Groupe:

Kandji

Date:

10 Mars 2015

Interviewer:

Didier

Interview Guillaume

Bonjour à vous les Kandji, pouvez-vous nous présenter un peu le groupe ?

On est 5, Simon à la batterie, Martial à la basse, Seb et moi aux guitares et enfin Jeremy aux scratchs/samples. On est basé à Caen, en Normandie.

Pouvez vous expliquer le choix du nom du groupe ?

On vient de changer de nom en fait... A la base c'était irukandji mais on était pas les seuls à avoir eu cette idée... L'irukandji, c'est une petite méduse très toxique qu'on peut croiser sur les côtes australiennes.

Vous êtes un groupe de metal dit "instrumental", un style pas si répandu que cela. C'est un choix ou une nécessité ?

Ca c'est LA question... Et avec le temps, on fini par prendre ça avec philosophie. L'envie de faire évoluer le groupe nous oblige à avancer sans chanteur mais si le bon gars passe par là on essaiera vraiment de l'attraper.  

Par contre vous utilisez pas mal de samples et de scratchs, c'est pas non plus très courant. D'anciens rappeurs se cachent dans Kandji ?

Nan pas vraiment, mais on aime ça. Ca fait simplement parti de nos influences et ça nous a toujours semblé naturel d'avoir cette couleur supplémentaire.

En tout cas ça rend bien, et ça permet de poser une ambiance sur cet EP, c'était l'idée ?

Oui, sûrement. En tout cas, chant ou pas chant, on a toujours procédé de cette manière.

D'ailleurs, je dis EP mais avec 10 titres on devrait plutôt dire album, non ?

Effectivement, vers la fin du processus on s'est rendu compte qu'on était plus proche d'un album que d'un E.P. "L'Echo" sert de thème central. Il vient ouvrir l'E.P, se développe, et le clôture mais en réalité il n'y a que cinq titres. Et deux intros.

Vous citeriez quelles influences majeures ?

Pour ceux qui font l'unanimité dans Kandji je dirais Led Zeppelin, Rage Against The Machine et Tool. Après tu peux rajouter Slash, Incubus et Karnivool.

J'avais bien accroché sur le groupe Abysse, de Cholet et œuvrant aussi dans cette catégorie de metal instrumental, vous en avez entendu parler ?

C'est marrant parce que, effectivement, un pote nous en avait parlé. Il nous expliquait que ça passait tout seul sans le chant, un peu pour nous convaincre que nous aussi on pouvait rester sans chanteur. Et effectivement leur musique se suffit à elle-même, c'est inspiré, c'est bien joué, c'est cool. Dans le genre instrumental on aime bien Russian Circles aussi.

En tout cas je suis encore tombé sous le charme, ça s'écoute d'une traite, on est pris par l'ambiance. Racontez-nous un peu le processus de composition.

Tes compliments nous vont droit au coeur ! En général je compose à partir d'un riff qui m'accroche, d'une ambiance que j'ai envie d'explorer ou même de mes états d'âme. Je développe et je mets en forme. J'imagine que c'est très classique comme façon de faire. J'amène une maquette aux autres et ensuite le morceau subit des changements au niveau des arrangements, des parties de batteries, de basse, etc...

A l'écoute, on ressent un bonne petite maturité, depuis combien de temps ce projet est-il en gestation ?

Ca doit faire cinq ans qu'on joue ensemble je pense. Concernant l'E.P, entre les premiers temps de composition et la fin du mix/master je dirais entre un et deux ans. L'enregistrement a débuté mi-août et nous avons mis l'E.P en ligne le 31 Janvier dernier. 

Peut-on parler d'un concept album, quand il est instrumental ? Vaste sujet mais c'est ce que j'ai ressenti à l'écoute. Si c'est le cas quel est le thème central ?

En fait je crois qu'on peut considérer "Event Horizon" comme un concept album parce qu'il vous emmène d'un point A à un point B à travers les pistes mais sinon, il n'y a aucune grande idée dissimulée derrière tout ça. L'eau est simplement l'élément récurrent, à travers les différentes ambiances de l'E.P.

Du coup vous pouvez expliquer le titre "Event Horizon" ?

En français, l'horizon des événements c'est l'endroit près d'un trou noir à partir duquel rien ne peut plus s'échapper et où tout est entraîné vers le centre. La limite qui interdit tout retour en arrière.

Le titre est en anglais, c'est voulu ? Si vous ajoutez un jour du chant, ça sera aussi en anglais ?

Oui, Un chant en anglais nous a toujours paru évident même si tu peux faire des trucs terribles en français. C'est simplement une question de culture, de goût et peut-être d'habitudes aussi j'imagine.

Plus j'écoute l'EP, plus je me dis que ça ferait une super BO de film. Vous n'avez pas regardé dans cette direction là, ou celle d'un Ciné-Concert (comme l'avait fait 7Weeks) ?

C'est une remarque qu'on nous a souvent faite. Et je pense aussi qu'elle est plutôt justifiée. Jeremy est régisseur ciné, du coup on a pris quelques contacts et reçu bon accueil mais pour l'instant rien de concret. Quant au Ciné-Concert c'est une super idée. J'aimerais bien qu'on puisse faire ça un jour.

Vous êtes de Caen, c'est difficile de faire du metal sur Caen ? Ou pas plus qu'ailleurs ?

Pas plus qu'ailleurs je suppose, mais en même temps ça doit être facile nulle part... La plupart des bars dans lesquels tu peux jouer ne sont pas conçu pour recevoir des groupes. Les salles du coin ne sont pas facilement accessibles, du coup le choix est assez restreint si tu n'es pas soutenu par une structure, un label ou des associations.

Vous êtes un groupe indépendant, vous cherchez un label ou bien ça n'est pas forcément le but ?

On est pour tout ce qui peut éventuellement nous permettre de développer le projet, jouer dans de meilleures conditions et nous faciliter le travail. Ca ne veut pas non plus dire qu'on acceptera tout et n'importe quoi, mais oui, on ne cracherait pas sur une collaboration avec un label ou des booking managers.

Votre album est entièrement disponible sur votre page BandCamp, c'est important pour vous que les gens puissent découvrir votre musique gratuitement ?

Oui effectivement ça compte. Vu comme l'EP est foutu, je ne nous voyais pas trop balancer des extraits de trente secondes ou limiter les écoutes à deux ou trois titres. En plus on a bossé dur dessus, ça nous aurait pas mal frustré d'en présenter seulement des bribes. Et c'est un autoprod. 100% fait maison. Peu de gens nous connaissent, du coup autant que la musique circule le plus possible.

Vous faites donc partie de cette génération internet de musiciens. C'est cool, mais comment gagner un peu d'argent ? Au moins financer le projet de groupe ? Vous avez des idées ?

Là-dessus, je crois qu'on est vraiment nul. A part confier ces tâches à des personnes qui s'y connaissent et/ou dont c'est le boulot, j'avoue que je ne vois pas trop... Autant on est concentré sur la musique autant le reste je trouve ça très dur à appréhender. Organiser des concerts, des événements, arriver à faire connaître un peu le groupe, tout ça demande un temps fou, un temps pendant lequel tu ne joues pas. Et il faut savoir le faire. Je reste admiratif des groupes totalement indépendants qui parviennent à communiquer efficacement. Ce ne sont pas spécialement des modèles parce que nous, on veut juste jouer, et qu'une structure qui nous soutiendrait nous faciliterait grandement la vie, mais c'est balèze.

Vous allez pouvoir défendre votre album sur scène dans l'Hexagone ? Vous jouez sur la région Caennaise ?

On aimerait beaucoup pouvoir bouger un peu partout pour présenter le groupe et défendre l'EP. C'est même le but à la base. Mais j'avoue que seuls, c'est difficile. On arrive à faire quelques dates sur Caen mais on voudrait vraiment élargir notre champ d'action.  

Quels sont vos projets pour 2015 ?

Espérons-le pas mal de concerts, et sûrement la préparation d'un nouveau truc, EP ou album ça reste à voir. En tout cas l'expérience en elle-même aura été très positive, du coup ça donne juste envie de remettre ça.

Merci de nous avoir contacté sur notre page indés du site, nous sommes ravis de vous avoir découverts, je vous laisse le mot de la fin...

Simplement un grand merci à toi et à toute l'équipe. C'est toujours une chance et un vrai plaisir de pouvoir parler de sa musique. On remet ça pour le prochain ?