Artiste/Groupe:

Ufomammut

CD:

8

Date de sortie:

Septembre 2017

Label:

Neurot Recordings

Style:

Doom Metal

Chroniqueur:

Kjeld

Note:

16/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Ufomammut, discret mais pourtant incontournable pilier de la scène doom italienne, revient deux ans après Ecate, avec ce bien nommé huitième album proposant quarante-trois minutes de musique non-stop. 8 est un monolithe, huit morceaux s'enchaînant sans la moindre interruption, sans le moindre silence pouvant saper l'ambitieux projet du trio : nous extirper de notre quotidien blafard pour nous emmener, weed en tête, dans un space-trip mystique fascinant, salvateur et délassant.

C'est donc avec un talent certain et une évidente maîtrise de son sujet que le groupe capte notre attention dès les premières secondes de Babel, à la fois électroniques et heavy, pour ne plus nous lâcher avant les dernières minutes célestes de Psyrcle. L'album est profondément doom, au sens générique du terme, mais ne sombre jamais dans la chiantitude qui menace le genre à chaque sub, à chaque drone inutile, à chaque plan répété une fois de trop. L'énergie impulsée par le talent du batteur Vita relance perpétuellement la machine avant que le besoin ne se fasse sentir ; point de longueurs ici, point de lassitude, juste un imposant magma de cordes accordées dans le bas du spectre sonore. Des riffs sludge grassouillets et râpeux, pachydermiques, qui se laissent charmer par les circonvolutions technoïdes des synthés à modélisation, des sons délicieusement désuets mais hors d'âge qui domptent la masse fuzzante et distordue. On écoute ce 8 comme on savoure le Suspiria de Dario : c'est un peu rococo, c'est un peu kitsch, un peu too much mais jamais démodé. Comme ce vieux cinéma pourpre et voluptueux, 8, disque hallucinogène nourri au psychédélisme horrifique des 70's, installe insidieusement son décorum merveilleux et inquiétant.

A la fois Jules Verne et Papus, à la fois Ed Wood et Crowley, tout est cohérence sur cet album opiacé transportant l'auditeur aux confins d'un cosmos enfummé dans lequel voyagent des lampes à lave ayant la forme des fusées à carreaux rouge et blanc de notre enfance.

A l'heure où la tentation est grande de se laisser séduire par les promesses d'une production boostée aux artifices souvent malvenus, Ufomammut respecte son Art et lui offre un habit qui lui sied à merveille. 8 est en effet drappé dans un son dépoli et épais, un grain rugueux d'une pureté absolue.

Comme si Sleep rencontrait Neptune Towers, ce nouvel opus est entêtant, lourd et dynamique, nonchalant mais coriace. On aurait aimé quelques mesures de gloire, quelques instants marquants pour que le disque passe au niveau supérieur ; mais l'ensemble, cohérent de bout en bout, est suffisamment bien ficelé pour en faire l'une des sorties estampillées "metal lourd" les plus intenses de l'année.

 

 

 

Tracklist de 8 :


01. Babel
02. Warsheep
03. Zodiac
04. Fatum
05. Prismaze
06. Core
07. Wombdemonium
08. Psyrcle