Interview Nuit des Sorcières

Pouvez-vous présenter la Nuit des Sorcières ? Depuis combien de temps ce concept existe-t-il ? Quelle est la philosophie de cet événement ?

Le Faune de La Nuit des Sorcières : La Nuit des Sorcières est née en 2022 au Rock’n Eat à Lyon. Ce ne devait être au départ qu’un “one shot”, et le succès de l’évènement a encouragé ses organisateurs à le développer pour en faire un festival itinérant et récurrent. L’idée est assez simple : c’est une nuit pour se retrouver entre passionné.e.s des univers médiévaux et fantastiques, des musiques folk & oniriques, des spiritualités anciennes, celtiques, nordiques et plus encore… mais bien plus généralement autour des cultures de l’imaginaire. La figure de la sorcière préside à toute cette caravane de chamanes, guerrières vikings, elfes et trolls, ce qui explique sans doute la forte représentation des femmes dans les soirées, que ce soit sur scène comme dans le public.

Comment expliquez-vous le succès que rencontre les cultures païennes ? Différents festivals se sont imposés et trouvent un public. Est-ce une belle surprise pour vous ?

Le Faune : C’est une belle surprise oui ! Honnêtement on ne s’explique pas vraiment ce succès. Les films et séries qui ont largement exploité ces thèmes sur Netflix et ailleurs sont-ils à l’origine de cet engouement ? Ou est-ce plus généralement un grand désir humain, à une aire techno-numérique, de nous souvenir de notre lien avec la nature, les mythes anciens et la magie, qui a encouragé ces scénarios de films et jeux vidéos ? Mystère !

Quel Bilan tirez-vous des événements organisés courant 2024 ? Si j’ai bien compris, ce fut guichets fermés partout ?

Le Faune : Oui c’est assez fou. Les 15 premières soirées ont été complètes. Au départ, ce furent des soirées à prix libre dans des clubs undergrounds, mais on a très vite été très frustré pour les gens qui venaient parfois de très loin, en costume, et qu’on était obligé de refuser à l’entrée quand la capacité maximum du lieu était atteinte. C’était vraiment un crève-cœur de refouler des gens qui arrivaient avec des tenues médiévales sublimes et qui avaient fait 4h de route pour venir... Bref, on est ensuite passé en 2023 a un système de soirée sur billetterie, et là au moins personne n’était refusé à l’entrée ! Mais c’est vrai qu’on a du mal à trouver des salles assez grandes et les soirées sont complètes très vite. Ce serait chouette d’avoir accès à des grandes salles, mais les SMAC qui ont des capacités suffisantes sont encore peu nombreuses à nous faire confiance. On sort de nulle part, on vient de “l’underground profond” et les groupes qui jouent chez nous ne sont pas chroniqués dans les Inrocks. C’est comme un circuit parallèle, un monde féérique autonome.

Deux dates ont déjà été annoncées pour 2025 (Toulouse & Bourg en Bresse). Y en aura-t-il d’autres ?

Le Faune : Le fonctionnement de La Nuit des Sorcières étant en partie conditionné par l’emploi du temps de sa tête d’affiche traditionnelle, le groupe Eihwar, il nous faut jongler avec l’agenda du groupe qui se remplit rapidement vu son succès grandissant depuis son passage au Hellfest et surtout son développement au niveau international. Pour 2025, on aura effectivement ces deux dates à Bourg-en-Bresse et Toulouse, et ensuite, rien de sûr encore. Peut-être une date à l’automne, mais sans certitude. On organise dès qu’on peut, et surtout, dès qu’on trouve une salle avec une capacité et un confort suffisant pour le public.

Pouvez-vous présenter les différents groupes à l’affiche de ces dates 2025 ? Le déroulé de la soirée ?

Le Faune : On aura à Toulouse Eihwar avec le show de son album Viking War Trance sorti chez Season of Mist, une animation de Dyrmaor 'L'Oracle de la Magie Nordique', un concert folk de Solventis qui vient de sortir son album chez Subsound Records (label de Lili Refrain), un tirage des tarots sur fond de witch folk par Saturne & Valfeu et une after party avec Bárðr (bi-classé DJ-chaman). Pour Bourg-en-Bresse, on retrouvera bien sûr Eihwar, avec en première partie une artiste assez incroyable dans son projet personnel, Mira Ceti, dont vous avez certainement déjà entendu la voix au sein du collectif Heilung. On aura également Bárðr en after, un mini village d’artisans avec un bar à hydromel et un foodtruck de cuisine médiévale. Le détail et les horaires sont dispos sur notre site : www.valfeu.com

Il semblerait que venir costumé soit très recommandé .

Le Faune : Venir costumé, ça oui on l’encourage ! Ce n’est vraiment pas obligatoire hein, il ne s’agit pas d’une convention de cosplay. C’est plutôt une grande fête où chacun.e peut laisser s’exprimer ses fantaisies. En fait, le public s’est costumé spontané assez vite, dès la 2e ou 3e soirée. On a maintenant pas loin de 70% du public costumé. C’est franchement ce que je préfère je crois dans ces soirées, c’est assez magique quand tu rentres dans une salle de concert et que tu la trouves peuplée d’elfes, de vikings, de sorcières et de druides…

Quel est le business-model de la Nuit des Sorcières ? Qui le produit ? Est-ce une marque déposée ? Quid de la rentabilité de ces dates ? (déformation professionnelle oblige, ce sujet m'intéresse !)

Le Faune : Alors oui du coup maintenant La Nuit des Sorcières est une marque déposée et le projet est porté par la société Matrisse Productions basée à Toulouse. C’est toute une équipe géniale qui nous fait confiance dans nos choix artistiques et organise de manière professionnelle l’ensemble. De cette façon on ne fait pas fortune, mais au moins on a la garantie que tous les artistes aient des cachets d’artistes déclarés pour exercer dignement et dans la légalité leur métier. En général les bénéfices sont réinvestis pour organiser des évènements plus importants l’année suivante et offrir un meilleur confort au public (comme aux artistes) avec des salles mieux équipées.

Rituel des Portes du Metal : un dernier mot pour nos lecteurs …

Le Faune : Et bien si vous venez à nos soirées, merci pour votre curiosité ! C’est grâce à votre enthousiasme que toutes ces soirées ont pu se développer ! N’hésitez pas à continuer à nous suggérer des artistes, des salles, des idées, on est heureux de pouvoir construire tout ça avec vous !