Groupe:

Anthropia

Date:

31 Mars 2015

Interviewer:

fifi59

Interview Hugues Lefebvre

Salut Hugues, merci d'accorder cet entretien au webzine auxportesdumetal.com. Pour commencer, peux-tu nous présenter les membres du groupe ?

Salut Phil ! De rien, c'est avec plaisir :) Bien sûr, tout d'abord Nathalie Olmi au chant, Yann Mouhad à la guitare, Julien Negro à la basse, Damien Rainaud à la batterie et moi-même au chant et aux guitares électrique et classique. C'est la même équipe depuis les concerts de "The Ereyn Chronicles" en 2007. Ce sont tous des musiciens aguerris avec pas mal de groupes et d'expérience derrière eux. Enfin, très content de ma team :)

Peux-tu nous parler du parcours d'Anthropia depuis sa création et de l'origine de son nom ?

Anthropia a tout d'abord sorti en 2003 une première démo, nous étions trois à l'époque. C'est par la suite devenu un projet solo, et c'est dans ces conditions qu'est sorti le premier vrai album du groupe "The Ereyn Chronicles Part One" en 2006. J'ai signé à l'époque chez Magna Carta US et c'est pour faire les concerts correspondants que je me suis entouré des actuels membres du groupe. S'en sont suivis "The Chain Reaction" en 2009 et un live unplugged "Acoustic Reactions" en 2010. Après un gros travail de plusieurs années, nous sortons donc à présent "Non-Euclidean Spaces". En ce qui concerne le nom du groupe, il vient d'une notion que j'ai découverte pendant mes études, l'entropie. Il s'agit plus ou moins du désordre aléatoire à l'état microscopique. Je trouvais ça pertinent de rajouter le préfixe anthros (l'homme en grec) au mot afin d'illustrer le chaos que peut créer l'Humanité. Tout le monde le sait, mais l'être humain est capable du meilleur... comme du pire.

Quelle est ta définition de la musique d'Anthropia ? As-tu des influences spécifiques ?

Je dirai qu' Anthropia est un bon mix de prog et de power metal. Présenté comme ça, c'est un peu réducteur, car j'essaye vraiment d'apporter une originalité à chacune des compos. Je pense notamment que l'apport de touches de guitare classique par-ci par-là est une de nos spécificités, ainsi que le fait d'avoir deux types de chants différents. Pour nos influences, je citerais les classiques du prog : Yes, Genesis ; mais aussi Symphony X, Opeth, Angra, Pain of Salvation dans le metal. Bien sûr, Ayreon tient également une part importante dans mes influences personnelles. Je peux aussi citer beaucoup de compositeurs de guitare classique, dont notamment Heitor Villa-Lobos et Roland Dyens, dont j'ai emprunté quelques airs sur cet album.

Comment avez-vous décidé de rendre hommage à H.P. Lovecraft avec "Non-Euclidean Spaces" ? Peux-tu nous résumer la teneur du mythe de Cthulhu ?

Je suis un immense fan de l’oeuvre de Lovecraft. Dès que ça sent le poulpe de près ou de loin, j'adhère (rires). C’était donc tout naturel de faire un album dans cet univers. Le pitch de base du Mythe de Cthulhu : bien avant l'arrivée/l'apparition de l’Homme sur Terre vivaient sur notre planète des entités puissantes et gigantesques que l'on pourrait qualifier de dieux. Les plus agressifs et mauvais (dont Cthulhu fait partie) ont été bannis par d'autres dieux encore plus puissants (Cthulhu est actuellement banni au fond du Pacifique, en l'occurrence). Depuis lors, certains humains sont au courant de ce passé sombre et ces cultistes essaient tant bien que mal de ramener ces entités à la surface de la Terre. Voilà c'était rapide, mais en gros c'est ça le Mythe de Cthulhu !

Connais-tu l'album "Tekeli-Li" de The Great Old Ones, qui est également inspiré de l'oeuvre de Lovecraft ?

J'en ai entendu parler mais je n'ai pas eu l'occasion d'écouter. J'y vais de ce pas dès que j'ai fini l'interview (rires). Je n’ai malheureusement pas vraiment le temps de découvrir beaucoup de groupes. Sinon, c’est vrai qu'il y a pas mal de chansons inspirées Lovecraft, mais un peu moins d'albums complets je pense, surtout dans le prog. J'espère apporter ma pierre (cyclopéenne bien sûr :)) à l'édifice !

Quel fut le processus de composition de "Non-Euclidean Spaces" ?

J'ai tout de suite su quel serait le concept de notre troisième album, j'ai donc commencé par relire en détail toute l'œuvre de Lovecraft, pour en analyser les principaux thèmes. J'ai pu commencer à tirer des lignes directrices et à y apposer les idées musicales que j'avais déjà en tête. Petit à petit, l'histoire s'est construite sur ce qui m'inspirait le plus : à savoir la mélancolie, les mystères, les cultes oubliés, la misanthropie… Ensuite vient l'étape que j'appelle "puzzle", où il faut déterminer la structure la plus efficace pour la chanson en question. C'est beaucoup de travail, mais ça fait tellement plaisir de voir le morceau se construire ! Les autres membres du groupe ont aussi apporté leur touche personnelle par leur interprétation, et Yann (Mouhad) m'a également bien aidé en proposant trois titres super accrocheurs.

J'ai été immédiatement enthousiasmé par l'album, qui est d'une richesse considérable et s'avère particulièrement prenant. Je présume que vous en êtes très satisfaits au sein du groupe !

Merci. Ça fait plaisir ! Oui, très fier car c’est génial de voir que le travail titanesque accompli n'a pas été vain...  Les retours sont pour l'instant très bons, on espère que ça va continuer !

Le son de "Non-Euclidean Spaces" est remarquable, il allie à la perfection puissance et finesse. Comment s'est déroulé l'enregistrement ?

Merci ! C'est essentiellement grâce à Damien ! Il travaille à présent à Los Angeles en tant qu'ingé son (en particulier chez Warner et au studio de Logan Mader), et de par la distance ça n'a pas toujours été facile ! Nous avons tout enregistré sur Nice et lui avons envoyé les pistes nettoyées et pré-produites, et je dois dire qu'il en a fait quelque chose de génial, il est vraiment doué. Je suis particulièrement satisfait du fait qu'on entende tout, car il y a beaucoup de pistes par chanson !

Peux-tu nous entretenir de l'artwork de "Non-Euclidean Spaces" ?

C'est l'œuvre de David Demaret, un super illustrateur français que j'ai pu contacter par un ami commun. Il a entre autre déjà bossé dans le Mythe de Cthulhu pour des jeux de cartes, de plateau... Pour le concept, j'avais en tête un concept d'architecture impossible dans l'univers de Cthulhu. Je suis vraiment très content du résultat, j'adore les pochettes très travaillées et pleines de petits détails (j'adore Derek Riggs), j'ai été servi ! Les fans de Cthulhu reconnaissent immédiatement que l'album fait référence à Lovecraft et c'était aussi important pour moi.

Arjen Anthony Lucassen (Ayreon, Star One) et Edu Falaschi (Almah, ex-Angra) sont invités sur l'album. Comment as-tu obtenu leur collaboration ? Comment leur rôle a-t-il été défini ?

Je voulais bosser avec Arjen depuis un moment déjà, ça n'avait pas pu se faire sur l'album précédent car c'est quelqu’un de très occupé comme on peut l'imaginer. Mais je l'ai recontacté en lui envoyant un morceau pour lui dire que j’adorerais qu'il fasse le narrateur sur notre prochain album. Il a aimé le morceau et a accepté. En plus d'être un compositeur génial, il est vraiment super sympa et ça a vraiment été un rêve accompli que de l'avoir sur l'album. Pour Edu, c'est plus Damien qui est en contact avec lui et c'est par lui que ça s'est fait. Il a mixé le dernier album d’Almah et ils sont devenus amis. Damien, Yann et moi sommes de gros fans d’Angra, et j'ai demandé à Damien de tâter le terrain pour voir si un guest disait à Edu. On lui a donc proposé une participation sur "The Snake Den", qu'il a acceptée. Là encore, c'est un grand honneur de l'avoir sur l'album, c'est un grand chanteur et super sympa !

Peux-tu également nous parler de Laurent Tardy (piano) et Pascal Allaigre (guitare), qui sont également présents sur "Non-Euclidean Spaces" ?

Ce sont des amis de Damien, très bons musiciens. Laurent est issu du conservatoire de Paris et vit pas loin de chez Damien à L.A. Pascal vient de Nouvelle-Calédonie et a déjà sorti plusieurs albums, c'est un super guitar hero. J'aime bien les collaborations diverses, ça permet d'élargir un peu ses horizons !

Quel meilleur souvenir retiendrais-tu de la vie d'Anthropia... et le pire ?

Il y a beaucoup de moments supers... Notamment lors des sorties d'album, lorsqu'on peut enfin présenter son boulot au monde ! Je suis pas du genre à sortir tous les soirs faire la fête, plutôt du genre bosseur, à rester enfermé pour finir les projets (rires) ! Alors oui, je profite au max de ces moments où la frustration de la création inachevée disparaît enfin. Pour les pires moments, ils précédent les précédents - si je puis dire - : pour finir l'album en temps et en heure, c'est toujours la course, et ça fait des semaines très compliquées et stressantes, crois moi :) Mais bon, ça en vaut la peine !

A quoi peut-on s'attendre lorsqu'on va découvrir Anthropia sur scène ? Une tournée est-elle sur les rails pour promouvoir l'album ?

Il n’y a pour l’instant pas de concerts de prévus. Nous sommes un peu éparpillés géographiquement et ça risque d'être compliqué à mettre en place… C'est aussi de plus en plus difficile pour les groupes "artisanaux" comme le nôtre de joindre les deux bouts dans ce domaine, vu les frais que cela engendre dans le cadre de tournées auto-produites. Ensuite bien sûr, c’est vrai que le contact avec le public nous manque un peu, car notre dernier concert remonte à quelques années déjà, donc on va voir ce qu’on fera à l’avenir pour débloquer un peu la situation ! Cela dépendra également du succès de l’album :)

Quels albums écoutes-tu en ce moment et lesquels conseillerais-tu ?

A part quelques exceptions, je ne te conseillerais que des vieilleries (rires). Je n'ai pas trop le temps de découvrir de nouveaux albums. J'ai cependant écouté l'album de The Gentle Storm d’Arjen, et il est vraiment super, je craque sur la voix d’Anneke (rires). J'aime bien le denier Mastodon aussi ! Vu que j'adore aussi Russel Allen et Jorn Lande, j'écoute souvent leur albums plus ou moins récents (Symphony X, Ark, Beyond Twilight,…)

Je te remercie pour cette interview et te laisse le mot de la fin !

Eh bien écoute, merci à toi et à tes lecteurs ! J'espère que l'album leur plaira car c'est vraiment le fruit d'un énorme travail. Il est dispo sur toutes les plateformes numériques et en Digipack sur notre site http://www.adarca.com/store. A bientôt !