Wedge est un trio berlinois qui œuvre dans la mouvance revival du hard rock des années 70. Imaginez Blues Pills, virez Elin (oh nooooon !!) et remplacez-là par un chanteur et guitariste moustachu à lunettes et vous êtes pas loin de ce que Wedge propose avec un côté un poil plus psychédélique, tendance garage. Ils sont hébergés sur le label italien Heavy Psych Sounds, qui porte, pour le coup, bien son nom. Le chanteur moustachu à lunettes se nomme Kiryk Drewinski, c’est lui qui a fondé le groupe. Il est accompagné par Holger Grosser à la batterie et Dave Götz qui joue le double rôle de bassiste et pianiste. Ce Killing Tongue est leur second album, et il fait suite à un album tout simplement appelé Wedge sorti en 2014. Entre ces deux sorties, le groupe n’a pas chômé, et tourné intensément en Europe, avec pas moins de 200 dates en première partie de maîtres du genre comme Blues Pills, Orchid, Fu Manchu ou encore Simo.

Il est vrai qu’à l’écoute du son de Wedge sur le premier morceau, Nuthin’, on se dit que ces gars-là ont dû être élevés dans un squat berlinois, dans lequel les idoles s’appelaient Jim Morrison ou Keith Moon. La prod est assez crue, la batterie est très caractéristique des batteurs de l’époque : hystérique ! Le son de l’orgue est clairement celui des Doors. Le chant de Kiryk est assez énervé et ses riffs de guitare bien foutus. Lucid, que le chanteur épèle sur le refrain, ajoute une bonne dose de groove made in the 70s. Dave, quand il est à la basse assure aussi une très grosse présence. On remarque également que le Kiryk n’est pas mauvais guitariste, il balance-là un sacré bon solo, très puissant. Je vois que vous vous demandez un peu de quoi je parle alors voilà une vidéo qui devrait vous éclairer :

Je trouve les petits effets psyché de l’intro de Tired Eyes assez étranges. C’est un morceau long (plus de sept minutes), sur la vie d’artiste sur la route. Là encore l’orgue à la Doors, la basse hypnotique (je ne sais pas comment il peut faire les deux en même temps sur scène), la guitare et le chant très vintage rappellent les longs morceaux de groupes comme The Doobie Brothers, et ont même un petit côté sudiste à la Lynyrd Skynyrd. En effet sur le solo, on entend clairement deux guitares (je continue à me demander si le groupe opère vraiment en trio sur scène). Le morceau Quarter To Dawn est assez étonnant. Un peu poussif sur les deux premiers tiers, il décolle dans un passage qui fait penser à du Santana. Les trois musiciens sont talentueux, ils nous le prouvent sur High Head Woman avec des petits solos des uns et des autres, tous assez inspirés. Si ce n’est pas le titre éponyme qui me convainc le plus, j’aime quand même bien le solo d’orgue encore très inspiré par Ray Manzarek (The Doors). Indéniablement les Berlinois ont été aussi bercés par Black Sabbath, c’est ce qui vient immédiatement à l’esprit à l’écoute de l’intro de Who Am I. L’orgue et les quelques effets psyché sur la guitare changent un peu la donne sur le reste du morceau mais quand même : ils ne peuvent renier leurs influences. Ils nous en révèlent même une dernière pour clore cet album, avec le riff de Push Air qui fait penser à AC/DC. Le petit break très psyché seventies est excellent, le solo final, puis l’intervention de l’harmonica... un vrai kif.

Belle petite découverte que ce groupe de Berlin sans complexe qui nous propose un hard rock vintage, sorte de melting-pot de nombreuses influences. Idéal pour ceux qui aiment bien se replonger dans les ambiances d’une époque bénie qu’ils n’ont pas vraiment pu connaître (c’est mon cas : né dix ans trop tard). Je recommande Wedge aux amateurs de groupes comme Blues Pills, Orchid et consorts ainsi qu'aux frustrés qui râlent encore d’avoir loupé Woodstock...

Tracklist de Killing Tongue :

01. Nuthin’
02. Lucid
03. Tired Eyes
04. Quarter To Dawn
05. High Head Woman
06. Killing Tongue
07. Alibi
08. Who Am I
09. Push Air