Groupe:

6:33

Date:

19 Juin 2015

Interviewer:

Didier

Interview Rorschach et Niko (face à face)

Bonjour, présentez-nous vite fait le groupe 6:33.

Rorschach : Alors 6:33 c'est un groupe pas facile à définir déjà. Certains disent fusion, d'autre avant-garde. On sait pas trop ce que ça veut dire, c'est comme fusion aujourd'hui, ça veut plus rien dire c'est un terme un peu fourre-tout.

Niko: Le groupe a été créé il y a 5 ans, donc on est encore un groupe jeune.

Ok, et expliquez-nous le nom du groupe.

Rorschach : Oui, il y a pas mal de confusion là-dessus. C'est une heure en fait.

Niko: On a découvert après que c'était aussi un verset de la bible. Mais en fait les choses sont beaucoup plus simples que ça. Au départ on était juste trois, moi j'étais dans un groupe de prog et je voulais monter un projet qui sortait un peu des sentiers battus. Un groupe plus défouloir. Pour tout te dire, c'était à une soirée où nous étions déjà bien éméchés. Et trouver un nom de groupe c'est toujours quelque chose de vraiment pénible. Et a un moment, notre chanteur de l'époque, le premier, a regardé l'horloge et il était 6h33 du matin, et il a proposé de nous appeler 6:33. Ca nous a fait marrer sur le coup mais finalement on l'a gardé par fainéantise. Donc tu vois, rien de bien biblique...

Alors vous êtes au Hellfest sans y jouer. Pourquoi et est-ce que ça n’est pas un peu frustrant tout ça ?

Rorschach : Frustrant non. On estime qu'on est encore jeune. Alors oui, on a envie de venir, comme sur toutes les scènes du monde, même si le Hellfest c'est quand même.. la classe ! Ben Barbaud si tu nous entends, tu sais où nous trouver. Mais, il y a encore des choses à faire avant. Développer le groupe, acquérir une solidité sur la route, et une crédibilité, c'est ce qu'on fait en ce moment.

Pendant que vous êtes ici, vous allez voir quelques concerts ? Lesquels ? Des artistes dont vous êtes fans ?

Niko: On a vu très peu de concert. Je regrette d'avoir loupé Shining hier. J'ai honte, en plus on m'en a dit beaucoup de bien. Après j'ai vu Alice Cooper que j'ai trouvé vraiment classe.

Rorschach : On avait de la promo à faire, on a aussi retrouvé des potes. Moi j'ai aussi vu Slipknot un petit peu et Messuggah, ça joue très bien, très carré...

Parlons un peu de votre dernier album "Deadly Scenes". J'ai lu que c'était un concept album en fait.

Niko: Oui en effet, c'est un album qui traite des sept péchés capitaux. Les morceaux sont quand même indépendants mais il y a ce fil conducteur tout au long de l'album. Donc on a un premier morceau qui sert de prologue, un long pavé de quinze minutes à la fin qui sert d'épilogue, parce que je reste attaché au prog et les longs morceaux, ça me parle. Et donc au milieu on a sept morceaux qui correspondent aux sept péchés.

L'ambiance de l’album est dantesque, tantôt cirque, tantôt dessin animé. Comment vous arrivez à donner cette ambiance à vos albums ?

Niko: Merci. C'est pas facile, mais moi pour ce qui est de la musique, et Rorschach pourra te parler des textes, j'aborde ça toujours comme une BO. Pour transmettre des images, il faut déjà qu'on ait ces images dans nos têtes. J'aime quand c'est très imagé, j'aime les BO. D'ailleurs j'adorerais faire une BO un jour.

Rorschach : On peut pas trop dire grand chose mais oui c'est un truc qui nous plait bien. Niko compose la musique, puis en collaboration avec Howahkan Ituha, il perfectionne tout ça. Howahkan travaille sur les arrangements, le son, la prod. Et après, moi, je m'occupe des paroles. Donc la musique inspire les paroles. Donc Niko part de rien, enfin de choses qui sont dans son cerveau, et moi ça m'inspire tel ou tel truc, pour les textes. Par exemple je me souviens pour le morceau "Ego Fandango", j'ai de suite vu le film "American Psycho", et c'est comme ça que j'ai vu le personnage du morceau qui est complètement barjo. Pareil sur "The Walking Fed", ça part dans le désert, on a trouvé le péché qui correspond et voilà c'est parti. C'est une inspiration qui est tiré directement de la musique. C'est plus facile pour moi.

Je trouve qu'il y a des lignes de basse de la mort qui tue, dans "Ego Fandango" par exemple, j’adore, ça sort naturellement ?

Niko: Ca me fait plaisir que tu aies noté ça. C'est moi qui écrit tout donc les lignes de basse aussi. En fait j'en joue un peu mais il y a surtout beaucoup de programmation au niveau de la basse. Et d'ailleurs des fois Howahkan m'en a voulu [rires].

"The Walking Fed" est carrément tribal, explique la genèse de cet excellent et étonnant morceau.

Niko: Alors effectivement, pour celui-ci, ça a marché un peu différemment. Howahkan qui s'occupe aussi de la programmation de la batterie avait trouvé un petit rythme et je me suis inspiré de ce rythme pour poser la guitare rythmique et développer le morceau après.

"Black Widow" est un autre morceau assez épique, on dirait des hyperactifs, impossible à tenir, ça zappe d’un truc à l’autre. Vous avez réussi à enregistrer ça d’une pièce ? En live ça doit être chaud bouillant non ?

Niko: Oui c'est beaucoup du travail de studio. Et oui, du coup, en live il faut assurer et resté concentré.

Rorschach : On a beaucoup bossé pour arriver à le jouer en live. Sur ce morceau par exemple, on a travaillé en deux temps : d'abord la partie simple, jusqu'au moment complètement barré. Et ensuite l'autre. On a juste modifié la fin qui sur l'album est en fade, mais sinon, on arrive à garder tout pareil.

Même chose avec l’épique "Deadly Scene". Qui est Glen ? Et de quoi parle ce morceau mystérieux ?

Rorschach : En fait, sur ce morceau, Niko et moi faisons la bonne et la mauvaise conscience de Glen et Glen, c'est juste un clin d'œil à un serveur d'un bar qu'on aime bien. C'est tout. Il ne doit même pas le savoir [rires]. C'est l'épilogue de l'album, on a eu les sept péchés capitaux, alors là c'est le final, la mise en situation.

Dans sa chronique, mon collègue Lurk disait que vous pouviez tout jouer « du bluegrass au swing en passant par le black metal », mais que vous avez préféré tout mettre dans un mixer et mélanger les genres. Vous avez des influences que vous pouvez citer ?

Niko: Oui. Elles sont multiples et c'est pour ça qu'on fait cette musique-là, car dès le départ on a choisi de piocher dans tout ce qu'on aimait. Ca peut aller de Michael Jackson, les premiers Genesis, Queen...

Rorschach : j'ai même réussi à placer un bout de chant hip hop sur "Ego Fandango", pourtant crois-moi qu'avec Niko au départ, c'était pas gagné !

Niko: [rires] Je pars du principe qu'il n'y a que des bonnes et des mauvaises idées. Donc on essaye et si l'idée est bonne, on garde.

La référence à Faith No More revient aussi régulièrement dans les chroniques, ça vous énerve ou bien ?

Niko: Ca nous fait plaisir. Ca peut nous ennuyer si on nous compare vraiment trop à eux, mais bien sûr ça nous fait plaisir. Ce sont des artistes, Faith No More, Devin Townsend qui ont cassé les barrières et les codes. Alors forcément on se retrouve dans leur musique mais aussi dans la démarche artistique.

Justement j'allais vous demander la même chose pour Devin Townsend...

Niko: On adore Devin Townsend. On a eu la chance d'ouvrir pour lui il y a deux ans, et c'était génial...

Rorschach : Je venais de commencer avec 6:33 et je ne savais pas qui il était à l'époque [rires]. Donc je ne flippais pas du tout. Niko stressait à mort, et moi j'ai pris une grosse claque en l'écoutant.

On voit souvent 6:33 associé à Arno Strobl. Comment s’est forgé cette collaboration ?

Niko: Pour notre premier album, on est rentré en contact avec Arno pour faire juste un morceau ensemble. A l'époque, on ne s'était même pas rencontré, il avait enregistré de son côté, nous du nôtre, voilà. Et donc quand notre premier chanteur est parti, on s'est dit que le temps de trouver vraiment un remplaçant, on pourrait essayer de faire une collaboration avec Arno. C'est pour nous, en France, un des pionniers dans ce genre-là. Donc on le lui a proposé et ça s'est super bien passé.

Du coup cette collaboration est terminée depuis que Rorschach vous a rejoint ?

Rorschach : J'avais un peu la pression quand il m'ont dit que le chanteur qui assurait l'intérim c'était celui de Carnival In Coal, mais finalement ça le fait. Leur premier chanteur avait un grain de voix très différent du mien, mais Arno est moi, on a pas des voix trop différentes, donc ça c'est bien passé. On est toujours en contact avec Arno, rien n'est vraiment terminé non plus. Il est ici d'ailleurs...

L’avenir de 6 :33 ? Album, tournée, DVD, ... ?

Rorschach : Alors je vais te dire. Album non, tournée française, mondiale même [rires].. On a une date à Paris, au Bus Palladium le 12 septembre, et ensuite on part, pour deux ans au moins, défendre ça sur scène. On veut bouffer de la route. On est très preneur de dates, comme on est un groupe en cours de développement, on n'intéresse pas encore les tourneurs, on doit tout faire nous-mêmes. Si t'as des plans, contacte notre Facebook. On a fait aussi une captation vidéo du concert qu'on a donné au Point Ephémère avec Carnival In Coal, et on sait pas encore ce qu'on va en faire mais sûrement un DVD. sinon on va rééditer "The Stench from the Swelling", remastérisé et avec des petits bonus.

Merci à tous les deux et bon Hellfest !

Merci à toi.