Vildhjarta

Artiste/Groupe

Vildhjarta

CD

Måsstaden

Date de sortie

Novembre 2011

Label

Century Media

Style

Djent ultime

Chroniqueur

Lurk

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Vildhjarta. Voilà l'une des plus intenses claques que j'aie pu recevoir. Il faut dire que j'en ai pris pas mal parmi les albums de cette spéciale, chacune avec sa saveur particulière, son piquant. Ici, c'est la fascination pour la violence et les ambiances magistralement orchestrées.

Formés en 2005 en Suède, le groupe est un sextet avec pour particularité d'avoir deux chanteurs. Leur premier méfait, un EP deux titres nommé Omnislash les fait quelque peu connaître sur la toile, mais ce n'est qu'en 2011 qu'ils signent chez Century Media, et leur album Måsstaden sort en novembre de la même année. Et là, c'est le pavé dans la mare. Branchez le casque ou la chaîne de qualité, installez-vous à l'écart de toute pollution sonore et montez le son. Fermez les yeux, on part pour un voyage plutôt mouvementé.

Quelques notes claires aux tonalités assez froides introduisent le premier morceau, puis la saturation et le gros son font leur apparition. Malgré une puissance de feu dévastatrice, le ton reste très froid, angoissant même. Les riffs syncopés sont groovy à un point qui en est surprenant. Cela n'empêche pas l'auditeur d'être malmené par l'ambiance malsaine, presque industrielle qui se développe, portée par un contraste entre une guitare rythmique imprévisible et des notes aériennes disséminées ici et là avec beaucoup de mesure et de finesse. Le chant quant à lui, partagé entre les deux chanteurs, est pour le moins extrême, et fait dans le hard/deathcore, avec quelques trop rares incursions d'un chant clair magistral (Traces). Il y a bien sûr un travail énorme sur le son des guitares, qui est incroyablement acéré, et supporté par une basse portant bien son nom. L'importante présence de basses dans le son de Vildhjarta n'est pas étrangère au malaise qu'il provoque, tout cela renforcé par un aspect très progressif du riffing, qui va se développer tantôt de manière très lancinante et cyclique, tantôt de manière imprévisible. Mais si les basses sont présentes, elles trouvent leurs antagonistes en des aiguës stridents à la limite du soutenable, dosés avec brio, qui mélangent ainsi sensations et émotions fortes. Et si de tels contrastes sonores pourraient s'avérer insupportables extraits de leur contexte, ils sont tellement justifiés par les riffs qui sont leur origine et le développement de l'album qu'ils acquièrent une force émotionnelle rare. Car naturellement, écouter un morceau à part se révèlera sans doute plaisant pour les amateurs dans mon genre ; mais l'impact de chacun des titres étant renforcé par ceux qui l'entourent, il serait donc dommage de s'en priver.

Voilà pour ce qui est de l'album, qu'il sera essentiel d'écouter les premières fois avec une certaine curiosité et ouverture d'esprit. En effet, il s'écarte énormément des standards d'un metal plus conventionnel, et cherche à aller de l'avant, d'une manière bien à lui. Et sans une certaine qualité sonore, nombres de détails essentiels s'échapperont, et vous passerez à côté de la majorité des ambiances. J'ai essayé d'écouter cet album dans un bus. Ça ne fonctionne pas, même en connaissant l'album par cœur. Et encore, je doute de pouvoir utiliser le terme "par cœur" sans vous mentir un peu, au vu de l'absence totale de structure mémorisable… Quoi qu'il en soit, c'est un album, plus que cela, c'est un groupe que je recommande à quiconque aimant ce qui est progressif, extrême, dissonant, hors norme, avec un chouïa de "core".

Et pour finir sur une petite anecdote, il faut savoir que pour la campagne de promotion de cet album, le groupe s'est amusé à mettre en avant un mot, "thall". Ce mot n'a aucun sens, et a pourtant été repris par un grand nombre de fans, le mettant en commentaire à peu près n'importe où tant qu'il était question de djent, à tel point que certains se servent de ce mot pour exprimer à quel point un groupe est "djent". S'il y a donc un moyen de conclure cette chronique de la manière la plus juste qui soit, c'est bien ainsi.
THALL

 

Tracklist de Måsstaden :

01. Shadow
02. Dagger
03. Eternal Golden Monk
04. Benblåst
05. Östpeppar
06. Traces
07. Phobon Nika
08. Måsstadens Nationalsång
09. When No One Walks With You
10. All These Feelings
11. Nojja
12. Deceit
13. The Lone Deranger

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !