Il était une fois un pauvre chroniqueur débordé et blasé par le flot incessant de formations ou de nouvelles productions plus médiocres les unes que les autres. Les écoutes avaient beau s'enchaîner, le chroniqueur avait beau chercher, rien ne parvenait plus à satisfaire ses goûts d'ours mal léché. Absolument rien jusqu'à ce que le "Hourkach" tombe, par hasard, sur le groupe Voracious Scourge et son EP Our Demise paru le 25 janvier dernier chez Immortal Souls Productions. En seulement quelques accords, ses pulsions firent à nouveau surface et permirent à ce bourreau de travail de calmer sa soif d'agressivité. Vous n'avez sans doute jamais entendu parler de ce groupe. Ne vous inquiétez pas, prenez place aux côtés de votre chroniqueur préféré et comptez sur lui pour qu'il vous présente ces quatre mercenaires et leurs cinq p'tites comptines, douces et apaisantes.

Avant de plonger dans le vif du sujet, il est essentiel de s'attarder quelques instants sur le line-up incroyable de cette formation américaine. Au chant, vous trouvez Monsieur Aad Kloosterwaard, frontman chez Sinister, à la batterie, Mike Smith ancien artilleur chez Suffocation et pour couronner le tout, Jason McIntyre et Lance Strickland respectivement guitariste et bassiste chez les sauvageons de Suture. Excusez du peu ! Les présentations sont faites mais vous allez désormais me sauter dessus pour savoir si cet opus vaut le détour. Calmez-vous, j'y viens.
Après une introduction sans grand intérêt (Vaticination), Harbinger Of Our Own Demise débute par un rythme frénétique et un jeu de baguettes du Sieur Smith, toujours aussi précis. Les blasts ne durent jamais bien longtemps et s'effacent régulièrement au profit d'un bon gros riff de gratte ou d'un laminage de cervicales. Sans la moindre hésitation, Harbinger Of Our Own Demise aurait largement pu figurer au milieu du dernier album de Sinister (Syncretism) car les nombreuses attaques frontales ainsi que les diverses séquences groovy, voire mélodiques, me renvoient systématiquement au dernier chef d'oeuvre des Néerlandais. Ce sentiment est, bien sûr, renforcé par le chant toujours aussi féroce et imposant de Aad qui vient souvent me scotcher la gueule avec ses hurlements d'outre-tombe. Après quelques minutes de leads en tout genre, Harbinger Of Our Own Demise s'achève de la plus belle des manières, avec un relâchement soudain et un mid-tempo totalement jouissifs. J'ai à peine le temps de relever la tête que Fortuity Of The Deceived explose brutalement dans mes oreilles sans me laisser la moindre chance de reculer. Le titre débute par un enchaînement de blasts et de riffs envoûtants mais Voracious Scourge change brutalement son instrument d'épaule en nous assassinant avec un ralentissement inhumain. Le rythme se coupe alors brusquement et devient ultra-lent tandis que Aad et ses gratteux continuent à nous cracher leur venin à la face de façon impitoyable. Tous ces riffs oppressants, ces breaks assassins ainsi que ces multiples accélérations décoiffantes sont un pur régal et me font immédiatement penser au Dieu Suffocation et plus particulièrement à ses deux premières tueries sorties en 1991, Human Waste et Effigy Of The Forgotten. Expiate The Depraved et Oracle Of Repugnance s'inscrivent dans la lignée des deux titres précédents mais l'ombre de Suture et de Suffocation grandit gentiment au fil des accords avec la répétition de soli puissants, destructurés voire chaotiques. Voracious Scourge prend même un sacré risque sur le dernier morceau en cassant la dynamique en place et en balançant un interlude atmosphérique agrémenté d'une jolie voix féminine. Je ne suis pas forcément fan de ce genre de douceur mais il faut reconnaître que cette accalmie permet de briser une certaine routine et renforce l'impact et la violence de la dernière partie du morceau.

Pour ne rien vous cacher, Our Demise m'a donné du fil à retordre car j'ai beaucoup hésité sur la note à lui attribuer. Chaque titre a bien son charme, son passage à pulsions ou sa p'tite prise de risques mais les cinq méfaits souffrent quand même d'un certain manque d'originalité. J'ai malheureusement eu trop souvent l'impression d'écouter un "Suffocation bis" au détriment d'une créativité et d'une authenticité certaines. Attention, Our Demise est loin d'être une mauvaise production, mais quitte à se prendre une bonne branlée, je vous encourage plutôt à privilégier l'original à la copie, cela vous permettra, au moins, de replonger dans des albums cultes du début des années 90. En résumé, Our Demise est un album plutôt sympa mais sans singularité pour l’ours mal léché que je suis…

Tracklist de Our Demise :

01. Vaticination
02. Harbinger Of Our Own Demise
03. Fortuity Of The Deceived
04. Expiate The Depraved
05. Oracle Of Repugnance