Kerion

Interview date

29 Juin 2010

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Rémi (par téléphone)


A l'approche de la sortie française de "The Origins", est-ce que vous remettez un peu votre travail en question ou vous êtes totalement confiants ?

Remettre en cause notre travail... En fait, les compositions datent d'avant notre premier album. On a remis au goût du jour, on a retravaillé, mais le travail de fond, on ne l'a pas trop remis en cause puisque c'était déjà composé avant.

Vous existez depuis 2002, "The Origins" est votre deuxième album, mais vous n'êtes pas si connus que ça en France. Est-ce que tu peux présenter un peu Kerion ?

Les musiciens jouent ensemble depuis le lycée. A la fac, Flora nous a rejoint. A la base, on faisait du metal progressif instrumental et on s'est ouvert un peu. Moi j'avais composé un album, puis Flora nous a rejoint, et puis ça s'est bien passé. On a sorti le premier album "Holy Creatures Quest" en 2008. On avait enregistré deux petites démos, puis on a eu beaucoup de demandes à ce sujet-là, mais le son était très mauvais pour les démos, donc on les a refaites, on a réenregistré, réarrangé, mis au goût du jour et voilà, ça donne "The Origins".

D'après ce que j'avais lu, ça a peut-être changé maintenant, mais "The Origins" ne devait sortir que via le net...

En fait, on a signé avec Metalodics Records il y a deux mois. C'est un nouveau label qui se monte. Je connais Maxence depuis un bon bout de temps et ce projet lui tenait à coeur. Le projet nous a plu, donc on est parti avec lui et c'est vrai qu'au départ, il nous avait dit qu'il y aurait forcément une vente sur le net, qu'on pouvait pré commander le CD par le net. Et puis, là, en ce moment, il se bouge pour la distribution, donc en France ça sera distribué par Underclass, donc ça sera finalement dans les bacs. Et à l'étranger, on est en train de voir pour les autres pays, les Etats-Unis, le Japon aussi, puis en Europe. C'est en pleine évolution en fait.

Et est-ce que tu penses que le support CD va disparaître au profit du numérique ?

Je ne l'espère pas. Il était quand même prévu que l'album soit pressé, ce n'était pas une sortie numérique. En fait, c'est une sortie CD, mais on ne pouvait le commander que sur le net, au départ. Moi, je suis attaché au CD, à l'objet. C'est plus sympathique d'avoir un CD avec un livret, avec le boîtier, c'est un bel objet.

Suite aux différentes réactions positives sur le premier album, vous n'avez pas un peu de pression pour le deuxième ?

Oui, on a eu plein de critiques positives, maintenant, on s'attend à se faire tuer (rires). C'est normal, c'est le deuxième album. Un peu de pression, non, c'est positif, on attend toujours l'avis des gens, il n'y a pas de soucis. Maintenant, on s'attend à se faire un peu chahuter, avec la comparaison avec le premier, avec les autres groupes. C'est vrai qu'il y a Phil de Fairyland qui a fait les choeurs, donc, forcément, les gens parlent de Fairyland après. Mais pas de pression particulière. Nous, on est content du résultat, après faut voir ce que les gens en pensent.

Vous aviez présenté "Holy Creatures Quest" comme la fin d'une trilogie, finalement, vous y revenez avec "The Origins", c'est un peu particulier comme façon de faire...

C'est un peu particulier oui. On fait comme Georges Lucas avec "Star Wars" (rires). Oui, comme il y avait les deux démos qu'on avait faites avant, qui étaient les deux premiers chapitres de l'histoire, et on a pu sortir que la troisième partie puisque c'est à partir de là qu'on a été signé. Après on est revenu sur les deux premières car il y avait de très, très bonnes chansons et que ça nous intéressait de retravailler dessus. Mais c'est vrai que ça fait un peu bizarre pour le coup.

Les paroles sont en anglais, même si ce n'est pas toi qui les as écrites, tu penses que ça colle mieux à votre univers et au metal en général ?

J'ai vraiment du mal avec les groupes en français dans le metal. Je sais que ça se fait, mais j'ai du mal, je trouve que l'anglais colle mieux.

Quelles ont été les différences principales pour réorchestrer les morceaux ?

J'ai tout repris. J'ai gardé la structure des morceaux en fait, et j'ai tout refait au niveau des orchestrations. J'avais fait ça avec un matos assez pourri, donc j'ai tout refait, on a revu quelques passages avec l'autre guitariste, Sylvain. On a travaillé la basse avec Stef pour revoir des passages, modifier des choses pour que les instruments soient en avant. C'est vrai que la première fois, j'avais composé un peu tout seul dans mon coin.

Contrairement à "Holy Creatures Quest", les morceaux ne sont pas divisés en plusieurs parties. C'était une volonté d'en faire des tout ou alors, comme sur les démos, ce n'était pas en plusieurs parties, tu n'as pas trouvé utile de faire comme ça ?

Les morceaux sont relativement liés, mais c'est vrai que ce n'est pas comme dans le premier album. Sur le premier album, à un moment donné, il y a trois morceaux qui se suivaient. Là, ce n'est pas écrit dessus, mais c'est vrai que si tu écoutes "The Abyss" et "Angels Of The Last Hope", ce sont deux chansons qui se suivent. C'est le même thème, la même mélodie... C'est juste que je ne l'ai pas mis en valeur, mais les deux se suivent. Après, on a essayé que le reste de l'album colle, mais c'est quand même un mixe entre les deux démos, donc ça ne colle pas parfaitement.

Au niveau des durées, on passe du simple au double. Tu as une manière différente de travailler les longs morceaux et les plus courts ?

Oui. Les morceaux un peu plus courts, il faut les optimiser pour qu'ils soient, on va dire, commerciaux. Il y a "Dark Isle", "Time Of Fantasy" qui sont assez courtes, qui font quatre minutes et qui sont plutôt commerciales. J'essaye d'arranger le tout pour que ça soit passe-partout. Que ça reste quand même metal, mais que ça soit plus passe-partout. C'est important pour l'approche au départ, pour l'accroche de l'auditeur.

Je ne sais pas si ça va te plaire, mais dans "We Will Go", les premières notes aux claviers qui sont ensuite reprises à la guitare, m'ont fait penser à "Entre Nous" de Chimène Badi mais en plus rapide. (Rires). Comment ça se fait, car c'est vraiment surprenant !

Ah ouais ? Non, je n'avais pas remarqué. (Rires). "Entre Nous" de Chimène Badi... C'était pendant l'enregistrement, on m'avait dit que ça ressemblait, celui qui a mixé l'album à Harkam Studio, il m'avait dit que ça ressemblait à Hélène Et Les Garçons je crois. (Rires). Moi, je trouvais ça sympa, mais Chimène Badi... ne l'écrit pas dans l'interview (rires). Après, c'est moi qui compose tous les morceaux, j'écoute beaucoup de style, pas Chimène Badi, mais c'est vrai que je suis assez ouvert, donc il doit y avoir des influences. Mais c'est vrai que Chimène Badi, c'est dur là quand même. Je vais réécouter les deux et je te dirai.

Tu en parlais justement tout à l'heure, Phil Giordanna de Fairyland vous accompagne depuis vos débuts. C'est un groupe Français qui est plus reconnu à l'étranger qu'ici. Tu penses que c'est quelque chose qui pourrait aussi vous arriver ?

Oui complètement. En France, c'est difficile. On n'a pas une culture metal... En France, on a plus une culture variété, Chimène Badi par exemple. (Rires). Mais oui, il y a plein de groupes français qui sont plus reconnus à l'étranger qu'en France, Heavenly, Nightmare... Il y en a quelques uns qui sont beaucoup plus reconnus à l'étranger qu'en France. Après, Phil nous aide et vient en studio pour faire les choeurs et c'est super sympa. Ça rend bien. C'est vrai que là, on a un petit retour de bâton, parce que apparemment, ils trouvent que ça ressemble un peu à Fairyland...

Oui, j'ai lu aussi Dark Moor dans les noms...

Oui, Dark Moor, il n'y a pas de soucis, je trouve aussi que ça ressemble un peu. Il y a quelques chansons qui ressemblent. Mais Fairyland, il y a des chansons qui ont été écrites avant leur premier album en fait. Moi, je ne trouve pas que ça ressemble, à part les choeurs, mais sinon...

Justement, les choeurs, je trouve que ça rend le chant et même le reste des compositions assez épique.

Oui, c'est le but. La prochaine étape c'est un orchestre. J'essaye de voir où je peux avoir ça. Mais j'aimerais bien que ça en soit un complet.

Vous avez déjà commencé à écrire la suite ?

Ce n'est pas la suite de l'histoire. On change d'univers. On ne veut pas rester dans l'Heroic Fantasy. La première histoire, c'était Heroic Fantasy, mais on va évoluer un peu plus à la Final Fantasy, avec des armes, des choses comme ça. Mais oui, pour le prochain album, on essayera une chorale et un orchestre ou des instruments. Je ne sais pas encore comment on peut faire ça, mais on va voir.

Pour l'après-sortie de "The Origins", vous allez faire une tournée ?

Oui, on aimerait bien. Il faut que ça s'organise. Déjà, ça sera pour la rentrée, septembre, octobre. C'est vrai que pour le premier album, on avait fait pas mal de concerts, mais c'était assez décousu : on a fait Marseille, Perpignan, Paris et on est resté en France. Le mieux, c'est de jouer en live. C'est vrai que nos compositions ont plein d'orchestrations. Et c'est intéressant de les travailler en live, de les réarranger, parce qu'on aime pas trop utiliser les samples. On les réarrange et ça sort un peu plus "metal". C'est plus sympa que de passer un sample. Moi j'étais allé voir Rhapsody et je n'ai pas trouvé ça fantastique. Tu as les choeurs, tu as l'impression qu'il y a une chorale derrière eux alors qu'en fait, il n'y a que le groupe sur la scène.

Et comment vous faites pour concilier la vie de groupe, enregistrements, concerts avec la vie professionnelle qui doit un peu freiner la vie du groupe ?

Oui un petit peu. On est obligé puisqu'on ne vit pas de ça. Donc, on fait en fonction. C'est vrai que pour les tournées, il faut les organiser à l'avance. On n'a pas fait encore de grosses tournées, on a juste fait des concerts par-ci, par-là. Il faut prévoir ça à l'avance pour que tout le monde puisse prendre ses dispositions, parce qu'avec le boulot, ce n'est pas évident.

Est-ce que tu penses que la polémique du Hellfest va un peu aider la situation du metal en France ou au contraire, ça va nous enfoncer ?

(Rires). Je ne sais pas. Le reportage de TF1 (ndlr : émission "sept à huit" du 27 juin 2010) est fantastique. Enfin, c'est TF1... Je pense que ça peut aider, il y a eu pas mal de soutient, il y a pas mal de gens qui ont supporté tout ça, c'était bien. Même dans les reportages, on a vu que ça ne dérangeait pas du tout les gens. C'est juste Christine Boutin...

Et la suite pour Kerion ?

Tourner, faire des concerts. Pour le premier album, on avait fait aussi pas mal de concerts acoustiques pour passer dans les fnac et autres. Pourquoi ne pas refaire ça, c'était super bien de réarranger les chansons en acoustique. Moi, j'ai déjà commencé à composer la moitié du prochain album, enfin, la structure générale. Et après, il faudra qu'on travaille ça avec le reste du groupe, enregistrer. Repartir sur un nouveau projet parce qu'on a plein d'idées. Déjà, on se concentre sur l'album qui sort, sinon, on a tendance à s'éparpiller.

Ça a été un accouchement un peu difficile pour l'album "The Origins" ?

Pour la sortie, on a cherché pendant pas mal de temps une maison de disques. Avant on était chez Thundering Records et ce n'était pas satisfaisant du tout. Donc, on a cherché les personnes qui seraient les plus intéressées par notre projet. Parce que si tu signes dans un label qui ne croit pas en toi... On a eu plusieurs possibilités, on a choisi celle que je trouvais la plus intéressante, c'est-à-dire avec des personnes qui s'intéressent vraiment à ce qu'on fait. On a signé chez Metalodic Records, je trouve qu'il fait du très bon boulot.

Je voulais juste revenir sur un point de cet album. Je trouve que les guitares sont plus mises en avant par rapport au reste.

Plus en avant ? Moi, je trouvais que justement, au contraire, c'était les orchestrations qui ressortaient un peu plus. Peut-être parce que je suis guitariste.

Ce sont les orchestrations et les guitares, en fait, qui sont plus mises en avant contrairement à la basse ou batterie. On a souvent l'habitude d'avoir la batterie en avant, alors que là, c'est presque si on se demande si elle n'a pas été sous-mixée par rapport aux guitares et orchestrations.

C'est vrai que je trouve aussi que dans les albums qu'on écoute, souvent la batterie est très forte. C'était aussi pour faire ressortir tout ça. Après, sous-mixée, je ne sais pas, c'est un peu fort. Mais c'est vrai qu'on n'a pas mis la batterie trop fort pour que les orchestrations et les guitares ressortent un peu plus. Et la voix de Flora aussi.

Oui, là, on l'entend bien, on sent qu'elle a fait des progrès, elle module sa voix...

Oui, elle a fait des progrès. Sur le premier album, elle n'avait pas encore d'expérience. Là, elle s'y est mis avec les live, elle commence à se lâcher.

Tu as un dernier petit mot à dire sur "The Origins" pour finir l'interview ?

Achetez-le, achetez-le. (Rires). Non, je crois que tout a été dit, on est fier du résultat, c'est aux gens de se faire leur idée. Mais je trouve que c'est dans la continuité de ce qu'on avait fait sur le premier album et qu'on s'améliore petit à petit, on devient plus professionnels. On a fait des séances photos, on a essayé de faire ça comme il faut.

Oui, j'ai vu deux photos, celles avec les ailes et celle où Flora vous tient comme des pantins, j'ai trouvé ça très amusant.

Oui, on s'est éclaté comme des fous en faisant ça. Et donc, pour finir, merci à toi et à aux portes du metal.