Groupe:

Black Farm Records

Date:

23 Novembre 2024

Interviewer:

fabulous

Interview Thomas

On continue notre rubrique sur les labels français, acteurs principaux de tous ces groupes que nous chérissons, avec le label Black Farm Records.

Salut Thomas,Peux-tu nous présenter ton label (date de création, lieu où est basé le label, styles musicaux etc)

Salut ! Black Farm records a été créé il y a presque 10 ans ! Si la première sortie date de 2016, le label a été lancé en décembre 2015. Black Farm est situé dans le Nord, entre Lille et Valenciennes, juste à la frontière Belge. Black Farm est « spécialisé » dans le Stoner, le Doom, le Sludge et autres joyeusetés heavy.

Quel est ton parcours personnel et professionnel jusqu’à Black Farm Records et qu’est-ce qui t’a convaincu de créer ce label ?

Black Farm est avant tout un projet que nous avons monté à deux avec un ami de longue date. Tous deux issus du « monde de la musique », nous avons travaillé chez des distributeurs ou des majors au début de nos carrières respectives, et avec la crise du disque, nous avons dû retourner à des métiers plus sûrs. Mais l’idée de monter un label nous taraudait depuis plusieurs années. Collectionneurs de disques tous les deux, c’était une évidence. J’ai grandi dans les années 80, à une époque durant laquelle tu approfondissais ta culture musicale en lisant les crédits sur les pochettes de disques, en suivant les nouveautés dans la presse spécialisée et en te nourrissant des trades que tu pouvais faire entre potes. L’objet en lui-même a toujours eu une importance capitale dans mon expérience musicale. Certains labels, comme Man’s Ruin, Relapse, Tee Pee ou Rise Above m’ont fortement marqué grâce à la qualité de leurs sorties. Je voulais moi aussi aider les groupes à sortir leurs albums en vinyle et constituer petit à petit un catalogue de qualité. En tout cas, c’est ce que j’essaie de faire au quotidien.

Es-tu seul aux commandes pour gérer le label ? Y a t-il un shop où on peut se rendre ou uniquement le shop en ligne ?

Je suis seul aux manettes depuis 5 ans, mon associé n’avait tout simplement plus le temps de s’occuper du label. Si je travaille avec plusieurs grossistes et quelques shops, le site en ligne est le seul endroit où toutes les références sont disponibles, dans la limite des stocks disponibles bien entendu.

Comment choisis-tu les groupes qui rejoignent Black Farm Records ? Tu fais la démarche de contacter les groupes ou tu réponds positivement aux demandes que tu reçois quand tu as le coup de cœur ?

En général je contacte les groupes pour leur proposer mes services. Je fais en sorte de répondre aux groupes qui me contactent en direct, bien que j’ai un peu de retard à ce sujet…Quand nous avons lancé le label, l’idée était d’avoir tous les deux un coup de cœur pour un album avant de le sortir. J’ai beau être seul décisionnaire désormais, je me demande toujours si mon associé aurait accroché. Si je décide de travailler avec un groupe pour la sortie de leur album, c’est que je suis fan du groupe et que l’album me marque. J’essaie aussi de garder une certaine cohérence avec le reste du catalogue, je ne veux pas partir dans tous les sens au niveau des signatures. Je fais en sorte que les fans de Black Farm et les clients réguliers ne soient jamais déçus par une nouvelle sortie.

Combien de groupes as-tu signé sur Black Farm Records ?

20 groupes pour 32 sorties. Assez bizarrement, il n’y a qu’un seul groupe français au catalogue : DOCTOR DOOM.

Quel est le plus gros succès en termes de vente ?

Sans aucun doute possible, le premier album des Argentins de MEPHISTOFELES. Au total, Black Farm a sorti 1100 exemplaires de leur album « Whore ». Le groupe est aujourd’hui chez les suédois de Regain Records, et « Whore » a de nouveau été réédité.

Peux-tu nous parler des futures sorties qui sont prévues sur le label ?

Prochaine sortie prévue pour la fin d’année, les Australiens de EMU, un incroyable trio qui signe un premier album qu’on dirait tout droit sorti des années 70. Du groove, du riff et de l’attitude. Quelque part entre Mountain, Grand Funk Railroad, Cream ou Budgie. Un peu plus tard pour 2025, il y aura les nouveaux albums de OUTER HEAD, AMON ACID et EARTHBONG.

Black Farm Records est spécialisé dans les styles doom, sludge et stoner, il y assez peu de label dans ce style en France, je pense à MRS Sound Records et je n’en vois pas d’autres. Est-ce que tu as l’impression d’être dans une niche musicale ? Il y a un large public en France pour cette scène ou les ventes sont plus nombreuses à l’étranger via la boutique en ligne ?

Il y a Ewenn et Totem Cat qui nous a pas mal influencés quand on a lancé le label. Il existe des distributeurs/labels qui sortent régulièrement des albums dans ce style musical, mais c’est vrai que nous sommes assez peu nombreux à être spécialisés. Je pense que l’on peut effectivement parler de niche. Le public français n’est pas très sensible à ce genre musical. Quant aux ventes en France, elles sont vraiment très limitées. Les ventes à l’étranger représentent 95% du total des ventes, et en Europe, c’est vers l’Allemagne que j’expédie la majeure partie de mes commandes.

Si tu avais le choix quel groupe tu aimerais signer sur Black Farm Records ?

Des tas ! Je n’ai pas de groupe préféré, mais plutôt des dizaines de groupes préférés, il serait tout à fait impossible de les citer tous, et encore moins de les signer.

Le label privilégie quasi exclusivement le format vinyle, tu as toi-même ta propre collection de vinyles ? Qu’est-ce qu’on y trouve dedans comme groupes ? Quel est le dernier que tu as acheté ?

Oui, vinyle uniquement. Et oui, j’ai une collection de disques, assez éclectique à vrai dire. On y trouvera beaucoup de choses, mais pas d’électro, de variété française, de hip hop ou de musique classique. En revanche, on pourra aussi bien y trouver du Death Metal, du Jazz, du Prog, du Psyché, du Blues et bien entendu, beaucoup de Doom, de Heavy et de Stoner. Mes toutes dernières acquisitions en date ? 2 albums d’Iggy Pop que j’ai trouvés cet après-midi chez un disquaire, « Soldier » et « Instinct ». Pas ses plus grands albums, mais il me les fallait, c’est donc chose faite. Et puis Abattoir Blues/Lyre of Orpheus de Nick Cave reçu ce jour. Et puis, toujours même jour, la précommande du prochain Hellacopters.

Est-ce que les difficultés à respecter les délais de pressage vinyles post-covid sont derrière nous maintenant ?

Je pense que les problèmes d’approvisionnement liés à la fabrication des disques sont effectivement derrière nous. Reste le problème des prix qui ont flambé et qui peinent à redescendre à des niveaux raisonnables. Il est difficile aujourd’hui pour un groupe de s’auto-produire ; une aide extérieure est nécessaire, et c’est dommage, car les labels indés seuls ne peuvent pas financer toute une scène.

Quel(s) groupe(s) signé(s) sur le label tu conseillerais à nos lecteurs ?

Tous !? Tout dépend des goûts et des attentes de chacun. Pour le Doom Trad, GRAVE DISGRACE, BEGOTTEN et PESTA, pour le Stoner décomplexé, LUCIFUNGUS, ASTRODEATH ou DR COLOSSUS, pour le Doom féroce, EARTHBONG, POTION, ou MAMMON’S THRONE, pour le Sludge agressif, GOAT SHAMAN, pour le Psyché, OUTER HEAD et AMON ACID, pour le Stoner Metal, POD PEOPLE, HYPERGIANT ou FOG CULT, et pour les amateurs de vintage Doom ou de Rock 70’s, EMU, HEKATE ou DOCTOR DOOM. La palette est assez large !

Est-ce que le label organise également des concerts ?

Non, pas pour le moment, mais c’est un doux rêve qui, je l’espère, verra le jour à un moment ou à un autre.

Que penses-tu de la scène stoner/doom française ? 

La scène est active et propose régulièrement de très bons groupes, c’est très prometteur ! J’ai d’ailleurs pu récemment découvrir Witchorious en live, et le groupe m’a laissé une très bonne impression.

Si tu devais choisir un label avec qui travailler en co-prod pour sortir le nouvel album d’un groupe, avec lequel aimerais-tu le faire ?

Peu importe le label, le principal c’est que l’on puisse s’entendre sur les questions techniques. Je suis plutôt ouvert aux propositions. Tout dépend du groupe en question et de mon envie de participer à la sortie.

Comment aimerais-tu que le label évolue à l’avenir ?

Comme je l’ai dit un peu plus haut, j’aimerais beaucoup me pencher sur la question des concerts, et plus particulièrement organiser un festival. C’est un autre métier, mais l’envie est là. J’ai fait une réédition avec BEGOTTEN qui était sorti à l’époque sur Man’s Ruin, et j’aimerais aussi creuser ce sillon de la réédition d’albums introuvables en vinyle ou tout simplement très obscures.

Pour terminer je te laisse le mot de la fin

Merci pour ton intérêt pour mon petit label, et merci à tous les lecteurs de m’avoir lu jusqu’à la fin. Jetez une oreille sur les groupes de mon catalogue, il y a des chances pour que vous découvriez votre prochain groupe ou album préféré.

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