Groupe:

Persona

Date:

16 Mars 2016

Interviewer:

Orion

Interview Persona

Salut Persona et merci de nous accorder cette interview. A ma connaissance, il s'agit de votre première interview pour un webzine français… et en tout cas pour nous. Alors vous ne couperez pas à la question d'usage : pouvez-vous présenter le groupe et ses membres. Quand a-t-il été formé, par qui ?

Melik : Bonjour Aux Portes du Metal et merci beaucoup pour cette interview ! Le groupe s’est formé en 2012, par moi-même à la guitare et Jelena Dobric au chant. Au fil des mois nous ont rejoints Yosri Ouada à la guitare aussi, Youssef Aouadi à la batterie, Walid Bessadok au clavier et enfin Nesrine Mahbouli à la basse.

Persona, pourquoi ce nom de groupe ? A-t-il une signification particulière pour vous ?

Jelena : « Persona », dans ce cas, se réfère au concept psychologique du psychiatre suisse Carl Gustav Jung et il représente la personnalité que l'on affiche en public, par opposition à notre vraie personnalité. D’après Jung, Persona est une sorte de « masque » qu’on porte dans la vie quotidienne, qui aide dans notre interaction avec les autres personnes et qui cache nos véritables pensées et sentiments. Ainsi, nous avons choisi ce nom parce que, lorsque nous composons ou jouons sur scène, chacune de nos chansons - à qui on essaie de donner une identité propre - nous oblige à passer par différentes émotions et divers états d'esprit, qui parfois ne représentent pas vraiment comment nous nous sentons à ce moment particulier.

Qui compose dans le groupe ?

Melik : C’est essentiellement moi et Jelena en ce qui concerne la musique, et Jelena toute seule pour les paroles et la mélodie vocale (à part "He Kills Me More" qui s’appelait avant "She Kills Me More" et dont j’ai écrit les paroles).

Quels sont les thèmes de vos chansons ?

Jelena : Nous n’avons pas un thème de prédilection mais si je devais en choisir un, ça serait les expériences de la vie de tous les jours et les rapports avec les gens en général. Ces dix chansons décrivent différentes humeurs, émotions et états d'esprit par lesquels nous sommes passés, et le point commun qui les relie tous est essentiellement la nature humaine, et comment le conflit et la dualité qui se trouve en chacun de nous fausse la façon dont nous nous percevons nous-mêmes et le monde autour de nous.

A l’écoute de "Elusive Reflections", je note pas mal d’influences diverses mais difficile d’en trouver une qui ressorte vraiment, ce qui est plutôt une bonne chose pour un jeune groupe. Quels sont les groupes ou les musiciens qui vous ont influencés ?

Melik : Comme moi et Jelena n’écoutons pas vraiment les mêmes groupes, le fait de mélanger nos influences donne en effet quelque chose de moins « formaté ». De mon côté, mon jeu est très inspiré par le Thrash/Heavy des années 80/90 de Metallica et Megadeth, et Jelena aime beaucoup Pain Of Salvation et Opeth entre autres ; le résultat final est un peu un amalgame de ces quatre groupes - à degrés divers, bien sûr.

Vous êtes donc originaires de Tunisie. Nous connaissons bien sûr Myrath mais le reste de la scène tunisienne nous est quasiment inconnu. Y a-t-il véritablement une scène metal en développement ou êtes-vous un peu un OVNI musical dans ce pays ?

Nesrine : De plus en plus de groupes sont en train de se former depuis quelques années, et bien qu’il n’y ait pas beaucoup de salles où l’on puisse se produire et peu de studios professionnels où l’on puisse enregistrer ses titres, certains groupes arrivent quand même à se développer. Pour en citer quelques-uns : Carthagena (Progressive Metal), Lost Insen (Progressive Metal), Hemlyn (Fusion Metal), Ymyrgar (Pagan/Folk Metal), Nawather (Oriental Progressive Metal), Dead Men Tell No Lies (Metalcore), Riffburn (Thrash Metal)... Par ailleurs, je travaille aussi sur un autre projet de Symphonic/Power Metal avec des éléments de musique celtique en tant que chanteuse avec deux musiciens talentueux : Alessandro Skander Indelicato et Selim Rawefi.

Est-il facile de jouer du metal en Tunisie ? Est-il facile de trouver des salles de concert et des organisateurs et plus globalement, de se faire connaître en tant qu'artiste chez vous ?

Yosri : Comme l’a dit Nesrine, il n’y a pas beaucoup de salles de concert qui acceptent les groupes de Metal ; l’une des rares exceptions étant le Whatever Saloon qui est l’hôte de 90% des concerts Metal sur Tunis. Concernant l’organisation, ce sont en général les groupes eux-mêmes qui s’en chargent. Et pour ce qui est de se faire connaître, la communauté Metal en Tunisie est assez soudée, et tout le monde connaît à peu près tout le monde. Donc oui, au sein de la communauté, si on travaille sérieusement on peut se forger une place. Par contre pour le reste des Tunisiens et des Tunisiennes, et vu que le Metal n’est pas média-friendly, ça ne sera pas demain la veille qu’on nous passera à la TV ou à la radio à des heures de grande écoute ! Ca ne nous empêche pas de travailler très dur et donner le meilleur de nous-mêmes ! :-)

Je vous rassure, chez nous non plus le Metal n'est pas "média-friendly", hélas…
Et en dehors de la Tunisie, avez-vous actuellement des opportunités de tournées ? Avez-vous des propositions pour des festivals, cet été par exemple ?

Pour les tournées et à court terme, pas vraiment ; ça demande beaucoup d’investissement et pour être honnête, à notre stade nous n’en avons pas les moyens. Sinon, nous sommes encore à la recherche de festivals qui seraient intéressés par nous avoir, donc si tu en connais, n’hésite pas !

Vous devez, je suppose, compter principalement sur Internet pour vous faire connaître hors de vos frontières. Vous avez réalisé une vidéo pour le titre "Blinded", très professionnelle, que l’on peut voir sur YouTube. Qui l’a réalisée ? Et comment a-t-elle été financée ?

Walid : Si nous sommes en train de faire cette interview, c'est surtout grâce à Internet ! :-) ; Donc oui, Internet est notre principal outil de communication concernant le groupe, que ce soit en dedans ou en dehors de la Tunisie. Pour ce qui est du clip de "Blinded", je suis assez fier de la vidéo que nous avons réalisée avec - entre autres - Malek Ben Arbia, guitariste de Myrath, qui est non seulement un excellent ami à nous, mais aussi un très bon musicien. En ce qui concerne le financement, malheureusement, comme il n’y a pas d'aide extérieure, tout a été auto-financé.

Le tournage a-t-il été un bon souvenir ? Cela vous a-t-il donné envie d’en faire d’autres pour promouvoir cet album ?

Youssef : Oui, c’était une expérience nouvelle et j'en garde un très bon souvenir ; on a pas mal bossé en se débrouillant avec ce qu'on avait, et je trouve que le résultat final est plutôt réussi. Le clip a permis au groupe de se faire connaître aussi bien en Tunisie qu’à l'étranger, et les retours sont plutôt positifs. Et oui, nous allons sûrement en faire au moins un autre !

"Elusive Reflections" est votre premier album. Où a-t-il été enregistré ? Par qui ?

Jelena : Cet album est auto-produit et il a été enregistré dans notre modeste home studio (juste une chambre en fait ;)) par nous-mêmes. C’était assez difficile sans l’aide d’un ingénieur du son, et aussi à cause du bruit que faisaient les voisins !! :-) ; Mais on a réussi à avoir un très bon résultat grâce à la compétence de Gwen Kerjan de Slab Sound Studio en France, qui s’est occupé du mixage et du mastering de l’album.

Le livret, l'artwork, tout montre un grand professionnalisme là aussi. Qui est l’auteur de cette pochette ?

Jelena : L’auteur de l’artwork est un artiste tunisien, Bader Klidi (https://www.facebook.com/baderklidiart), qui est aussi l’auteur de la pochette et l’artwork de l’album "Tales Of The Sands" du groupe Myrath. Son style est moderne et original et nous sommes très contents de notre collaboration avec lui.

L’album sort de manière indépendante, donc sans l’aide d’aucun label. Est-ce que vous vous occupez vous-mêmes de sa distribution ? Où peut-on le trouver ?

Jelena : Oui, nous nous occupons nous-mêmes et de la distribution, et de la promotion. Les copies digitales et physiques sont disponibles sur notre page Bandcamp. Les copies digitales et en streaming de notre album sont disponibles sur iTunes, Spotify, Deezer, Rhapsody…

Cherchez-vous à travailler avec un label pour la suite de la carrière du groupe ?

Melik : Oui, pourquoi pas ! Ça nous permettrait de nous concentrer sur la musique et de laisser le côté promotion/distribution entre des mains plus expertes.

Avez-vous déjà des contacts ?

Melik : Nous avons des contacts et on verra comment les choses évolueront d’ici le deuxième album.

Je vous remercie, je vous souhaite bonne continuation et je vous laisse le mot de la fin pour conclure cette interview :

Persona : D’abord, merci à Aux Portes du Metal pour cette interview ! Et aussi nous voudrions remercier tous celles et tous ceux qui nous ont soutenus depuis que nous avons commencé. Les gens qui nous suivent nous ont toujours poussés vers l’avant et c'est en partie grâce à eux qu'on est là maintenant. Big thanks \m/ \m/ !!