Groupe:

Dry Can

Date:

04 Novembre 2021

Interviewer:

Didier

Interview Anne et Antoine

Bonjour, pouvez-vous pour commencer, nous présenter le groupe Dry Can et ses membres?

Pascal Desmet : batterie, Olivier Crescence : basse, Anne Lupieri : chant-guitare et Antoine Abinun : chant-guitare. Le groupe existe sous sa forme actuelle depuis 2006. Nous (Anne et Antoine) jouons ensemble depuis la fin des années 90. Niveau compos pour la plus part c'est nous deux (Anne et Antoine). On compose chacun de notre côté et on arrive avec les morceaux finalisés, avec une idée assez précise de ce qu'on veut y compris pour les parties des copains. Pascal et Oliv apportent leur savoir faire d'instrumentistes-interprètes de talent pour les sessions d'enregistrements. Et avec une section rythmique comme celle-là en live on est ultra confort !

Pourquoi ce nom de groupe ?

On cherchait un nom qui vienne de quelque chose de visuel et qui évoque quelque chose de fort pour nous. Dans le film Bagdad Café, au début il y un plan sur des boites de conserves vides jetées sur le sol aride, ocre, de la cours du café que la patronne de la station service hôtel ramasse alors qu'elle est en pleine engueulade avec son époux. La scène est forte, tant sur le plan émotionnel que visuel et ça nous parlait bien. "Dry Can" c'est ça : un objet clé dans un film qui nous a touché.

Quelles sont vos influences principales assumées ?

Antoine : Toute la scène de Seattle en premier lieu. C'est en les écoutant au début des années 90 que j'ai commencé la guitare : Pearl Jam, Soundgarden, AIC, STP...et puis Jeff Buckley, Candlebox, Blind Melon, Black Crowes, Ben Harper...et je cite aussi souvent Renaud. Oui ! Côté instrument plus particulièrement je donnerais une mention spéciale à Slash et Mike McCreddy.

Anne : Comme Antoine, la scène de Seattle et en particulier Alice in Chains pour ma part. Ensuite ont déboulé toute une vague de groupes métal fusion comme Deftones ou Korn qui m'ont bien plu aussi.

Et les moins assumées ?

Anne: Phil Collins, quand j'étais gosse j'adorais !

Antoine: J'ai écouté du hard rock quand j’étais gamin, AC/DC, Iron Maiden, Helloween, Scorpion et puis aussi, les Guns, Marillion, Metallica...j'assume tout même Yngwie Malmsteen (à l'époque où je voulais devenir shredder... j'ai pas insisté longtemps).

Vous avez une étiquette un peu grunge qui vous colle aux basques, ça vous pose un soucis ?

Antoine : Difficile de renier surtout qu'on se présente nous même sous cette étiquette. Même si en France ça n'attire pas les foules malheureusement.

C’est vrai que le chant d’Antoine fait penser à celui dé Eddie Vedder, il va me taper si je dis ça ?

Antoine : Ha ha non non pareil... difficile de renier. J'ai appris à chanter sur PJ entre autre. D'ailleurs Long Road est encore maintenant mon morceau de chauffe. Un collègue d'Anne en écoutant le premier album lui avait dit qu'il avait l'impression d'entendre le petit frère Vedder... rapport à la voix un peu moins balaise certainement.

Je remarque une cadence de sept ans entre vos réalisations, c’est assez long, surtout pour un EP, c’est votre rythme de prédilection ?

Anne : On dirait bien! Pour être honnête, on ne calcule pas, nous n'avons pas de stratégie chez Dry Can. Les morceaux viennent quand ils viennent et si la musique fait bien partie de nos vie, elle n'en n'est qu'un élément parmi d'autres. Nous avons tous un travail, une famille et d'autres activités et il n'est pas toujours évident de faire cohabiter tout ce petit monde tout le temps!

Alors parlons un peu de The Jigsaw Piece, c’est la musique d’un court métrage, ou un court métrage qui a été écrit pour la musique ?

Anne : C'est un peu les deux . Le scenario du court métrage est né de The Leather Tramp et les autres morceaux ont été écrits après, en visionnant les images.

Pourquoi ce titre et peut-on parler d’un concept-EP puisque les morceaux s’enchaînent et semble coller vraiment à une histoire ?

Anne : The Jigsaw Piece, en français la pièce du puzzle, fait référence aux zones d'ombre du passé du jeune gars: son périple dans la forêt vosgienne va lui apporter quelques déboires mais aussi une révélation. Il complète le puzzle de sa vie .

Franchement le film est superbe, parlez-nous de sa réalisation ?

Anne : Merci! Nous avons tourné dans les Vosges pendant une semaine et complété plus tard par deux demis journées de tournage en région parisienne. La forêt vosgienne est époustouflante et tourner dans un cadre pareil aide beaucoup à faire de belles images! Ca a été dur physiquement, parfois, parce qu'il fallait se trimbaler le matériel à dos pour aller dans les coins où je voulais placer les scènes et que nous n'étions que trois adultes (Antoine, Baptiste Girard, l'acteur, et moi-même) et une enfant, Maude, que l'on retrouve dans le court-métrage. J'avais prévu le minimum vital pour chaque scène mais nous avions deux scènes de nuit, par exemple, qui nécessitaient des éclairages et donc du matériel lourd à porter à travers la forêt et dans le noir ! La scène final aussi, dans la petite maison fut un moment bien physique : il a fallu marcher des plombes pour y accéder et cette fois encore les éclairages étaient indispensables.

J’ai cru comprendre que c’est un peu une histoire de famille ce court-métrage non ?

Anne : Oui, Maude qui joue dedans et qui était notre maquilleuse, est notre fille à Antoine et moi. Quand à Baptiste, l'acteur principal, c'est le fils d'un couple d'amis à nous. Tous les autres acteurs sont de très bons copains, musiciens pour la plupart qui ont été bien sympas d'accepter de faire les comédiens !

J’ai dit que le le film était super, mais les dix-huit minutes de l’EP sont aussi un pur bonheur, vous avez eu déjà des retours ?

Anne : Pas beaucoup pour être francs. Mais, le format particulier est un peu déroutant je pense et les retours que l'on a pu avoir concernaient surtout le court-métrage.

Avez-vous travailler différemment au niveau des compositions par rapport à vos deux albums précédents ?

Anne : Oui, carrément même. L'écriture conduite par des images c'était une vraie nouveauté pour nous. la seule chose qui n'ait pas changé, c'est qu'Antoine se tape toujours les arrangements sur mes morceaux !

On a envie de demander quand même pourquoi seulement un EP ?

Anne : Parce qu'on avait pas de quoi faire un album! Plus sérieusement, je pense que le format "Douze titres" ne correspond plus à grand chose : les auditeurs écoutent pour la plupart un seul morceau dans une playlist multi-artiste. Du coup attendre d'avoir de quoi remplir une heure d'écoute sous forme d'album n'est plus trop justifié. Autant sortir les morceaux quand ils sont prêts ou par petits blocs parce qu'ils fonctionnent bien ensemble ou sont liés entre eux par une histoire commune, comme on a fait avec cet EP.

Est-ce que la pandémie a été une période créative pour Dry Can ?

Anne : Oui, j'ai écrit The Fly Agaric , Septical et terminé The Leather Tramp pendant le premier confinement.

J’ai vu que vous aviez pas mal tourné en 2018, aux USA notamment, pensez-vous avoir un son taillé pour l’export ?

Antoine : On à l'impression d'être dans un style qui ne parle pas beaucoup aux gens du business en France. On a toujours galéré pour promouvoir notre musique ici que ce soit les albums ou les concerts. Une anecdote : en 2015 on a gagné un tremplin. A la clé, une résidence puis une première partie dans la salle (très belle salle d'ailleurs). Il a fallu trois ans au programmateur pour trouver une tête d'affiche avec laquelle on ne détonnerait pas trop... Quand on a tourné aux Etats Unis on a bien senti la différence. Le public était toujours très vite enthousiaste, réceptif et le faisait sentir. C'était vachement plus motivant.

Dans ce film, j’ai noté que tout est sous-titré en anglais, les acteurs français parlent entre eux en anglais, c’est important d’essayer de toucher un maximum de public ?

Anne : Je me suis vraiment posé la question et j'ai fini par choisir l'anglais un peu par défaut. D'ailleurs ils parlent en anglais mais si tu fais gaffe, les articles de journaux que Baptiste relit le premier soir et qui relatent l'accident de voiture dans lequel il a perdu mère et sœur (croit-il....) sont quant à eux en français. J'ai tranché moyennement en fait !

Mais bon pour le moment j’imagine que c’est compliqué de faire de la scène en France comme à l’étranger ? Ça doit être frustrant de ne pas pouvoir défendre son dernier EP sur scène ?

Anne : On ne s'est pas encore confronté au problème: nous sommes encore dans la création !

Quels sont les plans pour Dry Can dans les mois qui viennent ?

Anne: Pour ma part j'ai quelques ritournelles dans la tête que j'aimerais terminer et enregistrer rapidement avant de retrouver la scène, histoire de présenter un set de concert "renouvelé". Les garçons, quant à eux sont à donf pour remonter sur scène tout de suite je crois!

Antoine : je confirme. Et si c'est avec quelques nouveautés, c'est encore mieux !

Je vous remercie et vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs…

Merci à toi pour ce moment ! Merci à vous, les lecteurs d'avoir donné de votre temps pour lire cette interview et nous espérons à très bientôt !

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