Myrath

Interview date

11 Novembre 2011

Interviewer

Didier et PhilippeC

I N T E R V I E W

Interview Myrath (en face à face)


Salut et merci de nous accorder un peu de temps pour cette interview pour le webzine auxportesdumetal.com. Parlons d’abord un peu de cette tournée avec Artweg,  Arkan et Orphaned Land. Comment est-ce que ça s’est organisé ? Vous connaissiez bien les autres groupes ?

Malek: Au départ c'est Kobi qui nous a contacté via le net. Son idée était de monter la première tournée oriental metal. On avait connu Arkan en 2008 à Tunis. Sinon Orphaned Land, moi j'étais un grand fan, j'écoutais quand j'avais treize ans je crois. Je suis toujours fan.

Comment s’est passée la date de Milan en octobre ? C’était un tour de chauffe en quelque sorte ?

Malek: C'était très sympa. Au début il y avait très peu de public, quinze ou vingt personnes, et puis ça s'est rempli petit à petit. Ca va, il y avait une bonne ambiance.

Vous devez être sacrément contents de pouvoir défendre votre dernier album dans toute l’Europe non ?

Anis: Pour notre première tournée, oui c'est vraiment pas mal, d'avoir vingt-cinq dates, en plus avec Orphaned Land, et dans des conditions pareilles, oui c'est bien.
Malek: C'est vraiment notre première tournée en fait. Avant on a fait ProgSud à Marseille, Cergy, ProgPower, voilà, trois concerts à l'étranger en fait, toujours sous forme de festival, donc là c'est vraiment la première tournée pour nous.

Par exemple aurez-vous l’opportunité de jouer aux US, ailleurs ?

Malek: C'est possible en 2012, oui, avec peut-être le ProgPower US. Peut-être.
Anis: Normalement en Avril on a aussi une tournée européenne en tête d'affiche. On a aussi quatre dates confirmées en France avec Tarja, les 22, 24, 26 et 28 février.

De combien de temps disposerez-vous sur scène par rapport aux quatre groupes en présence ?

Malek: On joue normalement quarante minutes chacun. Après il y a des dates où c'est plus des festivals et on jouera seulement trente minutes chacun. Après, là, on ouvre pour Arkan, et à partir de la moitié de la tournée on va inverser.

Comment gérez vous les nombreux passages de violons de "Tales Of The Sands" qui, on s’imagine, sera bien représenté ce soir ?

Anis: On va pas ramener dix personnes sur scène c'est sûr, ça coûte cher.
Malek: On fera la moitié aux claviers et l'autre moitié en samples. Comme tous les groupes. Elyes va se débrouiller. Après, peut-être qu'on aura les moyens d'emmener des violonistes, pourquoi pas ?

Qu’en est-il des percussions tunisiennes ?

Anis: Normalement c'est Uhu qui doit jouer les percus, les darbos et tout ca. Mais puisqu'il ne peut pas venir sur la tournée, on a incrusté ça sur les samples avec Morgan [Berthet qui assure la batterie de Myrath sur la tournée - il est aussi batteur de Eths, Eyeless et d'autres].

Parlons un peu de votre dernier album justement,  "Tales Of The Sands". Sur AuxPortesDuMetal, je l’ai chroniqué et adoré. Vous attachez de l’importance à ces chroniques ?

Malek: Bien sûr. Ca fait plaisir de voir ce que les gens aiment ou n'aiment pas.

Ce qui est vraiment sympa c’est que tous les amis à qui j’en ai parlé l’ont tous adoré, ainsi que le son de Myrath. Vous réalisez que cet album a de vrais pouvoirs d’envoûtement ?

Malek: Je pense que la spécificité de "Tales Of The Sands", c'est que c'est effectivement un album prog, mais qui n'a pas de chansons de dix minutes. Y'a beaucoup de gens qui n'aime pas le prog parce que ça les saoule au bout de dix minutes, ils décrochent. Là, c'est assez prog mais sur des durées plus raisonnables de cinq ou six minutes. Ensuite je voudrais préciser qu'on est pas le premier groupe oriental, c'est évident., mais on essaye d'intégrer des sonorités tunisiennes, et je ne sais pas si c'est évident de voir la différence. C'est different de Arkan ou Orphaned Land. On essaye de mettre des rythmes tunisiens, des gammes tunisiennes, pas orientales. Y'a aussi pas mal d'influences de la musique turque, qui fait partie de notre patrimoine musical.

La profondeur du son y est énorme. Comment avez vous réussi à sortir un tel son ?

Anis: On utilise des Doffs par moment et d'autres anciennes percus traditionnelles.
Malek: Sur l'intro au violon de "Sour Sigh", Elyes voulait que ça sonne un peu comme un violoncelle, du coup on a un peu désaccordé le violon pour qu'il sonne plus grave. Faut aussi reconnaitre le talent du violoniste qui a enregistré, c'est un ami à nous. Il a un feeling incroyable...

Est-ce que vous arrivez à reproduire un tel son en live ? N’est ce pas extrêmement compliqué ?

Anis: On a pas mal répété, c'est un peu délicat, faut reconnaitre. Mais normalement ça se passe bien

Je suis quand même épaté par le fait qu'avec vos trois premiers albums, vous réalisez un sans faute. Ca va commencer à se remarquer. En tout cas je vous le souhaite. Est-ce qu'avec ce troisième album, vous commencez à être plus sollicités ?

Malek: Oui comme disait Anis, ça commence à arriver. Il faut tourner pour se faire connaitre. Les gens veulent te voir en live, c'est comme ça.

Je disais dans ma chronique qu'il y a eu une évolution du son Myrath au cours de ses trois albums, avec au départ des références  évidentes à Dream Theater, Symphony X, mais aujourd’hui avec "Tales Of The Sands", vous avez créé un vrai style Myrath vraiment original et clairement identifiable. C’était une stratégie dès le départ ou juste une évolution ?

Malek: On a des influences dont on se détache petit à petit. On était très jeune au départ, on avait vingt ans. En plus, comme on n'a pas qu'un seul compositeur, on mélange les influences des uns et des autres. 

Je note aussi que la guitare est moins mise en avant dans ce dernier album par rapport aux claviers et aux violons. Contrairement aux albums précédents ?

Malek: C'est un album où l'orchestration est mise en avant. C'est vrai qu'il y a un peu moins de solos. C'est pas calculé, c'est au feeling.

Il me semble que Kevin Codfert joue un rôle important dans ce son Myrath ?

Malek: Bien sûr. Depuis le deuxième album il fait vraiment partie du groupe. Il nous donne des conseils et on l'écoute. Il donne des avis sur les arrangements, la production.

[Elyes se joint à nous]

Sinon côté line-up, vous avez un nouveau batteur, sur cet album, tu peux nous en dire un peu plus ?

Malek: Oui on a dû changer car l'ancien ne pouvait plus continuer, c'est pas toujours évident d'être musicien en Tunisie, il y avait la pression des parents et voilà quoi... Piwee Desfray est le nouveau batteur mais il avait des contrats avec ses sponsors avant même d'intégrer le groupe donc il ne pouvait pas assurer la tournée. On connait bien Morgan, c'est un très bon pote à moi, on était dans la même année à la MAI de Nancy, la Music Academy International. C'est un excellent batteur.

Vous vivez tous en Tunisie ?

Malek: Oui, tous.

Comment se passe la vie en Tunisie depuis la révolution ? Est-ce que l’ambiance est plus propice aux musiciens et au metal qu’avant ?

Anis: Pour l'instant on ne peut pas juger, c'est encore trop tôt.
Elyes: C'est la première fois qu'on fait des élections libres, donc c'est bien, on est très optimistes. On apprend la démocratie. Il y aura d'autres élections. Les gens continuent à manifester, ils sont plus libres. Nous, on veut juste pouvoir faire notre musique, on a fait notre devoir de voter, mais maintenant on n'est pas trop dedans.
Anis: Tout le monde peut vivre comme il veut en Tunisie.
Malek: Y'a quand même pas mal de groupes, des concerts mais pas vraiment de maison de disques.

En tout cas je trouve symboliquement sympa cette tournée avec Orphaned Land, c’est quand même un super message de paix et de sérénité. Vous en êtes conscients ?

Anis: La musique n'a pas de religion. C'est un symbole, oui, et c'est un message de paix pour tout le monde
Malek: C'est pas évident à comprendre pour tout le monde et certains vont faire l'amalgame entre la musique et tout, mais pour nous la musique c'est une chose et la politique en est une autre. On est des potes.
Elyes: On fait notre politique avec notre musique, c'est ça notre politique.

Revenons à vous, quel sont les plans pour Myrath ensuite ? Une chance de vous retrouver dans certains grands festivals de l’été ?

Anis: On prépare donc une petite tournée européenne en tête d'affiche, avril 2012 qui passera, bien sûr, par la France. Ensuite il y a les quatre dates avec Tarja et il y aura peut être de gros festivals...

Le Hellfest ?

Anis: Oui, peut-être, mais il y a encore rien de confirmé, mais on espère...

Vous arrivez à travailler sur des nouvelles compos pendant la tournée ?

Elyes: Oui, on a déjà quatre ou cinq titres pour le prochain album.
Malek: C'est seulement un squelette. On a toujours des morceaux d'avance en fait. On n'a pas vraiment de période où on se dit : là on compose. Ca arrive comme ça.
Anis: Quand on a fait "Desert Call", on avait pratiquement tout l'album suivant. On avait du stock d'avance.
Elyes: Pareil sur "Tales", on avait du matériel d'avance, c'est Kevin qui nous a freiné et conseillé d'en garder pour l'album suivant.

Avez-vous songé à l’enregistrement d’un album live ? Ou d’un DVD live ?

Elyes: Oui, mais pas maintenant. Peut être après le cinquième.
Anis: Pour l'instant il faut tourner, c'est plus important.

Est-ce que certains des membres de Myrath ont des projets musicaux parallèles ?

Anis: Malek, Elyes et moi avons collaboré sur l'album solo de Lance King, le directeur du label Nightmare Records.
Elyes: J'ai aussi collaboré avec Aeon Zen, un groupe anglais, j'ai chanté avec Rich Hinks.

Vous vivez de votre musique aujourd hui ?

Malek: Non pas vraiment. Par exemple Zaher a un groupe de potes et ils jouent dans les bars pour se faire de l'argent. Anis, il fait du son et des enregistrements pour d'autres groupes, moi je fais des montages vidéo. On donne des cours de guitare, de basse. Toujours dans des domaines artistiques quand même.

Et bien merci, je vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs, et vous souhaite une excellente tournée…

Malek: On vous remercie, et on espère pouvoir jouer ce soir...

[Ben malheureusement, le concert sera annulé]


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