Groupe:

Nervosa

Date:

14 juillet 2016

Interviewer:

Deicide5000

Interview Fernanda et Prika (face à face)

Les Nervosa se prêtent admirablement bien à l’exercice de l’interview. A mon arrivée, on me dit que l’interview n’aura pas lieu, puis n’aura pas lieu à 22h00 mais à 1h00 après le show… Je négocie et j’obtiens le retour à 22h00.  En effet, ils cherchent à préserver la voix de Fernanda Lira qui pourrait fatiguer pendant l’interview à cause de l’endroit plutôt bruyant. La négo, c’est qu’au final, on la fait dehors dans la rue. Trop classe, je suis accompagné par Fernanda Lira (chant et basse) et Prika Amaral (guitare). Elles sont très cool. Je suis même prévenu par Fernanda qu’elle est une pipelette (ça se confirmera) quand je lui demande combien de temps elles m’accordent. Elle ne se démentira dans ce qui suit.

Au cas où certains de nos lecteurs ne vous connaissent pas déjà, que leur diriez-vous de vous, de vos influences, d’où vous venez ?

Fernanda : Je dis toujours que nous jouons la musique que nous écoutons, du thrash et du death metal. Si vous aimez les groupes old school, vous aimerez Nervosa. En tant que groupe, nous aimons toutes Slayer, Sepultura, Pantera, Vader mais le groupe qui m’a le plus influencée est Nuclear Assault. Dan Liker (bassiste de Nuclear Assault) n’est pas celui qui m’a inspiré, c’est plus Steve Harris d’Iron Maiden, mais aussi Geddy Lee de Rush, Geezer Butler de Black Sabbath, Steve di Giorgio de Death et Sadus.

Prika : Mes influences à la guitare sont Jeff Hannemann et Kerry King de Slayer, Gary Holt d’Exodus, Alex Skolnick de Testament. Mais j’aime aussi Jimmy Hendrix, Stevie Ray Vaughan. C’est différent du metal mais je les aime aussi. J’aime le blues et surtout le feeling du blues. 

Fernanda : Nous venons du Brésil au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. Nous habitons à Sao Paulo, nous aimons jouer à Belo Horizonte qui est dans le même Etat que Sao Paulo. Il y a une grosse scène metal là bas.

Parlez nous de la composition du groupe. Est-ce la même que lors du précédent album ?

Fernanda : nous avions eu une batteuse pour enregistrer notre EP. Elle est partie avant que nous publions notre premier album. Pitchu nous a rejoint après l’enregistrement, donc nous sommes le même groupe depuis ce moment.

J’ai lu que vous aviez enregistré votre dernier album aux US. Quel valeur cela procure t-il ?

Prika : c’était un rêve devenu réalité pour nous. Nous tournions là-bas et c’était une grande opportunité pour nous.

Fernanda : Comme elle l’a dit, nous tournions et on s’est toutes mises d’accord sur le fait d’amener le nouvel album à un autre niveau. Je pense qu’enregistrer dans un autre pays est une bonne chose, encore plus aux US parce qu’ils ont des grands producteurs et que plein de super albums y ont été enregistrés.

"Agony" est votre nouvel album. Comment vous est venu ce titre ? Quel est le concept ?

Fernanda : nous écrivons toujours sur des thèmes relatifs à l’humanité parce que nous aimons avoir des textes avec lesquels les gens peuvent s’identifier. Les thèmes sont universels. Quand je parle d’intolérance, de malfaisance, on parle du mal que la société se fait à elle-même. Le résultat de tout ce mal est précisément l’agonie. Quand la société est chaotique, l’agonie est le résultat.

Donc, ce nouvel album, comment se défend-il comparé à vos productions précédentes ?

Fernanda : je pense que cet album est différent à plusieurs égards. Je pense en premier lieu qu’il démontre plus de maturité. Je crois que les chansons ont été mieux écrites. Pitchu a contribué de part sa technicité et elle nous a poussées. Nous écoutions plein de death metal à ce moment là. Donc je pense que l’album est plus agressif, plus rapide, plus brut. On a une meilleure qualité de production, plus directe. J’aime cet album. 

Prika : Je pense que l’expérience qu’on a acquise avec les tournées de l’année dernière se voit beaucoup dans notre écriture.

Quel a été l’accueil des nouvelles chansons en live ?

Fernanda : Avec ce groupe, c’est comme ça à chaque fois qu’on entre en scène, les gens sont surpris. Ils prêtent plus attention aux premières chansons et avec cet album qui est plus agressif, ça renforce la surprise. Le show commence avec deux chansons super rapides.

Quelle est votre chanson préférée sur l’album et pourquoi ?

Prika : c’est une question très dure pour nous. Toutes les chansons sont bonnes (elle éclate de rire). Je peux en citer cinq.

Tant que tu ne me dis pas douze (le nombre de chansons sur l’album)…

Prika : Bien, je peux te citer "Cyber War" parce que c’est mon solo de guitare préféré, "Wayfarer" parce qu’elle est différente, "Intolerance means War" parce qu’elle est très agressive et “dans ta gueule”, et "Failed System" ; et  numéro cinq : "Hostages". C’était un choix difficile (elle commence à s’agiter et continue la liste des chansons de l’album…). et j’aime "Deception", "Arrogance", "Guerra Santa", "Theory of Conspiracy", "Surrounded by Serpents", "Hypocrisy" et "Devastation".

Fernanda : ma liste est plus courte et ma préférée serait "Guerra Santa" parce que c’est notre chanson en portugais. C’est en fait plus difficile pour moi de la chanter et de bien la restituer. J’aime l’énergie de cette chanson, c’est un vrai appel au pogo.

Quels sont les groupes du Brésil ou d’Amérique du Sud que vous nous recommandez ?

Fernanda : nous avons plusieurs groupes que tout le monde connait, Sepultura bien sûr mais aussi Ratos de Porao, Torture Squad, Claustrophobia, Jack Devil, très bon groupe, Krisiun bien sûr et plein de groupes de filles...

Prika : Sarcofago, Chakal, Vocifera et Valhalla, Indisciplined, Pandora, Girly Hell, plein de bons groupes.

Question évidente : vous vous êtes hissés à un niveau de renommée mondiale sur la scène metal, donc je me demande si sur le chemin vous avez déjà été la cible de moqueries parce que vous êtes un groupe de filles ?

Fernanda : on n’y a jamais donné d’importance. Au début, c’était toujours difficile avec les gens stupides parce que ce n’étaient que des préjugés. On se focalise toujours sur les gens qui nous soutiennent. Nous ne sommes pas là pour faire les intéressantes. On est là parce qu’on est metalleuses et parce qu’on aime jouer du metal, c’est tout.

Des conseils pour les gens qui voudraient réussir comme vous ?

Fernanda : Ne renoncez pas à ce en quoi vous croyez. Quoi qu’il arrive. Ne laissez pas les gens vous rabaisser ou vous décourager. Persévérez. Ca vous rendra heureux et c’est ce à quoi nous arrivons progressivement.

Prika : Et faites en ce que vous aimez.

J’ai vu que vous aviez un programme de tournée chargé en Europe. Des endroits où vous n’aviez pas encore été ?  Jusqu’à quand tournez-vous cette année ?

Fernanda : Eh oui, sur cette portion de tour nous jouerons en Italie où nous n’avons jamais été. On a joué en Bosnie, en Roumanie, Bulgarie, Serbie. On n’a jamais été au Canada et nous y serons pour la première fois ainsi que sur la côte Est des US. Nous reviendrons en Europe en septembre avec Destruction et Flotsam and Jetsam. On va jouer à plein d’endroits comme à Dublin et au Portugal.

Ah, pour une fois, parler portugais va être pratique.

Fernanda : Tout à fait et juste après il reste probable que nous fassions un tour dans les pays Baltes et en Russie, peut-être en Ukraine aussi.

Jouez-vous dans des festivals cet été ?

Prika : On a joué à Tuska, on en a un à Malte, un en Italie et un en Suisse aussi.

Bien, les filles, merci beaucoup pour ce moment (Trierweiler style). Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Fernanda : Non, continuez à soutenir le metal, puisque le metal est vivant parce que tous, individuellement et collectivement le faisons vivre.