Artiste/Groupe:

Zierler

CD:

Esc

Date de sortie:

Octobre 2015

Label:

Vanity Music Group

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

17/20

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La patience des fans du grand Finn Zierler est enfin récompensée. En effet, depuis 2006 - année où l'ambitieuse pièce progressive For The Love Of Art And The Making du groupe Beyond Twilight a vu le jour - le claviériste compositeur danois s'est fait plus que discret. Depuis 2013, on le savait de retour, préparant dans l'ombre une nouvelle oeuvre sous le nom de... Zierler. Et voilà, l'album Esc est maintenant disponible. Neuf ans d'attente, le souvenir d'albums géniaux sortis par son ancient projet sus-cité (The Devil's Hall Of Fame et Section X sont particulièrement classes et plus abordables que l'impressionnant For The Love Of Art And The Making, je trouve), un nouveau line-up alléchant qui inclue le chanteur Kelly Carpenter (Beyond Twilight, Outworld) le batteur Bobby Jarzombek (Fates Warning, Halford, Riot, Sebastian Bach...), le bassiste et vocaliste Truls Haugen (habituellement batteur chez Circus Maximus) et le guitariste Per Nilsson (Scar Symmetry)... Les attentes sont élevées et, par conséquent, la déception est une option envisageable. Sauf que non. Esc est, comme les travaux précédents de l'excentrique Finn, un album aussi incroyable que redoutable. Les fans de metal progressif peuvent se réjouir, voilà un disque qui va faire date. 

Bonne nouvelle pour ceux qui ont apprécié les albums de Beyond Twilight : Esc est dans la continuité des albums sortis par Mr. Zierler. On reconnaît totalement son style, on n'est pas dépaysé. Et si on l'avait un peu oublié, par la faute de ces neuf années de silence, la qualité du retour orchestré est telle qu'il faudra bien du temps pour qu'on l'oublie à nouveau. L'aventure commence logiquement avec A New Beginning et, d'entrée de jeu, c'est la claque. Ambiance ténébreuse, riff lourd et répétitif, claviers qui virevoltent et cordes (certainement synthétiques) qui apportent une belle emphase (symphonique) à l'ensemble, mélodies entêtantes, un aspect théâtral bien exploité, notamment à travers le chant possédé de Carpenter... C'est beau, puissant et, pour l'instant, tout à fait accessible. Pour parfaire le tout, le son est impeccable... c'est d'ailleurs peut-être le moment de préciser que c'est l'excellentissime Jacob Hansen (ex-collaborateur de Finn au sein de Beyond Twilight et producteur de renom ayant travaillé avec de nombreux groupes comme Evergrey, Pretty Maids, Primal Fear, Parallel Minds, Amaranthe, Mercenary, la liste est trop longue...) qui s'est occupé du mix, ceci expliquant cela. Aggrezzor, en deuxième position, est une piste torturée qui nous en met plein la vue. Le propos se complexifie, le morceau est plus changeant, moins posé que le précédent ; l'ambiance n'est toujours pas à la rigolade, le duo de chanteurs formé par Carpenter et Haugen impressionne, les parties de guitare de Nilsson sont aussi brillantes que fluides... et Jarzombek est monstrueux de précision derrière sa batterie. Je vous invite à vous en rendre compte sur ce petit extrait :

Plus on progresse, plus la musique proposée nous surprend... et c'est extrêmement agréable. Quel plaisir d'être dérouté, de ne pas forcément pouvoir anticiper quel virage la compo que nous sommes en train d'écouter va prendre. Darkness Delight est emprunte d'une certaine folie, de rythmes et riffs syncopés... toute sa première partie est un mix de complexité et brutalité servi par des arrangements symphoniques inquiétants avant que la compo ne se mue en quelque chose de plus apaisé et mélodique qui n'est pas sans rappeler les heures les plus prog et mélodieuses de Symphony X (avec, par dessus le marché, un refrain de toute beauté). 

Impossible de tout décrire, je vous éparque la longue et fastidieuse analyse piste par piste... je n'ai pas le temps, vous non plus, et il me serait très difficile de restituer toute la folie de Zierler avec mon vocabulaire trop restreint. Mais je vais tout de même vous livrer quelques commentaires et impressions supplémentaires, histoire de vous informer un peu plus. L'ambiance maléfique de Evil Spirit (qui porte parfaitement son nom) est superbement travaillée et vous fait évoluer dans une bande son aussi pesante qu'angoissante. Et comme toujours, il y a quelques suprises ici et là, un solo de guitare lumineux... et la fin qui reprend le thème principal en y incorporant des choeurs donne des frissons. J'adore aussi Married To The Cause qui jongle entre phrasés néo-classiques sautillants et passages heavy prog puissants (soulignés par des orgues lugubres). Au milieu de cette folie furieuse, il y a des accalmies, des moments où l'on respire, quelques plages oniriques où le piano s'invite (comme sur l'intro de Water)... mais aussi d'autres excentricités comme No Chorus, compo que Zierler s'amuse à déstructurer pour en faire un manifeste anti-conformiste. "This song has no chorus"... ironique... car cette phrase proclamant qu'il n'y a pas de refrain est répétée plusieurs fois et devient une sorte de... refrain. Il y en a encore, des choses à dire sur cet opus... mais je vais m'arrêter là et vous laisser le soin de découvrir par vous-même (si votre curiosité a été titillée) les autres surprises qui s'y cachent.

Je ne vais pas vous mentir : Esc n'est pas un album facile. Sa longueur, sa densité et sa complexité rebuteront un certain nombres d'auditeurs. Les premières écoutes font qu'on peut se sentir un peu écrasé ou perdu... mais si on fait l'effort de creuser, d'insister un peu, on ne tarde pas à être récompensé. Riche, virtuose, personnel, fou, imprévisible, d'une technicité remarquable, original, à mille lieux de tout un tas de sorties formatées ou trop sages... cet opus est tout cela et plus encore. Libre à vous de trouver Zierler génial ou fatigant. Mais pour cela, il faudrait déjà l'écouter... ce que je vous conseille fortement de faire. Pour ma part, je n'ai pas su tout de suite à quel point j'allais apprécier ce disque. Certaines pistes m'ont immédiatement et totalement convaincu, d'autres ont pris leur temps. Il m'a fallu plusieurs essais avant que le plaisir de me perdre dans ce sombre labyrinthe soit total. Maintenant, je peux le dire : Esc n'est pas forcément parfait mais il est, en ce qui me concerne, l'un des grands disques de cette année 2015. 

Tracklist de Esc :

01. A New Beginning
02. Aggrezzor
03. Darkness Delight
04. Dark To The Bone
05. Evil Spirit
06. Married To The Cause
07. No Chorus
08. Rainheart
09. You Can't Fix Me No More
10. Water 
11. Whispers