Groupe:

Harmonic Generator

Date:

08 Novembre 2016

Interviewer:

Didier

Interview Quentin (par mail)

Bonjour, peux tu nous présenter le groupe, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Harmonic Generator est un groupe de Rock, au sens large du terme, fondé en 2005 dans la région de Salon-De-Provence. A la base du projet, on trouve Alex et Charles Roussel, deux frères, musiciens de longue date, respectivement batteur et guitariste. Après quelque temps à jouer ensemble, ils ont rapidement demandé à leur voisin et ami, moi-même (Quentin), de prendre place derrière le micro. Quelques mois plus tard, au lycée, nous avons fait la connaissance de Renaud et Nico qui sont respectivement devenus guitariste et bassiste au sein du groupe. Après quelques années à écumer les salles de la région marseillaise et des environs, nous avons décidé de partir pour l’Australie où nous sommes restés pendant un an et avons effectué plus de 80 concerts. Après un bref retour sur le sol français, nous sommes repartis en Australie pour une durée plus courte cette fois-ci pour tourner de nouveau et enregistrer notre premier album. Depuis, nous avons parcouru les routes de l’Europe aux côtés de grands groupes et sommes actuellement en train de finaliser notre dernier projet en date « Heart, Flesh, Skull and Bones ».

Le line-up a l’air bien stable ?

Il est inchangé depuis la création du groupe, il y a plus de 11 ans. C’est notre plus grande force et une grande fierté.

Comment qualifier le style dans lequel vous évoluez ? Quelles sont vos influences majeures ?

On fait du Rock, au sens large du terme. Et encore, dans nos têtes, on fait juste de la musique. On ne se soucie pas de coller à telle ou telle étiquette, on fait la musique qu’on a envie de faire et on le fait de manière honnête. C’est notre manière de rester fidèle à nous-mêmes et aussi à ceux qui nous suivent et nous soutiennent. Pour ce qui est des influences, ça va des grands groupes de Classic Rock comme Led Zep, ACDC, Aerosmith et consorts jusqu’à des groupes plus récents comme Foo Fighters, Royal Blood, et aussi une très grosse influence 90’s avec des groupes comme Soundgarden, Stone Temple Pilots, Pearl Jam… On écoute aussi beaucoup de Metal (Gojira, Slipknot, …) mais aussi du Hip-Hop, du Funk, et de plus en plus de musique électronique. Etre musiciens pour nous signifie avant tout être ouvert.

J’ai lu dans votre bio que vous avez plus ou moins commencé en Australie. Explique-nous ça ?

Comme je le disais plus haut nous sommes partis en Australie en 2011 car nous voulions nous immerger dans un pays où la culture du Rock était omniprésente (à la différence de la France), c’est donc assez naturellement que nous avons fait le choix de ce pays, terre d’ACDC, InXS et bien d’autres. Nous avons effectué près d’une centaine de concerts sur ce sol, et y avons vécu des expériences musicales et humaines incroyables. Ce pays nous a forgés et nous a permis d’être ce que nous sommes aujourd’hui.

Le premier album, "When The Sun Goes Down", a été conçu là-bas non ?

En effet, lors de notre deuxième voyage en 2012. Nous avons eu l’immense chance de travailler avec Mark Opitz à la production (AC/DC, InXS, Kiss,…). Une expérience incroyable et ô combien enrichissante.

Et comme par hasard on vous retrouve sur scène avec les Australiens d’Electric Mary. Est-ce une coïncidence ?

Pas vraiment non. Nous avons rencontré Alex (le bassiste d’EM) lors de notre premier séjour à Melbourne, au mythique Esplanade Hotel (The Espy, salle fermée et détruite depuis…). Nous avons passé une bonne partie de cette soirée à échanger avec lui, à lui parler du groupe et très rapidement après nous avons contacté Rusty (le chanteur, qui gère le projet) et quelques temps plus tard, nous jouions avec eux sur le sol français lors de leurs tournées européennes. La première fois remonte à 2012 au Korrigan à Luynes.

J’ai été sacrément impressionné par ta présence scénique. Tu as l’air extrêmement à ton aise. Tu fais ça depuis que tu es gamin ou quoi ?

D’abord, merci ! Disons que je viens de loin, haha. J’ai fait de nombreuses années de théâtre étant petit ce qui doit certainement m’aider vis-à-vis de la scène mais mon premier concert en tant que chanteur était le premier concert d’Harmonic Generator, le 19 Juillet 2005. C’est l’expérience de la scène, l’envie, la rage, et les années de travail qui ont fait le reste, pour moi comme pour les autres.

Sinon ton père est à la CGT ? Pourquoi ce trip mégaphone alors qu’une bonne pédale voix ferait aussi bien l’affaire, dans moins de volume.

Ca ne vient pas de mon père, mais de mon oncle, Lux B, qui officiait dans Massilia Sound System et Oaï Star et qui est malheureusement décédé il y quelques années. C’est lui qui m’a donné envie de faire de la musique ma vie. Le mégaphone était une sorte de signature scénique pour lui, un moyen d’amener la rue sur scène, et c’est une idée qui me plait. C’est à la fois un héritage et un hommage.

J’ai bien aimé l’intervention de Nico à l’harmonica. C’est un instrument que vous utilisez souvent ?

Pour être parfaitement honnête, non, pas tant que ça. Mais encore une fois, c’est tout à fait susceptible de changer.

Et du coup tu te transformes en bassiste quelques minutes. Tu es un multi-instrumentiste ? Megaphone, basse ? [rires]

Mes compétences d’instrumentiste se résument à ces deux instruments, si tant est que l’on puisse qualifier d’instrument le mégaphone. Nico par contre a une facilité de compréhension et d’intégration des instruments de musique qui est tout bonnement hallucinante. Laisse lui un instrument dans les mains pendant 48 h et hop… le tour est joué, c’est limite énervant [rires].

J’ai aussi remarqué que les guitaristes étaient tous les deux sur LAG, c’est un endorsement de LAG ou juste comme ça ?

Renaud et Charles sont tous deux endorsés par Lag depuis 2012.

J’ai aussi vu Charles manier une drôle de seconde guitare, au design super original, qui a une histoire apparemment. Tu peux nous en dire quelques mots ?

C’est une guitare créée et fabriquée conjointement par Charles et son oncle, Yves Rouleau (sculpteur de génie), qui est devenue au fil des années l’emblème du groupe.

Pendant le set, tu introduis "Built To Last", un nouveau morceau, en disant que contrairement à ce que certains prédisaient, vous avez duré. Il visait quelqu’un en particulier ?

Non, personne en particulier. C’est juste un doigt d’honneur à tous les gens de peu de foi, de peu d’esprit, qui nous ont pris de haut en pensant que nous n’étions pas sérieux, que nous n’étions pas prêts à faire les sacrifices nécessaires, que nous n’avions pas la force, pas le mental, pour mener notre projet à bien. Je pense que nous avons très largement prouvé qu’ils se trompaient.

Parlons un peu du concept original que vous avez entamé avec ces quatre EP, Heart, Flesh, Skulls et Bones. Explique-nous un peu la génèse de cette idée ?

Nous avons toujours été confrontés au problème du « style » avec Harmonic Generator, du moins en France. Nous sommes trop énervés pour du Rock, et trop calme pour du Metal. Et comme je le disais précédemment, ce qui nous importe avant tout c’est de faire de la bonne musique, peu importe le nom qu’on lui donne ou dans quelle case on veut la faire rentrer. Dans cette optique, après notre premier album, nous avons rapidement commencé à réfléchir à quelle forme ce nouveau projet allait bien pouvoir ressembler, quelle direction nous allions prendre. Très rapidement nous nous sommes dit qu’au lieu d’enregistrer de nouveau un album d’environ dix chansons (qui plus est très cher à enregistrer, produire et promouvoir), nous pouvions peut-être envisager de sortir plusieurs EP, avec des sorties répartis dans le temps, mais avec une trame et une finalité commune, ce qui nous permettrais à la fois de répartir les coûts de production dans le temps mais aussi et surtout d’être à la fois plus libres et plus cohérents quant aux différentes facettes de notre musique et ainsi proposer à l’auditeur une immersion profonde et honnête dans la vie du groupe et dans son évolution, au travers de ses différents visages et émotions. Nous enregistrons au dBd Studio avec notre ami et partenaire de longue date, Julien Liphard, et c’est Logan Madder (ex-Machine Head) qui s’occupe du mix et du mastering.

Aujourd’hui "Skull" vient de sortir et on a déjà entendu en live deux morceaux de "Bones" : "Built To Last" et "New Day Rising". Ça veut dire que "Bones" est pour bientôt ? Ensuite j’ai cru comprendre que le second album reprendrait ces 4 EP, est-ce l’idée ?

Tout à fait ! "Bones" et à ce jour déjà enregistré (on a fait ça cet été) et il devrait être disponible avant l’été 2017. Nous sortirons effectivement pour l’occasion le projet complet "Heart, Flesh, Skull and Bones" sous forme d’album, ce qui a toujours été le projet de base, mais "Bones" sera aussi disponible au format EP pour celles et ceux qui possèdent déjà les autres chapitres et voudraient compléter leur collection. Ces quatre EP étant les différentes parties d’un seul et même concept, nous avons même fait coïncider les artworks des pochettes pour n’en former qu’une seule une fois réunies. C’est déjà pas simple de vendre du CD, mais n’est-ce pas encore plus compliqué de vendre des EP ? Surtout si on sait l’avance que le tout sera sur un album à venir ? Ça passe avant tout par de la communication sur le projet. Une fois expliqué, on a en général des retours très positifs. Il faut aussi bien comprendre que ce projet, et par conséquent la sortie des quatre EP, a été étendue sur plusieurs années ; ce qui nous a permis de sortir un support avec quatre titres tous les six à dix mois et ainsi de faire parler régulièrement de nous. L’album n’est que le regroupement des quatre chapitres qui le compose.

Alors justement comment ça se passe pour ces EP, commercialement ?

L’industrie musicale est en plein changement, la consommation de la musique aussi. L’idée de revenir aux EP viens de la musique électronique, cela permet comme je le disais d’être beaucoup plus présent sur une période donnée qu’avec un album, tout ça en réduisant les coûts de production (ou du moins en les étalant eux aussi). Le concept plait aux gens, ou au moins les interpelle, et ils préfèrent souvent débourser cinq euros pour quatre chansons qui leurs plaisent plutôt que dix ou quinze pour un album dont ils ne connaissent pas la teneur.

J’ai vu aussi que vous aviez édité des vinyles, c’est sympa, ça a de la gueule, mais comment expliquer ce retour en force d’un média du siècle précédent ? C’est quelque part une nouvelle façon de vendre un objet « premium » ?

Tout à fait. Il était très important pour nous de pouvoir proposer un « objet » attirant, aussi bien par sa forme que par sa qualité sonore. Le choix du vinyle était donc assez évident.

Vous arrivez à gérer vos carrières de musiciens en parallèle d’autre chose ? Pas trop compliqué ?

Nous faisons tous des petits boulots en parallèle d’Harmonic Generator car ce projet ne suffit pas encore à nous faire complètement gagner nos vies, mais le groupe est pour tous les cinq l’objectif principal et nous voyons ces boulots annexes comme des moyens de faire avancer la machine et pas comme des freins dans notre vie. Monter un groupe de musique et le rendre viable financièrement, à l’heure actuelle, est un exercice très complexe qui s’apparente énormément à la création d’une entreprise, mais avec beaucoup moins d’aides… Pour le reste, nous vivons depuis plus de onze ans des expériences humaines et musicales tellement riches qu’il est hors de question pour nous de changer de cap.

Vous avez des dates encore de prévues ? En France ? Ailleurs ? En Australie ? Sinon d’autres plans pour le groupe dans les mois à venir ?

Le 12 Novembre à Saint–Cannat pour la dernière date du Tour du Pays d’Aix (ou TPA, organisé par Aix’Qui ?) en compagnie des mythiques Lofofora et de Ricine. Le 17 décembre pour les 30 ans du Portail Coucou à Salon De Provence (notre seconde maison à tous les cinq) en compagnie de tout un tas de groupes de la région et d’ailleurs qui ont fait l’histoire de cette belle salle de concert. Pour le reste, on annoncera ça prochainement ;)

Je vous souhaite bonne chance pour la suite des événements et vous remercie. Je vous laisse le mot de la fin…

On espère vous voir très nombreux à nos prochains concerts, on ne lâche rien, et on compte sur vous pour en faire de même ! Dans les mots de maître Yoda « May the Rock be with you ! » (si, si, il a vraiment dit ça !)