Groupe:

Benighted

Date:

23 Juin 2018

Interviewer:

Deicide5000

Interview Julien Truchan

Ca commence à la franche déconnade Julien et moi arborons le même look (chauve, barbu, et massif) et plusieurs personnes me prennent pour lui ou son frère...

Bon Julien, faut que tu changes quelque chose dans ton look parce que les gens te prennent pour moi

[il rit] Au supermarché tout ça ?

Ouais, alors attend que je retrouve le fil de l’eau. Tu sais qui on est ?

Oui

Tu fais semblant ?

Non, on a déjà eu une interview par mail me semble-t-il.

Du coup, on va pas te faire l’interro surprise. Tu peux nous rappeler le contexte de votre présence au Hellfest ?

Ben on nous a appelés, et on est venus. Bon on le sait depuis le mois de novembre on avait sorti un nouvel album l’année dernière et on a enfin la possibilité e le présenter ici dans le plus grand festival de métal français. Vu qu’on est Français, ça tombe plutôt bien. Mais ça faisait surtout 4 ans qu’on n’avait pas joué au Hellfest et il nous tardait de revenir ici parce qu’à chaque fois c’est un souvenir inoubliable. Et aujourd’hui on a pris une branlée monstrueuse par la masse de peuple qu’il y avait et par les réactions du public qui nous ont littéralement botté le cul.

Ca m’étonne pas parce que moi j’étais dans le pit photo et après quand j’ai voulu revenir pour être un peu plus près, ben c‘était impossible tellement il y avait du monde. Donc bravo, vous avez rameuté les foules.

C’est vrai que là on est ressortis avec une banane. On adore quand le public nous botte autant le cul que ce qu’on a essayé de leur botter !

C’était qui le gars qui est venu chanter, c’est Arno de Black Bomb A ?

Oui c’est ça. Black Bomb A c’est un groupe français assez vieux. On l’avait invité sur la période Necrobreed pour un morceau, celui-là en l’occurrence. Et du coup uand on a su que Black Bomb A était au Hellfest, c’était « ben Arno t’arrives quand ? », « ben je peux être là vendredi. ». Ca s’est donc fait super facilement et c’est un morceau qu’on a peu souvent l’occasion de jouer et dès que Black Bomb A est sur l’affiche, on essaye de le faire.

Alors tu sais que vous commencez à être bien connus mais des gens ne vous connaissent pa encore. Donc si tu devais leur expliquer Benighted en quelques mots, tu dirais quoi ?

Ouh là, alors je dirai qu’on est un groupe musicalement avec une colonne vertébrale qui est très death metal. Après on a beaucoup de parties qui sont grind, black metal, punk, parfois harcore. Mais la colonne vertébrale c’est avant tout du death metal. Après Benighted c’est un groupe qui parle de psychiatrie. Les voix qui en découlent sont aussi à l’image de la psychiatrie, il y en a beaucoup (rires). On a 20 ans d’existence et un jour j’ai eu gars qui m’avait dit quelque chose que j’avais beaucoup aimé : « en fait Benighted c’est un peu comme un accident entre deux camions remplis de porcs. C’est hyper violent, ça saigne, il y a beaucoup de gruiks. ». J’avais trouvé ça génial comme définition, donc je l’ai gardée.

Tu travailles toi-même dans le domaine de la psychiatrie ?

Oui je suis infirmier en psychiatrie. La musique est ici un formidable outil d’équilibre. J’injecte beaucoup de musique avec mes patients en psychiatrie (NDLR : les pauvres), et de la même façon j’ajoute beaucoup de psychiatrie dans Benighted. Dans les concepts, pour qu’on parle des maladies telles qu’elles sont et pas comme on les voit dans les films d’horreur de base. Par exemple la schizophrénie, on en connaît surtout les clichés.

Du coup pour revenir à l’album, moi j’ai été impressionné parce que je n’étais pas trop dans Benighted jusqu’alors à part qu’on me compare souvent à toi. Donc je me suis dit qu’il fallait que je m’y intéresse. Le son est énorme.

Nous on enregistre au Kohlekeller Studio en Allemagne, ça doit faire six albums, et le producteur Koloss c’est devenu un de nos meilleurs potes avec le temps. Il fait partie de l’équipe Benighted. A chaque fois qu’on retourne chez lui, il s’investit énormément. Il essaie toujours de trouver une nouvelle façon d’améliorer encore le son. Là par exemple, quand on est arrivés avec nos compos, il les a écoutées, et par rapport à l’album du précédent album qui avait un son hyper clair et massif, il nous a dit « j’aurais envie de cradifier le son ». Bizarrement, là il va paraître moins massif, moins rentre dans la gueule mais en revanche il sera plus agressif et vicelard et ça collera mieux aux compos. On a donc bossé dans cet axe-là. On essaie vraiment que le son soit personnel à chaque album, comme une nouvelle histoire et ça colle au fait qu’il y a un nouveau concept dans chaque album. Tout colle de manière à former une unité pour chaque album.

Les parties de batterie dans l’album Necrobreed sont tout simplement monstrueuses.

Ah ben oui, c’est Romain Goulon qui était batteur dans Necrophagist, qui est un tueur et qui était sans doute le meilleur batteur de metal extrême, toutes catégories confondues.

Et t’as l’impression que Kevin Paradis arrive à bien s’en sortir avec les parties de Romain ?

Sans aucun souci. Romain a un jeu hyper clinique. Quand il s’agit de metal extrême, Kevin apporte tout un tas de subtilités qui sont issues de genres différents qui rendent notre musique encore plus intéressante. A chaque fois qu’on a eu un changement de line-up dans Benighted, pour moi ça ava été quelque chose de positif. On n’a jamais baissé les bras et on a toujours fait quelque chose de mieux. Pour Kevin, on n’était pas inquiets, il joue avec nous depuis 2013 et il connaît Benighted.

De toutes façons, c’est l’un des batteurs les plus polyvalents du circuit. Je l’ai déjà vu jouer du Toto, s’en sortir avec les honneurs et dire lui-même que ce n’est pas tout à fait satisfaisant.

Il sait tout jouer, et c’est bien lui : un perfectionniste qui sait rester humble.

Quand on parle de Kevin, de Romain, on parle de line-up sachant qu’il n’y a plus que toi d’origine ? Pour Kevin, c’est une pige ou c’est son poste ?

Oui c’est ça. Je suis le dernier d’origine et Kevin est le batteur officiel de Benighted.

Pour les gens qui vont vouloir découvrir Benighted, est-ce que tu as une chanson qui capture bien l’essence de votre identité ?

Tatata (cherche). J’ai souvent tendance à parler de Let the blood spill between my broken teeth d’Asylum Cave qui est un de nos morceaux emblématiques et qui marque bien. Il y a aussi Experience your flesh de Carnivore qui est très représentative avec une grosse colonne death metal mais il y a un peu de black aussi. Le refrain a de grosses sonorités hardcore. Ces deux-là sont bien représentatives de la carrière de Benighted.

Y a-t-il des endroits où vous n’avez pas encore tourné avec l’album ?

Bien sûr ! On aimerait beaucoup aller en Amérique du Sud. Les US ça commence à s’ouvrir, on avait des dates mais à cause de mon TAF, ça n’a pas pu se faire. Je n’ai pas pu avoir toutes vacances donc on a dû annuler.

J’ai l’impression que vous aimez bien l’Asie.

Oui on a méga kiffé l’Asie, c’était génial. Japon Nepal, Mongolie, faire des choses qu’on n’a pas encore faites. On avait dû faire 6 ou 8 pays mais il en reste encore.

Quand des gens disent que vous êtes un groupe établi, tu en penses quoi ?

Ben oui, parce qu’on a cette longévité et qu’on a un nom qui est plutôt bien établi partout. Maintenant, on ne s’est jamais comportés comme si on pouvait se reposer sur nos lauriers. On ne calcule rien. Personne ne touche rien dans Benighted, ce n’est pas notre boulot. C’est une association où personne ne touche rien à titre personnel. Y a Kevin Paradis et Emmanuel Dalle qui vivent de la musique mais pas de Benighted. On a toujours fait la musique qu’on voulait. Ca a toujours été la ligne directrice et ça le restera toujours. On a tous nos TAF à côté, ça ne conditionne pas notre niveau de vie. C’est un super gros bébé qu’on a fait il y a 20 ans. Il y a plein de gens qui continuent à nous soutenir énormément et on partage beaucoup avec eux. On a toujours fait des albums qui viennent de nos tripes sans suivre les modes. C’est aussi un gage de longévité.

Du quoi c’est quoi le prochain projet déjanté du groupe ?

Eh ben là on vient juste d’enregistrer un mini album, un EP, pour nos vingt ans. On l’a fait en mai dernier. Il y a trois nouveaux titres, une reprise et six titres du concert anniversaire à Lyon où on avait invité plein de monde. Il y avait justement Arno, avec Sven d’Aborted, un titre avec Nicklas de Shining, un avec mon pote Ben de Unfathomable Ruination. On a fait un objet anniversaire. Le mini album sort en octobre et tout de suite après, on part avec Aborted et Cryptopsy.

Jamais de projets DVD, Bluray ?

Si si, on en fait un il y a trois ans. Avant qu’on le refasse, il va couler de l’eau sous les ponts. On va proposer un minimum de vidéos, deux ou trois par album. On va tourner un clip pour l’EP pour la chanson où Sven intervient.

OK, j’ai à peu près fait le tour. Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et pour laquelle tu as la réponse ?

Ah non, je n’ai pas grand-chose qui me vient.

OK, merci à toi !

 

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