Diabulus In Musica

Interview date

8 Juin 2010

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Zuberoa Aznarez (par mail)


Comme "Secrets" est votre premier album, peux-tu présenter le groupe ?

Diabulus In Musica est né en 2006. J'ai commencé ce projet parce que je voulais développer mes propres idées et m'exprimer à travers la musique que j'aime : le metal et la musique classique. Tous les membres se connaissaient via la scène metal locale à Pamplona et la plupart d'entre nous étaient déjà amis avant la création de Diabulus In Musica. Gorka (claviériste) jouait dans deux groupes majeurs de power metal dans notre ville. J'ai commencé à chanter avec l'un d'eux et Adrián (guitariste) a commencé à jouer dans l'autre. Les deux groupes se sont séparés et donc, Gorka et moi avons invité Adrián à rejoindre le nouveau projet que nous créions : Diabulus In Musica. Xabi (batteur) nous a rejoint pendant l'enregistrement de " Secrets". C'était l'ami d'Adrián, ils ont joué tous les deux dans un groupe de reprise et Alex (le bassiste et le dernier memebre à avoir rejoint le groupe) connaissait aussi Adrián parce qu'ils avaient travaillé ensemble dans un autre groupe de rock. Nous avions un autre batteur et un autre bassiste avant, mais ils ont du quitter le groupe pour raisons personnelles.

Le nom Diabulus in Musica est-il une référence à l'intervalle musical médiéval l'album de Slayer, à la chanson de Mago de Oz ou vous avez choisi ce nom pour une autre raison ?

Pour être honnête, quand j'ai choisi ce nom, je ne connaissais ni l'album de Slayer, ni même la chanson de Mago de Oz (en fait, je pensais à ce nom avant même de commencer avec le groupe). Diabulus in Musica est un mot latin médiéval qui veut dire "le diable dans la musique". C'est comme ça qu’ils appelaient le triton ou l'intervalle de la quarte augmentée. Les auditeurs étaient habitués à entendre une quarte juste ou une quinte juste. La quarte augmentée, qui se trouve entre ces deux intervalles les plus communs, est la pire dissonance que l'on puisse imaginer. C'est pour ça qu'ils pensaient qu'il y avait le diable dans ce triton.
La musique baroque est mon style préféré dans la musique classique, et c'est ce que je chante dans le choeur dont je fais partie, donc j'ai choisi ce nom. C'était parfait pour nous, pas seulement à cause du sens qu'il a pour moi, mais aussi parce que ça a une consonance assez sombre, comme notre musique parfois. Nous aimons cette "esthétique romantique sombre" comme elle existe dans la musique baroque, donc nous avons pensé que Diabulus In Musica était le nom qui nous représentait le mieux.

Vous avez travaillé avec Sascha Paeth, était-ce une manière de mettre toutes les chances de votre côté ?

Travailler avec Sascha a été une super opportunité pour nous, nous ne pensions pas que ça allait arriver ! En fait, nous étions sur le point de tout faire (l'enregistrement, le mixage et le mastering) avec notre producteur Iñaki Llarena. Quand Iñaki a mixé l'album, nous nous sommes aperçus que le mixage n'était pas tout à fait ce que nous voulions. Les premiers mixages étaient bons, mais il y avait des points qui ne correspondaient pas à ce que nous voulions. Iñaki a contacté Ad (nous savions qu'il était intéressé par la production) pour lui demander des conseils sur le mixage des choeurs et de l'orchestre. Nous avons pensé que grâce à son expérience au sein d'Epica, il saurait comment mixer tous nos éléments metal et classique. Après le mixage, Ad nous a dit que Sascha serait la personne la plus habilitée à faire le mastering. Il a appelé Sascha et quand il a dit qu'il allait s'en occuper, on n'arrivait pas à y croire ! Sascha est quelqu'un de très occupé, donc nous sommes chanceux d'avoir pu travailler avec lui et Simon Oberender.

Quelques orchestrations et parties de metal comme sur "Come to Paradise" font penser à celles d'Epica. Penses-tu que c'est le travail d'Ad qui donne cet effet ou autre chose ?

Et bien, peut-être que pour le son, il peut y avoir des choses en commun avec Epica, puisque l'un des membres du groupe s'est occupé du mixage, mais seulement pour le son. Tous les arrangements et la musique ont été réalisés par nous même. Diabulus In Musica et Epica font tous deux du metal symphonique, il y a une chanteuse et un homme pour les grunts, donc c'est logique de trouver quelques similitudes.

Il y a beaucoup d'ambiances différentes dans cet album. Etait-ce un choix délibéré afin de montrer tout ce que vous pouviez faire ou c'est juste arrivé, comme ça ?

Pas vraiment, nous avons suivi nos instincts hehe. Nous sommes ouverts à pratiquement tous les styles de musique du moment que nous les aimons. Nous aimons vraiment faire des expériences avec les sons et nous sommes ouverts d'esprit à ce sujet, c'est pourquoi nous n'avons pas eu à faire de choix sur notre orientation musicale.
Nous étions trois personnes à travailler sur les chansons de "Secrets", et chacun de nous avait son propre bagage musical, donc il y a bien sûr un mélange d'influences dans notre musique.

Quels étaient vos états d'esprit pendant l'écriture et l'enregistrement de "Secrets" ?

Nous sommes passé de la joie à la tristesse, l'euphorie, le désespoir. Ha, ha, ha. Je pense que nous avons exploré tous les états d'esprit possibles pendant l'écriture et l'enregistrement de "Secrets" car ça nous a pris beaucoup de temps. Peut-être que c'est à cause de ça que les chansons sont si différentes les unes des autres. Il se peut que ça soit les reflets de nos esprits pendant l'écriture. Ha, ha.
Quoiqu'il en soit, il nous a fallu choisir les chansons que l'on devait inclure dans "Secrets", car nous en avions fait plus de vingt depuis que nous avons commencé avec le groupe jusqu'à ce que nous commencions à enregistrer l'album, donc les chansons viennent de périodes différentes. La même chose s'est passée pendant l'enregistrement, ça a été un enregistrement difficile, nous avons du faire avec le départ de notre premier batteur, avec les différents emploi du temps des musiciens, chaque boulot des membres... C'est pour ça que l'enregistrement a pris tant de temps.

La dernière chanson de l'album est spéciale : c’est la chanson la plus longue et il y a beaucoup de changements de rythme. Comment avez-vous travaillé sur cette chanson ?

St. Michael's Nightmare est la dernière chanson que nous ayons écrite et je pense que c’est un bon résumé de tous les ingrédients que l'on trouve dans Diabulus In Musica. Nous nous sommes bien amusés quand nous l'avons écrite. Nous voulions que St. Michael's soit plus longue parce que le sujet des paroles était définies avant que nous n'écrivions le morceau et parce que nous avions plein d'idées musicales pour ce titre. On sentait qu'il fallait faire une longue chanson pour finir "Secrets".

Vous avez invité une soprano et un ténor à chanter avec vous sur cet album. Pourquoi ?

Maite Itoiz (soprano) est une de mes amies proches et une chanteuse merveilleuse. Elle a proposé de chanter sur l'une des chansons et j'étais vraiment contente qu'elle puisse apparaître sur "Secrets". Nous avons chanté en duo sur "The Forest of Ashes". Les restes des invités (le ténor, la basse, la mezzo-soprano et les autres sopranos) apparaissent sur presque toutes les autres chansons. Ce sont mes collègues du choeur dans lequel j'officie.

Tu as un chant rock et un autre plus lyrique. D'après toi, ces deux facettes de ton chant sont-elles des forces dans Diabulus In Musica ?

La musique de Diabulus In Musica est électrique, donc, à mon avis, les voix doivent l'être aussi. J'essaye d'adapter les voix à la musique et les paroles et choisir avec quelle partie de la chanson ça colle le plus. Je me sentirais ennuyée si je devais écouter le même genre de chant tout le long de l'album. Ha ha.

Au final, vous êtes trois chanteurs dans le groupe. Comment avez-vous su comment partager le chant sur l'album ?

Oui, il y a les voix claires, les grunts et les screams. C’est souvent moi qui demande les grunts ou les screams. J’aime beaucoup ça, mais je ne sais pas faire, haha. On ne veut pas imposer quoique ce soit dans notre musique, chaque élément vient avec naturel dans chaque chanson, donc je dirais que ce sont les morceaux qui demandaient des voix différentes, nous avions parfois besoin de l’ « agressivité » des grunts. J’aime aussi l’idée de la dualité et les paroles sont pleines de double sens, donc les deux voix étaient nécessaires pour exprimer cette idée.

Votre album a été chroniqué et a vraiment été bien accueilli par la presse. La reconnaissance de la presse est-elle importante pour vous ?

Bien sûr que ça l'est. La presse peut vraiment permettre de faire connaître notre musique. Le coeur de notre musique est le public et si les amateurs de musique lisent de bonnes critiques, ils vont probablement devenir des auditeurs et même des fans.

Quelle est la signification de la pochette de "Secrets" ?

Tu devrais poser cette question au designer haha. C'est Xabi Angós (www.petitxabi.com). Je pense qu'il arrive à reproduire l'âme qu'il y a dans chaque groupe. Il a trouvé cette idée de rassembler plusieurs images, et ça nous va très bien. Nous lui avons dit que nous voulions transmettre une image inspirée par le romantique, mais avec une touche moderne, une sorte de mélange entre le passé (du Moyen-Âge jusqu'au XIXème siècle) et le présent avec un voile mystérieux qui garde le côté secret. Je pense qu'il a fait un super boulot.

D'après toi, quels sont les trois mots qui décrivent le mieux l'univers de Diabulus In Musica et pourquoi ?

Seulement trois ? C'est une question piège mmmm.... Je ne sais pas ! ha ha.
Peut-être la dualité, les sentiments et le mystère...

Vous avez été confirmés au MFVF avant même la sortie de votre premier album. La confiance de ce festival, est-ce quelque chose d'important pour vous ?

Cela veut tout dire pour nous, comme le promoteur du MFVF, Philty, est devenu notre manager après qu'il ait écouté notre démo. Comme il est lié à nous et notre musique depuis les tout débuts, sa confiance voulait dire et signifie beaucoup de choses pour nous. Nous lui sommes vraiment reconnaissants. Maintenant, lui et l'équipe du MFVF font partie de la famille de Diabulus In Musica.

Tu as abandonné tes projets pour être complètement impliquée dans la vie du groupe. Cela signifie-t-il que tu n'envisages pas d’avoir d'autres projets dans le futur ?

Nous avons abandonné les groupes dans lesquels nous jouions avant pour nous concentrer sur Diabulus In Musica parce que nous voulions travailler sérieusement et que le groupe demande beaucoup de temps, depuis le début, mais ça ne veut pas forcément dire qu'on ne fera pas d'autres choses. En fait, nous aimons travailler sur d'autres projets. Par exemple, je fais aussi partie d'un choeur de chambre de ma région. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver dans le futur, il peut exister des projets parallèles, mais qui n'auront pas le même rythme que Diabulus In Musica, parce que si tu dois partir en tournée, écrire de nouvelles choses, enregistrer un autre CD, il n'y a plus de temps, en tout cas pas tant que nous avons des boulots à côté. Pour le moment, Diabulus In Musica est la chose la plus importante pour nous tous.

Quel serait la meilleure chose qui pourrait arriver à Diabulus in Musica et à toi, en tant que chanteuse ?

Jusqu'à maintenant, ça ne peut être mieux ! Nous venons juste de sortir notre premier album et nous sommes confirmés pour deux super festivals. Nous allons même jouer à Mexico dans une semaine. Je suppose que la prochaine meilleure chose qui pourrait nous arriver et qui serait un rêve devenant réalité, ça serait que nous ayons notre propre tournée et que l'on puisse vivre de notre musique.

Que peux-tu dire de plus pour les gens qui ont découvert ou vont découvrir votre musique avec ce premier album ?

Je voudrais les remercier pour avoir pris le temps d'écouter notre musique. Comme je l'ai déjà dit précédemment, ils sont le coeur de la musique et je me sens vraiment heureuse quand quelqu'un me dit qu'il aime nos chansons, c'est le meilleur cadeau qu'on puisse me faire :-).