Groupe:

Sweet Needles

Date:

20 Décembre 2021

Interviewer:

Didier

Interview Sweet Needles

Bonjour les Sweet Needles, pouvez-vous nous présenter les membres du groupe et comment le groupe a été créé ?

Bonjour ! Merci de l’invitation pour l’interview. Le groupe est composé des jumeaux Oscar et Arthur Bonnot (respectivement chant et guitare), Simon Dagallier (guitare), Arthur Calonne (basse) et Hippolyte Bordes (batterie). On a créé ce groupe au lycée en 2012 mais on peut dire qu’on a vraiment commencé à devenir sérieux vers 2016 quand Arthur C a rejoint le groupe en tant que bassiste. C’est avec cette nouvelle formation qu’on a voulu se dire : “ bon faisons les choses sérieusement “.

Pourquoi ce nom de groupe qui fait référence à la drogue ?

Alors pas du tout haha ! Quand on a créé ce groupe on avait une amie d’enfance de la famille Bonnot qui avait son tattoo shop à Paris qui s’appelait Sweet Needle. On aimait bien et on lui a demandé si on pouvait utiliser son nom. On a rajouté un “ s “ à Needle et voilà haha ! On aimait le côté contradictoire du doux et de l’aiguille. Mais aucun rapport avec une quelconque substance.

A moins que ça soit une référence au vaccin ? Je plaisante, ça tape sur le système tout ça :-)

Haha, ça aurait pu ! Mais c’est y’a déjà presque dix ans qu’on a choisi ce nom ! Bordel.

Sans être indiscret, qu’est-ce que vous faites dans la vie quand vous n'êtes pas en train de faire de la musique ?

Alors ça dépend on a de tout : un vendeur, un ingénieur du son, un prof de gratte, un qui vient de monter sa boite de tournage et un autre qui travaille à Bercy. On a tous des taff qui nous permettent vraiment d’avoir du temps et de se sentir assez libre quand même. Il n’y a encore jamais vraiment eu de problèmes liés aux emplois du temps.

Avant de parler de votre album j’aimerais connaitre les influences musicales des uns et des autres ?

Idem, ça dépend vraiment de l’un à l’autre. On peut dire qu’on a une base commune comme les Gun’s n Roses, ACDC, Aerosmith, etc. Après chacun a ses préférences actuelles ça passe de Mastodon, Maximum the Hormone, Turbonegro, Russian Circle. Mais pas que, on aime aussi la variété française on aime se faire des karaoké Goldman, Johnny en rentrant de concert sur la route. On aime pas mal de groupes de niche.

Et si vous aviez eu d’autres expériences musicales avant de fonder Sweet Needles ?

Alors oui on avait tous un peu des petits groupes de lycée sans vraiment de projets concrets. Sauf Arthur Calonne qui jouait dans un groupe qui s’appelait The Black King avec lequel il avait déjà pu faire des tournées et assurer des premières parties de groupes bien sympas comme Inspector Cluzo, The Lords of Altamont...

Je n’avais pas entendu vos EP précédents, mais qu’est ce qui est différent aujourd’hui dans votre identité musicale ?

On peut dire qu’on a pu s’entourer de personnes qui ont su sublimer les compositions. On voulait aussi mettre en avant des morceaux qui ne se ressemblent pas tous, qui présentent des originalités, casser les tempos, des voix différentes, apporter une variété dans le contenu pour être surpris à l’écoute, etc. On considère plus nos deux premiers EP comme des démos. Le troisième présentait déjà des morceaux de l’album et a été enregistré à Alias Studio, là où on a enregistré l’album. Avec l’équipe d’Alias Studio (les membres du groupes Chunk! No, Captain Chunk! : Bert, Eric Poncet et Bastien Lafaye) on s’est senti accompagné et compris dans la démarche artistique. Ils sont très à l’écoute et hyper professionnels.

Moi, j’ai été bluffé par votre maturité, pour un premier album c’est vraiment impressionnant, est-ce que certains des morceaux de l’album sont issus de ces EP ? Et si oui, ont-ils été retravaillés ?

Et bien merci du compliment ça fait plaisir ! Oui, comme j’ai dit l’avant dernier EP était donc un prémice il y avait Be Bop, Egotrip et Better Late Than Never mais aussi le morceau XIII sur un précédent EP de 2016. XII est le seul qu’on a retravaillé et il est le premier morceau composé avec la formation actuelle.

Le chant d’Oscar m’a aussi beaucoup impressionné notamment dans ses capacités à changer de style, parfois même au sein d’un morceau. Je crois même que je l’ai traité de caméléon. Il sait tout faire on dirait ?

Il est très fort ouai ! Il se fait plaisir et n’a pas de limite. Il va où il se sent d’aller. Ce qui est marrant c’est qu’il a commencé à chanter à nos premières scènes ouvertes on avait quinze / seize ans. Il n’était pas du tout chanteur mais ça s’est fait naturellement, il a pris ce poste. On peut dire qu’il s’est bien amélioré et a vraiment pu se trouver une identité vocale. On est très content de l’avoir en tant que chanteur. D’autant plus que c’est mon frère haha !

Donc Tormenta est votre premier album, pouvez-vous nous parler un peu de votre processus de composition ?

La plupart des morceaux prennent vie devant un ordi avec une guitare sur Logic Pro X. Une fois que les squelettes, les riffs et parfois des morceaux déjà presque finis sont là, on bosse tout ça en studio de répétition. Il y a cette volonté de voir si ça fonctionne live quand on les joue ensemble. C’est aussi là que Oscar va se laisser aller et placer des mélodies. On voit si ça prend, on retravaille les structures, si y’a l’énergie qu’on attend et si on ressent quelque chose. Parfois on fait tourner pendant plusieurs semaines puis on abandonne. Certaines chansons comme Tormenta ou Headache ont été trouvées en studio en jammant. En tout cas il y a cette volonté, dans la composition, d’apporter une touche originale, comme chaque groupe bien sûr, mais là on peut dire qu’il est assez dur de mettre une étiquette sur ce premier album et c’est cool ! Il y a des chansons un peu plus rock’n roll d’autres qui varient entre le metal, le hard, des touches de stoner. On est à un carrefour du metal.

Est-ce que cet album a été composé pendant cette période de pandémie ou est-ce que tout était déjà écrit avant que cette merde nous tombe dessus ?

Alors certains nouveaux morceaux ont été finis pendant ouai ! Mais la plupart étaient déjà finis avant. On a fait trois sessions studios pour enregistrer cet album. La première tout s’est bien passé. La deuxième, on avait une semaine de studio du lundi au lundi en mars 2020. Et toute la semaine c’était les rumeurs du premier confinement, les chiffres qui tombaient, les morts, les bad news que des trucs horribles pendant qu’on était dans notre bulle au magnifique studio qu’est Alias Studio. C’est un endroit où on sort peu, on reste entre nous, on est vraiment en ermite. On avait l’impression que c’était The Walking Dead dehors, que la fin du monde arrivait. Et bah on finit le lundi, on rentre sur Paris on voit les files de gens devant les supermarchés, les masques et le mardi c’était le premier confinement. Et ben tu sais quoi ! La troisième session studio exactement pareil haha ! On a fini la semaine et on rentrait pour le troisième confinement en mars 2021 qui était plus léger et on savait à quoi s’attendre mais bon au studio on s’est bien marré de ces situations qui se déclenchaient après notre arrivée.

J’ai remarqué une certaine propension à faire évoluer un morceau, jusqu’à même changer de style entre son début et sa fin. C’est un truc qui vous plait de surprendre l’auditeur ?

Carrément. Il le faut c’est essentiel. La surprise va créer l’intérêt. Il faut essayer de se démarquer et là c’est peut-être une manière de le faire. Ça laisse aussi une liberté, on n’a pas trop d’interdits. C’est sympa de briser le tempo, dédoubler, finir en scream sur un morceau rock’n roll. Le mélange des genres ne peut qu’être bénéfique et intéressant. On peut être qu’admiratif devant le travail du groupe Maximum the Hormone qui est une référence dans ce mélange de genre.

N’est-ce pas risqué d’essayer de toucher à la fois des fans de hard rock style Alice Cooper ou Guns, mais aussi des fans de chant plus rap/fusion à la Rage Against The Machine ?

On compose avant tout pour nous, le but est de s’éclater à faire ce qui nous plaît ensuite si les gens adhèrent à notre musique alors là c’est le jackpot. Et ce n’est que le début, la suite risque de vous surprendre encore plus !

Perso, ça m’a plu, j’aime bien le mélange des genres comme dans From Hisingen to Paris, dans lequel vous avez un invité. Vous pouvez nous en dire plus ?

Cool que t’aies aimé ! Oui on a demandé à Chris Blood (chanteur du groupe suédois The Last Band) de poser sa partie sur ce morceau car on adore son groupe qu’on avait invité à partager une date en 2017. On tenait à faire un feat avec lui. Ce morceau parle de la communauté metal en général, ces liens, sa fraternité. C'était pendant le premier confinement justement juste après notre deuxième session. On venait donc d’enregistrer les morceaux, on lui a envoyé celui-ci et il nous a envoyé un premier jet qui est celui sur l’album. C’était parfait tout de suite.

Autre exemple de mélange osé mais réussi, sur Headache, sorte de “Red Hot meets Alice Cooper”. De quel esprit tordu est-ce sorti :-) ?

Haha et bien Oscar est aux manettes pour les mélodies. Il aime aller piocher dans toutes ses influences et sortir ce qui lui vient des tripes. Nous ça nous satisfait pleinement. Concernant l’instru de celle-ci, elle a vraiment pris forme en répétition. C’est parti d’un jam et ça a donné ce morceau. On l’appelait Brian Manson au début parce qu'il y avait un air de Brian Johnson et Manson au chant à un moment.

C’est, je suppose, le même qui a décidé d’arrêter le morceau en le ralentissant ?

Alors là c’est venu tout seul pareil en répétition on faisait tourner un moment un peu doom pour la fin de ce morceau et du coup il y avait un côté Ozzy, ça sonnait vraiment bien. On mixait donc Brian, Manson ou les Red Hot et Ozzy haha. Puis l’idée de ralentir est venue après et pour le mieux !

Si je n’ai pas rêvé, on entend un piano dans Not The Only One.  Qui s’y est collé ?

Ouais carrément un petit clin d’œil à tout le rock’n roll qu’on aime des Hellacopters, The Biters, Turbonegro, etc. C’est Bert Poncet de Alias Studio qui nous a concocté cette petite note au piano. Cool que tu l’aies remarqué !

Qui s’occupe des textes et quels sont vos thèmes de prédilection ?

Oscar s’occupe des mélodies et des textes. Pareil, il écrit ce qui lui vient à l’esprit. On passe aussi bien de thèmes sombres à plus joyeux. XII traite par exemple des attentats, Better Late Than Never de la procrastination et Egotrip des réseaux sociaux.

Pourquoi avoir choisi ce titre à l’album ?

On a trouvé ce titre pendant le premier confinement, on avait déjà des pistes pour l’artwork où on voulait mettre en scène une tempête et de là est venue l’idée de la tourmente (violents troubles sociaux et/ou politiques) qui correspondait parfaitement à la période dans laquelle on vivait. Après avoir trouvé notre concept il était important aussi que la tracklist soit cohérente et comme chaque morceau sonne à peu près différemment la tâche n’a pas été si facile ! Au final ça paraissait évident de commencer par Tormenta qui est le morceau le plus brut et finir sur Another Land avec cette touche majeure “le calme après la tempête”.

Vous chantez en anglais, avec un très bon accent, Oscar a l’air super à l’aise ?

Il essaye d’être assez clair au niveau de la prononciation. On est français, il ne cherche pas non plus à cacher ça donc le but est vraiment de chanter clairement ses textes. On a pensé à insérer des paroles en français, peut-être que ça se fera sur les prochaines sorties.

Comment allez-vous réussir à promouvoir cet album dans le contexte actuel ?

Heureusement qu’on a pu faire notre release party à Paris au Supersonic début décembre ! Pour l’instant le live est encore autorisé mais pour combien de temps. Il y avait une ambiance de dingue on a vraiment passé un putain de moment. En dehors du live, on est entouré de NRV promotion qui s’occupe de la presse et nous trouve pas mal d’interview comme avec toi aujourd’hui mais aussi des articles dans Rock Hard, My Rock, Guitar Part, … On est vraiment content il y a eu un bon retour de pas mal de journalistes, webzines, etc. Un grand merci à vous tous qui relayez tout ce contenu !

Ca doit être un peu frustrant que tout soit au ralenti dans le domaine de la musique ?

Ouai c’est lourd. Mais bon on fait tous avec. On a quelques dates jusqu’à septembre 2022 en France comme en Allemagne ou Belgique. On les attend de pied ferme !

Quels sont les plans pour 2022 pour le groupe ?

Alors faire du live un maximum pour promouvoir ce premier album. Sortir certaines choses qu’on doit sortir encore et puis jouer, jouer, jouer et continuer à s’entourer de personnes bénéfiques au groupe. Nous recherchons un tourneur qui pourrait bien nous faciliter la tâche.

Je vous remercie de votre temps et vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs…

Un grand merci de nous avoir posé ces questions qui étaient vraiment intéressantes, on voit que tu as pris le temps d’écouter et ressentir ce qu’on voulait transmettre ça fait bien plaisir ! Maintenant, pour les lecteurs, si vous ne nous connaissez pas foncez écouter notre album et faire votre avis sur notre démarche. Continuez à aller voir du live et soutenir les groupes émergents ! À très vite.

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