Leaves' Eyes

Interview date

Novembre 2009

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Liv Kristine


Bonjour Liv, et merci de répondre aux questions du webzine http://auxportesdumetal.com ! Comment te sens-tu maintenant que l'album est sorti ?

Le jour où c'est arrivé, quand l'album eut été fini et envoyé à l'usine de pressage, ça m'a rappelé le jour où j'ai achevé mes études à la fac. C'était génial de voir cet album terminé et dans les magasins. Mixer "Njord" a pris beaucoup de temps, d'énergie et nous a fait passer des nuits blanches. La première chose que j'ai faîte, c'est aller courir en forêt. Quel soulagement, quel moment génial ! Les réactions de la presse et des fans ont été absolument formidables, disant que 2009 était le début d'un grand et magnifique voyage pour Leaves'Eyes. C'est fantastique !

Depuis quatre ans, vous n'avez rien sorti avec Leaves'Eyes. Cette année, il y a un DVD et un album. Ne penses-tu pas que ça fasse beaucoup de sorties pour le même groupe et ses fans ?

On s'est vraiment beaucoup battus pour finir l'album et le DVD. Ce n'était pas possible de le faire différemment. Beaucoup de choses se sont produites. Après la sortie de "Vinland Saga" et de "Legend Land" en 2005, nous avions besoin de temps pour finir nos prochaines productions. Nous avons commencé à composé "Njord" en 2007 et nous prévoyions de sortir l'album en 2008. Mais nous venions tout juste de faire construire un nouveau studio et nous devions quitter celui dans lequel nous étions avant. De plus, nous devions réinvestir dans un nouvel équipement pour le studio. Au final, cela a pris un an environ. Et au milieu de tout ça, on a du produire notre DVD, et c'était un projet "monstre" avec six heures de vidéos ! Et bien sûr, nous avions du mal à trouver un bassiste et un batteur puisque les deux anciens membres ont décidé de se concentrer sur leurs autres travails. Nick Barker, qui fut notre batteur pendant un temps a été contraint de quitter la scène metal et la musique en général à cause d'un problème de temps dans sa vie. On a reçu un appel d'Angleterre de sa part, nous disant qu'il était terriblement désolé de nous annoncer qu'il avait d'importants problèmes personnels ! Il est assez difficile de trouver un nouveau batteur, surtout qu'il ou elle doit pouvoir jouer les morceaux de Leaves'Eyes, Atrocity et ceux de mon projet solo. Cependant, nous avons du passer au dessus de ces contres-temps et ces difficultés pour développer une nouvelle vision des choses et nous calmer. Depuis le premier enregistrement de la première démo de "Njord", nous avons réussi à atteindre des objectifs que nous pensions impossibles en 2007.

Vous avez écrit "Njord" alors que vous travailliez sur le DVD. N'est-ce pas difficile de se concentrer sur de nouvelles inspirations alors qu'on travaille sur d'anciennes ?

Non. Nous travaillons en équipe en fait. Quand mon mari Alex mixait le DVD, le reste du groupe composait et enregistrait "Njord". On sépare tout ce que l'on fait et on le fait aussi pour la musique. Et cela est possible car nous avons deux pièces d'enregistrement où nous pouvons travailler. Mais mon esprit est essentiellement concentré sur un album ou une sortie.

Sur votre EP "My Destiny", il y a des morceaux qui n'apparaissent pas sur l'album. Pourquoi avoir choisi de les inclure à l'EP et non à l'album ?

Et bien, il était très difficile de choisir entre les 18 morceaux écrits pour "Njord" cependant, le groupe prend toujours ses décisions en accord avec notre label, Napalm Records. On s'est mis d'accord avec "notre petite voix intérieure". Il n'y a pas de meilleur moyen de procéder.

Tu as écrit en huit langues différentes. Comment se sont déroulés l'écriture et les enregistrements pour les parties avec les langues que tu ne connaissais pas ?

C'est vrai, j'ai écrit en huit langues (anglais, vieil allemand, vieil anglais, gaélique, norvégien, islandais et français et un langage inventé basé sur la phonétique). Je me suis posée pour apprendre un peu le français afin de pouvoir écrire dans cette langue. J'avais déjà étudié le vieil anglais et le vieil allemand, donc c'était vraiment sympa de pouvoir utiliser ces connaissances. Le gaélique est complètement nouveau pour moi, mais heureusement, j'ai trouvé quelqu'un de fabuleux pour m'aider. "Njord" est un album qui demande une ouverture sur les langues. Mon ouïe très fine m'a permis de savoir quelle langue je devais utiliser pour tel air et quelle expression utiliser afin que cela aille droit dans les oreilles, mais aussi droit au coeur des auditeurs.

Pourquoi avoir choisi de reprendre "Scarborough Fair" ?

J'avais déjà l'idée de la reprendre à ma manière quand j'étais en communication avec des étudiants de Scarborough il y a des années. J'aime l'air et le fait que ça ait été chanté dans les marchés au Moyen-âge collait parfaitement avec notre concept. Beaucoup de personnes la connaissent grâce à la version de Simon et Garfunkel alors qu'en fait, c'est une chanson traditionnelle.

"Emerald Island" est un titre assez romantique, mais Alexander utilise ses grunts dessus, alors qu'au titre, on pourrait imaginer une chanson douce. Pourquoi un tel contraste entre le titre et la chanson en elle-même ?

Musicalement, la chanson demandait un contraste dans les lignes de chant. Il y a un rythme à la contrebasse sur les refrains et la voix d'Alex collait parfaitement à ces parties là.

Peux-tu dire quelques mots sur le concept de "Njord" ?

"Njord" est notre troisième album. Le titre "Njord" en dit déjà beaucoup sur le concept. J'aime le "son" du mot (je suis quelqu'un qui se base sur la phonétique). Ça te rappelle "north" (Nord) et "fjord". "Njord" est le dieu des tempêtes et de la mer. Il était véritablement important pour les Vikings, qu'ils soient fermiers, pêcheurs, commerçants ou des guerriers qui traversaient les océans pendant leurs longs voyages. Les paroles parlent plus des personnages de la mythologie nordique (ex. Njord, Fröya'sTheme, Nine Wave Maidens, Ragnarok) ou des endroits et des faits historiques (ex. Scarborough Fair, The Battle of Maldon, Emerald Island, Irish Rain, Les Champs de Lavande). C'est pour cela que j'ai trouvé important de travailler sur plusieurs langues. "Vinland Saga" et même l'EP "Legend Land" qui a suivi sont basés sur la découverte de l'Amérique par Leif Eirikssons. "Njord" a un concept plus large, voyageant entre l'histoire et la mythologie nordique. Il a toujours été important pour moi que notre son et notre art soit authentiques et que notre public ait vraiment la sensation de faire partie d'un super voyage. Je pense que notre musique a besoin d'une bonne écriture et d'un concept intéressant et j'ai envie de voyager à travers le temps et l'espace et emmener notre public dans un état d'esprit positif et extraordinaire.

Pour cet album, vous avez travaillé avec le Lingua Mortis Orchestra et Victor Smolski (Rage). Comment avez-vous travaillé ensemble ?

"Njord" a un son plus pompeux mais aussi plus délicat que "Vinland Saga" parce que la technique l'a permis. En plus, les parties orchestrales qui ont été enregistrées ont été plus poussées que ce que nous avions fait jusque là. Nous avons rencontré le directeur du Lingua Mortis, Victor Smolski à un concert Leaves'Eyes/Rage en Grèce en 2007 et nous lui avons parlé de la présence d'un orchestre pour notre album à venir. Depuis le départ, Alex disait que nous avions besoin d'un véritable orchestre de 40 musiciens et d'un choeur de 25 personnes pour en faire quelque chose d'emphatique, impressionnant et authentique. Viktor a fait un boulot extra. Les parties orchestrales ont été enregistrées à Minsk et nous ont été envoyé à notre studio sous forme de fichiers audio.

Vous avez un nouveau batteur et une nouvelle bassiste. Comment se sont-ils investis dans cet album ?

Ils ont intégré le groupe après que nous ayons fini de préenregistrer donc, ils ne se sont pas vraiment investis dans l'écriture de "Njord".

Quand on pense aux Vikings ou au Viking Metal, on peut imaginer des brutes et une musique brutale. Penses-tu que votre musique apporte une autre image à ce genre ?

La nature norvégienne et le Moyen-âge joueront toujours le rôle le plus important dans mon travail artistique. Deuxièmement, j'ai grandit d'un côté avec le heavy metal (Black Sabbath/Ozzy) et de l'autre, avec la musique classique (Grieg, Tschaikowsky) donc, quand j'ai formé mon ancien groupe, Theatre of Tragedy, avec le chanteur en 1994, il était très clair pour moi que ma musique devait être emphatique, romantique, heavy, et qu'il fallait qu'il y ait des éléments de contraste. Leaves'Eyes n'est pas du tout un groupe de Viking Metal, bien que mes paroles et les concepts soient liés à l'histoire des Vikings. On mélange du metal, peut-être du metal gothique, et de la musique classique, mais aussi des instruments folk. On agrémente tout ça d'une image "la belle et la bête" qu'il y avait à mes débuts dans Theatre Of Tragedy, mais en se focalisant plus sur la voix soprane. Je suis toujours attachée à mes racines, mais il y a toujours une progression personnelle et dans l'ensemble du groupe pour chaque album.

Sur les pochettes dans anciens albums, tu étais le seul membre du groupe à figurer dessus. Pour "Njord" vous avez choisi une photo du groupe. Pourquoi ?

C'est toujours une décision prise par les membres de mon groupe et par le label. Je n'ai jamais demandé à apparaître sur les pochettes. Ce que vous voyez, c'est en fait, l'endroit où j'ai grandi à Madla, Stavanger, Norvège et ces images ont une grande importance pour moi.

Peux-tu dire quelques mots sur le clip "My Destiny" ?

Oui, nous avons tourné le clip de "My Destiny" en Suède, il y a quelques semaines avec l'équipe de "Revolver". C'était vraiment extra. Les acteurs, la nature, le temps... tout était parfait !

Vous allez venir en France avec Sirenia et Atrocity. La majorité des membres de Leaves'Eyes va jouer deux fois par soir. Comment penses-tu qu'ils vont réussir ?

Oui, et moi aussi, car je fais les choeurs et je suis invitée sur certaines chansons. Nous sommes habitués à cela. Pour nous, partir en tournée ne signifie pas qu'on va partir s'amuser. Nous voyageons avec nos familles, et nous sommes très professionnels. Parfois, on boit un verre de vin après un concert, mais nous voulons jouer à la perfection chaque soir. Le public a payé pour cela et mérite que nous nous donnions à fond.

As-tu quelques choses à ajouter pour conclure cette interview ?

C'était un plaisir de te parler. Maintenant, mon album solo est presque fini, le prochain album de Leaves'Eyes avance... Il va y avoir un nouvel album d'Atrocity avec en invité la soeur d'Alex, Yasmin Krull qui sera mixé pour Noël. De plus, on a beaucoup de concerts qui arrivent, on va tourner en Europe en novembre, et aux Etats-Unis l'an prochain. Le quatrième album de Leaves'Eyes, sur lequel nous travaillons actuellement, sera fortement influencé par le folk, un peu comme mon projet solo, mais ça sera toujours du Leaves'Eyes. Nous prévoyons de le sortir en automne prochain. Plein d'amour !