Artiste/Groupe:

W.E.T.

CD:

Earthrage

Date de sortie:

Mars 2018

Label:

Frontiers Records

Style:

Hard FM

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Je n'aime pas le Hard FM. Enfin, c'est ce que j'ai souvent répété... comme pour mieux m'en convaincre. Cette posture d'apparence solide, assumée pendant des années de plaisir pris à écouter différents types de hard rock / metal (ou autres styles musicaux qui n'ont pas leur place sur ce site), cache en réalité quelques failles. Il y a en effet deux ou trois exceptions au bien célèbre commandement "Tu n'écouteras point d'AOR" que j'appelle mes petits plaisirs coupables. Et W.E.T. est assurément l'une d'entre elles. Cinq ans après le très sympathique Rise Up, cette association de talents au line-up inchangé (Jeff Scott Soto au chant, Erik Martensson à la guitare et à la basse, mais aussi derrière le micro pour les choeurs ou quelques petits duos avec Jeff, Magnus Henriksson à la guitare, Robban Bäck à la batterie et Robert Säll aux claviers) remet le couvert avec son troisième album intitulé Earthrage. Inutile de tourner autour du pot, ce disque est encore une fois une réussite. Il me semble même encore plus accrocheur et efficace que son prédécesseur. 

A quoi bon lutter quand un titre comme Watch The Fire s'impose à vous ? Cette première piste donne le ton d'un opus résolument catchy, hyper mélodique et chiadé. Ces petits accords en son clair suivis d'une montée en puissance avec batterie, basse et riff plus heavy pour aboutir à un refrain entraînant qui ne sort plus de ma tête depuis une bonne semaine constituent une chanson irrésistible. Le chant sur le couplet est partagé entre Soto et Martensson, le solo de Henriksson est concis et impeccable de fluidité, la compo n'a rien d'agressif mais possède une certaine énergie et la production moderne ne manque pas de punch (le son de guitare est d'ailleurs excellent). Le tout s'achève sur des "wo ho ho" fédérateurs qu'on se voit bien reprendre en concert. On sent la recette totalement maîtrisée. Et globalement, on peut dire que la suite est du même acabit.

Super riff et tempo plus enlevé sont les ingrédients de Burn, une compo galvanisante qui s'achève sur un excellent solo de guitare (le final a un petit côté Shot In The Dark d'Ozzy Osbourne pas dégueu du tout). Le groupe est en forme. Cela se confirme avec Kings On Thunder Road, plus rock que hard, dont le refrain est un modèle du genre... une fois de plus. Ca a l'air un peu facile, comme ça, de pondre ce genre de mélodies enjôleuses et de jouer sur la frontière entre hard, rock et pop... mais cela demande un talent de composition que tout le monde n'a pas. Martensson, dont on ressent le style ou la touche à maintes reprises (on devine qu'il est ici le compositeur prolifique... à tel point que certaines pistes sonnent vraiment comme du Eclipse - son groupe principal - avec Jeff Scott Soto au chant), a ce talent. Certains essaient d'écrire des tubes, lui y arrive avec panache. Il n'est pas un inventeur dans la mesure où les recettes qu'il utilise ont déjà fait leurs preuves depuis trois bonnes décennies... mais il sait se les approprier et les appliquer avec un savoir-faire impressionnant. Je ne vais pas détailler toutes les chansons d'Earthrage car j'aurais peur de me répéter. Vous voyez un peu le genre de rock à la Bon Jovi et l'immédiateté d'une chanson comme It's My Life ? Eh bien, dites-vous que cet album est rempli de ce genre de refrains qu'on a du mal à ne pas reprendre quand il se pointe. Je ne suis vraiment pas un grand fan de Bon Jovi (je confesse ne posséder que deux de leurs albums... et même pas Crush, dont It's My Life est extrait, d'ailleurs) mais si la formation américaine avait davantage de disques aussi bien écrits et punchy que cet Earthrage à son actif, les choses seraient sans doute différentes. Est-ce à dire que tout est parfait ? Pas forcément. L'ensemble n'est pas spécialement original et demeure très mid-tempo et homogène, un peu comme il y a cinq ans. Je n'aurais pas craché sur une poignée de tempos plus véloces ou quelques chansons plus heavy (comme Invincible sur le premier album). Voilà, ce sera probablement le seul bémol pour moi car il n'y a pas de remplissage ici et, Heart Is On The Line mise à part (ballade typique pas foncièrement mauvaise mais trop éloignée de mes goûts), je prends beaucoup de plaisir à écouter tous les titres proposés. Urgent a un bon petit riff un peu plus heavy que les autres, l'énergie de Dangerous fait mouche, les refrains de Calling Out Your Name (du pur Martensson, celle-là) ou The Burning Pain Of Love sont plus que persuasifs... Même Elegantly Wasted, une ballade rock qui ne devrait pas trop me plaire, me fait chanter dans ma salle de bains.

Avec Earthrage, W.E.T. ne réinvente rien. Le groupe propose juste un disque de Hard FM tout ce qu'il y a de plus classique ou prévisible. Mais dans le genre, je vois mal comment il aurait pu mieux faire tant la galette servie ici est accommodée de mélodies entêtantes, d'accroches irrésistibles, d'interventions guitaristiques inspirées et j'en passe. Soto est un grand chanteur, la production est parfaite, Martensson a sorti de son chapeau une suite de tubes imparables... Toute résistance est futile. Certes, comme le style l'exige, tout cela sonne très calibré. Rien ne dépasse, c'est propre, rutilant à souhait, il y a du wo ho ho, des claviers, du yeah, du rab de sucre sur certains refrains (Heart Is On The Line)... mais que c'est bien écrit et produit ! Bref, voilà un disque qui répond parfaitement aux attentes. Si vous avez aimé les deux premiers albums du groupe, je ne vois pas ce qui pourrait vous décevoir... vous aurez exactement votre dose de rock mélodique et punchy qui vous fera traverser le printemps (et l'été) avec un grand sourire en travers du visage quand vous ne serez pas en train de chanter à tue-tête tous les refrains de cet Earthrage dont l'expertise frise l'insolence.  

Tracklist de Earthrage :

01. Watch The Fire
02. Burn
03. Kings On Thunder Road
04. Elegantly Wasted
05. Urgent
06. Dangerous
07. Calling Out Your Name
08. Heart Is On The Line
09. I Don't Wanna Play That Game
10. The Burning Pain Of Love
11. The Neverending Retraceable Dream