Groupe:

Nostromo

Date:

17 Juin 2017

Interviewer:

Deicide5000

Interview Maik (face à face)

Je rencontre Maik de Nostromo dans la section Presse du Hellfest. Proche de la scène du Valley, on entend plutôt bien les groupes, ce qui nuit fortement à s’entendre mutuellement. Maik est accompagné de son épouse, enceinte et discrète, qui restera de côté lors de l’interview. C’est de loin l’interview la plus déjantée que j’aie faite jusqu’à présent. J’ai beaucoup ri et je n’ai retranscrit qu’un tiers des conneries échangées lors de celle-ci. Maik est un gros déconneur de presque deux mètres à côté duquel (c’est pas tous les jours), je suis presque frêle. Merci à toi pour ce super moment de fraîcheur !

Bonjour Maik, je représente Aux Portes du Metal un webzine français qui traite de metal de Rainbow, Black Sabbath à Cannibal Corpse et au delà.

J’habite à Berne, c’est pas encore arrivé à nous, merci de le préciser. Je ne connaissais pas, mais toi tu connaissais Nostromo…?

Ben, non ! (je ne vais pas me faire passer pour un fin connaisseur...)

QUOI ! (furieux mais déconneur)

Ah ouais, c’est ce groupe où je crois qu’il y a des mecs bien, c'est ça ? (si, j'essaye de rattrapper le coup, quand même)

Ouais, genre, dehors ! (rires)

Ah ben tiens, t'as qu'à nous présenter le groupe et ses membres, non ?

On a commencé à la fin du siècle passé, en Nonante Six (le Suisse s’est trahi), avec Jérôme et moi, le batteur. La scène hardcore commençait à fleurir. On a pris un bassiste qui s’appelait Tavern et le chanteur Jaja. On les a pris après quelques répètes. On a commencé à Genève, on s’est fait quelques petits concerts et on s’est fait aider par un jeune groupe qui s’appelait Knut qui a fait aussi une sacrée carrière aux Etats-Unis. Avec eux, on a fait quelques tournées en France, dans les caves, les squats. C’est là qu’on a rencontré les fondateurs du Fury Fest qui est devenu le Hellfest, dont Loic Le Biheur. Il nous a pris sous son aile. Il nous a produit. L’engouement nous a dépassé. De fil en aiguille, on a joué avec Napalm Death, on a enregistré avec Mieszko Talarczyk de Nasum qui est malheureusement décédé dans le Tsnunami. On a joué avec Mastodon en Angleterre. On s’est arrêtés parce qu’on pensait avoir fait le tour, ce qui n’était pas du tout le cas, c’est ce qu’on a remarqué après. Chacun a fait une pause d’un tout petit... 11 ans ! Et là pour l’anecdote on s’est mariés avec ma femme en septembre dernier et on a fait un festival sur trois jours et on cherchait des groupes à l’oeil. Alors moi j’ai retéléphoné à mes vieux collègues, et on s’est accordés sur le fait de rejouer. On a posté notre photo avec Loïc et ça a connu un gros buzz sur le Net et rapidement, t’as plein de mecs qui nous ont contactés, le Hellfest aussi. Quelques semaines après, t’as Joe de Gojira qui m’envoie un message (c’était notre première partie à l’époque), qui nous renvoie l’ascenseur pour faire leur première partie en France fin janvier. “Putain, jamais on va y arriver “ mais je lui ai dit “bien sûr qu’on va le faire”. Avec ces dates, on remarque qu’il y a encore un public qui nous aime. C’est super de jouer au Altar à 19h40 le dimanche, on n’a jamais joué aussi gros.

Nostromo, c’est le vaisseau dans le film Alien. Pourquoi ce nom là ?

A l’époque on avait environ dix-neuf ans quand on a fait ce groupe, on était en pleine saga Alien, on était totalement fans. Et ce n’est pas le roman de Joseph Conrad qui est en fait le mousse sur un bateau en italien. On est sur du hardcore, du 1er degré donc, il n’y a rien de très recherché. Donc Nostromo, le gros molosse en fer ça va bien avec nous.

Donc vous auriez pu vous appeler Mastodon mais vous avez laissé cette possibilité à d’autres.

Ouais, ça montre bien notre grandeur d’esprit (rires). C’est un peu comme Gojira qui s’appelait Godzilla au début. Mastodon c’est un nom génial. On a un peu les mêmes idées à la base.

Ouais, “les gros bourrins” c’était déjà pris...

Idem pour “les gros totors” ou “grosse outre à vomi”, ça colle nickel.

Vous existez depuis 1996, il y a un break en 2005 et là quand vous vous reformez, il y a un changement dans le line-up ?

Non, exactement les mêmes… (s’interrompt sur le groupe qu’on entend faire taper dans les mains dans le Valley). Xavier au chant, Jérôme à la guitare, Tavern à la basse et moi à la batterie. Tavern avait été remplacé par Lad (Ladislas) un croate, super guitariste par ailleurs. Il nous l’avait caché et c’est là qu’on a compris qu’il nous fallait un bassiste qui joue de la guitare. Comme c’est très rapide à la basse, on apprécie d’avoir un bassiste qui a un toucher moins conventionnel que le pur bassiste.

Quand tu regardes dans la foule venue vous voir, reconnais-tu des gens qui ont l’air d’avoir écouté Nostromo à l’époque ou plutôt des jeunes venus vous découvrir ?

Un peu des deux mais les jeunes je les vire, si ça fait pas 90 kilos, ça rentre pas dans la salle. Non sérieusement, y a une bonne série de vieux de la vieille qui viennent dans tes bras au stand en nostalgie. Et il y a une autre frange qui nous a loupés. En 2005, on s’est séparés alors que l’album commençait à monter en flèche. Plein de gens sont restés sur leur faim. Ils écoutent le disque, pas en streaming, et puis il y a ceux qui grâce à des mecs comme toi viennent découvrir.

Imagine que le mec n’a pas beaucoup de temps pour découvrir Nostromo, quelle chanson lui conseilles-tu ?

Ah putain c’est dur, moi je suis le batteur, je ne me rappelle pas des noms des chansons moi ! Moi c’est des numéros : la 7, la “lourdos”, celle qui chie le grind. C’est trop dur, tu vois le guitariste vient de la scène grind, super rapide, d’autres viennent plus du hardcore. Après on est plusieurs fans de Meshuggah, on a des morceaux un peu plus mathcore où on compte tout. Et on a aussi du stoner. Donc je vais quand même te répondre parce qu’il y en une que j’adore jouer c’est "Sunset Motel". Je ne sais pas si on la trouve facilement sur Youtube, qu’est-ce que j’en sais moi ?

Est-ce qu’il y a un espoir de vous entendre avec des nouveaux morceaux ?

Ben tu verras demain ! Non sérieusement, on a recommencé après notre mariage à refaire du metal…

Ah non, tu vas arrêter avec ça, genre “le mariage a changé ma vie”...

Ben, je le place, ma femme est là. (rires)

Il dit ça parce que t’es là (je m’adresse à son épouse)…”C’est bon t’as bien enregistré ?” (mimant Maik).

Vu qu’on a bien eu du mal à récupérer, on doit refaire des résidences de plusieurs jours. Là on se focalise pour faire une bonne prestation. Le guitariste et le bassiste, sans les nommer, eux, travaillent comme des porcs. Ils font un super boulot. Donc on a déjà un nouveau morceau prêt et on travaille sur d’autres.

Donc, avez vous l’ambition de faire un album ou c’est pas encore clair ?

C’est la question à laquelle je n’aime pas répondre. Je ne sais pas. On a aussi l‘idée de faire des reprises et je te dirais pas de qui ; sur scène, on fait une reprise de Nasum et de Napalm Death. C’est un honneur à Mieszko et parce qu’aussi on a toujours été des gros fans de Napalm Death dès la première heure. Ils étaient venus à l’écoute de notre album (le "vernissage" en Suisse) et outre le fait de nous autoriser à jouer une reprise devant eux, le chanteur nous avait rejoints. C’est vraiment une référence en termes d’attitude.

Tu as d’autres dates à nous communiquer en tournée française, européenne, etc ?

Chier ! Je suis le batteur et j’ai pas mes fiches. Cet été on a encore quelques festivals. En août, ça va se calmer puis on enchaîne sur une tournée de dix-sept dates. On va en décembre-janvier se reposer pour composer et on en pense à rejouer à Genève. On a déjà fait une date test à Berne à l’Ilot 13 qu’ils ont réouvert, c'était une soirée sans promo, et c’était plein. On voudrait faire une grosse tête d’affiche sur Genève.

Qu’est-ce que j’ai oublié de te demander du coup ?

Ben, si j’étais vraiment le batteur (rires).

Bon, merci pour cette interview, y a-t-il quelque chose que tu voudrais ajouter pour vos fans ?

Je suis hyper fier de voir que plein de personnes accueillent super bien notre retour, donc c’est un gros merci à tous que je vous adresse.