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Trust
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I N T E R V I E W
Interview Nono (face à face)Salut Nono, merci pour cette interview pour notre webzine auxportesdumetal.com, et tout d'abord, Patrick Rondat, qui était là lundi, te passe un petit bonjour ?C'est super, merci, oui c'est mon pote, un super musicien et un super mec ! Alors, tu es en concert privé ce soir au magasin Music 3000 de St Laurent du Var. Tu représentes Gretsch, raconte-nous un peu ça ? Tu joues avec qui ce soir ?Alors, je joue avec des musiciens locaux que j'ai découverts aujourd'hui et qui sont excellents ! Et donc que je ne connaissais pas du tout auparavant. C'est toujours une bonne expérience. J'aime bien rencontrer d'autres musiciens et faire ce genre de trucs, c'est toujours intéressant, tu fais des rencontres et c'est toujours enrichissant [le barman apporte deux verres de bordeaux, que, très sympa, Nono prend sur sa note de chambre]. Voilà [le responsable du magasin a fait ramener la guitare que Nono avait laissé au magasin car il veut bosser quelques morceaux dans sa chambre après l'interview] Ca fait longtemps que tu représentes Gretsch ? Comment ça se passe, tu bosses pour Fender et Gretsch ?Alors je vais t'expliquer. J'ai signé un contrat avec Fender Etats-Unis avant même que Fender France n'existe, et avant que Fender ne rachète Gretsch, c'était encore deux marques séparées et autonomes. J'ai signé ce contrat en 1997 ou 1998 par là, et après j'ai assisté à la création de Fender France, je connais donc toutes les personnes de Fender France, depuis le début à aujourd'hui, tous ceux qui sont rentrés, partis, je fais partie des murs et de la maison [rires]. Tu fais souvent ce genre de master class ?Pas du tout. Je le fais très, très rarement. Je le fais aujourd'hui parce que je travaille avec Fender et Gretsch et que quelque part, il faut que je donne un peu de ma personne pour représenter ces grandes marques. Ici, les conditions sont excellentes, il y a une belle scène, d'excellents musiciens et de très bonnes conditions techniques et surtout ce ne sera pas un cours de guitare, mais du live ! Faire des master class tout seul est moins intéressant pour moi car d'une part, je ne suis pas pédagogue, et d'autre part ce n'est pas mon truc, je préfère de loin faire du live, d'où ma présence ce soir car ce sera 100% live ! A part la Corvette que tu as signée, tu participes à l'élaboration de certains produits de la marque ?Non. J'ai d'abord eu l'honneur et la chance d'élaborer, en 2001, une Fender Stratocaster signature, la "NonoCaster", que nous avons conçu ensemble avec la marque. Et là, avec Gretsch, j'ai participé à l'élaboration de mon modèle Gretsch, une "Corvette G5135N", mais par contre non, je n'interviens pas du tout dans le développement ou l'élaboration des autres modèles de la marque, ils n'ont pas besoin de moi pour ça ! Alors, roulements de tambours, le 6 juin sort ton premier album solo : il était temps ! Pourquoi avoir tant attendu ?Oui. Alors il sort le 6 juin, jour du débarquement, mais c'est aussi la Saint Norbert ! Mais je précise que ce n'est pas calculé, ce n'est que le fruit du hasard, je tiens à le dire. Alors pour répondre à ta question, pourquoi avoir attendu autant ? Ca doit faire plus de dix ans que j'annonce mon album solo, tous les ans je l'annonce pour l'année qui suit, ainsi de suite... bla bla bla... J'ai eu et j'ai toujours la chance d'être beaucoup sollicité et donc de travailler beaucoup depuis que j'ai commencé ce métier il y a plus de trente ans, et une des parties de ce métier qui me plaît le plus, hormis la scène et le live bien sûr, c'est de travailler en collaboration avec d'autres musiciens, d'autres artistes. Donc, chaque fois qu'on me sollicite pour travailler sur un projet d'album qui me plaît, ou pour faire, soit des parties de guitares, soit un travail sur des arrangements ou autre, tant que c'est de la collaboration musicale, j'accepte. J'aime beaucoup ça et donc, à chaque fois, je mettais en stand-by mon projet d'album, et du coup je repoussais de quelques semaines... quelques mois... quelques années... Le temps passe très très vite ! Ensuite en 2006, il y a eu la reformation de Trust, on a dû se consacrer à ce retour du groupe, faire l'album, la promo, les tournées et tout ce qui s'en suit. Et j'ai donc encore repoussé le mien. Au bout d'un moment, je me suis dit que je n'allais plus être crédible à force de repousser mon projet, j'allais finir par l'appeler "l'arlésienne" cet album... donc je me suis dit qu'il fallait que j'arrête tout et que je m'y consacre. C'est ce que j'ai fait l'année dernière. L'été 2010, je me suis dit : "je ne prends plus rien comme travail et je me consacre entièrement à mon disque". Et puis, je crois aussi que les choses arrivent quand elles doivent arriver... donc l'heure a sonné ! C'est marrant mais, il y a un mois le premier album solo de Brian Robertson de Thin Lizzy, est aussi sorti, lui aussi est né en 1956, vous vous êtes donné le mot ou quoi ? La crise des 55 ans ?Le guitariste de Thin Lizzy ? Cette année ? Super ! Et bien c'est peut-être ça aussi ouais la crise des 55 ans ! [rires]. Je suis un grand fan de Thin Lizzy. Malheureusement Phil Lynnot est décédé trop jeune ! Il était pour moi et certainement pour beaucoup partie intégrante du groupe, la couleur et l'essence même du groupe, sa manière de chanter, sa voix et sa personnalité. Ca a été une grande perte, et ça ne sera plus jamais comme avant... Alors qui t'accompagne sur cet album ?J'ai évidemment monté mon projet autour d'un groupe. Le choix n'a pas été facile... les critères étaient d'abord le rapport humain, c'est très important. Parce que je sais ce que c'est que d'être dans un groupe depuis longtemps. Il faut s'apprécier, s'aimer, avoir du plaisir à passer des heures ensemble, des journées, voir des semaines ensemble, quand on est en tournée, donc se supporter. Ce fut mon premier critère. Et mon deuxième était musical évidemment, musical, en tant qu'instrumentiste, mais aussi en tant que chanteur. Parce qu'en fait sur cet album, tout le groupe chante. Et je tenais absolument à ça, il n'y a pas de chanteur lead. J'avais envie de monter un groupe de copains, mais sans chanteur lead. On est quatre, deux guitares, basse, batterie. On a, Jimmy Montout, à la batterie et au chant, Sly Léon Combettes à la basse et au chant, Pat Llaberia à la guitare et au chant, et donc moi à la guitare bien sûr et au chant aussi ! Sur l'album il y a quelques personnes en guest, tout d'abord mon frère Jean-Claude qui vit en Angleterre depuis plus de 30 ans, et qui a écrit tous les textes en anglais, il chante sur 4 titres de l'album. Il y a ma belle-fille qui fait quelques petites parties de voix, mon ami et talentueux Greg Zlap à l'harmonica, il travaille avec Johnny Hallyday, mon ami Erick Bamy pour quelques choeurs, ma copine Dalida pour quelques choeurs et saxophone sur un titre, mon ami Thierry Tamain au piano sur un titre instrumental et pour finir Bako [Pascal Mikealian] à l'harmonica sur la reprise de Canned heat "On the road again" que nous avons enregistré et ré-arrangé live en studio. Tu chantes aussi sur l'album alors ?Oui, je fais les doubles voix dans les refrains, les doublettes dans certains couplets. Par contre sur scène, les quatre chansons que mon frère interprète sur l'album, je vais les chanter sur scène... du moins essayer... [rires] et j'ai la trouille... L'harmonica sur ton l'album est vraiment excellent...Greg Zlap, pour en revenir à lui, joue depuis deux ou trois ans avec Johnny Hallyday. Pour l'anecdote, avec Greg, on avait monté un groupe de blues ensemble en 2006/2007, nous avons un mini LP 5 titre live qui sortira un jour. Il a été embauché chez Johnny sans aucune interférence de ma part... j'ai trouvé ça extraordinaire. C'est un harmoniciste exceptionnel. D'ailleurs il vient de sortir un album qui s'appelle Air, qui est un album de blues, un album superbe. Comment s'est passé l'enregistrement de cet album ?J'ai commencé en juillet/aout 2010 à trier la quantité énormes de titres que j'accumule dans mes tiroirs depuis tant d'années. J'ai donc passé bien deux mois voire deux mois et demi, à ressortir tout ce que j'avais fait, réécouter, et à faire une petite mouture d'album avec les morceaux qui me plaisaient bien. Et puis je me suis aperçu que dans cette première mouture de l'album, il y avait trop de morceaux medium, blues medium, et que ça ne pêtait pas assez à mon goût. Donc je me suis dit, c'est pas bon, et donc, j'ai refait un autre tri, ça m'a pris du temps, et au bout d'un moment je me suis dit, et puis merde... Balles neuves comme on dit en tennis... Je vais en refaire des nouveaux, et j'avais envie d'en recomposer de nouveaux de toute façon. Donc en fait, sur l'album je n'ai gardé que deux anciens morceaux, qui sont deux instrumentaux, un qui s'appelle "WaveDream" qui doit dater de 1986 ou 1987 , et l'autre "Charter 68" de 1999. Sinon pour le reste, ceux sont des morceaux que j'ai composés, entre novembre et décembre de l'année dernière. J'ai reçu la promo de l'album, pour le chroniquer, je le trouve excellent. Très varié, avec quelques trucs géniaux, par exemple presque toutes les fins des morceaux sont étranges, rien à voir avec le reste du morceau, comme une sorte d'intro sur le morceau d'après, c'est quoi le plan ?Merci. C'est super. Oui en effet, il n'y a pas de silence entre chaque morceau, tout s'enchaine et j'y tenais car pour moi, la musique c'est un voyage, et donc je ne voulais pas un enchainement classique de chansons avec entre chacune d'elles, des silences, j'avais envie de faire un truc continu, et à chaque fois qu'on enregistrait un morceau, à la fin, je disais aux mecs, on ne fait pas de fin, on part en bœuf, et on partait en bœuf. Ensuite j'ai essayé de coller tout ça, et cela me plait bien ! Ca donne un côté fun...Cela j'y tenais particulièrement à ce côté fun, parce que la musique, je la fais sérieusement, mais sans me prendre au sérieux ! La musique est un voyage, mais c'est aussi donner du plaisir, et du fun aussi ! Du moins c'est ce que je voulais avoir sur cet album. C'est un album plutôt rock, musclé mais rock, tu n'as pas peur de décevoir les hardos qui ne jurent que par les riffs d'Antisocial ?Les fils du metal ? [rires]. Ecoute, je vais te dire une chose sincère, de toute façon tout ce que je dis, je le dis sincèrement, cet album je l'ai fait d'abord et uniquement pour moi ! C'est à dire qu'il était important et primordial que j'en sois d'abord pleinement satisfait et surtout en phase avec ce que j'ai envie t'entendre et ce que j'aime. Je n'ai pas pensé une seule seconde à ce qui ferait plaisir aux uns ou aux autres, ni à ce qu'on pourrait attendre de moi, que ce soit les fans de Trust, de Johnny, de guitaristes en général, tu vois ? Je me suis aperçu tout seul lorsque j'ai ressorti mes vieux morceaux des tiroirs, qui dataient de quelques années... qu'ils ne me correspondaient plus exactement, je me suis aperçu aussi et en fait que ce n'était pas assez rock. J'en ai tiré tout seul la conclusion que ce que j'avais envie de faire sur cet album, c'est du Rock ! Du moins pour l'instant et surtout concernant ce premier album solo. Voilà, maintenant l'essentiel est que j'en suis totalement satisfait, cet album me plait beaucoup ! Et j'en suis très fier ! Si il plait aux gens, tant mieux, si il ne plait pas et bien tant pis, je ne peux rien y faire. L'important, et je dis ça pour tous les artistes, c'est d'être en phase avec soit-même. Moi, aujourd'hui avec cet album, je le suis, et de toute façon, on ne peut et ne pourra jamais plaire à tout le monde, c'est une réalité ! That's life ! Moi qui avais pile 16 ans à l'époque de Trust, j'ai trouvé cet album très bon, donc, tu vois...J'en suis ravis ! En parlant d'Antisocial, j'étais au Sézamo à Nice la semaine dernière et Adam Bomb y a joué Antisocial. Très bien d'ailleurs. Ca te fait quoi de voir le morceau repris et surtout d'avoir écrit un tel hymne ?D'abord, c'est une grande fierté de l'avoir fait. Une grande fierté de voir le succès qu'il a depuis plus de trente ans. Fier et heureux qu'il ait toujours autant d'impact sur les gens, mais aussi bien triste et bien malheureux que le texte soit toujours d'actualité... cela prouve bien que malgré toutes ces années certaines choses n'évoluent pas et restent inchangées ! Il a été repris, par Anthrax, Children Of Bodom, par un nombre incalculable d'artistes français et étrangers, pour des films, Bernie et moi recevons des demandes régulièrement, quasiment tous les mois pour des autorisations d'utilisation d'extraits. Donc oui, c'est une grande fierté d'avoir écrit un tel morceau qui traverse le temps et un grand malheur que le texte prouve que certaines choses sociales ne changent pas, voire régressent ! L'écoute ton album m'a fait un peu penser a celui de Slash, avec un peu plus de folie, et des délires un peu à la Steve Vaï, ca te choque ?Non, je dirais merci, je vais le prendre comme un compliment ! Steve Vaï est un guitariste redoutable, j'ai plus d'affinité musicale avec Gary Moore ou Joe Satriani. J'ai beaucoup de respect pour tous ces guitaristes, comme Edouard Van Halen ou bien d'autres virtuoses, qui ont bousculé le coté basique des guitaristes de l'époque 70's. Ces gens là ont un grand mérite, ils ont élevé la barre à un très haut niveau et c'est tant mieux, c'est important d'avancer ! Avec tout le respect que je leur porte, je n'ai pas la prétention de me comparer à eux, chacun doit savoir où il en est, je sais où j'en suis, et où je veux arriver, l'apprentissage de la musique et en l'occurence de la guitare, est sans limite et sans fin ! Tant mieux ! Je trouve que Here And Now sonne très Beatles et Do It Right et She's Burning Up My Bed très Rolling Stones, ce sont des influences majeures dans ta musique ?Tout à fait. J'adore les Beatles, j'adore les Rolling Stones. J'adore plein d'autres groupes, mais faut savoir que mon grand frère, donc celui qui a écrit tous les textes, du fait qu'il ait six ans de plus que moi, il m'a mis le pied à l'étrier. Il ramenait des disques des Beatles et des Stones à la maison, et j'ai donc découvert ça très jeune. Il m'a initié et ce sont donc mes racines quelque part. J'ai découvert la musique électrique avec les Beatles et les Stones, Jimi Hendrix, et aussi Ten Years After avec Alvin Lee, Mountain avec Leslie West, Johnny Winter, etc ... et d'autres. Il se trouve que Pat Llabéria mon comparse guitariste dans le groupe, a la voix très similaire à celle de Mike Jagger. Il a d'ailleurs un groupe de reprises parallèle à notre projet, "Satisfaction", je lui fais sa pub, et il ne fait que du Stones, il chante comme Mike Jagger et joue de la guitare comme Keith Richards, c'est les Rolling Stones à lui tout seul ! Y'a aussi des morceaux typés blues notamment l'excellent Borderline, un des meilleurs de l'album, avec cette guimbarde et cet harmonica énorme ? C'est une grosse influence pour toi, le blues ?J'adore le blues, c'est ma base et c'est la base de la musique moderne. Je parlais du rock et de la musique électrique qui débarque dans les années soixante mais le blues en est la racine. J'ai grandi avec ça et j'adore le blues effectivement. On parlait à l'instant de blues, et cette année commence mal, nous venons de perdre Gary Moore, le connaissais tu et qu'est ce que tu peux en dire ?Ouais, une grande perte. Je eu la chance de le voir très souvent en live mais aussi de le rencontrer plusieurs fois. D'ailleurs j'ai dédicacé l'album à Gary Moore. La première fois que je l'ai rencontré, il est venu nous voir Trust au Marquee à Londres ou on jouait un soir dans les années quatre-vingt. Je l'ai recroisé quelques fois et dernièrement à l'Olympia. C'est un guitariste que j'admirais et que j'admirerais toujours, ça m'a fait énormément de peine et c'est une très grande perte. Comme Phil Lynnot d'ailleurs. C'est des gens qui apportaient quelque chose d'authentique, propre à eux même. Gary Moore, tu le reconnaissais en une seconde, sur une note ! C'était Gary Moore, à la voix comme à la guitare. Tu as pas mal bossé avec notre Johnny national, et d'autres artistes de variété française comme Florent Pagny, c'était par goût ou par
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