Groupe:

Insolvency

Date:

14 Février 2022

Interviewer:

ced12

Interview Insolvency

Insolvency existe depuis 2012. Vous avez déjà sorti un premier album en 2018, "Antagonism Of The Soul". Pouvez-vous revenir pour nous sur la genèse du groupe ? Pourquoi ce nom de groupe ?

Le groupe a été créé en 2012 par Valentin et un ami de lycée. C’est par le biais de cet ami que j’ai rencontré le groupe et que je les ai rejoint en tant que bassiste. Pendant un an et demi, on a principalement fait de petites scènes locales et niveau set on alternait entre des reprises de Metallica et des petites compos. C’est lorsque Bruno est arrivé en 2014 que l’on a commencé à vouloir faire les choses plus sérieusement et investir dans le groupe. On a sorti un petit EP éponyme en 2015 que l’on a enregistré et produit nous-mêmes. Mais on a très rapidement souhaité pousser le groupe encore plus loin en confectionnant un album plus ambitieux. Pour le côté musical on a cherché à travailler avec des personnes dont le travail était devenu nos références. C’est pour cela que l’on s’est dirigé vers le Treehouse Studio UK en Angleterre. Depuis, nous sommes restés dans cette dynamique de dépassement de soi-même et de toujours vouloir faire encore plus fort. Notre nouvel album, « Illusional Gates », représente tout à fait cet état d’esprit et cette volonté de se surpasser. Prosper (batteur) est arrivé en 2020 dans le groupe, en pleine période de composition de cet album. On s’est rapidement entendu sur cet état d’esprit. On s’est tous compris que ce soit sur le côté musical, marketing et surtout humain. Le nom du groupe représente d’ailleurs cet état d’esprit. Le mot INSOLVENCY a une définition économique si on le traduit littéralement, mais pour nous cela fait référence à une situation difficile dans laquelle chaque personne peut se retrouver. Mais on possède tous une force au fond de nous qu’il faut trouver, utiliser et pousser dans ses derniers retranchements pour arriver à faire des choses qui pouvaient nous sembler impossible.

Quelles sont vos influences musicales ? Ces dernières ont-elles évolué depuis la formation du groupe ? 

Nous avons beaucoup d’influences ahah ! Je ne sais même pas par où commencer. On va dire que l’on a nos premiers amours : Children Of Bodom pour Bruno, Trivium pour Valentin, Slipknot pour Prosper et Bullet For My Valentine pour moi. Ce sont d’ailleurs ces groupes qui nous ont beaucoup influencés pour notre premier album. Cela nous a fait plaisir mais on s’est rapidement senti frustré. Comme si nous n’avions pas exploité tout ce que nous aimions. Ce premier album a été un peu comme un disque d’enfance que nous avions besoin de faire pour se faire plaisir.

Pour ce nouvel album nous avons cherché à progresser que ce soit musicalement et techniquement. Nos influences ont alors beaucoup évolué et nous ne nous sommes donnés aucune limite. Et bien que notre style de référence reste le Metalcore, nous avons puisé dans chaque style que nous écoutions. 

Que ce soit par le Rap, le Rock ou encore l’Electro, nous avons testé tout ce qui nous semblait intéressant et nouveau pour le groupe. Parfois ça sonnait vraiment mal et on passait plus de sessions à rigoler qu’à composer de bons riffs. Mais cela était toujours dans une dynamique de productivité. On s’inspirait autant de groupe comme Polaris et Architects, que d’autres styles comme PNL, Sum 41, Igorr, Thy Art Is Murder. La liste est tellement longue ! No limit for INSOLVENCY ahah.

Insolvency évolue dans un registre Metalcore (même si cela ne suffit pas à décrire votre musique). Pouvez-vous nous recommander une petite liste de disques indispensables de ce style ? Avec quels disques devrait commencer une personne qui découvre ce style ? 

C’est toujours difficile de conseiller tel ou tel artiste pour découvrir ce style qui ne cesse d’évoluer. Le Metalcore avait une image dans le début des années 2000 qu’il ne possède plus aujourd’hui. Avec les années chaque groupe a su apporter de nouvelles influences à ce style et des dizaines de sous-genre se sont créés.

Pour ma part ce sont les albums « The Poison » de Bullet For My Valentine et « An Ocean Between Us » d’As I Lay Dying qui m’ont fait rentrer dans le Metalcore. Je trouve que ces albums sont des bons premiers pas dans le Metalcore plus « old school ». Ensuite je pense que « Lost Forever / Lost Together » d’Architects a beaucoup apporté au style. Aujourd’hui nous avons des groupes qui tentent beaucoup de choses et j’ai adoré les albums « The Death Of Me » de Polaris, « Manic » de Wage War ou encore plus récemment « Sleeps Society » de While She Sleeps. 

Mais dans tous ces groupes on peut remarquer une évolution dans leur musique qui représente le changement que le Metalcore connait depuis dix ans. Je pense que ce sont des albums et des groupes sont de bonnes références de l’univers que nous avons voulu créer avec notre album « Illusional Gates ». Chaque sous-genre du Metalcore a ses références, et chaque groupe aura les siennes à conseiller. C’est ça qui est génial et qui représente bien la diversité du style. Ça nous montre que nous n’en sommes pas encore arrivés à bout ahah !

J’ai lu que votre guitariste Bruno avait été invité à participer au Hundred Guitars from Hell Festival par le regretté Alexi Laiho (en 2015 sauf erreur). Comment s’est-il retrouvé invité sur ce bel événement ?

En 2014 Alexi a lancé un concours où il invitait les guitaristes du monde entier à se filmer en jouant un riff qu’il avait présenté en vidéo. Alexi choisissait ensuite les cent meilleurs guitaristes et les invitait à venir faire un concert à Helsinki en Finlande avec lui et sa bande de pote. Bruno a tout simplement postulé à ce concours de riffs et ensuite c’était comme un rêve pour lui.

Alexi est son idole depuis ses seize ans, et le rencontrer pour jouer sur scène à ses côtés a été une des meilleures expériences qu’il a vécues. Le batteur Jaska et le claviériste Janne étaient également de la partie et il est heureux d’avoir pu les rencontrer et leur parler. J’ai fait partie du voyage avec Mickael (notre ancien batteur) et on s’est bien éclaté à Helsinki !

Petit aparté matos. Quels instruments utilisez-vous ? Comment avez-vous appris à jouer de vos instruments (École de musique, autodidacte ?) ?

Valentin est totalement autodidacte au niveau de la guitare. Il a regardé des tutos sur youtube au début et puis il a très vite commencé à jouer du Metallica et du Trivium pour se faire la main. 

Bruno et moi avons eu quelques cours de guitare afin d’avoir des bases de l’instrument mais nous avons ensuite travaillé seul dans notre chambre. Prosper quant à lui a toujours pris des cours avec des profs particuliers. Il a continué ce parcours en faisant des études de musique à Nancy puis à Paris. 

Avec le recul, êtes-vous pleinement satisfaits de votre premier album ? Quel retour avez-vous eu ?

Je pense que tout artiste n’est jamais 100% satisfait de ses projets. Encore plus avec le recul. On est cependant fiers de ce parcours et de ce premier album car il nous a énormément apporté sur le plan personnel, musical et en connaissance du monde de la musique. 

Nous avons tout appris avec cet album et principalement à travailler ensemble. Nous avons tous des musiques que nous aurions composées autrement. Mais ce sont ces défauts qui nous ont amené à réfléchir autrement pour notre album « Illusional Gates » qui est de loin le meilleur projet du groupe à nos yeux. « Antagonism Of The Soul » a été une aventure incroyable et nous avons sorti ce qui nous faisait plaisir à ce moment-là. 

Les retours ont été incroyables que ce soit du côté des médias que du public. Beaucoup de personnes ont adoré notre album et l’ont encore plus apprécié en nous voyant en live. Cela fait chaud au cœur et tout cela en plus de la passion nous a poussé à continuer et vouloir se donner encore plus pour de nouveaux projets.

Cela m’amène à aborder ce nouvel album. Pouvez-vous nous le présenter ? Où a-t-il été enregistré ? Quel est votre processus de composition ?

« Illusional Gates » est un album beaucoup plus personnel. Que ce soit avec les paroles ou la musique, nous avons essayé de créer quelque chose qui parle de nous. Nous avons commencé à le composer rapidement après la sortie de notre premier album, mais nous ne savions pas réellement vers quoi nous souhaitions aller. Nous savions juste que nous voulions faire quelque chose de nouveau, que nous n’avions pas fait. 

Sur le plan musical on souhaitait sonner plus moderne, ce qui était en lien avec nos goûts actuels. Nous avons également beaucoup composé en pensant au live et à ce lien que nous pourrions créer avec le public. Les paroles sont également plus personnelles. Elles parlent d’expériences que nous avons vécues ensemble et chacun de notre côté. Nous avions besoin de nous exprimer sur notre propre vie. 

On s’est énormément donné sur ce projet. La musique est généralement écrite chez nous à distance. Pour cet album je me suis beaucoup plus investi que sur le premier, mais Valentin a su apporter sa patte et m’aider dans la composition des morceaux. Nous avons beaucoup plus pris le temps de travailler ensemble et de nous réunir pour écouter et tester des choses, principalement pour le chant. Sur notre premier album le chant était clairement notre point faible et nous voulions améliorer cela. Bruno a su nous faire des démos de dingue pour donner vie à toutes ses idées d’arrangements. Un vrai travail d’équipe s’est réalisé durant cette période et nous n’avons jamais été aussi investis tous en même temps dans la compo. Prosper est arrivé en fin de projet et n’a donc pas pu apporter beaucoup d’idées. Mais lors des sessions studio il a su apporter son style et améliorer et donner vie à la batterie que nous avions programmée.

Pour l’enregistrement nous avons choisi d’enregistrer en DI les guitares, la basse et le chant dans notre propre home-studio comme nous l’avions fait pour notre premier album. Pour la batterie la situation sanitaire nous a empêché de nous rendre en Angleterre comme nous l’avions fait précédemment. Nous l’avons finalement enregistrée dans un studio que nous connaissions prêt de chez nous (Studio de Fred Raby à Aix En Othes). Fred a été super et à l’écoute de ce que nous voulions. Nous avons ensuite travaillé à nouveau avec Jim Pinder du Treehouse Studio en Angleterre pour le mixage et avec Tyler Smith aux USA pour le Mastering. Tout a été fait à distance mais ils ont vraiment été super pointilleux et à l’écoute de ce que nous voulions. 

Difficile de ne pas aborder le sujet crise sanitaire. Cela a dû perturber vos plans. Comment gérez-vous la vie du groupe depuis ? Rien que pour pouvoir répéter par exemple.

Bizarrement la crise sanitaire nous a peu perturbés. Comme beaucoup de groupes, nous répétons très peu. La majeure partie du temps nous apprenons et jouons chacun de notre côté afin d’être totalement au point sur nos parties respectives. On joue ensemble surtout pour préparer des concerts. Au niveau de la composition nous avons toujours su travailler à distance car nous vivons tous dans des villes différentes. On s’est juste beaucoup plus appelé que d’habitude. 

Même si le conditionnel est de rigueur, quels sont vos plans pour 2022 ?

Jouer en live ! Si la crise sanitaire a bien perturbé quelque chose c’est notre possibilité de monter sur scène et nous comptons bien rattraper ce retard ! Nous allons également continuer à faire la promotion de notre nouvel album. Des playthrough et de nouveaux clips vont continuer à venir durant l’année.

Restez attentif ! 

Quelle vision avez-vous sur l’industrie du disque ? Et sur son évolution future ?

Compliqué d’y voir clair avec la multiplication des possibilités de distributions et canaux d’audience (Youtube, Spotify, réseaux sociaux etc..). Nous pensons qu’il existe toujours un public, le nerf de la guerre est de pouvoir lui faire découvrir notre musique !

Vivez-vous d’Insolvency ? Et si ce n’est pas le cas, avez-vous des emplois à côté ?

Même si nous aimerions en vivre, aujourd’hui Insolvency est un projet non lucratif ahah. Nous avons tous un job à côté. Bruno travaille dans une banque à Paris, Valentin est dans l’informatique industrielle et la programmation de machine, Prosper étudie l’American School of Modern Music à Paris et moi j’accompagne des enfants et adolescents déficients visuels.

Un dernier mot à nos lecteurs pour la fin :

Merci à toi pour cette interview et merci à tous ceux qui nous suivent. Cela fait chaud au cœur !

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