Groupe:

6:33

Date:

18 Juin 2017

Interviewer:

Didier

Interview Rorschach et Niko (face à face)

Alors salut à vous, nous nous étions vu au Hellfest en 2015. A l’époque Niko nous disait que le groupe était encore jeune, cinq ans, et que vous trouviez normal de ne pas être encore de la fête, mais bon là ça fait sept et vous n’êtes toujours pas sur scène, un peu frustrant non ?

Niko : Si bien sûr, c’est un peu frustrant, comme à chaque fois que t’es pas invité à une fête.

Rorschach : Honnêtement, je pense qu’on avait besoin de finir ce que l’on vient de finir il n’y a pas longtemps. C'est à dire d’avoir un vrai visuel, d’avoir un vrai concept complet, et de prendre un peu de galon sur le truc. Donc là on va en remettre un petit coup, on espère que Ben Barbaud va nous entendre et puis oui, on adorerait être là sur scène l’année prochaine, évidemment. On voudrait montrer notre nouveau spectacle. On a beaucoup travaillé pour ça. Donc on espère passer ce palier et être à la fête … bordel de merde. Tu vois que le côté sanguin n’est pas très loin. [rires]

Quand on voit la prestation de Ultra Vomit, on se dit que c’est possible pour vous aussi, non ?

Rorschach : Oui leur truc a pris super bien, c’est super. Ils ont ce côté super accrocheur et que j’adore, qui est qu’ils parodient. C’est super bien fait.

Niko : Donc oui c’est possible.

Rorschach : Après c’est compliqué de mettre 6h33 sur une scène ici. Sur quelle scène par exemple ? Comme Primus, dans Valley, la scène des inclassables. Oui pourquoi pas. En tout cas, on est prêt avec ce qu’on a aujourd’hui pour attaquer un festival comme le Hellfest.

Alors vous allez quand même aller voir quelques concerts d’artistes que vous aimez particulièrement ?

Niko : Hier on avait plus de temps, aujourd’hui moins. Donc hier on a vu Devin Townsend, Rob Zombie, j’ai vu Baroness aussi, je les adore.

Rorschach : Moi je ne connaissais pas trop Baroness et tu vois, c’est ça le Hellfest aussi, tu découvres des trucs que tu ne connais pas.

Alors bon, nous on a eu de la chance puisqu’on a pu vous voir au Rat’s à Puget sur Argens. Ce soir-là on a pris une belle claque. C’était une bonne date pour vous aussi ?

Rorschach : Oui on a bien kiffé parce que les gens ont bien pris le concept. Pour pas te mentir, on a fait la route en partant à minuit la veille. On a fait la route de nuit, on est arrivé le matin, on a monté le matos. On a fait une interview « picole » qui nous a pris une heure, on est arrivé à l’hôtel on était rincé. Du coup je l’abordais physiquement fatigué. Et puis on est monté sur scène et en fait ça a super bien marché. Il n’y avait pas grand monde mais c’était super réceptif. Et donc ça te fout la gouache pour faire le show. On a kiffé. Il y avait une gamine de dix ans qui dansait devant.

Niko : En plus on jouait avec trois autres groupes qui envoyaient du super lourd. Alors on s’est dit "putain ça va être un public super hardcore". On avait peur d’être les pieds nickelés qui arrivent derrière. Et en fait non.

J’en parlais dans mon report, c’est pas facile de choisir des groupes de première partie pour 6h33 ?

Niko : Oui c’est vrai !

Rorschach : Oui Shaarghot pourquoi pas. Mais j’ai envie de te dire que au final, tout va. En fait pourquoi pas ? Là on va faire une date avec Ultra Vomit par exemple. Ca peut coller aussi. On était au Divan du Monde avec Malmort, on a joué aussi avec Acyl et là encore ça a marché. On a ouvert pour Devin Townsend il y a quelques années, ça c’était super bien passé...

Niko : J’aurais adoré qu’on ouvre pour lui aujourd’hui en fait...

Alors j’ai plein de questions sur votre show. A commencer par les masques. D’où vient cette idée et quelle est la signification des masques de chacun ?

Niko : Il n’y a pas vraiment de signification. Mais on s’était dit que quitte à envoyer une musique très imagée, autant étendre le concept à fond. On se voyait mal en jean t-shirt tout en jouant nos trucs barrés. Il y a un côté théâtral à tout ça.

Rorschach : Moi je viens du théâtre au départ, et quand je suis rentré dans le groupe il y avait déjà le concept des masques, et moi j’avais aussi un groupe avant où on en mettait aussi, donc tu vois… Moi ça m’a intéressé parce qu'on joue des personnages. C’est un peu comme Bruce Wayne qui met son costume de Batman sauf que nous on monte sur scène et on joue. Tu te permets aussi plus de choses quand tu as un masque sur la gueule. Ca désinhibe pas mal. En tout cas, moi, je me fends la poire avec ça. Ca colle parfaitement avec notre musique. Quand je suis arrivé, ils m’ont dit : "il te faut un masque et un blaze". C’est cohérent avec le projet 6h33.

Ensuite vous n'avez pas de batteur c’est étrange comme concept. Vous n'en avez pas trouvé un qui arrive à suivre ?

Niko : [rires] physiquement tout est faisable par un humain. Mais c’est parti au tout début du groupe. On était trois, le bassiste, le chanteur et moi à la guitare. On a commencé à bidouiller comme ça, on faisait des samples pour la batterie. Après d’autres se sont greffés mais on est resté toujours sans batterie. Je ne sais pas pourquoi mais on l’assume. Ca fait partie du délire. Et puis c’est une chambre en moins à réserver à l’hôtel, et comme les batteurs mangent énormément, c’est tout bénef [rires]

Rorschach : Il faut ajouter que ça marche en plus. Ca a pris du temps à assumer le truc, le temps que ça rentre dans les esprits, mais maintenant c’est plus établi.

Vous avez un écran vidéo assez spécial, déjà il est pas rectangulaire et il est très lumineux, tu peux nous en dire un peu plus ?

Niko : On voulait mettre en avant le côté très visuel et il y avait énormément de choses que l’on ne pouvait pas reproduire sur scène, comme par exemple les voix féminines. Et donc on s’est dit que plutôt que de mettre juste un écran, on allait mettre un élément en plus dans le décor. Que ça habille, que ça apporte une ambiance. Comme un sixième membre.

Rorschach : C’est marrant les gens l’interprètent de différentes façons, certains y voient une porte vers la quatrième dimension, d’autres comme un miroir dans lequel apparaitrait tous ces personnages qu’on ne peut pas avoir physiquement. On leur donne quand même la parole et on les met sur scène avec nous. Et ils rentrent dans les histoires parce que ce sont les personnages dont on parle dans les morceaux. C’est le cas de Béné la chanteuse qui a enregistré toutes les voix féminines de l’album qu’on a habillée et grimée différemment selon les morceaux. Moi j’en ai fait plein aussi. On s’est bien marré à jouer ces personnage.

La vidéo joue un rôle très important dans votre show, c’est super bien huilé, comment mettez-vous ça au point ?

Niko : oui ça nous a pris environ neuf mois de boulot. On a tourné beaucoup de choses exprès pour le show.

Rorschach : Et par contre pour mettre au point le jeu sur scène on a fait deux résidences de quelques jours et tout est venu assez naturellement en fait. On avait bien sûr réfléchi aux questions/réponses sur scène, mais au final ça n’a pas été trop bossé, c’était logique et super facile puisqu'on avait bien bossé en amont.

Qui vous a aidé pour les décors de ce show ?

Rorschach : Caroline qui a construit le cadre. On a rencontré aussi Bertille, une gamine de vingt piges complètement barjot, qui a apporté énormément de chose aussi. Tout ce que tu as pu voir sur scène de lights, c’est elle. On a aussi trois ingés son maintenant, deux lighteux, une, la plus sexy des roadies, qui nous aide à monter la scène aussi. On a de la chance d’avoir tous ces gens qui bossent et s’investissent avec nous.

Est-ce que Roschach, tu a pris des cours de théâtre ou d’autres disciplines utilisées sur scène ?

Rorschach : Oui j’ai commencé par le théâtre, j’avais huit ou dix ans et j’en ai fait jusqu’à mes quinze piges, quand j’ai intégré mon premier groupe et quand je me suis dit que ce qui me manquait dans le théâtre, c’était la zic. Je continue en tant qu’intermittent du spectacle à faire des cachets à droite et à gauche, plutôt des petits tournages de cinoche. Mais bon, ça, j’aime ça et ça marche avec 6h33, donc c’est porte ouverte à toutes les fêtes, c’est cadeau pour quelqu’un comme moi.

Votre dernier album en date, "Deadly Scenes" est sorti en janvier 2015, qu’est-ce que ça a donné commercialement ?

Rorschach : On a dû le rééditer donc c’est pas si mal, donc en volume, on va dire 2000 et quelques.

Niko : Surtout par les temps qui courent.

Et côté media ?

Rorschach : Là c’était dithyrambique.

Est-ce que l’album est distribué à l’étranger ?

Rorschach : Il ne l’est plus car notre label Kaotoxin cesse ses activités. Donc on va être en recherche d’un nouveau label...

Niko : Comme pour chaque album…

Rorschach : On vise aussi l’Asie, le Japon par exemple. On vise clairement l’étranger. L’Europe et l’Amérique Latine, on va essayer de sortir ça là-bas aussi. On est arrivé au stade où on commence à cogiter le prochain album. C’est le moment de passer la marche supérieure.

Avez-vous pu beaucoup tourner pour promouvoir cet album ? Encore des dates en prévision ?

Niko : Pas tant que ça en fait. Cette période où on a décidé de faire ce nouveau show, on s’est arrêté d’un coup. On a fait quelques dates avant, et puis on en refait maintenant.

Rorschach : Ca commence à arriver. Par exemple le Sax avec Ultra Vomit en novembre est presque confirmé. On a aussi une date au Barde Atomique à Ecquevilly parce que le gars qui la tient nous a super bien accueilli. Ces sont quelques dates qui nous tiennent beaucoup à cœur.

Niko : On a aussi des pistes en Suisse.

Sinon vous bossez sur de nouvelles compos ? Vous pouvez nous en parler ?

Niko : Oui on a déjà posé deux ou trois trucs. On s’y remet.

Musicalement votre univers est très riche, souvent expérimental. Mais comment faire pour rester dans le domaine expérimental ? Pas facile de toujours innover, si ?

Rorschach : On ne se pose pas la question comme ça en fait.

Niko: C’est pas évident. Le risque c’est de se copier soit même. Des fois on s’aperçoit de choses qui marchent et donc tu as un risque de reproduire un certain schéma.

Rorschach: Moi je vois ça différemment. C’est Niko qui s’occupe de la musique, Howahkan apporte aussi ses idées, et moi j’écris les paroles. Donc on ne le vit pas de la même façon. Il m’envoie les morceaux et moi ça m’inspire. C’est ce qu’il me donne qui influe sur ce que je vais faire. Donc je ne me suis jamais posé la question de repousser le truc ou d’expérimenter, c’est juste qu’à chaque fois il m’envoie des trucs avec un refrain au banjo, un milieu super agressif, ça m’évoque des trucs, et ça donne ce mélange-là. On a trouvé que ça fonctionne bien à trois comme ça donc on change rien.

Avez-vous d’autres gens avec qui vous voudriez travailler ?

Rorschach : Pour l’instant on est tout seuls. Mais j’aime bien l’idée d’un featuring. Aller chercher un Mattias Eklundh de Freak Kitchen, des mecs comme ça, que j’adore. Ou Christophe Godin pour qu’il vienne poser sa patte. Mais on n’y a pas encore pensé du tout.

Niko : On n'en est pas encore là. On a le concept à peu près dans nos tronches, quelques débuts de morceaux mais c’est tout.

On a hâte d’entendre ça, en attendant je vous remercie, et je vous laisse le mot de la fin à l’intention de nos fidèles lecteurs…

Niko : Et bien... merci de nous écouter.

Rorschach : Et venez voir notre spectacle !