Groupe:

The Night Flight Orchestra

Date:

16 Décembre 2017

Interviewer:

Blaster + Evanessa

Interview Björn Strid

Salut Bjorn et merci de prendre le temps de répondre à ces questions pour auxportesdumetal.com

Super ! Merci de votre intérêt.

Première question, vous avez déjà enregistré trois albums mais il s’agit de votre première tournée… Comment se passe-t-elle jusqu’à présent ? Est-elle à la hauteur de tes attentes ?

Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre… Comme tu l’as dit, nous avons déjà enregistré trois albums mais nos deux premiers opus sont un peu passés inaperçus, notre label n’était pas très connu… De bien des façons, nous avons un peu l’impression qu’ “Amber Galactic” est notre premier album officiel. Nous sommes très reconnaissants envers notre ancien label, l’équipe de Coroner Records a vraiment fait de son mieux… mais Nuclear Blast nous permet à présent de promouvoir notre musique plus efficacement. Lorsqu’ils nous ont contactés pour nous annoncer que notre musique les intéressait, ils étaient ravis d’apprendre que notre groupe n’était pas un projet secondaire. C’est également important à mes yeux car ce projet est bien plus que ça. Il semblait secondaire au départ mais il a fini par prendre beaucoup plus d’ampleur. Aujourd’hui, nous partageons une formidable relation au sein du groupe, aussi bien sur le plan musical que sur le plan affectif… C’est vraiment génial… mais pour répondre à ta question (léger rire), la tournée se passe très bien pour le moment. Et je suis vraiment surpris… J’ai appris hier que notre groupe était nominé pour recevoir un Swedish Grammy… c’est une grande surprise ! Les choses évoluent et je trouve tout ça formidable, je suis vraiment ravi de tout ce qui nous arrive.

As-tu l’impression que votre musique intéresse des personnes qui n’apprécient pas forcément le metal ou penses-tu que votre groupe attire surtout des fans de metal qui vous connaissaient déjà ?

Je suis sûr que 70 ou 80% de nos fans connaissent notre groupe grâce à Arch Enemy ou à Soilwork mais pendant cette tournée, nous avons participé à des sessions meet & greet tous les jours, et j’en ai profité pour demander aux fans comment ils avaient découvert notre groupe. J’étais vraiment curieux à ce sujet, et même si la plupart des fans ont entendu parler de notre projet grâce à nos autres groupes, certains d’entre eux ont découvert nos morceaux en assistant à notre concert pendant le RockHard Festival en Allemagne. Ils connaissent aussi Arch Enemy mais ils nous ont dit qu’ils n’apprécient pas vraiment le style musical du groupe. En fait, ils préfèrent The Night Flight Orchestra car ce sont des amateurs de rock. C’est intéressant de voir quel type de fans s’intéressent à notre musique… Au Rockhard Festival, j’ai vu des personnes qui portaient des patchs de Watain ou de Behemoth qui dansaient en écoutant “Domino”… et c’était vraiment incroyable !

C’est sympa. Heureusement qu’il y a encore des gens qui savent apprécier différents styles de musique…

Oui, car ce qui compte vraiment c’est la musique et la sincérité… Je pense que le public se rend compte que nous apprécions vraiment les morceaux que nous jouons. Nous n’avons pas choisi ce style par hasard. La musique que nous jouons est une passion pour nous… nous avons tant appris à ce sujet. Et je pense que le public s’en rend rapidement compte, ils perçoivent immédiatement la passion et la sincérité des musiciens, et ils se désintéressent rapidement du groupe si ces derniers font tout ça pour épater la galerie.

Es-tu d’accord avec les gens qui disent que vous jouez de la "feel good music" ? Ne penses-tu pas qu’il s’agit d’un terme assez réducteur ?

Oui, ça me convient. Nos chansons sont positives mais certaines ont quand même une signification profonde et d’autres sont même plutôt tristes. Nos compositions sont assez variées… mais oui, elles sont généralement festives et positives. Je pense que nous avons besoin de cet optimisme.

Parlons un peu du passé et notamment de la sortie de vos deux premiers albums… C’était assez surprenant de vous voir collaborer avec un label italien méconnu. Quelles sont les raisons qui vous ont incités à choisir Coroner Records ?

Oui, cela remonte à 2009, il me semble… C’était vraiment difficile de trouver un label qui comprenne vraiment notre projet. Nous ne l’avions sans doute pas encore clairement défini (sourire)… Nous avions des morceaux intéressants, nos compositions nous plaisaient vraiment… mais elles n’intéressaient personne. J’ai des amis qui ont signé chez Coroner Records, tu sais que j’ai participé à l’album d’un groupe italien qui s’appelle Disarmonia Mundi et j’ai connu ce label grâce à eux. Ils ont tout de suite compris ce que nous souhaitions faire, ils ont beaucoup apprécié notre projet. Ils nous ont dit qu’ils tenaient à produire notre album, ils ont compris que cela pouvait fonctionner et je leur en suis vraiment reconnaissant.

Je trouve étonnant que vous n’ayez pas reçu d’autres propositions, même si vous avez opté pour un style différent de celui d’Arch Enemy ou de Soilwork, je pensais que vos noms et votre réputation inciteraient d’autres labels à s’intéresser à votre projet…

Oui mais je pense que c’est surtout cette différence de style qui posait problème… Cela aurait été sans doute plus facile de les intéresser si nous avions proposé un projet black metal, Sharlee, David et moi… Mais le style musical que nous proposons avec The Night Flight Orchestra est si éloigné du metal que nos carrières respectives n’ont aucune importance aux yeux des labels… Je pense que cela explique les problèmes que nous avons eus à cette période.

Votre collaboration avec Nuclear Blast a-t-elle eu d’importantes conséquences sur la sortie de votre troisième album ?

Oui, cette collaboration nous a permis de promouvoir efficacement notre musique, d’obtenir davantage de visibilité et davantage de contacts avec la presse… J’ai vraiment été surpris lorsque Nuclear Blast m’a contacté pour nous proposer un contrat. J’ai toujours eu de bonnes relations avec eux depuis le début de leur collaboration avec Soilwork en 2001, mais je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je pense qu’ils ne travaillent avec aucun groupe de notre style. Ce n’est pas facile de trouver un groupe qui propose le même style musical que nous actuellement. Nous avons opté pour ce style car il nous rend nostalgiques mais nous l’avons aussi choisi car cela nous paraissait logique. Il nécessite des méthodes de composition, de production et de jeu qui sont tombées dans l’oubli depuis de nombreuses années. Je pense que nous proposons un style musical qui manquait au public depuis longtemps et je suis ravi que l’équipe de Nuclear Blast s’en soit aussi rendu compte.

Peux-tu nous en dire davantage sur l’organisation de cette tournée ? Est-ce votre label qui vous a incités à participer à ce projet ou était-ce quelque chose que vous souhaitiez faire depuis longtemps ?

Non, nous voulions vraiment partir en tournée mais nous tenions à organiser un événement spécial pour l’occasion… Nous voulions proposer quelque chose d’original au public, quelque chose qui ressemblerait plus à un concert privé qu’à une soirée metal banale qui réunirait quatre groupes. Nous jouons donc en tête d’affiche, sans autre groupe, et je suis ravi de dire que la tournée se passe très bien. Je suis vraiment surpris que cela se passe si bien car nous proposons au public de découvrir les compositions de The Night Flight Orchestra et rien d’autre.

Les parties vocales que tu proposes dans ce groupe sont très différentes du style de chant que l’on trouve dans les morceaux de Soilwork. Ces parties sont plutôt difficiles à chanter et généralement "aiguës" (je pense notamment à "Midnight Flyer")... Est-ce facile pour toi ou rencontres-tu des difficultés ?

Je n’étais pas certain d’y parvenir … Quand David a rejoint Soilwork en 2009 pendant notre tournée, nous nous sommes découvert une passion commune pour la musique des années 70 et 80. A la fin de la tournée, nous avons donc décidé de former un groupe afin de composer et jouer des morceaux en utilisant les méthodes des musiciens de l’époque. Mais j’avais des doutes sur mes capacités vocales. J’étais vraiment inspiré par ce style mais je n’étais pas sûr de réussir… Mais je m’en suis plutôt bien sorti lorsque nous avons joué ensemble pour la première fois et c’était vraiment génial. Notre première répétition se classe parmi les trois meilleures expériences de ma vie. C’était incroyable ! Cela m’a permis de réaliser un vieux rêve, ce projet me trottait dans la tête depuis très longtemps… Mais nous avons eu besoin de temps pour organiser tout ça et j’ai aussi dû apprendre à jouer un nouveau rôle sur scène. Nous n’avons pas donné beaucoup de concerts et nous sommes actuellement en tournée en Europe pour la première fois. Mais nous commençons enfin à nous sentir vraiment à l’aise sur scène.

Penses-tu que cela t’ait aidé à optimiser tes performances vocales ?

Oui, indéniablement. Et je pense que cela influence également mes performances avec Soilwork. Depuis la formation de The Night Flight Orchestra, j’ai le sentiment d’avoir évolué en tant que chanteur et ce changement influence aussi mes performances dans mon autre groupe… Ma voix est devenue plus puissante, j’ai développé de nouvelles capacités, j’ai découvert de nouvelles méthodes pour m’exprimer sur le plan vocal.

Avez-vous prévu d'enregistrer certains de vos concerts pour enregistrer un album live ?

Ce serait génial, j’aimerais beaucoup qu’on le fasse. Je trouve que nous avons un excellent son en live. Nous n’avons pas prévu de le faire pendant cette tournée, mais je pense que nous le ferons peut-être un jour, oui.

On remarque une évolution chronologique lorsqu’on écoute vos albums. Le premier évoque la musique de la fin des années 70 et le troisième nous transporte au début des années 80… Allez-vous poursuivre dans cette voie ou avez-vous prévu de composer votre prochain album sans forcément suivre une règle spécifique ?

Nous n’allons suivre aucune règle particulière… Je suis conscient que notre premier album évoque plutôt la musique des années 70 et moins celle des années 80 mais ce n’était pas un choix délibéré de notre part. Nous n’en avons pas parlé, nous avons tout simplement composé en fonction de nos préférences musicales communes… Je reconnais que les morceaux d’ “Amber Galactic” évoquent vraiment la musique des années 80 mais tout s’est déroulé de manière naturelle. Je ne pense pas que notre prochain album adoptera le style musical des années 87-89, mais il y a tellement d’influences intéressantes, je suis tout simplement ravi de pouvoir travailler avec des musiciens si talentueux… Nous sommes libres de faire ce qui nous plaît et c’est vraiment formidable. Nous n’avons aucune limite. C’est vraiment génial et cela me donne envie d’améliorer mes performances. Cela nous permet d’évoluer car c’est un véritable défi.

L’été dernier, tu as publié un message sur ta page Facebook pour annoncer que tu entrais en studio afin de laisser la magie opérer… Avez-vous déjà commencé à enregistrer votre prochain album ?

Eh bien, notre nouvel album est quasiment terminé. Nous allons finir de le mettre au point après cette tournée. Nous avons à peu près trente-cinq morceaux… qui ne seront sans doute pas tous utilisés (rires) mais nous ne manquons pas d’inspiration et c’est formidable !

Excellente nouvelle ! Je ne m’attendais pas à ce que cela soit si rapide, as-tu déjà des informations concernant la date de sortie de cet album ?

Ce sera sûrement vers la fin du printemps ou au début de l’été.

Doit-on s'attendre à de nouvelles chansons portant des noms de femmes ?

(rires) Oui, c’est prévu, ha ha !! C’est vrai que c’est devenu une habitude dans notre groupe…

Selon toi, qu’est-ce qui incite de nombreux groupes actuels à s’intéresser autant au passé et à jouer de la musique des années 70 et 80 ? Est-ce une réaction provoquée par la frustration associée au monde moderne ?

Oui, de nos jours, les mélodies qui nous rappellent notre jeunesse nous apportent un certain réconfort. Mais cet intérêt n’est pas uniquement dû à la nostalgie, c’est agréable de retrouver des airs familiers et réconfortants mais cela nous permet aussi de redonner vie à un style qui avait disparu et qui nous manquait. Cela nous donne l’impression d’avoir une mission à accomplir.

Que trouve-t-on dans la playlist que tu écoutes entre vos concerts pendant cette tournée ?

Oh, c’est vraiment varié, c’est impossible de la décrire. Elle contient principalement des morceaux qui sont sortis entre 72 et 89… mais aussi des chansons plus récentes… c’est une lutte permanente, on choisit les morceaux chacun notre tour dans le bus, c’est amusant ! On découvre de nouveaux morceaux tous les jours… tout le monde propose des morceaux, du coup on découvre tous des groupes intéressants, c’est sympa.

Achètes-tu encore des CD ?

Non plus de CD, mais je continue d’acheter des vinyles et des albums en version numérique.

Quel est le dernier album que tu aies acheté ?

C’est celui d’un groupe originaire de ma ville natale, j’ai trouvé leur vinyle sur Discogs… le groupe s’appelle Proud. Ils ont signé chez EMI en 1983 ou en 84 et leur album s’intitule “Fire Breaks The Dawn”, il est vraiment génial. Ils jouent du heavy metal classique mais leur musique rappelle aussi les morceaux d’Yngwie Malmsteen. Leur guitariste est vraiment incroyable, tu devrais écouter un de leurs morceaux.

Tu as précisé que tu allais terminer d’enregistrer le prochain album de The Night Flight Orchestra après cette tournée. Je pensais que tu allais plutôt consacrer ton temps à Soilwork. Cela signifie-t-il que tu vas principalement t’occuper de NFO pendant l’année à venir et que les fans de Soilwork vont devoir patienter encore quelque temps ?

Non, en fait nous allons entrer en studio avec Soilwork au mois d’avril afin de travailler pendant cinq semaines et j’ai vraiment hâte d’y être. Nous avons déjà commencé à composer mais nous ne partirons pas en tournée pendant cette période sauf si nous recevons une proposition qui concerne The Night Flight Orchestra. La première partie de l’année sera donc principalement consacrée à l’enregistrement des albums mais nous essaierons d’accepter toutes les propositions de concerts que nous recevrons pour The Night Flight Orchestra.

Vas-tu essayer de partager ton temps de manière équitable entre tes deux groupes ou vas-tu continuer de te concentrer principalement sur Soilwork ?

Je ne sais pas… cela s’annonce compliqué car j’apprécie tout autant les deux groupes ; je ne sais pas, je vais devoir m’organiser. J’ai réussi à trouver un équilibre sur le plan musical grâce à Soilwork qui compte beaucoup pour moi car je fais partie de ce groupe depuis vingt ans et ma motivation est restée intacte, mais j'ai également The Night Flight Orchestra et ce groupe me permet de vivre de formidables expériences… Cette situation ne m’apporte que des avantages et beaucoup de joie, cela va être difficile de tout gérer mais nous ferons de notre mieux.

As-tu quelque chose à ajouter pour conclure cette interview ?

Je pense que notre groupe vit des moments formidables et que notre musique peut plaire à de nombreuses personnes, n’hésitez pas à écouter nos morceaux… Nous en avons déjà parlé, même les amateurs de metal extrême peuvent apprécier ce style de musique. Donc si vous avez l’esprit ouvert, je pense que nous tenons là quelque chose de vraiment spécial et je recommande à tout le monde de découvrir nos morceaux. Je tiens aussi à remercier les personnes qui apprécient déjà notre groupe et qui nous soutiennent.

Merci beaucoup Björn.

Ce fut un plaisir.