Orphaned Land

Interview date

11 Novembre 2011

Interviewer

Didier et PhilippeC

I N T E R V I E W

Interview Yossi Sassi (en face à face)


Salut Yossi, merci d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions du webzine auxportesdumetal.com 

Salut les gars !

D’abord nous voulions revenir un peu sur le Hellfest. Nous vous avons vu là bas, c’était cool. Comment l’avez-vous vécu ?

C’était un rêve pour nous. Même si ça n’était pas la première fois que nous étions au Hellfest. Nous y étions en 2006 déjà. Mais c’était fascinant de voir à quel point le festival a grossi. J’ai aussi rencontré pas mal de potes que je n’avais pas vus depuis longtemps. Comme les mecs de Ozzy Osbourne, Gus G, et mon ami de Mr Big, Paul Gilbert par exemple. Donc pour moi, ce fut un super festival, à la fois backstage et sur scène, c’était vraiment agréable, ce qui n’est pas toujours le cas sur les festivals. D’ailleurs j’y suis resté pratiquement toute la durée du festival, ce qui m’a permis aussi de discuter avec des contacts pour mes contrats de sponsoring.

On dirait que le metal progressif progresse dans le festival, non ?

Ce qui se passe au Hellfest s’est aussi passé dans les autres festivals quand ils grossissent. Ils doivent satisfaire plus de monde. Et c’est normal, si tu veux passer de dix mille personnes à quatre-vingt mille personnes ou même plus, tu ne peux plus compter que sur les fans de Death ou de music underground, tu dois ajouter toutes sortes de musiques, comme le progressif. En tout cas, on a eu de très bon retour.

Nous avons entendu que votre danseuse du ventre avait eu des ennuis pour avoir levé un drapeau libanais sur scène avec celui d’Israël ?

Oui en effet, nous avions collaboré, sur ce concert là, avec Johanna Fakhri, une danseuse du ventre libanaise. Malheureusement, depuis cela, on lui a refusé le droit de rentrer au Liban. C’est fou car au départ, elle a fait ce geste car elle est fière de son pays. C’est triste mais son gouvernement ne l’a pas accepté et je crois qu’elle a même reçu des menaces de mort. C’est tellement absurde. En ce moment, elle est toujours en France et n’a pas le droit d’aller au Liban.

Et vous, vous avez eu des ennuis après cette histoire ?

Non, aucun problème. Ca se passe toujours assez bien pour nous. Nous sommes là depuis plus de vingt ans, avec des centaines de concerts dans plus de trente pays. Nous n’avons jamais eu de problème majeur, seulement des petites choses ici et là.

Aujourd’hui vous tournez avec Arkan et Myrath, c’est quelque part un beau symbole, c’est important pour vous ?  

C’est très important. C’est la première fois dans l’histoire de la musique, je pense, de voir une tournée metal orientale avec des groupes du Moyen Orient. C’est un grand pas, c’est quelque chose dont nous avons toujours rêvé de faire quand nous avons commencé à jouer, au début, en tant que pionnier metal au Moyen Orient. Nous sommes ravis de pouvoir collaborer avec Arkan, avec qui nous sommes amis depuis quelques années déjà, et aussi Myrath et Artweg. Un vrai bonheur, nous sommes très contents de pouvoir faire une tournée européenne avec eux.

Tu mentionnes Arkan, il me semble en effet que Kobi chante sur un morceau du dernier album d’Arkan ?

Oui, Kobi chante sur un morceau. C’est important de s’ouvrir. Moi, par exemple, vu que je compose et produis les albums d’Orphaned Land depuis sa formation, il y a vingt ans, j’essaye de toujours garder l’esprit ouvert, tel un explorateur de sons et d’instruments. Je joue plus de vingt-deux guitares à la maison, c’est très important de rester focalisé sur la musique et de trouver d’être toujours plus créatif. Donc oui, je collabore, avec par exemple des musiciens du Portugal, du Koweit. Je produis aussi des jeunes groupes. En ce moment je bosse sur mon premier album solo, Melting Clocks, qui sortira début 2012, avec la participation de Marty Friedman et d’autres musiciens et chanteurs de renommée. L’enregistrement est terminé, je bosse sur l’artwork, je peux vous montrer d’ailleurs. Il sortira sous mon nom Yossi Sassi, et ça sera un album à moitié instrumental, et à moitié chanté. 

Parlons un peu de votre dernier album, comment a-t-il été accueilli ?

Il est sorti il y a un peu plus d’un an maintenant, et a reçu des chroniques fantastiques de nombreux magazines. C’est aussi un bon succès commercial. Bien sûr, l’industrie du disque est en déclin, mais le public et les chroniqueurs l’ont aimé. De plus en plus de gens viennent aux concerts en Europe et aux USA. De plus en plus de nos concerts sont complets, c’est un bien meilleur indicateur que les ventes de CD.

Ne trouves-tu pas que les fans de metal achètent quand même plus de CD que dans les autres styles ?

Oui c’est vrai, les fans de metal restent loyaux envers les groupes. Même si on voit un déclin et un album comme "ORwarriOR", il y a dix ans, aurait facilement vendu 250 000 copies, mais aujourd’hui il ne fait que dix mille ou vingt mille, mais pour nous ça reste un énorme succès. Nous l’avons aussi mis à disposition en téléchargement gratuit et légal, sur notre site web pour 17 pays arabes comme Bahrein ou l’Iraq. Nous voyons beaucoup de download de ces pays où ils ne peuvent obtenir notre musique. Ils nous confirment sur notre Facebook ou notre site web que les CD ne sont pas distribués dans ces pays. 

Parce que c’est du metal ou parce que vous êtes israëliens ?

Les deux.

Est-il difficile d’être un groupe de metal en Israël ? Plus dur qu’en Europe ?

C’est plus ou moins pareil pour ce qui est des enregistrements et du la gestion du groupe. C’est plus dur par contre, parce que nous sommes éloignés géographiquement de l’Europe, pas parce que nous sommes en Israël. Ca serait pareil pour un groupe basé aux Philippines ou en Australie. C’est plus facile de tourner en Europe si tu es n’importe où en Europe. Pour nous avec huit membres en incluant les techniciens, c’est plus difficile.

Est-il plus difficile de trouver vos équipements ?

C’est facile de trouver le matériel musical au Moyen Orient. En plus je m’occupe des sponsors pour le groupe, et j’ai réussi à négocier de bons deals avec pas mal de bons vendeurs haut de gamme, comme Pearl pour la batterie, les guitares PRS, les amplis Engl, toutes sortes de pédales…

Qu’en est-il des audiences en Israël, vous avez des fans là-bas ?

Ca a bien changé par rapport à nos débuts. En Israël, on a des foules considérables à nos concerts. Mille, mille cinq-cents personnes, c’est toujours plein, et c’est une vraie fête, on voit même des gens qui viennent de l’étranger pour la grosse fête. Nous avons ouvert les portes à de nouveaux groupes, il y a maintenant huit ou dix groupes actifs qui se produisent et au moins trois qui sont déjà signés sur des labels.

Steven Wilson vous a apporté son aide sur l’album il me semble ?

Oui. Il a juste mixé l’album. Au départ il devait le produire, mais finalement on l’a produit nous-même. Il a aussi joué des claviers. C’est un bon ami et nous sommes très à l’aise avec lui, quand il bosse avec nous sur notre musique. Il a aussi travaillé avec nous sur le DVD et il y a des chances que nous bossions encore ensemble.

Parle-nous un peu de ce DVD ?

C’est le premier DVD de Orphaned Land en 20 ans. Il y a aussi Steven Wilson dessus, qui reprend certains de nos morceaux. C’est deux DVD, pas loin de trois heures de contenu en incluant les bonus. Le concert a été filmé avec 17 caméras HD et a été mixé par Jens Bogren qui a fait aussi le DVD d’Opeth. Certains disent même que le son est meilleur que sur l’album. C’est vraiment cool, on a mis des caméras sur les guitares pendant les solos, sur le pied du micro…
Il est disponible maintenant en Europe. On le vend pendant la tournée.

Votre chanteuse yéménite, Shlomit Levi, ne tourne pas avec vous. Pourquoi ?

Non en effet, elle est maman d’un enfant en bas âge. Etre mère et épouse rendent les choses difficiles quand il s’agit de tourner avec nous pendant un mois. Elle est avec nous pour les concerts en Israël ou en Turquie par exemple, quand c’est pas loin, et pour pas longtemps. Mais vous la verrez sur le DVD et de temps en temps sur des festivals.

Qui joue le solo à la fin de "The Warrior" ? Il sonne comme si Uli John Roth était invité…

Merci, mais c’est bien moi. Et je le jouerai aujourd’hui, si l’électricité revient enfin…

Je te laisse le mot de la fin pour nos lecteurs…

Je voudrais juste dire aux gens d’être sympa les uns avec les autres. Et de continuer à croire en la musique, c’est au dessus de tout le reste, au dessus de la religion, de la politique…. Aussi n’oubliez pas notre DVD et mon album solo quand il sortira, tout est sur mon site.


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