Groupe:

Aephanemer

Date:

07 Octobre 2025

Interviewer:

ced12

Interview Aephanemer

Bonjour. Comment va Aephanemer en cet automne 2025 ?

Martin : Tout d'abord, merci beaucoup pour cette interview ! Aephanemer se porte très bien. Nous sommes sur le point de sortir notre quatrième album, Utopie, le 31 octobre prochain. Juste après, nous entamerons une tournée européenne, et nous devrions pouvoir annoncer très bientôt les dates de notre tournée française qui aura lieu au printemps 2026.

Un petit mot sur l’instabilité au poste de bassiste. Qu’en est-il ? Désolé ce n’est pas simple à suivre

Martin : Haha, désolé pour la confusion ! En réalité, ce n’est pas si compliqué : Lucie a été notre bassiste pendant six ans, de 2017 à 2023. Elle a ensuite été remplacée par Laure pendant un an, en 2023-2024, et depuis 2025, Florian a rejoint le groupe à ce poste. On est très contents de ce recrutement et ça fait du bien de retrouver une stabilité à ce niveau.

Etes-vous satisfaits du cycle A Dream Of Wilderness ? A titre personnel, j’ai beaucoup aimé l’album mais regrette un peu sa faible représentation dans les setlist live du groupe au profit de Prokopton (très bon également). A quoi est dû ce choix de setlist ?

Martin : Nous sommes très satisfaits de l'album A Dream of Wilderness, mais son cycle a été un peu compliqué à cause de la pandémie et de tout ce qu'elle a entraîné. Nous n'avons pu tourner en France et en Europe qu'en 2023, pour la première fois depuis 2019, et la plupart de notre public n'avait pas encore eu l'occasion d'entendre les morceaux de Prokopton en concert. Nous avons donc équilibré la setlist de façon à rattraper ce décalage.

Lors de notre dernière interview, vous aviez évoqué avec beaucoup de franchise votre volonté d’optimiser la gestion du groupe en réduisant au maximum les intermédiaires. Avez-vous été satisfaits de ce modèle ? Je me pose la question car sauf erreur, vous rejoignez le roster Napalm ainsi qu’un tourneur ce qui pourrait laisser entendre que vous en revenez à un modèle plus « traditionnel » ?

Martin : Absolument, et nous restons sur la même ligne. Lors de notre dernière interview, nous étions déjà signés chez Napalm Records (depuis 2019) pour un contrat de trois albums que nous avons l’obligation d’honorer. Cela prendra fin avec la sortie de notre nouvel album Utopie. Ce n’est pas un secret : nous ne resignerons pas avec eux, même s’ils souhaiteraient prolonger le contrat pour deux albums supplémentaires. Comme je l’avais expliqué précédemment, une collaboration avec un label de ce type est aujourd’hui très coûteuse et apporte finalement très peu de bénéfices concrets. En revanche, nous travaillons effectivement avec l’agence Asgaardian Events depuis cette année pour l’organisation de nos tournées en Europe - excepté la France. Ce n’est pas un contrat exclusif, ce qui nous laisse la liberté de continuer à nous booker nous-mêmes, comme nous le faisions jusqu’à présent. Mais la préparation de Utopie a représenté une telle charge de travail que je n’avais tout simplement plus le temps de gérer moi-même la planification des tournées, comme en 2023-2024.Nous ne sommes pas opposés à collaborer avec d’autres structures, au contraire, mais il est essentiel que le coût d’une collaboration soit cohérent avec ce qu’elle apporte réellement. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas avec Napalm Records, mais c’est tout à fait le cas avec Asgaardian Events.

Parlons de ce nouveau disque. Les premières écoutes font forte impression, notamment les trois dernières pistes. Dans quel état d’esprit avez-vous appréhendé ce disque ?

Martin : Je pense que notre état d’esprit reste toujours le même lorsque nous commençons à travailler sur un nouvel album : essayer de faire un peu mieux que la fois précédente, et explorer de nouvelles pistes pour ne pas simplement répéter la même formule encore et encore. Nous avons pris un peu plus de temps que d’habitude pour l’écrire, car nous voulions vraiment marquer une différence avec nos précédents albums - et je crois que c’est le cas. Malgré ça, on ne peut pas s’empêcher d’entendre quelques petits défauts ici et là en l’écoutant, mais je suppose que c’est inévitable !

Le chant m’a semblé encore plus influencé black. C’est moi ? Aussi, impossible de ne pas noter que ce disque est chanté en français. Ce fait fut-il influencé par la bonne réception du titre Le Radeau de la Méduse ?

Marion : Cela faisait longtemps que je voulais passer au français, c'est pourquoi j'ai écrit une version française pour Le Radeau de La Méduse, sur notre précédent album, A Dream of Wilderness. L'idée était de tester sans pression, puisqu'il ne s’agissait que d'un morceau bonus. J'ai trouvé que cela fonctionnait bien et j'ai beaucoup aimé écrire et chanter dans ma langue maternelle. Les retours ont également été vraiment positifs, j’étais donc très motivée pour écrire un album complètement en français cette fois ! Quant aux sonorités black, c’est vrai que j’ai tendance au fil du temps à développer une voix plus aiguë, qui convient mieux à ma tessiture ; d’autant que je trouve que les sonorités de la langue française rendent particulièrement bien à cette hauteur. Il est probable que par la suite - puisque je vais probablement continuer à chanter en français - je diversifie plus ma voix et que j’explore un peu plus les graves.

Je reviens sur ces trois dernières pistes. Elles sont longues, connectées avec une forte dimension instrumentale et gavées d’arrangements. Est-ce possible de nous en dire plus sur ce final haut de gamme ?

Martin : Merci beaucoup pour ces mots, je suis vraiment heureux que ces morceaux t’aient plu. Ces titres ont été composés ensemble, un peu comme les trois étapes d’un même voyage vers l’utopie. Ils ont pour nous une cohérence émotionnelle qui s’est imposée naturellement au fil de la composition. Je préfère ne pas trop en dire, car je pense que certaines choses ne peuvent pas vraiment être expliquées avec des mots. La musique permet d’exprimer ce que le langage ne peut pas toujours transmettre. Mais si je devais essayer d’en donner une idée, je dirais que les deux derniers morceaux représentent les deux faces opposées de l’utopie telle qu’on la ressent : d’un côté, le désespoir, sans lequel on ne chercherait pas à imaginer un monde meilleur, et de l’autre, cet espoir immense, presque transcendant, qui nous pousse à continuer. Tout l’album tourne autour de ce thème, et chaque morceau en reflète une petite partie à sa manière.

Vous avez joué au Summer Breeze (entre autres Fest). Avez-vous été satisfaits de ces dates en Fest ? De la réception du public ?

Marion : Le Summer Breeze a sans aucun doute été le moment fort de cette saison de festivals ! Le slot était parfait, c’était en soirée donc on bénéficiait de notre show lumières, et les spectateurs ne souffraient pas de la chaleur. Le public était incroyable, hyper réceptif, et il y avait vraiment beaucoup de monde. On a aussi eu tout le temps nécessaire pour s’échauffer et s’installer. Bref, les conditions idéales étaient réunies pour donner un excellent concert ! Ce n’est pas toujours le cas et il faut évidemment faire avec, mais lorsque tout se passe aussi bien, cela renouvelle notre enthousiasme car nous voyons que notre musique plaît lorsqu’elle est présentée à un nouveau public dans de bonnes conditions ! La seule petite frustration pour nous était que nous ne pouvions jouer cet été qu’un seul morceau de notre nouvel album, pour ne pas trop en dévoiler en avance.

Dans la continuité, j’imagine que des dates sont au programme. Comptez-vous essayer d’intégrer un plateau avec une grosse tête d’affiche ? Ou assurer encore des dates sous votre nom ?

Martin : à vrai dire, nous essayons tout ça à la fois ! Nous avons beaucoup de concerts en tête d’affiche à venir, certains annoncés et d’autres non. Nous en programmons davantage actuellement, mais nous aimerions aussi beaucoup rejoindre la tournée d’un groupe plus installé en tant que groupe de support. Ce n’est pas facile car les créneaux sont peu nombreux, mais cela nous semble réalisable à moyen-terme !

Vous nous aviez expliqué avoir une forte base de fans à l’étranger. Ces dernières années ont-elles pu vous permettre de prendre pied par chez nous ?

Martin : Oui, surtout depuis 2023, avec notre tournée française et notre concert au Hellfest. Je pense que cela nous a permis de renforcer notre crédibilité auprès du public français, qui nous perçoit désormais davantage comme un groupe sérieux. En termes de base de fans, environ 90 % restent à l’étranger, car notre croissance a été présente à l’international également, mais au moins nous sommes désormais un peu plus connus dans notre propre pays !

Question plus légère. Avez-vous quelques disques récents à nous recommander ? Et plus généralement quels sont les disques / groupes qui vous ont enthousiasmé récemment ?

Marion : Je conseille vivement le dernier album de In Mourning, The Immortal, sorti très récemment, qui est excellent ! Un peu plus tôt cette année j’ai aussi beaucoup aimé Lonely People with Power de Deafheaven, qui m’a donné envie de me plonger dans leur discographie, ce que je n’avais jamais pris le temps de faire. J’adore leur équilibre, en particulier sur le dernier album, entre shoegaze rêveur et black metal agressif.

Martin : Désolé, je suis super nul pour ce type de questions, car je n’écoute jamais de musique récente. Je me perds dans les recommandations Spotify et les CDs poussiéreux de vieille musique du type musique traditionnelle, musique médiévale, des trucs que personne n’écoute. À la rigueur je peux recommander l’album « Wiosna Ludu » de Warsaw Village Band, c’est un groupe de musique traditionnelle polonais, j’aime beaucoup leur musique. Par exemple je trouve leur titre « Taniec chasydzki » fantastique ! Ce n’est pas du tout du Metal, mais c’est très beau, très mélodique.

Merci pour cette échange. Un dernier mot à nos lecteurs pour la fin.

Martin : Merci beaucoup pour cette interview ! J’espère qu’elle aura intéressé vos lecteurs. Nous avons vraiment hâte de les rencontrer lors de notre tournée française en 2026. Et n’oubliez pas que notre nouvel album, Utopie, sort le 31 octobre - et que nous sommes impatients de le partager avec eux ! À bientôt on l’espère !

 

Venez donc discuter de cette interview sur notre forum !