Artiste/Groupe:

WASP

CD:

The Headless Children

Date de sortie:

1989

Label:

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Orion

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Après trois albums sous le signe de la provocation, du sexe et de la débauche à tout va, revirement de situation en 1989 avec la sortie de son Headless Children. Eh oui, WASP a mûri, WASP est devenu sérieux.

C'est avec une pochette bien différente des albums précédents que l'on est accueilli. La provocation est toujours présente, mais elle a pris une autre forme. Ici, c'est le défilé des figures peu reluisantes du vingtième siècle, littéralement vomies par un crâne géant symbolisant la bouche des enfers. En vrac, on reconnaît Hitler, Mussolini, Staline, Pol Pot, quelques pourritures du Klu Klux Klan, quelques visages de tueurs célèbres… La première version de cet artwork comprenait même l'immonde ayattolah Khomeiny mais il a été vite censuré et remplacé par un autre personnage, histoire de calmer le jeu avec l'Iran et sans doute avec le monde islamique tout entier, qui a l’art de réagir au quart de tour à ce genre de provocation.
Outre des sujets bien plus politiques et sociaux qu’avant, la musique a quelque peu changé également. WASP fait toujours du Heavy, mais plus "léché", plus travaillé. The Heretic (dès l’intro monstrueuse, on sent qu’il va se passer quelque chose sur cet album), The Headless Children et Thunderhead sont des compos somptueuses de classe. Le chant de Blackie a gagné en maturité. Il est plus "propre", plus contrôlé. Je dis cela sans dénigrer le chant sur les trois premiers albums que j’adore, qui était plus anarchique, plus sauvage. Au niveau de la batterie, c'est l’apothéose. Pour l'occasion, WASP a fait appel à Frankie Banali (Quiet Riot) et a carrément bien fait ! Il éclabousse les compos de l'album par son talent. Tiens, puisqu'on parle des invités, Blackie a quand même réussi le tour de force d'obtenir Ken Hensley (Uriah Heep) pour tenir les claviers sur cet album, qui est tout simplement l'une de ses idoles (on se rappelle la reprise Easy Livin’ sur Inside the Electric Circus).
Au milieu de tout ça, nous avons droit à une petite reprise des Who, le groupe préféré de Blackie. The Real Me, puisqu’il s’agit d’elle, est le titre de l’album qui va en être la vitrine car sorti en single (et en vidéo) et il va cartonner. Une reprise que WASP s'est approprié mais sans la dénaturer.
Avec la seconde face, on retrouve notre WASP plus "frivole". Mean Man, Maneater, Rebel in the FDG sont du WASP pur jus, de la musique aux textes. Mais attention, léger ne veut pas dire peu inspiré. Ici, c'est le carton plein. On ajoute à cela un The Neutron Bomber (avec son intro pompée sur le Love Gun de Kiss) qui arrache bien comme il faut.
Un petit interlude à la guitare (Mephisto Waltz), encore une nouveauté pour le groupe, vient introduire la ballade Forever Free. WASP nous a déjà habitués à de belles ballades (Sleeping in the Fire, Cries in the Night). Forever Free vient les rejoindre. La voix unique de Blackie Lawless véhicule quelque chose de vibrant sur ces morceaux.
On note enfin que l'album a été quasi intégralement composé par Blackie Lawless. Chris Holmes n'est crédité que sur deux titres. Peut-être était-il déjà un peu parti (ce qu'il fera vraiment très peu de temps après la sortie de l'album).

Avec ce disque, WASP change de statut. D'un groupe superficiel, WASP devient un groupe sérieux qui a un message à faire passer. De compos directes et sauvages, on passe à des titres plus alambiqués aux constructions plus complexes.
Blackie Lawless, qui après cet album reste le seul membre originel du combo, ira encore plus loin sur l’album suivant, The Crimson Idol (1992), en réalisant un album concept très inspiré par celui des Who, Tommy. Son chef d’œuvre pour beaucoup. Pour ma part, j'hésite avec celui-ci...

 

Tracklist de The Headless Children :

01. The Heretic (the Lost Child)
02. The Real Me
03. The Headless Children
04. Thunderhead
05. Mean Man
06. The Neutron Bomber
07. Mephisto Waltz (instrumental)
08. Forever Free
09. Maneater
10. Rebel in the F.D.G.