Groupe:

Klone

Date:

22 Aout 2015

Interviewer:

Didier

Interview Morgan Berthet (face à face)

Salut Morgan ! Parlons d'abord un peu de Morgan le batteur de Klone. Comment s'est passé ton recrutement au sein de Klone ?

Ca remonte déjà à pas mal de temps, 2008 quand j'avais commencé avec Eyeless. Ils m'avaient déjà appelé et ça n'avait pas pu se faire. Ils m'ont ensuite redemandé pour la tournée avec Orphaned Land en 2013. Ca s'est fait très simplement. Ils m'ont demandé et comme en plus j'étais déjà sur place puisque je tournais avec The Mars Chronicles, ça faisait d'une pierre deux coups. Ca collait bien avec les agendas, du coup. Sur la tournée ça a bien collé. Il faut dire que sur 46 dates, t'as le temps de voir si ça colle ou pas. Et du coup quand ils ont eu encore besoin de moi, j'ai dit ok.

Du coup, on connait un Klone de studio et un Klone de scène, dans lequel tu remplaces Florent et Julian remplace Jean-Etienne. As-tu été en contact avec Florent pour le passage de témoin ?

En fait, ils sont tous les deux pris, ils pourraient certainement assurer quelques dates tous les deux, mais c'est trop compliqué à gérer et le groupe préfère partir avec la même équipe pour toutes les dates. Donc oui, j'ai été en contact avec Florent. Déjà, en 2013, on s'était rencontré mais c'est pas spécialement pour qu'il me montre des plans de batterie. Il est dispo si j'ai des questions sur les plans du dernier album. mais on n'a pas plus échangé que ça. Comme je n'ai pas de local pour travailler chez moi, en général, j'écris moi même les partoches, ce qui représente un gros morceau du travail, et je les utilise quand on se rencontre aux premières répétitions.

Raconte-nous un peu ce trip australien ?

C'était super cool, bien dépaysant, bien classe. Les dates en première partie de Voyager se sont bien passées. J'avoue que je n'en avais jamais entendu parler avant, mais ils ont déjà bien tourné. Il y avait pas mal de monde, pas la folie non plus, surtout au début. Il y avait, je sais pas, 300 ou 400 personnes dans les plus grosses villes. On a fait sept dates en tout.

Vous avez eu le temps de faire un peu de tourisme ?

Oui carrément. On a évité les villes et préféré s'enfoncer dans la jungle, c'était super. On a eu la chance de pouvoir rester trois semaines pour les sept dates, dont ça te laisse pas mal de jours libres.

Comment avez-vous été accueillis ? C'est pas courant des groupes français là-bas ?

Oui, super. Bien sûr, beaucoup ne savaient pas trop qui on était, et ils ont été agréablement surpris. On a été un peu déçu sur les deux ou trois premières dates au niveau des ingés son et des groupes en général. Nous n'avions pas notre ingé son, mais on a fini par trouver nos marques.

Et comment se sont passées ces dates avec Devin Townsend ?

Oui ça, c'était la folie. On l'a suivi en France et en Allemagne. Le gars est adorable, les salles étaient blindées. Par exemple à Biarritz, où on a dû avoir le plus de monde, il devait y avoir environ 600 personnes. Super expérience, super mec. Toute l'équipe est exceptionnelle.

On apprend beaucoup à côtoyer ce genre d'artiste ?

Musicalement, tu prends une leçon car musicalement, c'est de la folie ce mec, autant à la guitare qu'au chant. Mais humainement aussi ça te détend un peu quand tu vois des mecs comme ça, qui direct vient dans ta loge se présenter. Quand ça commence comme ça, c'est bon signe. C'est pas courant du tout, même avec des groupes bien plus petits...

On a lu que c'est lui qui vous a choisis ? Ça fait plaisir, j’imagine ?

Oui, il nous l'a redit aussi. Il ne nous a pas choisi parmi des milliers de groupes, mais on lui a fait des propositions de quelques groupes et c'est lui qui a pris la décision donc c'est cool.

Aldrick, que nous avions interviewé à Luynes, nous avait laissé entendre que Klone serait peut-être à Arles avec Myrath et Dream Theater. Sais-tu pourquoi ça ne s'est pas fait ?

On sait pas exactement pourquoi ça s'est pas fait, mais par contre on sait que c'est grâce au fait qu'on n'ait pas joué qu'on a pu faire les dates avec Devin. C'est Andy Farrow qui c'est occupé de ça. Il a mis Anathema un peu au dernier moment et du coup, nous a filé Devin. Ce qui était très bien aussi.

Quels sont les plans pour Klone live après ce festival ?

C'est fini pour l'été, et en fin d'année, on a déjà une vingtaine de dates prévues en France, Belgique et Allemagne si je me rappelle bien.

Justement, en parlant de Arles, parlons un peu de Myrath. Raconte nous un peu l'envers du concert d'Arles en première partie de Dream Theater ?

On a eu bien de la chance de pouvoir assurer cette date. L'avant concert a été pénible. Une chaleur accablante, on ne trouvait pas l'entrée du site, mais le concert a été génial. Le site est grandiose.

Tu sais que les gens n'étaient pas encore tous rentrés quand vous avez attaqué. Certains étaient furax.

Oui, on savait. Malheureusement ça arrive régulièrement et on l'a déjà vécu. Ca peut même être pire encore, on te dit de commencer alors que les portes sont carrément encore fermées. Peut-être que l'organisation n'a pas bien mesuré le nombre de gens qui venaient aussi pour voir Myrath, on ne s'attendait pas nous-mêmes à cet accueil-là. Au départ, on était positionné en deuxième après Klone. Ils ont dû voir leur erreur.

Avez vous côtoyé les musiciens de DT ? On vous a vu avec Mike Mangini sur FB... et les autres ? Et les gens d'Anathema ?

En fait, les Myrath les avaient déjà croisés sur un concert je ne sais pas où. Je sais qu'ils suivent ce qu'on fait avec Myrath. Ils ont même déjà écouté le prochain album. Mike Mangini nous attendaient en sortie de scène, il n'aime pas rester à l'hotel. Il nous a dit que c'était super cool, et on a fait des photos. J'ai pas pu rester toute la soirée, je devais rejoindre Klone à Nancy pour la tournée avec Devin, mais j'ai croisé aussi Jordan Rudess et John Myung et ils sont super cools.

Pour nous, ce fut une superbe soirée. Y en aura t-il d'autres pour Myrath bientôt ?

Le prochain concert aura lieu au Maroc, en tête d'affiche sur un festoche mais après je ne sais pas trop encore ce qui est prévu. Mais c'est surtout la sortie de l'album, là, faut que ça sorte.

Justement, cet album alors ? Où est-ce que ça en est ?

C'est très long de dealer le bon truc avec les maisons de disques, et on voulait pas se gourer alors ça prend du temps. On a trouvé, on a une date de sortie qu'on ne peut pas encore annoncer, par contre.

Comment arrivez-vous à bosser avec la partie tunisienne du groupe, Kevin et toi ? Vous passez votre temps là-bas ?

Même Elyes vit aussi à Paris en fait. On répète quasiment jamais au final. On bosse chacun de son côté et quand on se voit, c'est parti ! C'est même assez rare qu'on répète avant les dates de concert. On avait fait deux ou trois jours de répèt quand j'étais arrivé juste avant la tournée Orphaned Land, mais en trois ans on a dû prendre deux fois un jour pour répéter. Je passe du temps en Tunisie, mais pas pour Myrath, juste parce que ma femme est tunisienne [rires].

Je sais que le sujet est un peu chaud, mais tu peux nous parler de l'épisode The Mars Chronicles ? Et des suites de cet EP fort sympatoche ?

Pas de souci. Mais je ne sais pas du tout ce que ça va devenir puisque je ne connais plus personne dans le groupe à part Devy avec qui je n'ai plus de contact. Les compos étaient toutes de Devy donc un jour il va bien falloir les jouer, mais je ne sais pas par qui.

Es-tu resté en contact avec les autres membres qui sont partis, comme Nay par exemple ?

Oui on est resté en contact, certains je les connaissais d'avant, donc il n'y a aucun souci entre nous.

Avec le recul, tu penses qu'il n'y avait pas d'autre solution ?

Il y avait sûrement d'autres solutions, mais parfois les gens ne sont pas fait pour bosser ensemble. C'est tout.

Je connais moins tes autres projets, explique-nous un peu ça ?

Il ne reste plus que Frontal, qui est le plus vieux de mes projets, mais sur lequel il ne se passe pas grand chose, car on est tous très pris à côté. On fait un concert de temps en temps. D'ailleurs on en fait un à la fin du mois, mais ça doit faire six mois qu'on n'en a pas fait. C'est plus notre défouloir en fait car on est super potes donc c'est cool à faire. A côté de ça, j'ai aussi des sessions.

Avec tous ces projets, participes-tu aux phases de composition de certains ?

Souvent, c'est un guitariste qui amène la grosse majorité de la compo, et toi tu fous ton bordel dessus.

Il me semble que c'était le cas dans The Mars Chronicles justement, histoire de remuer le couteau dans la plaie ?

Non c'était pareil, mais j'ai tout revu et apporté ma vision des plans de batterie.

N'est-ce pas compliqué de passer comme ça d'un groupe à un autre ?

Non justement, je pars du principe que quand tu t'accroches à un seul projet, tu vas essayer de mettre tout ce que tu aimes dedans, tu fais chier tout le monde. Et si tout le monde fait pareil, on s'en sort plus. Donc je préfère dire ok, ça c'est pas le truc que je préfère mais ça marche bien, ça plait à la majorité, et je trouve toujours un moyen de m'amuser dessus. Ce que je n'aimerais pas, c'est le gars qui m'enverrait ma partie de batterie en me disant "fait comme ça et tais-toi". D'ailleurs, plus on me demande, ces temps-ci, plus on me laisse libre de faire ce que je veux. Même dans Myrath, quand tu réécoutes les albums, tu entends que je ne joue pas du tout ce qui avait été fait à l'époque.

Restes-tu en contact avec tes anciens groupes ? Ce soir, on a Headcharger par exemple. Au Hellfest, on a vu Eths aussi...

Headcharger, ça fait un moment que je ne les ai pas vus. Ils sont encore à la bourre, c'est des glandeurs [rires]. Eths, je suis resté en contact avec certains membres du groupe aussi.

Es-tu toujours à l'écoute de poste de "remplacement au pied levé", qui était ta spécialité ?

Oui j'aime toujours bien, sauf que j'ai moins le temps. En plus, maintenant, avec le temps, les demandes que je reçois sont beaucoup plus sérieuses qu'à l'époque. C'est souvent pour des dates de concert précises.

Aujourd'hui tu arrives à vivre de la musique ? Quel est ton statut ?

Pas tout le temps. J'ai un statut de merde. C'est la réalité. Le statut je ne l'ai pas et je ne le veux pas forcément non plus. Si c'est pour faire n'importe quoi juste pour le conserver, c'est lourd. J'ai de la chance d'avoir une famille bien soudée derrière moi, et qui assure pour moi quand ça merde. On n'a pas tous cette chance-là. Et du coup, ça me permet de faire vraiment ce que j'ai envie. Je n'ai jamais fait partie d'un groupe pour manger, quoi. Plutôt, je ferais autre chose pour bouffer, pas de la musique.

Tu penses avoir fait les bons choix ou tu en regrettes certains ?

Tu te poses souvent la question, mais tu as rarement la réponse. Et puis, même quand un truc s'est mal passé, ça t'as forcément amené un truc. Donc non, je ne regrette rien.

En tout cas, nous sommes très fiers de te suivre depuis pas mal d'années, bon concert et merci !

Merci à vous, c'est sympa.