puis un fichier MP3, et il me l’a renvoyé avec le solo. J’ai joué avec Ida Haukland dans Triosphere, et c’est une bonne amie à moi, elle nous a donc rejoints en studio à Trondheim. Tonje est ma sœur et la cousine de Rayner, j’ai écrit et enregistré quelques démos avec elle, elle nous a donc également rejoints en studio pour enregistrer quelques parties de chant et autres chœurs. Rayner et moi jouons avec Eskild Kløften dans Divided Multitude, nous lui avons donc demandé d’ajouter quelques claviers sur trois chansons. Pour le mixage de l’album, nous nous sommes rendus au studio de Jacob Hansen, et nous sentions qu’il fallait quelques chœurs supplémentaires sur quelques pistes. Jacob a donc participé sur ces morceaux. Quel homme !!! Un grand producteur et chanteur !!!

C’est amusant que vous ayiez invité des guitaristes comme Jeff Waters (Annihilator) ou Martin Buus (Mercenary) parce que ces deux-là jouent dans des groupes plus brutaux (thrash ou death mélodique) que Teodor Tuff…

Christer : C’est vrai qu’Annihilator et Mercenary sont plus heavy et agressifs que Teodor Tuff. Je suis un grand fan de ces deux groupes, ainsi que de ces deux guitaristes. Ils sont techniquement brillants, mais ils sont aussi très forts pour ce qui est d’apporter de super mélodies dans leurs solos.

Avez-vous l’opportunité de partir en tournée afin de promouvoir cet album ?

Christer : Nous sommes en train d’y travailler, nous espérons pouvoir tourner en Europe à l’automne, mais rien n’est encore fixé. Avec un peu de chance, nous devrions pouvoir donner quelques concerts en Europe en 2012.

Avec qui aimeriez-vous tourner ? Quelle serait votre affiche idéale ?

Christer : Oh… Il y a tellement de groupes avec lesquels nous aimerions tourner, et dans des styles de metal très différents. Ce serait un honneur de jouer sur la même scène que des légendes comme Black Sabbath, Iron Maiden, Rush, Judas Priest mais aussi des groupes plus modernes comme In Flames, Dream Theater, Nevermore… et bien d’autres. La tournée idéale, ce serait de parcourir le monde, en tête d’affiche avec ces groupes qui ouvriraient pour nous… hé hé hé.

Qui a écrit les mélodies des refrains ? Certaines d’entre-elles sont vraiment particulières et originales dans le sens où elles ne sonnent pas comme les refrains typiques de power metal mélodique auxquels nous sommes habitués, je pense notamment à “Heavenly Mana”.

Christer : J’ai écrit quatre chansons pour cet album et Knut s’est chargé du reste. Knut a vraiment une façon unique de composer d’excellentes mélodies qui ne ressemblent à rien de connu. Son spectre très étendu d’influences lui fait aborder les choses différemment. J’adore sa façon de concevoir les mélodies et les harmonies.

Les trois nouveaux membres du groupe partagent tous le même nom de famille : Harøy. Il y a également une chanteuse invitée qui a participé au disque et qui s’appelle Tonje Harøy… Est-ce que quelqu’un dans cette famille fait quelque chose qui n’a pas de rapport avec la musique ?

Christer : Hé hé hé… Et bien oui, nous sommes une famille dans laquelle beaucoup font de la musique. Je pense même qu’on aurait pu inviter trois ou quatre autres membres de la famille en plus :)

Vous êtes norvégiens. Nous connaissons plus de groupes qui viennent de Suède ou de Finlande. Est-ce plus difficile pour un groupe de metal d’exister dans votre pays ? Diriez-vous que le heavy metal n’est pas aussi populaire en Norvège que chez ses voisins ?

Christer : Nous ne sommes pas aussi nombreux… hé hé hé. Je pense que le heavy metal est plus profondément implanté dans la culture suédoise ou finlandaise. Mais n’oublions pas que peu de groupes émergeaient de Finlande avant les années 90. Et maintenant la Finlande se retrouve avec beaucoup de groupes de qualité et certains groupes de metal dominent les charts. C’est devenu un bon pays pour le hard rock et le metal. En Suède, le hard rock et le metal sont déjà plus une tradition. Beaucoup de très bons groupes y ont vu le jour depuis les années 80 jusqu’à aujourd’hui. En Norvège, nous avons aussi quelques très bons groupes issus des années 80 ou 90, comme TNT, Stage Dolls et Conception. Puis le black metal a explosé dans les années 90, permettant à des groupes comme Immortal, Darkthrone, Mayhem, Dimmu Borgir, Satyricon ou Emperor de devenir les produits culturels les plus exportés du pays. Depuis la fin des années 90, d’autres groupes comme Pagan’s Mind et Circus Maximus ont aussi percé sur la scène internationale. Il y a donc des groupes qui viennent de Norvège aussi, mais pas autant qu’en Suède et en Finlande, c’est sûr. Il faut dire que la presse ou la radio norvégienne ne parlent absolument pas de metal. Heureusement, internet a donné aux gens un plus grand accès aux magazines et webzines du monde entier, alors avec un peu de chance, vous entendrez parler de plus de groupes norvégiens dans les années à venir. J’espère que tout était assez clair… ha ha ha ha :)

Votre musique est assez variée et surprenante. A l’écoute de la première piste, on pourrait s’attendre à écouter un groupe stylistiquement proche de Therion… mais le reste de l’album n’a rien à voir avec ça. Est-ce très important pour vous de surprendre l’auditeur ?

Christer : Je ne crois pas que nous cherchions à surprendre. Knut a composé l’intro, il voulait qu’elle soit grandiose avec beaucoup d’effets et des chœurs féminins. Je me suis occupé des arrangements concernant les guitares, la batterie et la basse, et je pense que le résultat est vraiment cool. Les autres chansons peuvent surprendre puisqu’elles résultent d’influences diverses. Rayner et moi sommes fans aussi bien de hard rock mélodique que de groupes comme Pantera ou In Flames, et de quasiment n’importe quel groupe de thrash des années 80 ou 90. Pour Terje, c’est à peu près pareil, mais il aime aussi des groupes comme Audioslave. Knut et Knut ont grandi avec le hard rock des années 70, et l’amour de Knut Lysklætt pour la musique classique contribue à l’élaboration d’un son propre à notre groupe.

Y a-t-il d’autres idées surprenantes que vous aviez sans pouvoir les utiliser sur “Soliloquy” et que nous pourrions retrouver dans le prochain album ?

Christer : Pour cet album, nous avions plein d’idées que nous n’avons pas utilisées. Je crois que Knut a composé dix chansons qui ne figurent pas sur l’album. J’espère et je pense que nous utiliserons au moins quelques morceaux d’entre elles sur le prochain album. Quelques idées sont vraiment cool.

Quels sont vos plans pour 2012?

Christer : Avec un peu de chance, nous allons donner pas mal de concerts et, j’espère, faire une tournée Européenne. Le processus est amorcé et nous sommes en train de réserver des dates en ce moment même.

Maintenant vous pouvez répondre à une question que vous auriez bien aimé que je vous pose et à laquelle je n’ai pas pensé.

Christer : Teodor Tuff, voulez-vous que je vous permette de participer à tous les festivals de metal en France comme le HellFest ou le Raismes Fest ?

Le mot de la fin pour vos futurs fans français :

Christer : Nous remercions tous ceux qui ont acheté l’album et ceux qui ont tenu à découvrir le groupe. Nous espérons bien rendre visite à la France courant 2012, à bientôt. :)


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