Alkemyst

Interview date

23 Mai 2010

Interviewer

christian

I N T E R V I E W

Interview Arnaud Menard, Séverin Bonneville, Denis Mellion, Arnaud Gorbaty (face à face)


Bonjour à vous, surpris de vous voir là !

Pourquoi ? on est super contents d'être là...

Vous êtes connus et malgré tout, vous participez à la première édition du Seyssuel-Fest (Seyssuel se situe près de Vienne en Isére et ne compte pas plus de 2000 habitants...) ?

D'une part, je ne suis pas sûr que notre nom attire du monde sinon un certain nombre de connaisseurs, d'autre part ici, les organisateurs font un boulot extraordinaire et on est vraiment bien accueillis ! Ca fait toujours plaisir de rencontrer des gens qui ont la même passion : c'est dans ces occasions qu'on a des échanges avec d'autres groupes (en l'occurence ici, Cephee Lyra et Auspex...) et le Seyssuel-Fest revêt un intérêt particulier pour l'un d'entre nous... - Effectivement, il se trouve que je suis prof au collège de Seyssuel et je sais que bon nombre d'élèves m'attendent au tournant... C'est super-motivant !

Vous n'êtes donc pas professionnels ?

(rires) Pas vraiment : Les deux Arnaud et Severin sont dans l'enseignement et Denis est gendarme : heureusement pour nos finances ! De plus, nous ne bossons pas tous dans la région : Denis est sur Paris, Roberto vit à Rome : faire une scène comme celle-ci, c'est aussi l'occasion de se voir et encore pas tous, aujourd'hui Roberto n'est pas là retenu qu'il est avec "Secret Sphere"...

Revenons sur votre actualité récente : comment a été accueilli votre album "Through painful lanes" ?

Sans vouloir être prétentieux, nous sommes très fiers de cet album pour lequel nous nous sommes beaucoup investis et pour être francs, nous avons une dent contre ceux qui l'ont produit : il ne s'est rien passé en terme de promo depuis sa sortie ! Ce qui est très frustrant, c'est que "Through painful lanes" est sorti sur tous les territoires sauf sur le territoire Européen : on ne sait pas comment il a été travaillé sur notre territoire : c'est vraiment dommage car le produit est bien...En définitive, quand Alkemyst livre un album, c'est "clés en main" : on attend donc du label qu'il en fasse la promotion, qu'il le distribue et on ne peut pas dire que le boulot ait été fait !Quand la prosition nous a été faite pour la distribution, on aurait du dire non parce que ce qui a été fait pour la pub dans les magazines ou rien, c'est pareil...

Et pour le prochain alors ?

On verra, on est en train d'en parler mais une chose est déjà sûre : pour ce label-là, on va réussir à pas le faire fonctionner !

Combien d'albums avez-vous vendu ?

On sait pas : impossible d'obtenir l'info ! Aucun chiffre ne nous revient !On a aussi eu une histoire avec "Deezer", il n'y a jamais eu clairement une volonté de nous positionner...

Votre dernier album était bien en streaming sur le net ?

Oui, au tout début pour la promo : c'est d'ailleurs la seule promo qui ait fonctionné et c'était à notre demande ! De toutes façons, les mags et les fanzines nous disaient bien que la lecture directe, c'était bien mais ce dont ils avaient besoin, c'était de pouvoir l'écouter dans leur chaine !Une remarque récurrente et quand ils nous contactaient (directement ! puisque le label n'avait rien fait...), on était incapable de leur fournir un CD physiquedu coup, il ne se passait plus rien... Si, on a quand même quelqu'un qui nous a toujours soutenu depuis le début : c'est Stéphane Auzilleau du magazine "Rock Hard" : on lui a envoyé l'album et à notre grande surprise, non seulement on a eu une interview mais en plus, on a été album du mois et ça, ça fait vraiment chaud au coeur ! C'est finalement la seule pub qu'on ait eu en France et surtout de la part de ce grand Monsieur pour lequel on a beaucoup d'estime, c'est exceptionnel... On a eu, je crois, une chro dans "Metallian" et encore, c'est nous qui avions donné le disque parce qu'on y connait un journaliste !

Aux "Portes du metal", nous chroniquons tout ce que nous recevons et on ne nous a pas fait parvenir "Through painful lanes". C'est d'autant plus dommage qu'avec le net, il y a moyen de toucher beaucoup de monde !?

Moi, je suis en colère par rapport à tout ça parce que notre album est bon : tout ceux qui l'ont écouté à deux ou trois exceptions près, le qualifie de très bon disque de metal mélodique : rarement en France, un album n'a été aussi bien "torché" et du coup, il y a chez nous une sensation d'écoeurement ! On a pas eu de bol en fait au moment de négocier les contrats discographiques parce qu'on a eu cinq ans de silence qui s'expliquent en grande partie par des soucis de santé que j'ai eu entre "Meeting in the mist" et "Through painful lanes", forcément ça nous a donné une mauvaise image : groupe pas productif genre "musicien à ses heures" et du coup, je pense qu'il y a des labels qui auraient été interessés...On avait été en contact avec Leif Lasselm de Century Media qui adore le disque mais qui, après réflexion, a décidé de pas le sortir et on a eu la même déconvenue avec Redouane qui est le label de "Secret Sphere" maintenant : ils ont écouté le disque pendant deux semaines puis ont décidé de ne pas le signer et ce pour plusieurs raisons mais surtout parce qu'ils n'étaient pas sûrs d'engager un groupe...Pas de chance, j'aurais personnellement préféré sortir notre premier LP sur un tout petit label (et non sur "Nuclear Blast" NDLR.) et le second sur un label plus gros parce que s'il avait été correctement distribué, je ne dis pas qu'il aurait forcément cartonné mais on aurait certainement pu faire un petit bout de chemein avec...

Aujourd'hui, vous disposez de nouveaux morceaux ?

On a un certain nombre d'ébauches très intéressantes...Mais on ne parvient pas à faire plus court entre deux albums : je crois que ça tient vraiment à notre manière de fonctionner, on a besoin de beaucoup travailler et avec nos vies respectives, on ne fait pas non plus que ça... De plus, on ne dispose pas de beaucoup de moyens : le deuxième album nous a coûté cinq mille Euros, c'est artisannal quand on sait qu'un album pro en coûte vingt cinq mille...Tout est compliqué, tout est difficile, c'est au bout du compte beaucoup de travail et d'efforts personnels mais on est quand même très contents du chemin parcouru jusqu'à aujourd'hui tout en regrettant de ne pas avoir eu : plus de chance, quelques fois un peu plus de soutien aussi de la presse Nationale (autant on a été aidés par deux mags : "Rock Hard" et "Metallian", autant on a été complètement lâchés par le reste : on a juste eu une interview avec "Hard Rock" parce qu'on était chez "Nuclear Blast" et c'était la condition sine qua non pour y être, d'ailleurs le disque n'a jamais été chroniqué dans leurs colonnes... Même lors d'une interview radio, on a eu droit à la question : "pourquoi vous chez Nuclear Blast, vous êtes d'Annecy non ?" : c'était incroyable et...lamentable ! Ca, ce sont des problèmes auxquels les groupes Français sont quotidiennement confrontés à partir du momentoù ils ne sortent pas du sérail, qu'ils ne fréquentent pas les bonnes adresses : c'est vraiment dommage car sur le plan musical, on a pas de regrets et on est très contents d'être là ce soir !

C'est beau mais ça suffit pas ?

Ca suffit pas en tout cas pour faire que ça...D'un autre côté, l'amateurisme permet d'être confronté à des situations intéressantes, faire des rencontres passionnantes, inviter d'autres groupes dans mon studio d'enregistrement, se refiler des plans...Il y a dans la région Rhône-Alpes un certain nombre de gens qui s'apprécient, qui ne setirent pas dans les pattes et c'est génial ! On cotoie des gens qui jouent très bien, qui ont la même envie, la même passion que nous : c'est appréciable et encourageant !

Dans le metal, il y a une pluralité de talents inconnus et à côté de ça, on nous gâve à la télé de tout un tas de "guignols" qui n'ont pas trois sous d'originalité, c'est révoltant, non ?

C'est sûr mais ce qui nous gêne le plus, c'est l'image stéréotypée du metal véhiculée par les médias : quand on parle de metal, on sous-entend qu'il s'agit forcément d'une secte d'adeptes du satanisme (cf. la polémique au sujet du Hellfest...).

N'y aurait il pas à votre niveau, un moyen de modifier cette image en écrivant les textes de vos chansons en Français ?

Traditionnellement, ceux qui ont commencé à faire du Hard Rock en France, se sont inspirés du modèle Anglo-Saxon pour obtenir une sonorité similaire. Pour nous, la question de la la langue ne se pose pas puisque notre chanteur ne parle pas un mot de Français... Je ne pense pas que la langue soit le problème vis-à-vis des médias, c'est plutôt la dose de matraquage qui n'est pas la bonne : si demain, on nous envoie sur les radios de la musique plus énérgique que toutes les daubes habituelles, les gens vont ni plus ni moins s'habituer et acheter autrement.

C'est un problème de conditionnement alors ?

Oui, regarde Bruel : il existe un conditionnement à Patriiiick Bruel ! Regarde le R'n B...Et il y a pas mal de groupes de metal extrême qui chante en Français...

Sauf qu'on comprend pas...

Si, avec les livrets ! Dans le metal mélodique, je ne pense pas que le Français soit une langue facilement chantable : l'Anglais est plus chantant, plus malléable : ce n'est pas moi qui le dis, déjà Rousseau au dix-huitième Siècle dénonçait le fait qu'on ne pouvait pas chanter en Français, que l'Italien se prêtait mieux au chant : le Français est une langue de déclaration, on la parle avec la gorge, avec peu d'accent tonique. Il ya aussi le fait que culturellement et économiquement les Anglo-Saxons font figure de free lance...Quand j'ai commencé à écouter du metal, les paroles, je m'en foutais...

C'est un plus en matière de message !?

Je suis pas certain : aujourd'hui, tout le monde parle Anglais : c'est la langue universelle comme le Latin l'était au Moyen-Age !

Sauf que c'est pas immédiat : il faut prendre les textes !

C'est immédiat pour personne... C'est bien : ça fait bosser ! (c'est le prof d'Anglais qui parle...) Tous les groupes qui m'ont clairement influencé chantaient en Anglais et je pense qu'on a tous identifié le metal comme une langue Anglo-Saxonne !

Au moment d'écrire, vous procédez directement en Anglais ?

Ca dépend mais c'est plus un réflexe : pour le 1° album, le texte n'était pas forcément très recherché mais c'est pas le cas pour le deuxième album : là, c'est mieux écrit...Il y a des choses qu'on peut dire facilement en Anglais alors qu'en Français, il faudrait un quart de plus pour dire la même chose : la plupart du temps, l'Anglais est plus synthétique et dans le format d'une chanson, peu de mots suffisent : c'est une nécessité musicale que de coller à une unité temporelle donnée...En Français, on est obligé de beaucoup plus développer...En plus, je suis prof de Français...

J'avais compris...

Et donc pour moi, le Français fait partie du domaine du sacré et du coup, je me sens pas très à l'aise : par exemple, quand j'entends un groupe Français chanter en Français, je trouve souvent ça cucul, tarte donc je ne m'y risquerais pas moi-même...Plein de conneries passent en Anglais et ne passeraient pas en Français : les paroles des Beatles étaient bien creuses et pourtant, ça a marché !? A la radio, pas mal de groupes Français assument le paradoxe de l'héritage Anglo-Saxon et tendent à se faire passer pour des groupes Anglo-Saxons alors qu'ils sont bel et bien Français !

Et si le message à transmettre est un message de révolte ?

Il faut mettre la forme artistique en adéquation avec l'intention ! En l'occurence, ce n'est pas notre volonté, nos paroles n'ont pas cet objectif...

Et dans la communication avec le public en concert pour introduire vos tîtres ?

Mais on ne les introduit pas puisque Roberto ne parle pas Français (rires) !

Eh bien, il me reste à vous remercier tous les quatre pour votre disponibilité et à vous souhaiter un bon set !

Mais pas de problème, on a passé un bon moment ensemble...